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10 questions à se poser avant de lancer son business à Hong Kong

En amont de l’événement Think Asia, Think Hong Kong du 28 Octobre 2014, Presse-Citron a visité la New York de l’Asie pour découvrir la facilité avec laquelle une entreprise peut s’y installer.

“C’est si simple de lancer son entreprise depuis Hong Kong”.

Après une semaine passée dans cette région administrative spéciale de la Chine, nous avons cessé de compter le nombre de fois que la simplicité  d’entreprendre à Hong Kong nous a été vantée.

Sans forcément chercher à remettre en question l’intégralité de ce discours, notre éducation nous a appris à questionner ce genre d’assertion pour trouver où se trouve la nuance.

Et le fait est que, si tous les éléments sont effectivement réunis pour favoriser le business, Hong Kong n’est pas pour autant un marché facile. Il serait plus honnête de dire que tout est simple pour attaquer un marché difficile.

En effet, si 80% des sociétés lancées à Hong Kong le sont par des étrangers, il leur faudra apprendre à composer avec les particularités locales et s’adapter aux contraintes du marché.

Mais s’il fallait résumer la problématique à un élément : au vue de sa très faible superficie, l’immobilier hongkongais n’a pas à rougir face aux prix parisiens. Le coût de la vie a donc beau être faible sur toutes les autres lignes, le budget que vous allez devoir mettre en bureau et en logement implique une obligation primordiale : votre business va devoir générer du cash, et il va devoir le générer rapidement.

Hong Kong pourra donc vous apparaître comme un paradis entrepreneurial à une seule condition : celle d’accepter de travailler dur.

Alors après 8 jours à Hong Kong, une trentaine de rendez-vous et une cinquantaine de rencontres, voilà notre checklist des 10 éléments auxquels penser avant de lancer son business depuis Hong Kong :

1. Est-ce que Hong Kong possède un avantage concurrentiel pour votre secteur en particulier ?

Tous les business ne sont pas égaux en chance et certaines entreprises sont plus à même de réussir à HK. Trois cas de figure majeurs :

  • Être proche de votre unité de production : c’est la première bonne raison d’ouvrir un bureau à Hong Kong. Si vous proposez un produit manufacturé en Chine (que ce soit un produit technologique ou non d’ailleurs), vous aurez de grands avantages en choisissant un pied à terre à Hong Kong. C’est le cas pour Native Union qui produit ses accessoires à Shenzhen et pilote son business depuis HK. A 30 minutes de leur unité de production, ils bénéficient d’une meilleure réactivité pour commercialiser un produit plus rapidement, sans sacrifier la qualité (quand vous êtes loin, vous finissez par accepter les petits défauts parce qu’un autre aller/retour serait trop long).
  • Être dans le business du vin : l’ancien chef de l’exécutif étant un grand amateur de vin, il fit disparaître les taxes d’importation et celles sur les ventes. Hong Kong se présente donc comme l’un des lieux où le vin est le moins cher, attirant de nombreux négociants pour une population asiatique toujours plus friande de vins français notamment.
  • Vouloir cibler le marché asiatique : c’est l’objectif même de la campagne Think Asia Think Hong Kong que de vouloir présenter HK comme la fenêtre vers l’Asie (et notamment la Chine). Si l’expansion de votre business doit passer par la Chine, mieux vaut s’installer à Hong Kong où les lois sont occidentales (reste de l’héritage colonial) et où le business est encouragé par de nombreuses initiatives.

Si vous ne produisez rien en Chine, que vous n’êtes pas dans le business du vin (ou du luxe en général) et que vous ne ciblez pas le marché asiatique… avez-vous véritablement les bonnes raisons de partir à Hong Kong ? Vous seul possédez la réponse.

