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[Bilan WPC] Microsoft négocie son virage vers l’ère post-PC

Microsoft, leader incontesté de l’ère PC, est aujourd’hui en train d’effectuer un important virage pour rester pertinent à notre époque post-PC.

La Worldwide Partner Conference de Microsoft s’est déroulée à Houston du 7 au 11 Juillet. L’occasion de rassembler 15.000 partenaires (constructeurs, développeurs, revendeurs, …) pour exposer la stratégie du géant de l’informatique.

Un moment privilégié pour l’écosystème, puisque les différentes pièces du puzzle dévoilées par Microsoft ces deux dernières années se sont assemblées pour laisser apparaître le Microsoft unifié (One Microsoft) vers lequel tend la firme.

La nécessité d’un nouveau départ

Mine de rien, Microsoft approche gentiment des 40 années d’existence (en avril 2015). Et si l’entreprise de Redmond a été le leader incontesté du monde PC, c’est tout sauf une évidence que de rester pertinent lorsque les attentes du monde entier sont en train de profondément se métamorphoser dans le domaine.

La manière d’utiliser Windows n’avait globalement pas changé depuis Windows 2000 (voire Windows 95). L’interface et l’ergonomie se sont évidemment modernisées, mais l’emplacement des différentes fonctionnalités et la manière d’utiliser Windows 7 ne seraient pas ultra-déroutantes pour un homme que l’on aurait cryogénisé en 1995 (le tant aimé bouton “Démarrer” a d’ailleurs fait sa première apparition cette année-là).

Windows 8 était ainsi un véritable pas en avant… un pari risqué, mais nécessaire : l’occasion de repartir sur de nouvelles bases pour se positionner comme un acteur pouvant compter sur les 20 prochaines années.

Windows 8.1 : le mea culpa de Microsoft

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Windows 8 n’a pas connu un accueil des plus chaleureux. Si la firme devait être 100% honnête, je suis à peu près sûr qu’elle ne s’attendait pas à un engouement phénoménal. A une époque où le léger redesign de trois boutons sur Facebook devient le sujet numéro 1 de conversation, Microsoft ne pouvait pas s’attendre à ce qu’une transformation aussi profonde soit accueillie par des cotillons.

Mais comme avec la Xbox One, plutôt que de transformer doucement l’expérience utilisateur, Microsoft a fait le choix de la rupture et du changement radical.

Le grand avantage de Microsoft, c’est cette humilité d’avoir accepté les critiques et d’avoir écouté ses utilisateurs et partenaires. Ils avaient déjà fait marche arrière concernant la connexion permanente de la Xbox One, ils reviennent également avec une version 8.1 de Windows qui va corriger les plus grandes sources de critiques.

Le fameux bouton “Démarrer” que Microsoft s’était juré de tuer pour de bon va ainsi refaire surface (haha) sous une autre forme, et l’interface ModernUI (ou Metro) caractérisée par des blocs ne sera pas forcément le mode par défaut. Les entreprises pourront ainsi démarrer sur un bureau à la Windows 7… probablement plus rassurant que la modernité de Windows 8 (et plus pratique pour les utilisateurs qui ne souhaitent pas embrasser l’utilisation d’écrans tactiles).

Écouter ses utilisateurs et accepter la critique… c’est une qualité précieuse quand la concurrence fait la sourde oreille et va de l’avant sans jamais se retourner.

Microsoft va également reconnaître être en retrait concernant le design de ses applications (et notamment face à Apple) et va proposer aux adhérents du Microsoft Partner Network de participer à la User Experience Design Competency, qui va permettre aux partenaires d’entraîner ses designers à réaliser de belles applications sous Windows 8.

Le leader du PC entre dans l’ère post-PC

Quand on s’appelle Microsoft, nom qui est synonyme de PC pour une majorité de personnes, l’entrée dans l’ère post-PC est tout sauf un exercice trivial. C’est un tournant majeur pour une entreprise de plus de 90.000 employés. Microsoft aura ainsi attendu la fermeture de la Worldwide Partner Conference (alors que j’étais dans l’avion du retour entre Houston et Paris, grrr) pour annoncer une importante réorganisation. Microsoft va changer en profondeur sa manière de travailler et  son processus d’innovation.

Là où la firme était organisée autour d’une division Windows Phone 8, une autre Windows 8, Xbox, Office, etc. les équipes vont désormais participer à l’élaboration des produits de manière transversale, avec un pôle ingénieur, marketing, vente, etc.

Une stratégie qui devrait leur permettre une meilleure cohérence, homogénéité et interopérabilité. L’objectif exprimé par Steve Ballmer : “One Microsoft”.

Il s’agit selon moi d’une preuve d’intelligence de Microsoft, qui a le courage de réaliser une réorganisation aussi ardue devant cette évidence : on ne peut pas appréhender le marché actuel en gardant la même organisation qu’en 2000.

L’ère post-PC est définitivement là, et Microsoft se met en position de faire ce qui est nécessaire pour en être un acteur majeur.

La position unique de Microsoft : la convergence totale

Lors de la conférence d’ouverture de la WPC, Steve Ballmer s’est exclamé que le meilleur smartphone du monde était maintenant un Windows Phone 8, blaguant sur le fait qu’il possédait toute l’objectivité nécessaire en tant que CEO de Microsoft. C’est en effet une bonne plaisanterie puisqu’il est le seul à penser que Windows Phone est incontestablement meilleur que la concurrence.

La plateforme a effectivement fait d’immenses progrès devenant un choix possible, mais certainement pas incontestable.

En réalité, comme aux échecs, Microsoft est en train de positionner ses pions pour servir un plus grand dessein. Windows Phone 8 n’est qu’un élément venant s’imbriquer dans le reste. Cela est vrai aujourd’hui, et ce le sera encore plus lorsqu’une seule et même équipe supervisera le développement de l’ensemble de la gamme de produits Microsoft.

Microsoft sera bientôt dans une position unique, devenant la première entreprise à pouvoir proposer la convergence ordinateur de bureau, ordinateur portable, tablette, smartphone et même console de jeu.

En effet, c’est également une version modifiée de Windows 8 qui fera tourner la future Xbox One et qui se synchronisera entièrement avec le reste de l’expérience Windows, tout comme il suffira de personnaliser son écran d’accueil sur un appareil pour le retrouver ainsi sur tous de manière transparente.

Présent sur tous ces fronts (ainsi que dans la proposition de services pour le consommateur et pour l’entreprise), Windows 8 souhaite véritablement être vu comme la solution pour une convergence absolue.

Je ne sais pas si Ballmer joue sa place là-dessus comme je l’ai beaucoup lu et entendu par ailleurs, mais il est clair que le géant Microsoft se trouve aujourd’hui en face d’une montagne encore plus grande que lui…

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Il manquait des truc à 8 lors de sa sortie pour accompagner l’utilisateur mais la tollé n’était à mon humble avis pas mérité.
    Vouloir unifié le parc des appareils est à mon avis un bon point même si le pari est risqué vu les différences phénoménales de caractéristiques de tout les appareils.

  2. Fervent utilisateur de Windows, je trouvais le système néanmoins obsolète.

    J’apprécie donc beaucoup l’énorme risque pris par Microsoft, même s’il est à relativiser. C’est une des plus grosses entreprises mondiales qui a de profondes ressources pour assumer les échecs.

    Avec W8 on note une incroyable ergonomie et une grande simplicité de navigation. Les Windows Phone articulent à la fois qualité et prix, mais le catalogue d’apps est encore trop faible pour voir le système s’imposer rapidement.

    Le fait de vouloir unifier les appareils est un joli pari qui devrait payer. Aujourd’hui les consommateurs multiplient les objets connectés et souhaitent tendre vers plus de simplicité et une ergonomie optimale. Bientôt plus besoin de reconfigurer chaque appareil pour les avoir à l’identique.

    Je rejoins “Schneider” sur la complexité à combler le gouffre des caractéristiques techniques de tous les appareils, mais si l’opération fonctionne Microsoft va très vite rattraper la concurrence.

  3. Merci pour cet article Valentin, très intéressant.

    @Schneider : complètement d’accord. Je pense que critiquer W8 est (était?) à la mode, davantage que le simple phénomène de “résistance au changement”.
    Rien à voir avec la sortie de Vista qui si je ne m’abuse s’accompagnait avec beaucoup de bug, problèmes de pilotes, de comptabilités etc… Que je ne retrouve pas sur W8 qui fonctionne à merveille de mon côté. Alors certes quelques nouveaux geste sont à prendre pour profiter pleinement des nouveaux outils, mais tellement pratique une fois acquis. Mais pour cela, il faut faire un petit effort de curiosité, c’est vrai.

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