Alors que la guerre continue de faire rage en Ukraine vous êtes nombreux à nous rapporter une avalanche de bots et fake news en lien avec la guerre. Ces fake news, et autres commentaires participent de la guerre d’informations que la Russie a lancé à mesure que l’occident démontrait son unité. Ces fausses nouvelles, pas toujours faciles à débusquer, ont bien un objectif : semer le doute, la division, déstabiliser et affaiblir la posture des pays à l’égard de ce conflit.
Dans ce dossier nous vous proposons une sélection de sources d’informations fiables sur la guerre en Ukraine, ce à quoi ressemble l’action des bots russes, et comment croiser les infos qui paraissent de prime abord croustillantes pour ne pas risquer de colporter de fausses rumeurs, et autres messages déstabilisants. Le prolongement de la guerre sur le terrain de l’info est quelque chose de très courant dans les conflits du 21e siècle.
Fake news, bots russes : la propagande s’est modernisée et c’est redoutable
Mais ce n’est pas une nouveauté : la propagande et son emprise sur les esprits est quelque chose qui a toujours plus ou moins existé, et qui s’est très fortement développé entre le début du 20e siècle (et l’avènement d’Etats totalitaires) et la seconde guerre mondiale en même temps que le développement de nouveaux médias comme la radio, et la télévision – ces actions ont toujours su surfer sur la modernité. Elles fonctionnent pour une raison simple : on a trop tendance à prendre les infos reprises par les journaux et certaines personnes pour argent comptant.
Surtout lorsque ces dernières mélangent vérité et mensonge. La plupart des français considèrent que leur source d’info a effectué un travail de recherche et de vérification fiable – alors que ce n’est vraiment pas toujours le cas. Dès lors, il est en théorie possible de prétendre à peu près n’importe quoi sur n’importe quel sujet ou personne. Certains sauront faire la part des choses, mais il suffit qu’un groupe d’individus réagissent de la manière attendue par les concepteurs de ces messages pour que l’opération soit considérée comme un succès.
En 2022, il n’est pas toujours simple de débusquer une fake news, ou un compte qui en colporte. Parfois, il arrive que les fake news et fausses nouvelles soient si bien calibrées qu’elles finissent par être reprises par des personnes influentes, ou ayant autorité : sportifs, youtubeurs, twittos, politiques, etc. C’est là que les fausses nouvelles deviennent les plus pernicieuses – on leur a d’emblée donné une image de vérité. On retrouve aussi une avalanche de fausses nouvelles sur Instagram, TikTok et même sur Snapchat !
Les fakes news et comptes malveillants insistent toujours sur ce qui divise
Si vous assistez comme la plupart des européens à l’invasion russe en Ukraine en live depuis le début, vous êtes sans doute très choqué et inquiets. Les bots et autres acteurs à la solde de la Russie ont, eux, plutôt tendance à insister sur ce qui va créer le plus de débats possibles alors que le niveau de tensions est à son paroxysme. On peut citer par exemple les accusations de “nazisme” à l’égard du gouvernement Ukrainien actuel – ou celles accusant les Etats-Unis d’avoir commencé la guerre.
Sur ce dernier point, les Etats-Unis soulignent d’ailleurs que l’invasion Russe a débuté sans que la question du rattachement de l’Ukraine à l’OTAN soit à l’ordre du jour – il n’y avait alors aucune installation militaire étrangère (OTAN ou autre) dans le pays avant l’invasion et il n’était pas question au moment de l’invasion d’intégrer l’Ukraine à l’OTAN… Dire le contraire sans démontrer la présence d’installations militaires étrangères est dès lors une transformation (pour ne pas dire manipulation grossière) de la réalité.
De la même manière de nombreux bots copient / collent les mêmes messages pour souligner le “deux poids deux mesures” de l’attitude de l’occident vis à vis de l’Ukraine en comparaison d’autres théâtres de guerre tout aussi tragiques mais plus lointains. Evidemment, il s’agit d’une opinion valide, mais il y aura sans doute un temps pour en débattre une fois que les tensions seront un peu retombées… beaucoup d’affirmations, avis tranchés, et autres contenus non vérifiables de ce type doivent vous inciter à la prudence.
Il faudra du temps pour décortiquer toutes les subtilités de cette tragédie, et il s’agit sans doute du pire moment pour briser le front uni des pays occidentaux contre la guerre russe en semant le doute de manière industrielle… Vous l’aurez sans doute remarqué, de nombreux comptes paraissent copier coller de façon automatique ce type de messages – ils sont fortement soupçonnés d’être factices, ou gérés par des personnes payées par les services de renseignement russes.
Restez mesuré, méfiez-vous de ce qui n’est pas repris par des sources fiables
Mis à part quelques journalistes sur place, on ne peut à ce stade qu’observer la dégradation de la situation de très loin. Les affirmations tranchées que l’on lit ci-ou là ou informations précises débitées par certains comptes (alors que l’info ne vient pas du terrain) n’ont vous l’admettrez aucun sens. Et pourtant il suffit de se balader sur les réseaux sociaux pour s’en rendre compte : elles sont légion.
De l’autre côté du glaive, on commence à voir des gens s’organiser pour tenter d’aider les ukrainiens en analysant des images satellite partagées sur le net. Comme l’indique John Kirby, le responsable com du Pentagone américain, il faut aussi se méfier de ce genre d’actions. Il est en effet vraisemblable que certaines images soient trafiquées par les services de renseignement russe afin d’induire l’armée ukrainienne sur place (et le reste des internautes) en erreur.
De la même manière, face au manque d’informations fiables, la bonne réaction n’est pas de donner encore toujours plus son avis, mais de patienter et de rester le plus mesuré possible. C’est aussi à cela que l’on reconnaît de nombreux comptes malveillants.
Signalez les messages et propos malveillants
En ce moment Youtube, Twitter, TikTok, Instagram, Facebook, Snapchat… tous les grands réseaux sociaux font face à un véritable tsunami de bots et fausses informations en lien avec la Russie. Ces plateformes utilisent à la fois l’intelligence artificielle et le signalement des utilisateurs pour modérer et lutter contre les acteurs malveillants en provenance de Russie.
Aidez les modérateurs en signalant dès que possible les messages qui ressemblent à des bot russes. Pour cela, vous pouvez par exemple, sur Youtube, indiquer en raison “incitation à la haine” pour les messages qui tentent d’instiller la division – les équipes de Youtube décideront par la suite si le signalement était ou non pertinent avec à la clé une suspension de compte pour les cas avérés.
Privilégiez cette liste de sources fiables pour tout ce qui touche à la guerre en Ukraine
Dans les situations les plus tendues, multiplier les sources d’infos n’est pas toujours la bonne option. En effet vous risquez de tomber sur un média qui ne fait que passer son temps à colporter des fake news, alors que seules certaines rédactions (souvent anciennes) disposent de journalistes sur place en Ukraine, ou sont abonnés aux agences presse et sont donc à même de vous délivrer des informations fiables.
Lisez autant que possible les mêmes articles dans un journal conservateur, et dans un journal progressiste. Les actualités ont toujours une part de subjectivité – et la seule manière pour le lecteur de la dépasser est de lire un contenu équivalent sur une publication différente. Voici quelques unes des sources d’infos les plus fiables disponibles en ce moment :
TV
- Euronews
- France24
- BFMTV
- DW
- CNN
Radio
- France Info
- France Inter
- France Culture
- RFI
Internet
- Le Monde
- Le Figaro
- Le Parisien / Aujourd’hui en France
- Les Echos
- Europa.eu (pour tout ce qui a trait aux sessions du parlement et décisions de la Commission Européenne)
- Mediapart
- Libération
Notez que si ces titres de presse ne parlent pas d’une info que vous avez lue sur un site moins connu, vous pouvez vous dire d’emblée qu’il y a de fortes chances pour que l’info en question est simplement une fake news. Par ailleurs, nous ne citons pas pour l’instant les comptes Twitter de journalistes fiables – car il nous faut mener une petite enquête pour vous délivrer une sélection variée et de confiance. Nous le ferons sans doute dans un prochain contenu dédié.
N’hésitez pas à reprendre vos proches dans les conversations
Les fakes news sont très insidieuses, et elles ont plus ou moins gagné lorsqu’elles se retrouvent dans les conversations. Du coup, si vous pensez que votre interlocuteur (y compris amis ou membre de la famille) vous dit quelque chose qui ne semble pas vérifié ou vérifiable, invitez-le ou la à partager la source de l’info – et tentez de la croiser ensemble avec ce que l’on peut lire sur les grands journaux.
On a tous une tendance naturelle à éviter de faire cela, pour ne pas froisser son interlocuteur. Pourtant il n’est pas nécessaire de le faire avec agressivité, au contraire ! Soyez surtout le plus bienveillant possible. Privilégiez un comportement agréable, et ne sombrez pas dans la confrontation.
Expliquez simplement qu’il y a en ce moment une avalanche de fausses nouvelles et qu’il est fondamental de ne pas parler de n’importe quoi, au risque de se faire manipuler et de manipuler à son insu les autres autour de la guerre en Ukraine.
N’hésitez pas à faire une pause avec les réseaux sociaux
Ce que vous lisez en ce moment sur l’Ukraine sur les réseau sociaux, notamment TikTok, Instagram, Facebook et Snapchat vous dérange ? Il ne faut vraiment pas rester dans cette situation qui pourrait vous miner le moral sans réellement apporter quoi que ce soit.
N’hésitez pas à faire une pause de quelques jours sur les réseaux sociaux, le temps – on espère – que les grandes plateformes fassent un peu le ménage pour que leurs utilisateurs ne soient pas pris en otage par les fake news et bots russes. Les informations “en live” vérifiées sur le sujet doivent de toute façon être toujours confirmées par un grand média disposant de quelqu’un sur place ou un informateur.
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