Passer au contenu

Comment réveiller la créativité pour innover ? Les recettes du Lab Postal 2018

Gaming, sauce chinoise, objet de paiement pour enfants, vélo électrique de rêve, “crowd créativité”… c’était au menu du Lab Postal 2018, pour nous inspirer et nous aider à innover.

Le Lab Postal est l’événement annuel de La Poste centré sur l’innovation. Il a réuni 2700 personnes venues découvrir les projets du Groupe, rencontrer les startups de son écosystème et assister à un riche programme de conférences.

Ubisoft : une vision et des outils pour favoriser l’inspiration et la créativité

Qui de mieux qu’Ubisoft pour nous parler du lien entre business et créativité ? Le duo formé par Anne Blondel-Jouin, VP Open Innovation Accelerator et Tommy François, VP Editorial & Creative Services, nous a embarqués pendant une heure à coup de superbes vidéos et de partages d’expériences passionnés.

Leur rôle est de développer la créativité et l’inspiration des équipes qui imaginent et conçoivent les mondes virtuels dans leurs moindres détails. Le voyage est l’une des meilleures sources d’inspiration.

Tout le monde ne pouvant malheureusement pas voyager, Ubisoft a mis au point des outils. Une collection très fournie d’images et de vidéos exclusives est mise à la disposition des équipes. Ils se servent aussi de cartographies enrichies, pour aider à mieux comprendre une ville et cerner ce qui fait l’identité de chaque quartier. Le papier a parfois son utilité, comme avec le livre en photo ci-dessous, spécifiquement édité pour les concepteurs d’un jeu.

Cette démarche et ces outils de documentation semblent faire la différence. Les univers créés par Ubisoft sont d’une telle qualité que des enseignants ont même demandé à se servir de l’un d’entre eux pour apprendre l’histoire à leurs élèves. Un mode spécial d’Assassin’s Creed Ancient Egypt “permet aux joueurs de parcourir librement l’univers égyptien afin d’en apprendre davantage sur l’histoire et la vie quotidienne, par l’intermédiaire de visites guidées dont la conception a été supervisée par des historiens et des égyptologues”.

Le jeu vidéo est bien plus qu’un simple divertissement, nous rappellent Tommy François et Anne Blondel-Jouin, insistant sur leur volonté de rendre compte de la complexité du monde et sur leur sens du détail. Nous retiendrons également que l’exploration du monde réel est une source d’inspiration illimitée pour la création de mondes virtuels.

Philippe Silberzahn : 5 principes simples pour innover en entreprise

Philippe Silberzahn enseigne en école de commerce. Il est également l’auteur d’un MOOC sur l’effectuation, un concept d’une chercheuse indo-américaine qu’il a importé en France. L’effectuation, basée sur l’observation des entrepreneurs qui ont réussi, vise à rendre l’entrepreneuriat accessible à tous.

Pour Philippe Silberzahn la solution au manque de créativité en entreprise se trouve dans l’observation des entrepreneurs. Ils sont dans l’action, ils savent voir le monde différemment et ils tirent parti des circonstances.

#LabPostal Les entreprises tuent la #créativité pendant 363 jours et vous envoient ensuite en séminaire 2 jours à la montagne avec des post-its pour apprendre à être créatif ! ? pic.twitter.com/2g6DQH6K3y

— Presse-citron (@pressecitron) 27 mars 2018

Renvoyant à Sapiens, une brève histoire de l’humanité, best-seller international de Harari, il rappelle que l’Homo Sapiens, moins fort que le chimpanzé et moins rapide que le guépard, est globalement moyen en tout. Il possède toutefois une force incroyable. Cette force, c’est la capacité à savoir s’organiser en manipulant des symboles et des constructions de modèles mentaux. Elle le rend capable de faire travailler jusqu’à des milliers de personnes qui ne se connaissent pas ensemble.  “Les clés d’une organisation comme l’entreprise, c’est cette fiction collective”. Il faut renouveler cette créativité, par exemple chez La Poste “autour des notions de services et de proximité”. Ce sont “des éléments anciens qui peuvent être utilisés pour se refonder et innover”.

Former tout le monde à l’entrepreneuriat est-il la clé, sur le modèle de General Electric qui a enseigné des méthodologies entrepreneuriales à tous ses cadres ? Ce n’est pas la vision de Philippe Silberzahn qui insiste bien sur le fait que tout le monde n’a pas la volonté ou la capacité à être un entrepreneur. Les choses peuvent néanmoins évoluer en partant des collaborateurs volontaires, sensibilisés aux cinq principes de l’effectuation.

Agir rend créatif. Il faut en faire une discipline quotidienne, en ayant à l’esprit que les grands changements commencent par de petites choses. La grande idée ou la vision préalable à toute belle aventure entrepreneuriale est un mythe. La vision émerge au fur et à mesure. Pour nous le démontrer, il choisit l’exemple de Mme Tao. A 47 ans, le mari de cette chinoise décède. Elle se retrouve démunie, sans ressources. Mme Tao a un talent : la cuisson du riz. Elle installe quelques tables en plastique dans un coin de rue et démarre une petite activité de restauration. Les clients affluent, ce qui lui permet d’ouvrir un véritable restaurant. Ils raffolent de sa sauce épicée et lui en réclament souvent. Elle commence donc à en fabriquer….et c’est la naissance d’une très belle histoire ! Aujourd’hui, Mme Tao est à la tête d’une usine qui fabrique cette sauce, commercialisée dans le monde entier. Devenue une business woman avec un chiffre d’affaires annuel de 200 millions de dollars, elle est désormais une star en Chine.

