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Collision Conference 2016 : pas d’avancées technologiques sans le facteur humain

Comment créer d’heureux hasards et rencontres fortuites grâce a la technologie ? C’était le fil directeur de la Collision Conference qui se tenait à New Orleans il y a quelques jours. Retour sur un évènement qui monte…

Article rédigé par Sophie Guillermin, française installée aux USA, qui suit de près le monde des conférences sur le territoire américain (et ailleurs).

La Collision Conference se tenait il y a quelques jours à la Nouvelle Orleans et rien de tel qu’une petit introduction en chiffres pour planter le décor.

  • Les organisateurs attendaient 10,000 visiteurs – contre 3,000 l’édition précédente – 11, 382 sont effectivement venus, de 106 pays différents. Un joli score sachant que la conférence n’a que 3 ans ! En comparaison, le Web Summit n’accueillait que 4,000 visiteurs lors de sa troisième cuvée.
  • A l’heure où Collision Conf fermait ses portes, les tweets de @CollisionHQ avait déjà obtenu plus de 500,000 impressions!
  • 332 intervenants ont délivré leurs précieux savoirs sur leurs approches techniques, créatives ou éthiques de la technologie.
  • 7 scènes avaient été mises en place pour l’occasion autour de thèmes variés: la scène centrale, Marketing, Entreprise, Design, Sport, Musique et la Start Up University. Toutes étaient actives en même temps, dommage de ne pas avoir le don d’ubiquité!
  • 52,000 cafés ont été consommés contre 76,500 gobelets d’eau – une petite victoire sur la caféine !
  • 407 investisseurs et 510 media ont pu s’intéresser aux 630 start-ups exposantes.
  • 3 start-ups stars ont particulièrement attiré l’attention des investisseurs :
    • Trello : comment organiser ses tâches ou la gestion de projet simplifiée au maximum.
    • TenantCloud : comment mettre en relation propriétaires et locataires ou le cloud de la régie immobilière.
    • Life.io : comment rendre plus humain le monde des assurances ou la santé au cœur de la relation client.

En ce qui concerne la compétition PITCH qui opposait les start-ups ayant levé à ce jour moins de 3 millions de dollars, les suivantes se sont démarquées en finale (dans l’ordre du podium) :

  • Rorus Inc : une solution de filtration de l’eau utilisant la nanotechnologie, pour fournir de l’eau potable au plus grand nombre.
  • Beagle : une app où partager n’importe quelle envie, et voir qui voudra bien se joindre ou y répondre.
  • Portfolium : une plateforme où portfolio et curriculum se combinent, pour postuler grâce à ses réalisations avant toute chose.

La vision du fondateur du Web Summit : Paddy Cosgrave

La Collision Conf entendait sortir du lot par un concept qui lui est propre: « Engineering Serendipity » ou comment créer d’heureux hasards et rencontres fortuites grâce a la technologie. En effet, le réseautage est roi dans ce genre de conférences et si l’on peut fondamentalement améliorer les interactions entre visiteurs, c’est là que la véritable valeur ajoutée se crée. Ce ne sont pas des organisateurs d’évènements que la Collision Conf embauche, mais des physiciens numériques, des statisticiens, des ingénieurs spécialisés en intelligence artificielle et des front-end developers ! Cette joyeuse bande construit des algorithmes pour faciliter les rencontres à travers l’application officielle, prenant en compte le profil de chacun et déterminant qui il serait intéressant de mettre en contact. Le tout à l’échelle de 11,382 personnes dans une même salle. Collision Conf se veut rafraîchissante et compte sortir du cadre des conférences traditionnelles et rébarbatives : d’où un rythme enlevé de discours à la TED, ponctués de démonstrations tech. Comme on dit à la Nouvelle Orléans, laissons les bons temps rouler!

La grande question : pouvons-nous combiner technologie, culture et société de la bonne manière ?

Sur la scène temporaire des « bâtisseurs-designers », Gadi Amit de New Deal Design s’est exprimé au sujet du design, un design au service d’une technologie plus humaine. Pour rappel, c’est à lui que l’on doit le Google Modular Ara Phone, les FitBit Alta et Blaze. Son postulat ? La technologie a pénétré les moindres aspects de nos vies. Nos voitures, nos maisons et désormais nos propres corps sont constamment connectés à des appareils qui simplifient ou suivent nos vies. On veut une technologie qui soit en avance mais qui s’intègre sans aucun heurt à notre quotidien. D’où la nécessité pour les start-ups de demain d’incorporer une dimension sociale, pour permettre une technologie vraiment tournée vers l’humain. Le challenge est donc de tenir compte d’une grande variété de capteurs, de besoins et de personnes et ainsi créer des technologies personnelles, mobiles, portables et mettables.

Les « wearables » représentent la grande tendance actuelle, que ce soit pour le fitness, pour améliorer les capacités cognitives ou même pour permettre un suivi médical précis. On arrive véritablement à ce moment charnière où la miniaturisation de la technologie se met au service de l’humain. On retiendra une jolie expression de Gadi Amit, « Less UI, more You & I » pour souligner l’importance de la construction sociale dans notre rapport à la technologie. Celle-ci doit être en mesure d’inclure nos amis, notre famille et comprendre nos rapports particularisés aux objets. Le Big Data, les algorithmes et l’apprentissage artificiel sont les fondements d’un design anticipatif et conversationnel. Retenons comme exemples de réalisations :

  • VivaLnk, un patch au design chaleureux, faisant office de thermomètre continu pour les enfants.
  • Oku, une éponge à maquillage qui scanne notre type de peau et conclut des recommandations quant aux cosmétiques à utiliser.
  • Project Under Skin est de loin le plus ambitieux et original. Il s’agit de ce qu’on appelle de l’« Introvert UI », soit un produit entièrement intégré au corps humain. Il se présente sous la forme d’un tatouage intelligent et communicant, capable de nous dire si notre niveau de glucose est faible ou d’effectuer un paiement en une poignée de main. Le futur est là.

Technologie et émotions deviennent indissociables

C’est le point de vue d’Alex Chung, entrepreneur par hasard comme il se plait à plaisanter, et créateur de Giphy, le premier moteur de recherche de gifs. Au-delà d’être une base de données, Giphy est devenu un phénomène culturel à succès, fondé sur les limites du langage dans la communication. Entendez-le ainsi: si l’on considère qu’il y a environ 1000 emojis, les gifs en sont la version HD puisqu’ils existent par trillions! Aujourd’hui, Giphy est le plus grand fournisseur media au monde, signe des deals avec les studios de cinéma, a étendu l’API pour que l’on puisse créer son propre gif et est désormais adopté par Facebook, Twitter, Tinder, Gmail et Mailchimp (il suffit d’un petit plug-in)! Google a créé un algorithme sensationnel, qui n’est cependant pas capable de rechercher des émotions : Alex Chung présente Giphy comme « le 1er moteur de recherche humaniste », pour indexer tout ce que Google ne fait pas. Une petite révolution plaçant les émotions au cœur de notre rapport à la technologie!

L’émotion et le lien à l’humain étaient en effet des éléments centraux de cette édition. Même le sujet des applications commerciales de l’intelligence artificielle était indissociable de la notion d’intelligence émotionnelle. Le Dr Rania Kaliouby, fondatrice d’Affectiva – la première technologie de reconnaissance émotionnelle – présentait sa solution de mesure des émotions par ordinateur à travers l’étude précises des manifestations faciales et corporelles. Une conception inattendue du deep learning liée à la perception émotionnelle ! Le Dr Kaliouby nous a aussi rappelé que les marques interagissent avec les consommateurs avec des systèmes d’intelligence artificielle dans une relation unique, en tête a tête, bien qu’à grande échelle. Prenons simplement l’exemple des assistants virtuels tels Siri, Alexa ou Cortana : il y a incorporation d’empathie et particularisation de la relation. Sachant que les applications commerciales de l’AI sont infinies, cette touche d’humanité semble indispensable pour contrer les scénarios apocalyptiques autour de la robotisation et de l’automatisation. Assistons-nous à l’émergence d’un nouvel idéalisme ?

La Réalité Virtuelle à la mode

A en juger par les systèmes de Réalite Virtuelle présentés au stand de KPMG et You Visit, les oculus rifts dispatchés partout ou encore le DSI de Deloitte dévoilant les tendances technologiques de l’année 2016, Réalite Augmentée (AR) et Réalité Virtuelle (VR) n’ont jamais été aussi populaires. Longtemps des objets fascinants de science-fiction, elles s’inscrivent aujourd’hui dans la vie pratique, au sein de l’entreprise et auprès des consommateurs. La Réalite Virtuelle permet aux utilisateurs de s’immerger dans d’autres environnements, imaginaires ou non. La Réalite Augmentée projette des informations de contexte dans l’environnement physique immédiat de l’utilisateur, fusionnant ainsi des éléments digitaux à l’univers réel. Ce sont autant de preuves de l’évolution de l’interaction dans un contexte technologique : le clic a laissé la place à une expérience plus tactile, qui se voit maintenant complétée par des modes d’interaction nouveaux, passant par la posture, le mouvement, le coup d’œil.

Si les secteurs du gaming et du divertissement sont les plus au fait, AR & VR ont déjà des applications tres concrètes dans le monde du travail. Les responsables marketing utilisent l’AR pour visionner l’inventaire et les données physiques de vente tandis que les ingénieurs déploient la VR pour collaborer en temps réel avec leurs équipes à travers le monde, pour tester et affiner ensemble leurs designs. Que ce soit à des fins de productivité interne ou pour offrir une expérience immersive au consommateur final, AR & VR redéfinissent les modes d’interaction pour plus d’empathie. Là où Google Glass a échoué pour avoir brise le contrat social, MagicLeap est le nouveau pari des investisseurs. MagicLeap propose de faire apparaître des objets virtuels dans le monde réel et vient de lever près d’1 milliard de dollars de fonds ! A suivre.

En attendant, jetez un œil à Leap Motion, pure VR : les capteurs détectent nos moindres mouvements pour interagir avec des objets virtuels de la même manière que dans la vraie vie.

Le studio Linden Lab, createur de Second Life, a aussi annoncé le projet Sansar qui entend démocratiser la création de Réalite Virtuelle. Une DIY VR, pour parler en acronyme !

Ne pas oublier d’avoir une approche qualitative du Big Data

Vincent Yang, CEO d’Everstring, et Matthew O’ Grady, CEO de Nielsen Catalina Solutions, se sont réunis pour débattre sur l’utilisation du Big Data : comment trouver son consommateur idéal ? Que ce soit dans une approche B2B ou B2C, ils ont présentés leurs différentes méthodes, tantôt quantitative, tantôt  qualitative, pour finalement s’accorder sur le même point : les algorithmes sont des outils exceptionnels, à condition que l’humain intervienne pour conclure sur le « pourquoi ». En effet, Everstring, qui se base sur des analyses prédictives, permet de déterminer la probabilité de conversion de ces données en client réel. C’est ainsi que le Big Data redéfinit le marketing. Mais il doit s’accompagner d’une analyse CRM fine. Cela éviterait aux marques d’acheter une liste de coordonnées en vrac et d’envoyer des emails qui atterrissent tous dans courrier indésirable. Toute information n’est pas éclairante : ce sont la qualité et la disponibilité de la donnée qui importent. Enfin, le facteur humain s’avère essentiel pour changer les paramètres de recherche et trouver des compromis. Sur recommandation de Vincent Yang, je vous invite à lire l’article d’Harvard Business Review intitulé « Limits of Machine Intuition » qui illustre ce point.

Les communautés digitales sont les vrais boosters

A la question « où est le futur de la musique, en tant que media ? » tous sont tentés de répondre « dans les mains des millenials ». Retour sur l’échange des éditeurs de Pitchfork, Complex et Billboard. Si le pouvoir de communication des générations X et Y n’est plus à prouver, il s’agit aujourd’hui de consolider cet acquis, de capitaliser sur leur capacité de partage et surtout de mettre en place des mécanismes de rétention. On a dernièrement observé que le digital rendait de plus en plus possible le business de la mort (cf David Bowie, Prince), où le moindre contenu partagé devient générateur d’engouements instantanés mais éphémères. L’hommage se dissipe au bout de quelques jours. Si les lecteurs sont satisfaits sur l’instant parce que le magazine a répondu à leur demande d’informations, encore faut-il les convaincre de devenir consommateurs récurrents, par une offre de contenu et d’expériences annexes. D’où l’intervention d’algorithmes pour suggérer des préférences selon les pages visitées, les recherches énoncées et le nombre d’occurrences.

Les responsables du festival à but non lucratif Burning Man ont souligné l’influence des communautés créatives et digitales. Le festival n’a jamais fait la moindre publicité – à part peut-être dans un journal une fois dans les années 80. C’est uniquement par le bouche-à-oreille, internet et les réseaux sociaux que Burning Man a pris une telle ampleur. Sur quelle base ? Celle de l’expérimentation sociale où chacun deviant co-créateur de l’expérience. Le concept s’inscrit fondamentalement dans la dynamique de l’internet où les gens se rassemblent et créent des écosystèmes de manière collective. Le digital se pose alors comme porte ouverte vers l’art.

Les Français à la Collision Conf

Enfin, les Français étaient bien représentés par des start-ups, embryonnaires ou en pleine levée de fonds, toutes venues tenter leur chance dans l’eldorado de la tech américaine :

LiveMon a créé son outil de monitoring idéal, un logiciel simplifié et analytique pour le B2B. L’équipe est soutenue par IBM et s’installent aux Etats-Unis cet été suite à une levée de fonds « série A ». On va très bientôt en entendre parler.

Fitle, la cabine d’essayage virtuelle, offre la possibilité de créer son avatar et d’essayer les vêtements depuis le site de la marque choisie. Mêmes les points de resserrement sont mis en évidence.

Peemz est application de social-shopping qui met en relation boutiques indépendantes en perte de vitesse et shoppers : il est désormais possible de se faire livrer une robe repérée dans une petite boutique à Brooklyn chez soi.

Joju se présente comme la 1ère plateforme permettant aux influenceurs et célébrités de créer et vendre leur collection de vêtements. De jolis projets semblent être amorcés à Miami.

Pharma Express s’impose en tant que service de livraison en 60 min de produits de pharmacie et para-pharmacie. Ils se focalisent sur les Etats-Unis où la prescription digitale existe déjà. Un pari jouable étant donné qu’un autre des sujets phares de la Collision Conf était le développement des apps pour de livraison de marijuana médicale. Vous avez dit libéralisme ?

Pour assister à la Collision Conf l’année prochaine, vous pouvez d’ores et déjà prendre vos tickets sur le site. Ils sont pour l’instant à $300 et ça ne va pas durer !

Photos : Blog Collision Conference

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1 commentaire
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  1. Bravo Sophie, je n’ai pas tout compris mais çà n’est pas faut à vous, allez, hop sur evernote…to read later.

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