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Photo/vidéo : quand la technologie invente de nouveaux langages visuels

L’avènement des objets connectés et mobiles, associé à l’évolution des technologies, ouvre un vaste horizon et fait apparaitre de nouveaux usages en matière de photo et de vidéo. Revue de détail de ces nouveaux langages visuels.

Faire de la photo aérienne ou des clichés panoramiques en haute résolution étaient encore jusque très récemment des activités réservées à des professionnels aguerris et lourdement équipés. Idem pour la retouche : avant l’arrivée des capteurs photo sur les mobiles et l’avènement d’Instagram, travailler ses photos nécessitait de disposer d’un bon PC et de logiciels coûteux (Photoshop) ou gratuits (The Gimp, PhotoFiltre…) mais pas toujours très ergonomiques ni conviviaux.

Aujourd’hui – au grand dam des professionnels de la profession, me direz-vous – tout cela est possible facilement, à moindres frais, et de façon quasi-instantanée. Depuis que je pratique le pilotage de drones et que je m’adonne aux plaisirs de la photo aérienne, j’ai fait un constat que j’ai déjà eu l’occasion de partager avec vous et qui m’a donné l’idée de créer Dronestagr.am : la photo par drone a inventé un nouveau langage visuel, celui de la “vue d’oiseau” ou de la prise de vue à basse altitude (entre 50 et 200 mètres généralement) et grand angle. Ce qui donne des photos souvent superbes, toujours spectaculaires.

Les drones ne sont plus seuls

Mais l’invasion des drones (ou disons des multirotors de loisirs pour faire moins Fin du Monde) n’est pas le seul marqueur de l’évolution des usages en matière de photo. Si le grand public connu lors de la décennie écoulée deux grandes évolutions, à savoir l’arrivée et la généralisation du numérique puis celle des photophones, il se pourrait que la période qui s’ouvre donne lieu à de nouveaux modes de photographie qui risquent d’ouvrir très largement nos horizons et la façon dont nous percevons le monde qui nous entoure. Des nouveaux langages visuels qui se caractérisent par quelques points communs :

  • ils permettent de voir le monde différemment
  • tout le monde est son propre reporter/metteur en scène (même… les animaux, voir plus loin)
  • ils offrent une grande facilité d’utilisation
  • les prix sont abordables
  • les images produites permettent d’identifier immédiatement leur source
  • des sites spécialisés permettent la publication et le partage

Revue d’effectifs des nouveaux langages visuels qui vont envahir nos photos quotidiennes.

GoPro et autres mini-caméras d’action : Vous êtes la star de votre propre vie

On ne présente plus la star des  POV caméras (ou Point Of View Cameras), ces minis-caméras d’action nées avec la popularisation des sports extrêmes et autres nouvelles formes d’activités outdoor. Outre la technologie (étanchéité, réistance aux chocs, légèreté…), les GoPro est sa ribambelle de concurrentes sont arrivées dans un parfait timing avec l’émergence d’internet et notamment de l’explosion de la vidéo en ligne. GoPro a été créé en 2004 mais ses premiers modèles sont vraiment arrivés sur le marché en 2005. 2005, ça ne vous dit rien ? Et si, voyons, c’est aussi l’année de création de… YouTube, et de la popularisation de la vidéo personnelle en mode Me Myself I, ou la montée en puissance de l’exposition quelque peu narcissique de sa personne et des ses exploits individuels. On avait donc d’un coup, simultanément, l’outil de captation et le support de diffusion. Et on pouvait enfin faire du film extrême avec moins de 500 euros de budget (et une bonne assurance-vie quand même). Total : toutes les deux minutes une vidéo faite avec une GoPro est postée sur le web. Nick Woodman, fondateur et heureux PDG de Woodman Labs, la boîte qui détient GoPro, l’affirme lui-même : « Sans Facebook, sans Youtube, GoPro n’en serait pas là aujourd’hui ».

A ce titre, GoPro, et son fondateur Nick Woodman, peuvent aisément se targuer d’avoir été les initiateurs d’un nouveau langage photographique : vous reconnaissez une photo ou une vidéo faite avec une GoPro entre mille et au premier regard.

La preuve…

RoadEyes ou l’avènement des “dash-cams”

Vous ne connaissez peut-être pas cette marque, et pourtant elle commence à faire parler d’elle et pourrait d’ici quelque temps faire partie de votre quotidien. RoadEyes, une société française fondée en 2011, produit des caméras “boites-noires” à fixer sur le tableau de bord de son véhicule, derrière le pare-brise, qui filment en continu ce qui se passe sur la route devant vous, mais en ne gardant tout le temps que les trente dernières secondes d’enregistrement. Très pratique en cas de litige après un accident, une dash-cam (caméra de tableau de bord) peut permettre d’établir les preuves d’une responsabilité par le simple visionnage des dernières secondes avant le choc.

