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L’avenir des médias sociaux…

J’ai découvert cette semaine sur Business Insider un billet intitulé « The Future Of Social Media Is… » où les auteurs ont demandé à 18 personnalités…

J’ai découvert cette semaine sur Business Insider un billet intitulé « The Future Of Social Media Is… » où les auteurs ont demandé à 18 personnalités du Web de remplir les pointillés. Je vous propose donc une synthèse de ces différents avis, dont l’ensemble offre selon moi de bonnes pistes de réflexion sur le concept même de “médias sociaux”, en y ajoutant un peu du mien pour tenter de cadrer la situation en mixant tous les points de vue.

Et en commençant par le constat suivant : bien qu’il soit impossible de s’aventurer dans les innombrables simplifications (y compris graphiques) et comparaisons Web 1.0 vs. Web 2.0, disons brièvement que là où on attendait le Web 3.0 (ou Web sémantique), c’est le Web social qui est arrivé.

J’ignorerai ici les déclinaisons 4.0 et 5.0, même si l’approche originale de Nicholas Carr mettant face à face cultures Googleplex d’une part, et Web sémanticienne de l’autre, les faisait converger dès 2007 en un scénario plutôt angoissant :

Maintenant, pour en revenir aux médias sociaux (ou réseaux sociaux, à moins que vous ne voyiez des différences), qu’on a un peu trop tendance à réduire au triptyque Facebook / Twitter / LinkedIn, le billet de Business Insider nous ouvre plusieurs horizons.

Selon Dennis Crowley (Foursquare), l’avenir des médias sociaux passe par l’ubiquité du graphe social destiné à connecter qui est ici, qui va où, qui a fait l’expérience de quoi, qui lit ça, écoute ça, regarde ça, etc. L’ubiquité est un concept également repris par Jeffrey Zeldman, pour qui l’internaute va retrouver du “média social” dans tout ce qu’il utilise sur le Web, mais véhiculé à 90% par les principaux réseaux (voir les noms ci-dessus…), le tout assaisonné d’un peu plus d’intelligence via une intégration plus transparente des services.

Tous deux tombent d’accord sur le fait que l’expression même de “médias sociaux” tendra à disparaître, rejoints par Alexis Ohanian, au fur et à mesure que leur leur utilisation de masse deviendra la configuration “par défaut”, omniprésente, et multi-dimensionnelle selon Mark Cuban, pour qui chaque facette correspond à un aspect public ou privé, professionnel ou personnel, un intérêt précis qui mérite d’être partagé ou de s’interconnecter (de s’interfacer) avec un autre aspect/intérêt correspondant dans la vie des autres, que ce soit en mode “manuel” ou “automatisé”.

Pour Mike Monteiro, les médias sociaux sont la frontière d’une nouvelle fiction, dans laquelle les bonnes identités prendraient le pas sur les vraies identités, un distinguo subtil, et où les participants le seront tantôt de leur plein gré tantôt à leur insu. On retrouve aussi cet aspect fiction chez Sara Haines, selon qui les médias sociaux font partie intégrante de la télévision, en permettant aux (télé)spectateurs de réagir et d’interagir en partageant ce qu’ils regardent. Ce qui permettra évidemment aux professionnels de mesurer les niveaux d’interaction et de s’y adapter.

Un avis conforté par Gina Bianchini, qui ajoute aux notions de partage et d’interaction celle d’apprentissage, que Chad Hurley complète en voyant les médias sociaux comme principal moteur de découverte, permettant de détecter les signaux faibles au milieu du bruit. Cette interaction massive des internautes permettra en outre d’élaborer des modèles prédictifs capables de savoir ce que nous voulons avant même que nous le cherchions…

Côté positif (?), un mélange d’intelligence et d’algorithme pour nous préserver de 99% de l’info dont nous ne voulons pas et à laquelle nous sommes exposés, selon Mike Davidson, pour ne mettre en avant que le 1% qui nous intéresse. Autrement dit, moins consommer, mais consommer mieux !