2. Est-ce que votre business peut être lancé depuis un espace de coworking dans un premier temps ?

C’est ce dont nous parlions en introduction : l’immobilier est clairement le point noir majeur de cette ville. Si vous avez besoin de vos propres bureaux et que vous avez la certitude de faire du chiffre rapidement de vos activités hongkongaises, j’en suis heureux pour vous. Mais si vous commencez seul ou en effectif réduit, pourquoi ne pas plutôt envisager de lancer votre activité depuis l’un des espaces de coworking de la ville. S’il y en avait que 3 en 2010, on en dénombre plus de 30 aujourd’hui. Mon favori : The Hive. En plein Wan Chai (le quartier cool de HK), cet espace lumineux s’étale maintenant sur 5 étages.

Un moyen économique de se lancer à Hong Kong (même s’il vous reste encore à trouver un logement).

3. Est-ce que votre projet pourrait être accueilli par l’un des programmes d’incubation ?

Lancer son business depuis un espace de coworking, c’est bien ! Le lancer avec l’aide d’un incubateur, c’est mieux ! En effet, si vous lancez une start-up et que vous êtes éligible à l’entrée dans un programme d’incubation hongkongais, cela pourrait bien être la meilleure nouvelle pour votre business.

A vous de trouver celui qui pourrait le mieux s’adapter à votre activité : Cyberport et Science Park (si vous êtes dans l’IT), ou celui proposé par la Hong Kong Design Centre si vous êtes dans le monde du design.

4. Est-ce que vous allez avoir un besoin rapide pour réaliser une levée de fonds ?

Avec 60% des investissements directs à l’étranger vers la Chine et 50% des investissements chinois hors de Chine qui passent par Hong Kong, il y a définitivement de l’argent qui transite par ce hub asiatique. Et ce n’est pas le nombre de Ferrari et Porsche qui circulent dans les rues qui vont vous détromper. Il pourrait être “naturel” de penser qu’il s’agit d’une excellente destination pour réaliser une levée de fonds… et pourtant !

Si vous avez besoin de levée de fonds à court terme, déménager à Hong Kong n’est pas encore le bon réflexe à avoir. Je dis “pas encore” parce que le nombre de business angels aurait triplé sur les 18 derniers mois. Mais la plus plupart des millionnaires/milliardaires hongkongais investissent dans l’immobilier. Il y a aujourd’hui trop peu de Business Angels possédant une vraie culture tech comme dans la Silicon Valley. Le monde de l’investissement est en train de se structurer à HK, mais ne doit pas être considéré comme une raison de partir s’installer là-bas.

5. Êtes-vous prêt à réapprendre tout ce que vous pensiez savoir sur vos clients ?

Il y a une nécessité de se montrer très humble en arrivant à Hong Kong. Ce conseil nous est soufflé par Ariane Zagury, fondatrice de Rue Madame (concept de boutique de mode). « Il ne faut pas oublier que l’on n’est pas chez nous, nous dit-elle. Que ce ne sont pas nos règles. Il faut donc être très humble. Se souvenir que nous sommes dans un pays d’accueil qui nous accueille d’ailleurs très très bien. »

Le meilleur moyen de s’adapter rapidement aux coutumes locales ? Oublier le réflexe français d’embaucher d’autres expatriés. C’est un marché très local et vous avez donc besoin d’avoir des locaux dans l’équipe pour vous mettre “dans leurs chaussures“.

Vous comprendrez ainsi rapidement que le e-commerce ne perce absolument pas à Hong Kong. L’explication est simple : la ville a une culture du shopping mall, de très grandes surfaces ouvertes toute la journée. Et au vu de la très faible superficie de HK, vous avez toujours un magasin proche de vous… et donc l’inutilité de passer par le e-commerce.

Ce qui fonctionne par contre, c’est l’utilisation des réseaux sociaux pour communiquer avec ses clients. Vous trouverez difficilement une ville où Whatsapp est plus utilisé qu’à Hong Kong. Rue Madame va donc envoyer une photo de leurs nouvelles pièces aux clientes via le réseau social. Les clients communiquent directement avec leur vendeur via Whatsapp également, poursuivant le rôle de conseiller même lorsque la personne a quitté la boutique.

