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Coulisses de Roland Garros : les photographes de l’AFP

Lors de la deuxième journée des Internationaux de France, en tout début de semaine dernière, j’ai eu l’occasion de suivre les photographes de l’AFP.

J’ai toujours voulu savoir comment les photographes travaillaient sur un événement sportif d’une telle ampleur et ce tournoi de Roland Garros tombe donc à pic. Comment se passe une journée type d’un photographe ? Je vous explique les différentes étapes, de la prise de vue à la diffusion.

Prise de vue

La journée à Roland Garros commence un peu avant le début des matchs, autour d’un café, avec les photographes de l’Agence France Presse. Pour commencer, il faut attribuer un court ou plusieurs matchs par photographe de façon à photographier le plus de matchs possible, et ce n’est pas forcément évident au tout début du tournoi car les matchs se déroulent sur plus de 10 courts. Cette “attribution” n’est pas pour autant définitive, le but est que tous les photographes puissent couvrir les courts principaux pendant les premiers tours, après les choix sont beaucoup plus simples, le nombre de matchs étant beaucoup moins important. En l’occurrence, il y a 7 photographes pour 15 courts potentiels à couvrir.

Un peu avant le début des matchs, à 11h ce jour-ci, je me dirige sur le court n°1 avec un photographe de l’AFP qui va couvrir entre autres les matchs Roberta Vinci vs Stephanie Foretz Gacon et Julien Benneteau vs Ricardas Berankis. Je porte le fameux “brassard” photographe, prêté temporairement par la FFT pour ce reportage, qui me permet d’aller à peu près n’importe où sur le court avec le photographe. Direction les places où se mettent le plus souvent les photographes, juste en face des chaîses des joueurs et joueuses, pour effectuer les premières prises de vue. Cet endroit est évidemment intéressant puisqu’il permet d’être au plus près. Ensuite, la prise de vue continue en haut du court n°1, qui ressemble à une arène, pour varier les distances et les angles. Mais ce n’est pas fini car je finis par aller dans la fosse dédiée aux photographes mais aussi à quelques ramasseurs de balle et techniciens qui se situe juste derrière la ligne de fond de court et permet encore une fois d’être très proche des joueurs (ils sont à peine à quelques mètres lors qu’ils reviennent régulièrement chercher leur serviette, par exemple).

Un aperçu des clichés avant de les transmettre

Côté matériel, c’est du lourd. Concrètement, le photographe en question avait trois boitiers : deux Nikon D4 et un Nikon D3S accompagnés d’un objectif 200-400mm f/4 et des plus classiques 24-70mm f/2.8 et 70-200mm f/2.8. Certains possèdent même quatre boitiers, dans le but d’être toujours aussi réactifs et polyvalents sans passer son temps à changer d’objectif, mais j’ai l’impression que trois boitiers est une bonne moyenne. À titre d’information, le Nikon D4 et le 200-400mm f/4 pèsent respectivement 1.3 kg et 3.4 kg. En général, les photos sont réalisées à ouverture maximale et les vitesses sont très élevées mais ça c’est encore un autre sujet.

Une fois que le photographe estime que la prise de vue est terminée ou quasi terminée pour un match, il va devoir taguer ses meilleures photos et connecter son appareil photo à une prise Ethernet de l’AFP pour les transmettre rapidement tout en restant sur le court. Comment ça fonctionne ? Il s’agit d’une prise Ethernet classique, présente entre autres dans la fosse du court n°1 et du court Central, qui permet aux photographes de l’AFP d’envoyer leurs photos en FTP depuis leurs boitiers, et ce, en quelques minutes et sans faire des allers-retours entre les courts et le centre de presse. L’AFP est le seul média à utiliser un tel système sur Roland Garros depuis trois ans. Bilan : près de 56 photos envoyées en moins de deux minutes (et il paraît que c’est encore lent mais ça reste toujours plus fiable et sûr que le WiFi).

Le transfert des photos avec le câble Ethernet est en cours

J’ai aussi suivi un photographe dans la fosse photographe du court Central. Il utilisait pour sa part des boitiers Canon, dont le 1DX, accompagnés des objectifs 600mm f/4 (avec un multiplicateur de focale 1.4), 70-200mm f/2.8 et 50mm f/1.4. Les photos sont ensuite transmises de la même manière.

Diffusion

Place maintenant au traitement et à la diffusion des photos envoyées quelques minutes avant par les photographes, et cela se passe directement dans le local des photographes de l’AFP situé au centre de presse, en plein coeur du court Central.

La première étape consiste à faire le tri avant de recadrer les clichés qui font environ 5000 x 3500 pixels. Il s’agit concrètement de se concentrer sur le sujet principal de la photo, en gardant par exemple que le haut du joueur et sa raquette au lieu d’avoir une photo plus large. Une fois cette étape passée, il faut uniformiser toutes les photos pour qu’elles soient toutes pareilles, et ce, que ce soit la marque du boitier et de l’objectif et les réglages éventuels. Enfin, la dernière étape est dédiée à la diffusion des photos finalisées sur la banque d’images de l’AFP avec les bonnes métadonnées (titre, description, etc.).

Les photos sont recadrées sous Photoshop

Quand je demande aux photographes s’ils travaillent en RAW, format permettant de retoucher les photos après la prise de vue, ils disent simplement qu’ils n’ont ni le temps ni la place de l’utiliser (le fichier RAW est beaucoup plus lourd qu’un fichier JPG qui fait déjà quelques mégaoctets). Ils m’expliquent que le format est plus destiné aux studios et pas vraiment à l’actu et au sport car il faut évidemment être le plus réactif possible. En effet, ce sont bien les professionnels de l’information qui payent un abonnement sur la banque d’images de l’AFP pour utiliser telle ou telle photo sur leur site, leur magazine, etc.

Pour finir, j’ai particulièrement apprécié voir la façon dont les photographes travaillent sur un tournoi du Grand Chelem et j’ai appris pas mal de choses. Un grand merci à l’Agence France Presse de m’avoir ouvert ses portes.

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