Les modèles les plus sophistiqués enregistrent d’autres données, comme la vitesse, l’accélération ou le freinage, ou encore la géolocalisation GPS, et disposent aussi d’un capteur frontal qui filme simultanément le conducteur en plus de la route (avec le son). Jugé très intrusif par certains, ce dispositif est pourtant très répandu dans certains pays, comme la Russie, où les routes sont réputées très dangereuses, et où, surtout, certains petits malins se sont fait une spécialité de se jeter délibérément sur le capot des voitures en mouvement pour pouvoir déposer plainte et toucher une prime de leur assurance. Les dash-cam ont évidemment tôt fait de drainer des communautés de “passionnés” (ou de voyeurs) qui publient les meilleurs passages (souvent des compilations d’accidents comiques ou bien gore) sur des sites spécialisés. La dash-cam, un nouveau langage visuel, ou l’autre façon de visiter la Russie (ou la Thaïlande).

Cœurs fragiles s’abstenir (je vous ai mis une vidéo gentillette mais certaines sont vraiment horribles).

Eyenimal, les autres vidéos de chats

Vous rêvez de voir ce que voit votre animal ? Vous vous demandez quelles drôles d’aventures s’offre votre chat lors de ses virées nocturnes ? Eyenimal a quelque-chose pour vous. Cette autre société française, pas très connue chez nous non plus, fait un malheur dans le monde entier avec ses mini-caméras à installer sous le collier de votre animal de compagnie préféré. Légères et discrètes (environ 4 cm d’envergure pour 32g), les Petcam ou autres Catcam ont été spécialement étudiées pour filmer ce que voit votre compagnon à quatre pattes. Un détecteur de mouvement stoppe la prise de vue quand l’animal dort, et un éclairage infrarouge d’appoint permet de ne rien perdre de ses chasses nocturnes. Voir comme un chat ? Un autre langage visuel, qui a aussi sa communauté de partage.

Prenez le temps de jeter un œil, même si les bêtes à poil ne sont pas votre tasse de thé : certaines vidéos sont vraiment étonnantes.

Panono et Squito, la photo aérienne à portée de main

Vous voulez faire une photo aérienne mais vous n’avez pas de drone ? Qu’à cela ne tienne, même si je vous plains, j’ai quand même quelque-chose pour vous. Un truc vraiment innovant, assez bluffant et bourré de technologie. Ou plutôt deux trucs, car ils sont deux à tenter de lancer ce marché : Squito et Panono sont deux… balles. Des balles de la taille d’une grosse balle de tennis ou d’un petit ballon de handball, légères et robustes, mais pas n’importe-quelles balles. Celles-ci embarquent plusieurs capteurs photo (36 pour Panono, apparemment 4 ou 6 pour Squito, ce n’est pas précisé sur le site du constructeur), de stabilisateurs et autres détecteurs de mouvement qui permettent de déclencher la prise de vue et de générer automatiquement à la volée des photos panoramiques dès que l’on lance la balle en l’air. Les deux machines disposent d’une connexion WiFi qui leur permet d’envoyer en temps réel les images réalisées sur un smartphone, une tablette ou même un réseau en direct.

Un peu de patience cependant avant de pouvoir vous muscler les bras et les épaules en faisant des photos :  Squito et Panono sont encore à l’état de projets et donc pas disponibles à la vente. Mais je suis sûr que ce ne sont pas des projets en l’air, haha. Pas de communauté ni de sites de partage encore, donc, mais ça viendra certainement très vite. D’ailleurs je vais vous faire une confidence, je suis déjà en contact pour mettre en place une section dédiée sur Dronestagr.am.

Google Glass, vue subjective ou intrusive ?

Je ne pouvais pas conclure ce tour d’horizon des nouveaux modes de photo sans évoquer évidemment les fameuses Glass de Google, testées ici (en première française) par votre serviteur. Voilà un langage visuel inédit : porter son APN/caméra en permanence sur le nez et filmer ou photographier d’un simple mouvement de tête ce que vos yeux voient, n’importe-ou et en n’importe-quelles circonstances. Ce qui peut donner de superbes photos ou vidéos d’action qui doivent provoquer quelques sueurs froides au board de GoPro, mais aussi, bien sûr des images non autorisées très clairement intrusives et irrespectueuses de la confidentialité, de l’intimité et de la vie privée. Et aussi des vidéos X au cœur de l’action (FPV Sex, diraient les amis dronistes). Les dérives seront probablement nombreuses, les contraventions aussi et le législateur ne tardera certainement pas à se pencher sur la question pour poser un cadre comme il l’a déjà fait avec les drones.

Pas encore de communauté autour des vidéos faites avec Glass, mais déjà quelques vidéos sur le site dédié signé Google, comme celle-ci par exemple.

On pourrait encore citer de nombreux autres exemples pour illustrer les évolutions des usages et de l’image dans la photo et la vidéo, comme Lytro ou encore Bublcam, entre autres. Maintenant que l’homme connait sa planète dans ses moindres recoins, il est temps de la voir autrement, et peut-être de la redécouvrir. Encore une fois, au-delà de l’œil humain, c’est la technologie qui va nous aider à le faire.

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2 commentaires
2 commentaires
  1. Et les caméras qui prennent un film en 3D ? et les drones à caméra embarquée ?

    Très bon article sinon, je ne connaissais pas la “eye-nimal” je parie que ça peut très bien marcher !!

    1. @Francois le francais : bonne remarque pour les caméras 3D, j’ai tout simplement oublié d’en parler. Pour les drones, j’en parle, dans cet article et dans d’autres, trop souvent même parait-il selon certains 🙂

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