Tout cela est bien réel, nous dit Ryota Kanai, car même si les gens ont tendance à considérer les communications en ligne comme virtuelles, tout cela ne manque pas de passer dans nos vies réelles via les médias sociaux, notamment via les mobiles, qui effacent de plus en plus rapidement la ligne de démarcation entre réel et virtuel, surtout pour les jeunes générations…

Sam Altman renchérit en y voyant une sorte de réalité augmentée, puisque les mobiles deviennent des extensions de nous-mêmes (des prothèses ?), et finiront par tout savoir de nous puisqu’ils seront les contenants d’une quantité phénoménale de nos données personnelles, là encore pour prévoir ce que nous voulons avant même que nous le formulions… Pete Cashmore ajoute le local au mobile pour former des connexions non plus seulement explicites, mais implicites, des sortes d’inférences rendues possibles par la concentration des données.

Il sont ainsi l’avenir de la communication globale, pour Ryan Holmes, une rupture avec les médias traditionnels autant au niveau commercial que culturel, alors que pour Dae Mellencamp, ils représentent plutôt une sorte de continuité qui abolit les distinctions, et s’intègrent de façon transparente avec les médias de masse en proposant des solutions multiplateformes capables d’offrir des expériences personnalisées pertinentes et dynamiques.

Ils seront comme l’air, résume Charlene Li, dans le temps et dans l’espace !

Une rupture massive avec ce qui a précédé, selon Mike Lazerow, pour redéfinir les rapports, pas seulement commerciaux, entre les personnes.

Ils sont déjà là, constate Howard Lindzon, et mieux encore, selon William Uricchio, professeur du MIT, enracinés dans le passé : depuis toujours nous sommes des êtres sociaux. Et les nouvelles évolutions en cours sont destinées à transformer profondément … notre citoyenneté !

Et maintenant à vous la parole, pour critiquer, aujouter, retrancher, suggérer, etc. Le débat est loin d’être clos…

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45 commentaires
45 commentaires
  1. Ces suppositions sont basé sur un web tel qu”il est à ce jour, mais il changera aussi et très rapidement (saturation, coût de connexion, bulle, nouveau supports…)

  2. “Web 5.0 : web comme intelligence artificielle se substituant à la race humaine” Et cette phrase n’inquiète personne ??!

  3. Intéressant. Mais finalement, c’est juste la concentration de théories préexistantes dans l’univers du web et des interactions liées à son expansion. Eh oui, il n’y a jamais vraiment de “rupture”.

    Toute époque se construit par rapport à la précédente, dans une continuité croissante ou décroissante (si on l’assimile à une courbe mathématique : plus ou moins autoritaire, plus ou moins égalitaire etc).

    J’ajouterai par ailleurs que :

    Web sémantique 3.0 : C’est déjà le cas dans nombres de domaines comme l’économie où les machines s’auto-régulent avec une réactivité de l’ordre de la pico-seconde.

    Web sémantique 4.0 : objectif fantasmé des hommes depuis le XIX siècle, objectif concret de recherche d’IBM et du MIT, pour ne citer qu’eux, depuis 40 ans.

    Web 5.0 : objectif fantasmé des techno-déterministes (dont une grosse portion se tape dans le dos à la Silicon Valley).

    Il y a une différence entre médias sociaux et réseaux sociaux, et elle est claire par l’exemple : Twitter est un média social et pas un réseau social. Facebook est un réseau social et un média social. LinkedIn est avant tout un réseau social et un peu un média social.

    Le concept de media social apporte la notion de “media” qui vient s’intercaler dans les relations humaines. Quand je “poke” quelqu’un sur Facebook, je ne fais appelle à aucun élément médiatique, Facebook n’est alors pas un média mais une plateforme. Quand je partage une vidéo sur mon mur, le média s’intercale entre moi et les autres, et Facebook est ce média.

    Le concept de l’outil comme extension de l’homme a été clairement formulé par Marx, et repris par tous les philosophes des sciences, dont notre contemporain Michel Serres. Et c’est finalement évident : L’outil (le râteau comme le smartphone) ne crée pas de fonction; il améliore une fonction qui est préexistante ou lui crée des dérivés, tout en correspondant à un besoin. Si le monde était un grand jeu de plateformes, les jetpacks personnels se seraient développés plus vite que les smartphones.

    En dernier point, je voudrais souligner ce qu’on appelle le mythe de la communication : La facilitation des différents moyens de communiquer entre entités sociales (humaines ou commerciales) ne va pas tout bouleverser comme certains se plaisent à croire : le Web a facilité la prise de position citoyennes, mais le pouvoir semble toujours autant confisqué par certaines autorités politiques entre deux élections.

    On peut donc parier sur une modification de l’expression de notre citoyenneté, mais penser que la citoyenneté en elle-même sera modifiée est illusoire, sauf dans un cas : si HAL prend le pouvoir.

  4. Intéressant. Mais finalement, c’est juste la concentration de théories préexistantes dans l’univers du web et des interactions liées à son expansion. Eh oui, il n’y a jamais vraiment de “rupture”.

    Toute époque se construit par rapport à la précédente, dans une continuité croissante ou décroissante (si on l’assimile à une courbe mathématique : plus ou moins autoritaire, plus ou moins égalitaire etc).

    J’ajouterai par ailleurs que :

    – Web sémantique 3.0 : C’est déjà le cas dans nombres de domaines comme l’économie où les machines s’auto-régulent avec une réactivité de l’ordre de la pico-seconde.

    – Web sémantique 4.0 : objectif fantasmé des hommes depuis le XIX siècle, objectif concret de recherche d’IBM et du MIT, pour ne citer qu’eux, depuis 40 ans.

    – Web 5.0 : objectif fantasmé des techno-déterministes (dont une grosse portion se tape dans le dos à la Silicon Valley).

    – Il y a une différence entre médias sociaux et réseaux sociaux, et elle est claire par l’exemple : Twitter est un média social et pas un réseau social. Facebook est un réseau social et un média social. LinkedIn est avant tout un réseau social et un peu un média social.

    Le concept de media social apporte la notion de “media” qui vient s’intercaler dans les relations humaines. Quand je “poke” quelqu’un sur Facebook, je ne fais appelle à aucun élément médiatique, Facebook n’est alors pas un média mais une plateforme. Quand je partage une vidéo sur mon mur, le média s’intercale entre moi et les autres, et Facebook est ce média.

    – Le concept de l’outil comme extension de l’homme a été clairement formulé par Marx, et repris par tous les philosophes des sciences, dont notre contemporain Michel Serres. Et c’est finalement évident : L’outil (le râteau comme le smartphone) ne crée pas de fonction; il améliore une fonction qui est préexistante ou lui crée des dérivés, tout en correspondant à un besoin. Si le monde était un grand jeu de plateformes, les jetpacks personnels se seraient développés plus vite que les smartphones.

    – En dernier point, je voudrais souligner ce qu’on appelle le mythe de la communication : La facilitation des différents moyens de communiquer entre entités sociales (humaines ou commerciales) ne va pas tout bouleverser comme certains se plaisent à croire : le Web a facilité la prise de position citoyennes, mais le pouvoir semble toujours autant confisqué par certaines autorités politiques entre deux élections.

    On peut donc parier sur une modification de l’expression de notre citoyenneté, mais penser que la citoyenneté en elle-même sera modifiée est illusoire, sauf dans un cas : si HAL prend le pouvoir.

  5. Ced,

    Très intéressant ton commentaire, même si je peux pas tout reprendre, mais sur deux points au moins j’aimerais réagir.
    J’aime bien la distinction entre médias sociaux et réseaux sociaux, mais je trouve qu’elle n’est pas si claire que ça pour la majorité des gens, moi compris, et qu’on utilise souvent l’un pour l’autre et vice-versa. Un peu comme blanc bonnet et bonnet blanc.
    Sur le second point, en revanche, celui de la citoyenneté, là par contre je suis d’avis opposé, car je pense intimement que de plus en plus la citoyenneté des gens sera profondément modifiée par le Web participatif et social. Il y a déjà des myriades d’exemple, pensons au printemps arabe et à l’impact de Twitter, mais également à l’histoire de Puteaux et au blog de Christophe Grébert (l’expérience de Beppe Grillo en Italie va dans le même sens, mais multipliée par 1000 et plus), ou encore à cette initiative citoyenne via Facebook :
    http://adscriptum.blogspot.com/2009/07/une-page-de-pub-sur-repubblica.html
    et ainsi de suite. J’aurais d’autres exemples comme ça qui conduisent à penser, non pas que la citoyenneté en “sera” profondément modifiée, mais plutôt qu’elle en “est” déjà profondément modifiée !

  6. @Jean-Marie

    Les exemples que tu donnes confirment ce que je dis : Les printemps arables ont permis l’expression de la citoyenneté, et Facebook a servi de plateforme de rassemblement. Mais Facebook/Twitter n’a pas redéfini la façon dont les manifestants ont exprimé leur colère (principalement dans la rue, rappelons le) ni comment ils ont élu leurs représentants à la Constituante.

