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Lunettes HoloLens Microsoft : prise en main et premières impressions

A l’occasion de la conférence Microsoft Build qui se tenait cette semaine à San Francisco, quelques médias présents sur place – dont Presse-citron – ont pu prendre en main et essayer les lunettes HoloLens en avant-première mondiale. Voici mes impressions.


(photo : Eric Dupin – Presse-citron.net)

L’édition 2015 de la conférence Build de Microsoft était riche en annonces mais également en (bonnes) surprises. Parmi elles, la possibilité qui était offerte à quelques médias présents à San Francisco de tester en conditions réelles HoloLens, les fameuses lunettes de réalité augmentée dévoilées par Microsoft en début d’année.

Hololens, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’une sorte de masque ressemblant à une visière bulle de casque intégral de moto, mais sans le casque (ou à une grosse paire de Ray-Ban). Une nouvelle interprétation des masques de réalité virtuelle à 360° déjà popularisés avec le déjà fameux Oculus ? Une version Microsoft des Google Glass ? Pas vraiment. Pour développer HoloLens, Microsoft a choisi une autre voie, celle de la réalité augmentée, à savoir l’incrustation d’objets virtuels en 3D dans une scène réelle. Concrètement, vous êtes dans votre salon, vous chaussez les HoloLens, et vous voyez apparaitre dans votre champ de vision tout objet que vous avez choisi, comme une lampe pour la table, un écran (qui affiche de vraies vidéos) sur le mur, ou encore un chat endormi tranquillement sur le canapé. Le tout avec le respect des proportions et de la perspective, mais également des mouvements que vous effectuez dans la pièce : vous pouvez vous approcher des objets, les déplacer d’un mouvement de la main, et même tourner autour.

Pour en savoir plus, voir notre article : Build 2015: quelques infos sur les lunettes HoloLens.

Lors d’une session réservée aux médias aux derniers étages d’un palace de la ville réquisitionnés et bouclés façon bunker pour l’occasion, et dans une organisation tellement millimétrée que l’on avait plutôt l’impression de visiter le cœur d’un réacteur nucléaire ou les archives classifiées de la CIA, avec obligation de poser tout appareil électronique dans des consignes fermées à double-tour, j’ai pu prendre en main et tester HoloLens, accompagné de deux démonstrateurs Microsoft. Je vous retranscris donc tout cela de mémoire, sans image (hormis les photos illustrant cet article que j’ai pu faire d’un exemplaire sous verre juste avant la démo), sans notes et sans filet, après 15h de voyage retour et un bon décalage horaire en cours de rattrapage.

Ayant déjà testé les Google Glass et Oculus, je me demandais si l’expérience allait être aussi convaincante. Elle est en tout cas résolument différente. Alors que Google Glass n’est qu’une sorte d’écran déporté destiné à superposer des informations et des images à votre champ de vision, et accessoirement à filmer et photographier, et qu’Oculus vous immerge intégralement dans un univers virtuel (même si cela peut être des images réelles), HoloLens enrichit le réel avec des éléments dont vous faites le choix.

Prise en main et ajustement de Hololens

Première bonne surprise, les lunettes HoloLens sont relativement légères. Le poids n’a pas été communiqué, mais je l’évaluerais entre 200 et 300 grammes, ce qui me parait plus léger qu’Oculus (mais évidemment plus lourd que Google Glass, et ce sera ma dernière comparaison). Pour les installer, après qu’un technicien de Microsoft ait mesuré l’écart entre nos pupilles, c’est à peu près aussi facile que d’enfiler une casquette ou des lunettes de ski. La cinématique de fixation et d’ajustement est très bien pensée, et permet de s’affranchir d’un excès de poids sur le nez ou de pression sur les tempes. En fait elles sont articulées autour d’un anneau qui coiffe la partie supérieure du crâne, et se règlent ensuite en inclinaison et profondeur grâce à des articulations intégrés sur cet anneau et une molette à l’arrière. Notez que les gens qui portent des lunettes n’ont pas été oubliés puisque les HoloLens peuvent être portées par-dessus une paire de binocles.

Une fois les lunettes “enfilées”, il faut régler la mire. Pour cela il faut les incliner jusqu’à ce qu’apparaisse le logo Microsoft HoloLens (une version 3D translucide et monochrome du logo Windows) dans un cadre. C’est parti pour l’expérience.


(photo : Eric Dupin – Presse-citron.net)

Dans la peau d’un architecte

Dans les sessions de démo de San Francisco il y avait deux scénarios : l’un médical, et l’autre portant sur l’architecture. C’est ce dernier que j’ai pu expérimenter. L’idée ici étant de me mettre dans la peau d’un architecte qui doit tester l’intégration d’un nouvel édifice (dans ce cas un musée) dans son environnement. Dans la pièce sont installés une maquette réelle représentant plusieurs bâtiments en résine et un PC sur l’écran duquel est affiché en 3D le bâtiment en question, via un logiciel classique de modélisation 3D, en l’occurrence SketchUp (qui appartenait avant à Google jusqu’en 2012, vendu à la société Trimble depuis). Je prends la main sur le PC, et classiquement à l’aide de la souris je peux m’amuser à modifier les formes du bâtiment, et à augmenter par exemple la hauteur de certains blocs notamment à l’aide de l’outil d’extrusion. Puis la magie opère : je déplace simplement la souris vers la gauche et, comme quand vous avez deux écrans en mode bureau étendu, je fais glisser l’image virtuelle 3D du musée à l’intérieur de la maquette réelle en résine ! Il prend sa place dans le quartier, et je peux continuer à travailler sur ses formes, le voir sous tous les angles et évaluer s’il s’intègre bien dans son environnement.

Vous me suivez ? J’ai placé un élément virtuel (des plans d’édifice d’un logiciel 3D) dans un décor réel (une maquette de bâtiments en résine) et je peux interagir avec, me déplacer autour, m’approcher et continuer à modeler en conditions “réelles” avec ma souris.


(image : Microsoft)

La deuxième partie de la démo est encore plus impressionnante. Le démonstrateur m’invite à poser la souris, puis à me déplacer un peu sur la gauche, et je me retrouve aussitôt immergé dans un paysage réel, un quartier de périphérie avec des entrepôts et des magasins, avec en face de moi, le fameux musée grandeur nature, soit un édifice de la surface d’un terrain de football et de la hauteur d’un immeuble de cinq étages. C’est toujours mon musée, celui du logiciel 3D, mais il est maintenant intégré dans un environnement en taille réelle, dans lequel je peux aussi me déplacer, regarder à droite et à gauche, bref faire des mouvements naturels.

L’opérateur Microsoft m’invite alors à modifier les couleurs d’un mouvement de doigt ou à déplacer des cloisons afin que le musée s’intègre mieux dans son quartier. C’est bluffant.

La dernière partie de la démo consiste à modifier grandeur nature les plans d’une pièce dans laquelle on se trouve afin d’en achever la construction. On peut donc déplacer des murs, voir à travers, ou découvrir de visu qu’un réseau de tuyaux de plomberie va venir contrarier la disposition prévue d’une cloison. Dans cette partie, Microsoft met également en avant le côté collaboratif et gestion de projet du dispositif, qui permet notamment de partager des notes vocales liées à un dossier en cours. Dans une petite mise en scène en préambule de cette démo, nous avions pu également constater que le système tenait compte des objets déjà présents dans une pièce : si vous lâchez un objet virtuel sur une table réelle, il ne va pas passer à travers mais se poser sur celle-ci comme un vrai objet.

Fin de la démo.

Ce que j’en retiens : Microsoft a choisi une voie différente qui est finalement plus en phase avec son ADN d’entreprise très tournée vers les solutions professionnelles. Pour le moment, hors applications ludiques (il n’a jamais été question de jeu vidéo lors de ces sessions HoloLens mais on peut imaginer que les débouchés peuvent être importants dans ce domaine) et de curiosité pour les geeks, nous voyons surtout se dessiner des usages professionnels, bien sûr dans le domaine de l’architecture, mais également la médecine, la formation, ou encore le travail collaboratif via Skype par exemple.

Cependant, si les démos sont convaincantes, et même réellement étonnantes sur certains aspects, le système reste cependant largement perfectible. Le champ de vision notamment est décevant de par ses limites : imaginez que vous regardez votre environnement à travers un rectangle de 5×3 cm posé à 2 cm devant vos yeux. Ainsi dans la démo, j’étais à un moment censé interagir avec un personnage virtuel situé à ma droite dans une pièce, et je ne l’avais tout simplement pas vu car il n’était pas dans le champ de vision des lunettes, alors que naturellement mes yeux l’auraient détecté. Il faut donc tenir compte de cette limitation et s’habituer à exercer sa vue en conséquence. En revanche, moi qui suis particulièrement sujet au mal du mouvement communément appelée mal de mer, je n’ai ressenti aucune gêne de ce point de vue. Microsoft explique la réduction du champ de vision des HoloLens permet justement d’éviter la nausée que peut parfois provoquer ce genre de dispositif. Mais la vérité est peut-être ailleurs : si le champ de vision est restreint, il y a peut-être des raisons techniques, telles que la puissance de calcul qui serait nécessaire en HD grand angle, et de fait, une autonomie de batteries probablement amputée. A ce sujet, pas d’informations non plus mais certains collaborateurs de Microsoft indiquent de façon non-officielle que l’autonomie serait d’environ deux heures.

Aucune date de sortie n’a été annoncée, pas plus qu’un prix, mais je vous rapporte les bruits qui couraient avec insistance dans les travées du Build, et qui sont évidemment à prendre avec toutes les précautions d’usage : on parle d’un tarif autour de 800 dollars et une sortie avant la fin 2015.

 

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13 commentaires
13 commentaires
  1. Excellent compte-rendu ! Mais attention, Sketchup n’appartient plus à Google, le logiciel de modélisation 3D, a été racheté en 2012 par la société Trimble.

    1. @Michael Iochem : merci ! En tant qu’ancien utilisateur et fan de Sketchup, javais raté l’épisode Trimble, c’est corrigé, merci.

  2. Bonjour et merci beaucoup pour cet article détaillé !
    Ça donne envie, malgré la restriction du champ de vision.

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