L’exemple de Zara est également très parlant. Créé il y a vingt ans, “lorsque plus personne ne croyait à la viabilité des marques de prêt-à-porter en Europe, et en Espagne, qui n’est pas historiquement un grand lieu du textile européen”. En deux décennies, Zara a érigé un empire sur la base d’un nouveau modèle : celui des séries courtes, qui limitent les invendus. “Son fondateur ne s’est pas dit qu’il reprendrait les fondamentaux de l’industrie. Il a bricolé et sous-traité car il n’avait pas les moyens d’avoir une usine. Sa créativité dans l’invention d’un système d’affaire est résultat de ce processus”.

Pour appliquer les principes de l’effectuation en entreprise, il faut apprendre à questionner et remettre parfois en question le modèle de l’organisation, “par petite touche, personne par personne, quotidiennement”. Les managers ont un rôle important à jouer : celui de créer le contexte favorable et de permettre l’expérimentation.

Make.org : la “crowd créativité” au service de grandes causes

Ancien patron de Deezer, de Publicis France et de Viva Technology, Axel Dauchez s’est lancé dans une nouvelle aventure en créant Make.org. Cette plateforme indépendante s’attaque à de grandes causes sociales, sociétales et environnementales en faisant collaborer les citoyens, les associations et les entreprises.

Il est parti d’un constat simple : des menaces grandissantes planent sur les démocraties. 25% des européens considèrent que la démocratie n’est plus le meilleur système. En parallèle, lorsque l’on demande aux gens s’ils veulent s’engager dans des causes d’intérêt général, ils répondent positivement dans leur grande majorité (avec une forte hausse ces dernières années), mais peu d’entre eux passent à l’action.

Make.org repose donc sur une méthode simple pour faciliter un engagement utile et efficace. Des grandes causes d’intérêt général sont identifiées et mises en ligne sur une plateforme web : mieux vivre ensemble, lutter contre la violence faite aux femmes, réinventer le travail grâce aux nouvelles technologies… Des centaines de milliers de personnes sont consultées via des posts sponsorisés sur les réseaux sociaux : on leur demande de soumettre leurs idées ou de voter pour celles qui leur semblent les plus pertinentes. Les datas sont ensuite analysées pour classer les propositions entre celles qui sont actionnables, celles qui suscitent la controverse et les repoussoirs. L’objectif est de retenir les meilleures idées, celles sur lesquelles les gens semblent prêts à s’engager afin de définir un véritable plan d’action avec les associations et les entreprises partenaires.

Sur la grande cause du mieux vivre ensemble (isolement urbain, rural, des personnes âgées, fragmentation de la société…) le mode de consultation est original : les utilisateurs de Blablacar, partenaire de Make.org, sont consultés via l’application pendant le covoiturage, ce qui favorise l’échange durant le trajet.

Jaab et Le Vélo : des produits innovants issus de la méthode “Yellow Innovation”

Jaab est un petit objet de paiement pour les enfants. Conçu par l’équipe de Yellow Innovation, la cellule d’innovation de La Poste, il sera commercialisé dans les prochains mois.

Le design et l’expérience utilisateur de Jaab ont été minutieusement réfléchis. L’usage doit être fluide, simple et agréable, tant pour les enfants que pour les parents qui le rechargent via une application connectée à leur banque. C’est la clé de la réussite dans notre monde digital, explique Philippe Mihelic, patron de Yellow Innovation, venu expliquer comment il travaille avec ses équipes pour sortir des prototypes dans des temps record, sélectionner les meilleurs projets et les amener jusqu’à l’industrialisation.

L’industrialisation, c’est le destin qui semble promis à Le Vélo, dont le prototype a été présenté au dernier CES de Las Vegas (et au Lab Postal !).

Pour le concevoir, les équipes sont parties des freins à l’adoption du vélo électrique : souvent lourd, peu esthétique, peu maniable, avec une batterie rechargeable volumineuse…bref, rien de très pratique pour un usage urbain. Je vous laisse juger par vous même de la réussite esthétique, mais en ce qui concerne l’équipement électrique, c’est réussi : une petite batterie qui tient dans la poche permet de bénéficier de l’assistance électrique pendant trente minutes, durée suffisante pour un trajet en ville. Une autre batterie, qui dure quatre heures, est insérée dans le cadre et se recharge lorsque l’on pédale. Un mini-tableau de bord connecté sur le guidon permet un guidage GPS, avec une information minimale pour ne pas perturber l’attention. Sur cet écran, vous pouvez voir ce qu’il se passe derrière vous grâce à une caméra à 360°. Il semble avoir tout bon, Le Vélo ! Les visiteurs du Lab Postal étaient d’ailleurs nombreux à demander son prix…inconnu pour l’instant.

Revenons-en à la méthode créative chez Yellow Innovation. Philippe Mihelic insiste beaucoup sur l’importance de mélanger des gens d’univers différents dans ses équipes : issus du jeu vidéo, de la littérature, du sport… C’est indispensable pour avoir des idées “out of the box”. Les autres conditions nécessaires ? Recruter des passionnés et s’amuser : “les passionnés ont forcément un talent que l’on peut utiliser dans l’innovation. Il faut des gens qui ont envie de se laisser emporter. Il faut les mettre des conditions favorables et leur permettre de s’amuser, sinon ils ne feront rien de bien. S’amuser et créer des système complexes et ambitieux n’est pas antinomique !”.

Les conférences du Lab Postal seront disponibles en replay dans quelques jours sur la chaîne YouTube de Yellow Innovation.

 

 La Poste fait partie de notre programme « Entreprises Premium ». Cet article a été écrit avec la participation des équipes de La Poste dans le cadre de ce partenariat. En savoir plus sur notre programme Premium.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Cliquer pour commenter
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *