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Pourquoi le mariage entre Crowdsourcing et Gamification nous assurera un futur meilleur

Le jeu semble une alternative plus qu’intéressante pour obtenir l’implication de personnes dans des actions qu’elles n’ont pas forcément envie d’accomplir, car il crée une distance avec la notion d’effort propre au travail.

Les villes seront les principales actrices d’un avenir meilleur pour notre planète. Grâce à l’avènement de nouvelles technologies, il est désormais possible de combiner l’intelligence, la créativité, et le savoir-faire d’un ensemble de citoyens (le Crowdsourcing) bénéficiant chacun sans restriction d’un accès à toutes sortes de copyrights, brevets ou autres mécanismes de contrôle, jusqu’ici inaccessibles dans leur totalité ( l’Open Data). Ainsi, en mutualisant les ressources et compétences, chaque ville pourrait déléguer une partie de sa gestion à ses riverains. Après l’acte éco’citoyen place au “crowdsourcing citoyen”.

Finalement l’étape la plus difficile n’étant pas de combiner les efforts de chacun, mais de solliciter chaque individu. En effet, cette première étape est contraignante au vu de nos besoins hédonistes  qui nous poussent à réclamer systématiquement une récompense en contrepartie de quelque effort que ce soit.

C’est pourquoi le jeu semble une alternative plus qu’intéressante pour obtenir l’implication de personnes dans des actions qu’elles n’ont pas forcément envie d’accomplir, car il crée une distance avec la notion d’effort propre au travail. Cette rupture a plus de chance d’impacter sur l’homme, car elle lui procurera non seulement une sensation de plaisir mais également  une forme de valorisation, émanant de son engagement en faveur d’une cause citoyenne. De plus, il est prouvé que l’être humain est à son optimum lorsqu’il effectue une activité difficile mais utile. Nous sommes prêts à travailler dur, à partir du moment où l’on nous confie la bonne mission.

Cette vision est également celle de James Moore, manager d’une société d’architecture. Celui-ci est persuadé que l’usage de la puissance du jeu vidéo sera un atout pour le crowdsourcing citoyen.

Simcity dans la vraie vie

En combinant ces deux facteurs, James Moore s’imagine vivre dans un nouveau genre de ville intelligente, affectée par les actions des citoyens qui participent activement à l’enrichissement de leur propre ville. Finalement il s’agirait de récupérer les mécaniques de jeux à succès comme Cityville ou Simcity, sauf qu’ici  plusieurs joueurs influeraient sur toutes les décisions dans la conception d’une ville.

Cette idée semble tout à fait réalisable puisque chaque semaine, nous consacrons des milliards d’heures aux jeux vidéo. Or, ce temps pourrait être consacré à résoudre des problèmes environnementaux, comme le propose d’ailleurs Jane McGonigal dans son livre « Reality is Broken ».

Présent au dernier Kansas City Design Week, l’architecte a ainsi surfé sur l’actualité de la ville pour proposer une expérimentation inédite alliant technologie de pointe et crowdsourcing.  Effectivement, Kansas City vient tout juste de remporter un appel à candidatures de Google dans le cadre de l’installation  d’un réseau Internet très haut débit, 1 Gbits/s, ce qui est cent fois plus rapide que le câble à large bande moyen. Ce nouvel actif contribuera à révolutionner l’infrastructure technologique de Kansas City, mais personne ne sait exactement comment l’utiliser à son plein potentiel. D’où la  proposition d’une plate-forme, qui permettrait à des milliers de joueurs de s’amuser collectivement tout en interagissant avec le design urbain. Moore imagine ainsi un nouveau Kansas City permettant aux citoyens de devenir les actionnaires à part égale des idées proposées tout en étant garants  des investissements communs vers l’avenir.

Il pense par exemple développer un jeu où les enfants des écoles primaires pourraient proposer et concevoir des idées qui influeraient directement sur la ville, voir sur les résultats collectifs de leurs travaux à mesure qu’ils vieilliraient.

Bien que le couple crowdsourcing / gamification appliqué à la ville soit encore à un stade infantile, il existe d’ores et déjà des initiatives open source bien établies et des idées qui pourraient aider à définir cette nouvelle façon d’interagir avec le design urbain. Le programme en ligne MindMixer par exemple, utilisé par les mairies, permet d’offrir des points aux utilisateurs qui commentent et participent à la génération d’idées pour la communauté. Ces points peuvent ensuite être convertis en biens physiques.

Cependant, les idées des citoyens ne peuvent pas fournir des solutions précises à des problèmes rencontrés par une ville, mais elles contribueront à informer les opinions générales et générer une grande variété d’idées uniques, dont les concepteurs pourront s’inspirer afin de fournir des solutions plus précises. Ainsi la combinaison de l’intelligence humaine a permis récemment à la science de faire un bond en avant dans leurs recherches grâce à un dispositif ludique nommé Fold-it. Après une dizaine d’années de recherches infructueuses dont le résultat était censé aboutir sur le développement d’un traitement contre le Sida, des chercheurs de l’université de Washington ont eu la bonne idée de faire participer les internautes du monde entier via un processus de gamification. Les résultats se sont révélés être concluants puisqu’il n’aura fallu que quelques jours à une bande d’internautes pour décoder la structure d’une enzyme proche de celle du virus du Sida. Une expérimentation ludique de crowdsourcing que je vous invite à découvre en détail dans un billet intitulé « Comment le Serious Game va révolutionner la science ».

En bref, il est essentiel de prendre conscience que le jeu ne se résume pas à l’abrutissement d’un jeune public et que contrairement aux idées reçues – qui le place comme coupable de bien des crimes – il est certainement l’un des leviers les plus prometteurs pour faire avancer notre monde.

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7 commentaires
7 commentaires
  1. Beaucoup d’enthousiasme dans cet article. Pour l’instant les serious games sont à la mode mais ils n’ont pas encore été la révolution attendue par certains. On en est au stade des expérimentations diverses plus ou moins prometteuses.
    Tout ne peut pas se “gamifier” et il ne suffit pas de mettre un classement pour motiver les utilisateurs.

  2. Désolé de vous contredire Romain mais le Serious Gaming est loin du stade de l’expérimentation. Ses usages sont légion et dans de nombreux secteurs, même si c’est relativement récent. Conformément aux propos de mon article les plateformes utilisées ne se contentent pas de réaliser des classements mais bien de fédérer autour d’une action commune et de récompenser concrètement.

    Merci pour votre commentaire.

  3. Voilà un article qui donne de l’inspiration et de l’enthousiasme 🙂
    Je suis également convaincu que le “gaming” a un potentiel insoupçonné pour l’éducation, le travail, la société.
    Le “serious gaming”, c’est allier l’utile à l’agréable.
    Quand on est passionnés, on fait des merveilles.
    J’aime bien l’idée aussi que cela “révèle” des individus qui serait médiocres dans une société sans jeu (mauvaises notes à l’école, puis un travail quelconque dans une vie quelconque), Alors que là on peut dénicher des “experts”, qu’ils aient 13 ans, 10 ans, ou 5 ans.

    On voit déjà quelques “serious game” en entreprises. Voir par exemple “Ace Manager” (BNP Paribas), un “jeu” pour se former au monde de la banque.

  4. Merci pour votre commentaire Yoric.

    Cependant je suis surpris de constater que certains de nos lecteurs arrivent à imaginer que cette vision est une vague plaisanterie qui ne tiens pas la route… Je me ferais un plaisir d’échanger à ce sujet avec les intéressés afin de les rallier à ma cause 😉

  5. @eric
    J’ai vraiment cru , dans les premières ligne que c’était du second degré.
    Effectivement que certains y pensent, ce n’est pas une plaisanterie. Mais quand un article commence par “Les villes seront les principales actrices d’un avenir meilleur pour notre planète.” là, sans être écolo, on peut douter du sérieux de la chose. Ensuite, croire que donner son avis, même au travers d’un jeu, peu influer sur une gestion urbaine, il faut ne jamais avoir mis les pieds dans un conseil municipal pour y croire. En revanche comme outil de démagogie “participative”, ça va intéresser un paquet d’élus, c’est sur. Quant à la critique des jeux vidéo, s’ils étaient tous aussi soft que ceux cités, évidemment…
    Bref, faire d’une nouvelle technique marketing un outil de démocratie locale, ça mérite un peu de réflexion avant d’affirmer quoique ce soit. Ceci dit l’article est bien fichu et instructif, mais dénote une déconnexion du monde réel. Un point positif : le débat est ouvert…

  6. Merci, c’est le genre d’article à faire tourner pour changer les mentalités.

    Je partage entièrement ton avis. C’est vraiment un très bon article pour bien expliquer comment les jeux et leurs dynamiques peuvent etre appliquer dans d’autres domaines. On est loin de l’image abrutissante et violente qu’on veut bien donner aux jeux. C’est aussi le message que j’essaie de faire passer dans mon livre: les jeux vont changer le monde !

    J’espere juste que beaucoup pourront comprendre le potentiel de ces nouvelles tendances et que nous pourrons avancer vers ce genre de projets.

    Johann

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