Un usage passionnant mais difficile à cadrer, les employés utilisant leur téléphone personnel pour échanger avec les clients.

Le joli petit plan que vous avez préparé pour Paris n’a aucune chance de fonctionner à Hong Kong. Il ne faut jamais dupliquer, mais plutôt essayer de comprendre, adapter, réapprendre ce que doit être la relation avec le client.

6. Êtes-vous prêt à faire face aux difficultés de recrutement que vous allez avoir ?

Avec un niveau de chômage de 3,4% (et uniquement sur les profils non-qualifiés) il n’est pas difficile de trouver un emploi à Hong Kong. Mais mauvaise nouvelle si vous fondez une start-up, les Hongkongais investissent tellement d’argent dans leur éducation qu’il n’ont pas cette culture entrepreneuriale. Ce qui veut dire premièrement qu’ils vont rarement lancer une start-up, mais aussi qu’ils vont vouloir prendre un travail rapidement dans un endroit bien payé. HK ne manque pas de banque où le salaire sera probablement plus élevé que dans votre aventure entrepreneuriale.

Le problème est le même pour Cécile Ossola, directrice régionale pour Caudalie : “je dois passer 50 interviews avant de trouver la bonne personne“. La culture est totalement différente et vous ne trouvez pas la créativité et l’esprit d’initiative que l’on trouvera en France. “Sans que cela soit péjoratif, ce sont de très bon exécutant en règle générale, des machines à apprendre, mais qui ne vont pas réussir à mettre de la distance.”

Il n’est donc pas aisé d’être attractif pour une start-up, et avoir les profils qui seront intéressants pour vous.

7. Avez-vous pensé à comment fidéliser vos employés ?

Directement lié au point précédent : il va également falloir fidéliser vos employés. Les Hongkongais n’ont généralement pas cet attachement à la société qui les emploie. Du jour au lendemain, ils pourront entrer dans votre bureau et démissionner parce qu’un concurrent leur a proposé 100$ de plus.

Il est donc important de les impliquer dans la vie de la société pour essayer d’aller contre cette dynamique. C’est la solution de la Directrice régionale de Caudalie, “il faut les challenger en permanence, il faut les considérer, les faire évoluer, leur donner accès à des formations”. 

D’après elle, “ils n’ont pas l’habitude de faire partie de l’histoire“, ils ont été utilisés comme exécutant interchangeable, mais il est possible de faire évoluer les mentalités.

Mais contrairement à la France, il faudra conserver cette particularité en tête pour s’assurer de conserver les talents recrutés.

8. Avez-vous pensé à vous mettre en relation avec la “French Chamber”, la chambre du commerce française ?

Cette checklist n’est pas simplement destinée à vous aider à brainstormer avant votre arrivée à Hong Kong, il s’agit aussi de savoir prendre les bons contacts avant même de partir.

Pour Hong Kong, vous avez la chance d’avoir à disposition une chambre du commerce ultra-dynamique. Notre rencontre avec Orianne Chenain (Directrice Générale de la French Chamber à Hong Kong) nous a fait découvrir une vraie passionnée de l’écosystème et une vraie volonté d’aider les sociétés qui les contactent. Ce n’est pas pour rien qu’il s’agit de la 4ème chambre française dans le monde.

Véritable source de networking pour tout expatrié qui cherche à lancer son business, ce sont plus de 100 événements qui ont lieu chaque année. Orianne pilote également 16 comités thématiques qui permettent aux entreprises d’échanger sur des marchés précis. L’une des plus belles réalisations, c’est le programme WiseCity où la French Chamber a été voir le gouvernement pour leur dire en substance : “HK est l’une des villes les plus polluées au monde, vous êtes en retard sur les sujets de smart technologies, nous avons 13 sociétés qui peuvent vous aider à préparer un meilleur futur”.

Les membres du gouvernement ont promis un nouveau quartier en leur demandant ce qu’ils pouvaient faire concrètement. Cet exemple de “BtoG” (Business to Governement) montre le genre d’initiatives que la Chambre française peut mettre en place pour aider le business de ses adhérents.

9. Avez-vous contacté InvestHK ?

Outre la Chambre du Commerce ou encore le Hong Kong Trade and Development Council, InvestHK est l’un des acteurs majeurs à contacter pour investir à Hong Kong. L’organisme gouvernemental propose des informations et des conseils, même 2 ou 3 ans avant que les sociétés ne soient effectivement prêtes à partir à Hong Kong.

Ariane Zagury (Rue Madame), nous raconte son expérience où elle posait énormément de questions chaque jour pour voir son interlocuteur toujours la rediriger vers les bonnes personnes. “Un organisme qui t’aide gratuitement à mettre en place ta boîte, c’est quand même génial, non ?

10. Êtes-vous prêt à échouer et à recommencer aussitôt ?

Nous le disions en introduction, Hong Kong a réussi à faire en sorte que tout soit simple pour attaquer un marché difficile. Ce qui signifie malgré tout que l’échec est commun. Le Français est réputé pour mal-vivre ses échecs… et il faudra apprendre à adopter la mentalité américaine, qui est aussi celle à Hong-Kong !

C’est tellement simple de lancer un business, que l’on rebondit tout de suite d’un échec, nous explique Cécile Gonzalez (General Manager Fidelis Alliance). C’est un environnement dynamique et il faut être entraîné dans ce cercle vertueux… il faut vouloir réussir, causer son propre succès”. 

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7 commentaires
7 commentaires
  1. Bonjour! L’article est top, je trouve vraiment l’idée intéressante. D’ailleurs un “top” des pays ou entreprendre avec points faibles+points forts pourrait être sympa!
    Bonne journée à tous!

  2. il y a une autre explication au fait que 80% des sociétés créés à HK le sont par des étrangers : tout les business qui est fait en dehors de HK n’est pas soumis aux taxes… je vous laisse imaginer ce qui est derrière tout ça.

    et pour ceux qui veulent se lancer dans le business du vin, c’est peine perdu, il y a déjà tellement d’importateurs que le marché est saturé et ceux présent, même depuis longtemps luttent pour leur survie.

  3. “Le cout de la vie a donc beau être faible sur toutes les autres lignes…” Juste à propos de cette affirmation a moins de vouloir vivre totalement local le cout de la vie est le même que celui de n’importe quel grande capitale. Puis vous oubliez un petit peu tout ce qui est assurance, écoles, …

  4. A propos de l e-commerce il est vrai que pour le moment il y a un manque terrible. Mais il y a un gros problème à Hong Kong avec cette profusion de magasins. Hong Kong est le meilleur exemple de la limite de la consommation.

    Tout les magasins offrent les mêmes produits. On a beau être dans un environnement libéral, consommateur, tout va tellement vite, tout est tellement exagéré que tout est super formaté. Un exemple j’ai cherché un pochette de protection pour mon laptop 14 pouce et bien c’est impossible. Ici on ne vend que du 13 et 15 pouces car c’est ce que fait Apple. Et impossible de commander hen, si vous n’êtes pas Apple ou Samsung addict vous êtes hors du système.

    Comble du comble je fait importer la plupart de mes produits hight tech de l’étranger.

    Je pense qu’il y a une place pour l’e-commerce parce que justement un magasin ça coute cher et qu’on peut pas stocker tout les produits possibles. On importe facilement à Hong Kong. Puis il y a pas de concurrence puisque ce n’est effectivement pas dans le culture locale. Mais ça peut changer. En Europe non plus c’était pas dans le culture au début.

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