    La perception du système politique et l’expression politique du peuple (par les manifestations ou par les urnes) n’a pas changé. Cependant, Facebook/Twitter a permis la coordination de personnes aux intérêts convergents, en l’occurrence les mécontents du système, grace à la possibilité de contribution libre et de diffusion instantanée que représente le web.

    Les citoyens ont pu donc s’exprimer comme ils ne pouvaient pas le faire avant, et leurs opinions ont pu être lues et entendues instantanément par des millions d’autres citoyens. Il n’y a pas d’action citoyenne en soi dans l’acte d’écrire sur Facebook/Twitter. Mais en y écrivant des manifestes politiques, il y a indéniablement là un acte d’expression citoyenne.

    Les mouvements sociaux existent depuis des millénaires (le plus ancien que je connais remonte aux guerres serviles de l’empire romain, mais je ne suis pas spécialiste). Il est donc biaisé de dire : Facebook/Twitter a permis les révolutions arabes, et donc a modifié la citoyenneté des citoyens des pays concernés.

    Tout comme la presse à l’époque de l’affaire Dreyfus, puis la radio libre puis la télévision et les micro-trottoirs, le web n’a pas révolutionné la citoyenneté. Il a créé un nouveau canal d’expression de cette dernière, en permettant, il est vrai, une fluidité inégalée dans la diffusion des opinions.

    Il en va de même pour les autres initiatives d’expression citoyenne. Cette surévaluation de l’impact du web sur notre citoyenneté peut s’expliquer par la baisse de la conscience collective et de la capacité d’action collective qui s’est accentuée depuis ce que Francis Fukuyama a appelé “La fin de l’histoire”, c’est à dire la chute du Bloc de l’Est.

    La classe moyenne embourgeoisée a limitée son action citoyenne aux périodes de vote, et les syndicats, en se détachant du monde politique au début des années 90, ont progressivement laissé le champ libre à une classe politique de plus en plus oligarchique, donnant l’impression d’une confiscation du pouvoir plutôt qu’un délégation.

    L’espace web a donc redonné un coup de fouet à l’expression populaire, court-circuitant le cercle fermé conseiller politique-sondages-médias professionels. Mais ce n’est, une fois de plus, qu’une nouvelle forme d’expression, car l’action politique, et la portée concrète d’intervention des citoyens dans cette dernière a très peu changé.

    Tout au plus la communication des hommes politiques a changé, comme elle a changé lors de la démocratisation de la radio (thème secondaire abordé dans le film “Le discours d’un roi”). On est bien dans le domaine de l’expression. Cette facilitation du web a eu d’ailleurs un impact sur l’expression des goûts (cf la longue traîne) des communautés marginales, des velléités artistiques etc.

    Voila pourquoi je parle d’un mythe de la communication (et je m’inspire pour cela de l’ouvrage de Philippe Breton : L’utopie de la communication : Le mythe du « village planétaire »).

    Coordialement.

  7. Après avoir affirmé sa suprématie en tant que moteur de recherche, rallié de plus en plus d’utilisateurs pour sa messagerie gmail, permis de rendre l’accès au web très personnalisé via igoogle, voici Google Plus.

  8. A voir le nombre de “gurus” des médias sociaux que l’on peut trouver á l’heure actuel c’est presque comique … je me demande si un beau matin mon chat ne vas pas créer um blog et donner des conseils de marketing sur les réseaux sociaux.. Seulement les spécialistes ne voient pas la boule que se forme naturellement autour du sujet.
    On oublie que les outils changent mais les humains restent les mêmes et fonctionnent de la même maniéré, comme le dit si bien si bien si dessus Ced,

  9. Heu… Le Web.3.0 ça existe déjà: C’est du Web en Peer2Peer directement d’un @Internaute à l’autre SANS Site Web ! Dénué de toute Censure, Modération, ou Espion Big Brother !
    Essayez cet Héritier.3.0 de Firefox par exemple: http://3Webee.net/fr/

  10. En parcourant la toile, je retrouve de plus en plus souvent les notions de web 3.0, voire même 4.0! Et si tout le monde s’accorde à dire qu’il s’agit là des prochaines phases de l’évolution d’un seul et même web, les avis sont loin de converger quant à la chronologie ou aux concepts et technologies propres à chaque étape.

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