Passer au contenu

Les nouveaux plans de Microsoft pour conquérir le monde (avec des morceaux d’iOS et d’Android à l’intérieur)

Lors de la keynote d’introduction à sa conférence BUILD pour les développeurs, Microsoft a fait plusieurs annonces audacieuses et étonnantes, marquant sa volonté de s’imposer enfin dans le mobile. Entre autres.

(en direct de la conférence des Développeurs BUILD à San Francisco)

On le sait depuis l’explosion presque simultanée du marché des mobiles et l’émergence des réseaux sociaux : Microsoft n’est plus le Chef du monde de l’informatique. C’est ennuyeux, mais cela peut aussi représenter quelques avantages, et notamment celui de motiver les troupes d’une entreprise qui de leader est devenue challenger. Autre avantage : Microsoft n’est plus le méchant de l’histoire, Google, Facebook et Apple ayant endossé le rôle depuis quelques années. Signe des temps, quand on parle des géants de l’internet, on dit “GAFA” (pour Google, Apple, Facebook et Amazon, mais plus rarement GAFAM (le M étant celui de Microsoft, vous aviez compris).

Car en matière de mobile justement, Microsoft, qui était pourtant un pionnier méconnu dès l’année 2000 avec son système Pocket PC Phone devenu ensuite Windows Mobile, a largement raté le coche ensuite, notamment quand Apple et Android sont venu gravement secouer le marché. Résultat : Microsoft ne pèse que 3% du marché mondial du mobile, contre 15% pour Apple et… 81% pour Android.


Satya Nadella, l’anti Steve Ballmer

Mais quand on est un géant, on dispose de quelques ressources, tant en hommes qu’en dollars, et Microsoft s’est remis un peu en mode startup depuis 2011 et le lancement de sa nouvelle plateforme Windows Phone, puis de Windows 8. Une mutation qui a eu comme point d’orgue le départ de Steve Ballmer et l’arrivée de Satya Nadella comme nouveau PDG, un homme qui dans sa façon d’être évoque davantage le “cool” d’un Steve Jobs que le côté VRP enflammé d’un Ballmer.

Bref, chez Microsoft on sent que ça bouillonne et que ça bosse, et les annonces et démonstrations étonnantes faites au Build hier soir à San Francisco viennent confirmer que du côté de Redmond on n’est pas vraiment resté longtemps les deux pieds dans la même tong.

Un milliard d’appareils sous Windows 10 d’ici deux à trois ans

Premier signe d’une ambition non dissimulée, Terry Myerson, vice-président du géant des logiciels en charge des systèmes d’exploitation, a annoncé à un public de développeurs venus en masse (on parle de 5000 participants) que Windows 10 serait en mesure d’équiper un milliard de terminaux d’ici deux à trois ans. Comment cela est-il possible ? C’est précisément le cœur de la stratégie de reconquête de Microsoft, qui va passer par un nouveau credo, celui de transformer Windows (et Office) en une plateforme universelle pour les utilisateurs et les développeurs.

Côté utilisateurs, cela se traduira progressivement par la disponibilité de toutes les applications Windows indifféremment sur tous les terminaux Windows. L’enjeu étant ici de rendre le processus et le code de développement d’applications Windows uniques pour les développeurs, ceux-ci n’ayant plus à se soucier que des formats et résolutions d’écrans afin que leurs programmes puissent être exécutés avec le même code sur un smartphone, une tablette, un PC ou même une Xbox ou une Smart TV. Une logique qui rappelle fortement les notions de responsive design chères aux designers, développeurs et intégrateurs Web.

Pour les développeurs, grâce aux API, il sera possible de créer et déployer des applications et des services tiers pour qu’ils soient directement intégrés dans les logiciels Office. On pourrait par exemple intégrer une extension Evernote dans Word ou un module tiers de retouche graphique dans PowerPoint.

Mais Microsoft va même un peu plus loin dans sa logique d’universalité. Ainsi a-t-on pu assister à une démo de l’incontournable Joe Belfiore, Vice Président en charge des systèmes d’exploitation de Microsoft, montrant le fonctionnement d’une application sur une tablette puis sur un smartphone, qui une fois connecté à un PC de bureau via un câble HDMI ou un dock (pour la tablette), basculait directement sur l’écran de ce dernier en s’adaptant automatiquement à sa résolution. Concrètement, vous pouvez commencer à travailler sur un document dans le train sur votre smartphone ou tablette, puis continuer sur ce même document sur votre PC en arrivant au bureau. Et si vous avez plusieurs applications ouvertes en mode multitâche sur la tablette, celles-ci se lanceront en multi-fenêtres sur le PC. Bluffant.

Android et iOS sur Windows Phone !

Autres annonces étonnantes, qui montrent la détermination de Microsoft à reconquérir une position de leader : la portabilité des applications Android et iOS dans Windows pour smartphones. On sait que le manque de choix dans le catalogue d’applications pour Windows Phone est le talon d’Achille de la stratégie mobile de Microsoft. Un problème qui semble insoluble : sans applications, les clients ne se bousculent pas, et sans clients, les développeurs négligent la plateforme Windows pour se concentrer prioritairement sur iOS et Android. En fait, plus que le nombre insuffisant d’applications, c’est leur qualité qui pose davantage problème. Si la plupart des grands titres sont présents sur Windows Phone, on constate parfois des problèmes de lenteur, d’ergonomie ou de fonctionnalités manquantes sur les versions Windows des apps mobiles par rapport aux versions pour iPhone, iPad ou Android. Sans compter les milliers d’apps inutiles ou codées à la va-vite, qui renvoient souvent une piètre image du Marketplace Windows.

Les équipes de Microsoft ont donc décidé de frapper fort en proposant une sorte de moulinette intégrée à Visual Studio, l’outil de développement Windows, qui “traduit” automatiquement le code des applications Android (Java) et iOS (Objective C) et code Windows Visual Studio. Résultat, démo à l’appui : une application Android qui fonctionne parfaitement sur un Windows Phone, tout en faisant appel à des services Windows, comme par exemple l’application de cartographie Bing Maps, qui se lance dans l’application en lieu et place de Google Maps dans Android. Autre démo, encore plus étonnante : Terry Mierson lance une application de jeu pour iPhone directement sur son PC en plein écran, n’oubliant pas au passage d’égratigner Apple en pointant ironiquement “les trucs bizarres dans le code Objective C” que l’on découvre grâce à son importation dans Visual Studio.

Autre annonce qui intéressera les webmasters : la possibilité de générer automatiquement une application complète Windows à partir d’un site web, incluant la publication sur le Store et de nombreuses fonctionnalités, comme les tuiles dynamiques.

Grâce à cette portabilité automatisée et simplifiée, et à condition que l’intégralité des fonctionnalités des apps Android et iOS soit réellement présente dans Windows, Microsoft espère séduire développeurs et consommateurs avec ce qui pourrait être le hold-up du siècle. A moins que cette stratégie, déjà vue chez BlackBerry (mais tellement mal exécutée – ou expliquée – chez le fabricant canadien) ne fasse pschitt. Bon, au vu des moyens et de l’enthousiasme que met Microsoft dans le sujet, on peut parier qu’ils ne feront pas les choses à moitié, et que la perspective de pouvoir faire tourner n’importe-quelle app Android ou iOS sur un Windows Phone séduira certainement ceux qui hésitent encore…

N’oublions pas cependant que cette stratégie, initiée par Ballmer et amplifiée par Nadella, fonctionne aussi dans l’autre sens : Microsoft propose déjà nombre d’applications Windows pour les plateformes concurrentes, et notamment des versions d’Office et d’Outlook pour iOS…

Autre pan de la stratégie de reconquête en quatre points de Microsoft, le lancement dans Windows 10 de son nouveau navigateur, dont le nom officiel a été dévoilé ce jour : Microsoft Edge. Là encore Microsoft joue l’ouverture puisque Edge sera d’emblée compatible avec des extensions Chrome et Firefox. D’autre part, Edge sera un peu plus qu’un navigateur internet puisqu’il intégrera nativement le système de commande vocale intelligent Cortana ainsi que différents modules comme la prise et le partage de notes.

Un aperçu de Microsoft Edge, le navigateur qui signe l’arrêt de mort d’Internet Explorer. RIP.

HoloLens : relier monde virtuel et monde réel

La démonstration probablement la plus bluffante est arrivée en fin de keynote, comme un point d’orgue venant rappeler aux foules que Microsoft sait aussi maitriser le hardware et reste (ou redevient) une société leader dans l’innovation. Difficile de décrire une démo principalement constituée de scènes visuelles, mais ce que nous avons vu avec les lunettes holographiques HoloLens a vraiment fasciné l’assistance. En bref, HoloLens permet de projeter des objets virtuels en 3D dans un univers réel, et de se mouvoir parmi eux comme s’ils existaient vraiment. On pense tout de suite à des usages plutôt destinés aux professionnels. Un architecte pourra par exemple à partir de ses plans en 3D voir en “taille réelle” un bâtiment qui n’existe pas encore, se déplacer autour avec une vraie perspective, voire même à l’intérieur de celui-ci, la seule limite étant la précision de la modélisation.  Le masque HoloLens sera totalement autonome, puisqu’il en embarquera son propre OS, sa batterie et la connectivité à internet, sans qu’il soit nécessaire de le connecter à un smartphone ou un PC. Pas encore de date de sortie prévue ni de prix annoncé, mais le projet est très avancé puisque nous aurons droit demain à une démo avec prêt du matériel pour jouer un peu avec, plusieurs centaines d’HoloLens étant disponibles en tests durant les trois jours de la conférence.

(cliquez sur les vignettes pour les agrandir)

Et Windows 10 dans tout ça ? Enfin une date de sortie annoncée ? Et bien non, toujours pas. Sachez cependant que la mise à jour ves Windows 10 depuis une version précédente sera entièrement gratuite pendant un an, et que la disponibilité devrait rapidement se confirmer pour l’été ou l’automne 2015 (ils auraient dû l’appeler Windows 15 d’ailleurs, tant qu’à faire).

Le va-tout de Microsoft ?

On l’a vu, Microsoft joue gros et mise gros sur ce reboot 2015. Mais le géant de Redmond n’a pas le choix s’il veut revenir dans la compétition et surtout s’imposer enfin dans le mobile, ce qu’il n’a pas encore réussi à faire malgré le rachat de Nokia l’an dernier. Une stratégie de longue haleine mais qui paradoxalement devra porter ses fruits très vite si Microsoft ne veut pas définitivement se faire éjecter d’un univers ou Google, Apple et Samsung (et peut-être même Facebook, à sa façon) règnent aujourd’hui en maitres absolus. Attendons de voir : si tout ce qui a été annoncé hier soir se matérialise très vite et de façon convaincante, si demain je peux utiliser mes apps iOS et Android favorites dans mon Lumia, si toutes mes apps marchent de la même façon sur tous mes terminaux Windows, si, si… alors Microsoft aura probablement remporté une partie de son pari. Sinon…


Microsoft va-t-il faire trembler San Francisco ?

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech

12 commentaires
12 commentaires
  1. “Microsoft n’est plus le méchant de l’histoire, Google, Facebook et Apple ayant endossé le rôle depuis quelques années.”

    J’ai du mal à considérer MS comme le gentil dans l’histoire, pour moi, malgré son changement de direction, ils n’ont pas réellement changés.
    – MS continue à enfermer les utilisateurs et les entreprises dans des formats et des protocoles fermés
    – MS continue à faire du FUD face à ses concurrents (cf la campagne ridicule scroogle)
    – MS continue à taxer ses concurrents sur des patents troll (cf la taxe MS sur les appareil, Android)
    – MS continue à faire du chantage pour imposer ses services sur Android à la place des service Google
    – MS veut profiter des applications du Play Store de Google, alors qu’ils font absolument tout pour emmerder Google sur Android

    Non vraiment, s’il pouvaient définitivement se débarrasser de ces sales habitudes et se concentrer sur l’innovation, on pourrait enfin dire que MS à changé.

  2. Microsoft est un follower ,il a ete jamias un leader,Mr. Gates a derobe apple pour creer windows, quand apple a invente la souris ils l’ont automatiquement a dopter,puis 1 systeme d’exploitation ils ont tout de suite creer le windows,puis des des graphique sur les ordinateurs, Erwise,ViolaWWW,ou netscape ils ont invente leurs trucs internet explorer,puis windows phone,surface,bing ect ect

  3. Enfin! C pas Trop tôt, ça fait 4ans qu’on attendais ça, espérons que ça portera des fruits …
    Pour ma g très intéressé par le Projet Hololense vu que je suis étudiant en Architecture …
    Pour rappel MR PATATOR, c Apple qui enferme les iaddicts avec son itunes, peux-tu me why aucun service d’apple ne se trouve ds le PlayStore de Google ou le MarketPlace de MS alors que MS a inséré ses services ds l’AppStore et derniere où est si MS a développé ses services ds le playStore, il n’impose rien, La concurrence tu connais pas!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *