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Création musicale via internet : Les différents visages du financement participatif

Le web « 2.0 » atteint une nouvelle étape : les internautes ne sont plus uniquement spectateurs ou passeurs, ils deviennent acteurs de ce qu’ils aiment ou ce qu’ils veulent soutenir. Dans la musique, les labels participatifs sont apparus les premiers transposant leur modèle économique sur le net.

Le web « 2.0 » atteint une nouvelle étape : les internautes ne sont plus uniquement spectateurs ou passeurs, ils deviennent acteurs de ce qu’ils aiment ou ce qu’ils veulent soutenir. Dans la musique, les labels participatifs sont apparus les premiers transposant leur modèle économique sur le net.

Les labels communautaires : le modèle Mymajorcompany comme référence

Ils forment avec la mutualisation de leur investissement à hauteur de quelque dizaine d’euros le plus souvent, des groupes qui vont avoir un rôle déterminant dans la sortie du disque ou du film de l’artiste, sans leur argent, pas de production. Evidemment, leur rôle dans la production artistique est limité. Mais l’important n’est pas là, les sites de financement participatif donnent pour la première fois un rôle aux passionnés, aux amateurs. En investissant, ils sont intéressés sur la réussite du projet, ils s’impliquent et souhaitent donc voir le projet réussir. Ils peuvent suivre l’évolution du projet et évidemment participer à la promotion du disque ou du film. L’intérêt pour Mymajorcompany est autant financier qu’en terme de communication et de publicité. Ils s’appuient sur ce petit groupe motivé pour partager autour d’eux, créer des communautés de fan. Le sentiment d’appropriation des internautes naît de l’investissement permet une campagne virale efficace.

Le succès de Grégoire...

Évidemment au début, Mymajorcompany faisait rêver tout le monde, les perspectives pouvaient être énormes pour les internautes, d’autant que le premier artiste lancé Grégoire a connu un succès tonitruant

Pour avoir quelques chiffres en tête, c’est 700 000 albums vendus en 2008, les 347 qui ont investi sur son disque, ont reçu 53 € pour 10 € misés soit un retour sur investissement de 400 % la première année.

Mais comme dit ma grand-mère, c’était l’arbre qui cachait la forêt et n’a pas masqué longtemps les carences du modèle. Depuis des dizaines d’artistes ont été lancés, ont-ils eu le même succès ?

Tous ne sont pas aussi capables de devenir grand public comme Grégoire. En outre, au contraire de ce que l’on aurait pu espérer, permettre à des particuliers de financer leurs artistes préférés n’empêchent pas le formatage et ne favorisent pas la prise de risque. Ils soutiennent ce qui apparaît au moment où ils écoutent comme un succès.

Un modèle  qui s’essouffle, sans réelle innovation

Les labels communautaires sont à bouts de souffle. Leur incapacité à décoller est sans nul doute lié à leur incapacité à créer de la valeur ajoutée et ce sentiment toujours présent qu’ils considèrent les investisseurs sur internet comme un guichet ou comme une vache à lait (dixit mon autre grand mère). Ils ne font appel aux internautes que pour limiter les risques de la production.

Philosophie différente ou nouvelle étape de développement ?

Pendant que Mymajorcompany et son modèle, attirait toute la lumière avec la possibilité qu’ils offrent de devenir producteur de l’artiste de son choix et d’être intéressé au bénéfice, un autre modèle émergeait, moins « bling, bling », mais beaucoup plus humain, créateur de valeur. Le principe mettre en relation des porteurs de projets (artistes ou rêveurs) en recherche de soutien financier et internautes prêts à les soutenir sans notion d’investissement, ni de coproduction.

Deux façons différentes d’aborder le financement

Dans le premier cas, ce sont des producteurs classiques qui font appel aux internautes, pour compléter ou financer intégralement le budget d’un film ou un disque et de l’autre, les plateformes d’intermédiation, qui mettent en contact les protagonistes, jouent le rôle de facilitateur entre des artistes et d’éventuels mécènes ou contributeurs, mais n’ont aucun rôle dans la production, et ne prennent qu’une commission dans la réussite de la rencontre.

L’un s’appuie sur son expérience de la production, sélectionne des projets prometteurs et espère que l’un d’eux réussira et générera la quasi intégralité de son chiffre d’affaire, et l’autre compte sur le réseau, le marketing viral et la démultiplication de l’initiative individuel pour réussir à lever des fonds pour le maximum de projets.

L’un parie sur un artiste espérant qu’il pourra multiplier sa mise par 10.

L’autre espère que les commissions prisent peu à peu lui permettra de réaliser un bon chiffre d’affaire.

Pour résumer, on peut déjà discerner deux grandes familles :

Les plateformes d’intermédiation proposent un nouveau type de liens créateurs de valeurs.

L’important ici n’est pas tant le retour (des contreparties en nature variables selon la contribution), que la possibilité de soutenir la création ou le rêve de quelqu’un, de vivre une vraie aventure à travers cette initiative.

Je vous pose la question, qui n’a jamais rêvé de pouvoir assister à l’éclosion d’un futur grand artiste, de pouvoir découvrir ses premières œuvres et plus tard d’avoir une œuvre ou un multiple dont on peut se féliciter de posséder. Il suffit parfois d’un geste, d’une étincelle pour changer une vie et cela ces plateformes l’ont bien compris. Kickstarter a réussi à faire financer près de 8000 projets depuis sa création, c’est énorme…

C’est devenu un phénomène de société, en seulement quelques heures des projets trouvent leurs « mécènes » et l’aventure commence.

Une vraie stratégie gagnant – gagnant

Chacun trouve son intérêt à contribuer ensemble à la création d’une œuvre, l’artiste évidemment pouvant ainsi aller au bout de ses rêves et le soutien financier de l’internaute, lui permettant de vivre une expérience rare. Au-delà de la réussite du projet et des contreparties dont pourra bénéficier le contributeur c’est aussi pour eux l’occasion d’un rapprochement. Le qualificatif communautaire ici n’est pas usurpé, ce n’est pas juste un outil marketing, évidemment ensuite c’est aussi au porteur de projet de jouer le jeu. Après la réussite de sa collecte, il faut qu’il continue à faire vivre ce lien, grâce aux adresses mails qu’il aura pu récupérer. C’est d’autant plus important, que c’est tout à fait dans son intérêt de conserver le contact, car ils seront ses premiers fans et ses premiers clients. La rencontre à travers la plateforme d’intermédiation, peut n’être qu’une étape vers des relations plus profondes, des perspectives qui intéressent de plus en plus des personnes en quête de sens.

Nous avons en perspective pour la première fois la formation d’une vraie culture libre. C’est à nous de choisir, de partager et de faire vivre ces plateformes. La possibilité nous est offerte de passer d’un système où quelques stars assurent la plus grande quantité des ventes, à un système plus équitable où des ventes suffisantes sont assurées pour une plus grande quantité d’artistes. Une nouvelle fois cela rejoint la volonté de constituer cette communauté Free Culture dans le cinéma, pour favoriser la création et non pas le star system.

(Image Creative Commons : ‘Music guitar‘ http://www.flickr.com/photos/29468339@N02/4542297929)

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22 commentaires
22 commentaires
  1. MMC: 53€/part
    Je ne sais pas quelles sont tes sources mais tu te trompes sur les chiffres: de source certaine (mail moi pour preuve si tu as besoin):
    Année 2008 -> 44.10€/par part
    Année 2009 -> 129,75 €/par part

    Inutile de rêver sur ses taux, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

    Sinon comme d’hab article super intéressant, il existe bien des solution qui montre que la crise du disque n’est pas celle que l’on veut laisser croire…

  2. Bof…
    Pour Mymajorcompagny, Grégoire est un pote de Mickaël goldman depuis le lycée…

    Les dés étaient pipés d’avance, il avait juste une chanson entêtante et pas la thune pour la produire.

    Ils ont quasiment créer MMC pour ça…
    Mais force est de reconnaître l’éfficacité du truc.

  3. on trouve également le même modèle économique pour aider des entreprises à trouver des financements. Le système fonctionne mais la majorité des entreprises sont en redressement au bout de 1 an …

  4. Article fort intéressant sur un secteur en plein mouvement et qui se cherche encore… même si les initiatives sont là pour faire émerger d’autres solutions, des solutions “en quête de sens” comme dit dans l’article.

    En parlant d’initiative, un exemple parmi d’autre où cette fois, les internautes ne sont pas sollicités AVANT mais bien APRES la production de l’album, comme dans un schéma classique. Ainsi on se retrouve avec un album autoproduit et une démarche originale de téléchargement légal avec système de donation libre.
    Je vous invite à découvrir http://www.pianodyssee.fr/

  5. C’est vraiment intéressant de voir les changements dans ce domaine, et je sens qu’il y a encore énormément d’innovations à faire avant d’arriver à satisfaire tout le monde.

  6. Ce système semble être à la mode depuis MMC et décliné sous toutes ses formes… musique, métier, objet j’en ai vu passer pour tout et n’importe quoi… Et malgré tout je ne suis toujours pas convaincu, même par celui qui est censé avoir le mieux marché…

  7. Merci Xavier,
    Cela m’intéresse effectivement,
    je me suis basé sur un article que j’ai lu.
    Merci à tous pour vos compliments !

    Bon dimanche.
    Nicolas

  8. C’est un bon résumé de la situation actuelle, difficile de savoir de quoi l’avenir sera fait en ce qui concerne ces modèles économiques

  9. Vraiment bien amené et complet ton article. C’est vrai qu’au début j’ai trouvé ce système génial, mais effectivement, en voyant les artistes produits je me suis rendu compte qu’on avait un problème de formatage. Mais tu l’as parfaitement expliqué :-).

  10. Bonjour,

    Votre grand-mère avait doublement raison :

    1- Grégoire (et depuis, Joyce Jonathan et Irma) ne sont que quelques frêles Ifs qui cachent une forêt montagneuse d’échecs (un lien vers l’ensemble des ventes des artistes de MMC est plus qu’explicite http://www.youtube.com/watch?v=WRITRV3rvck, infos récoltées par les internautes)… ces échecs n’étant pas seulement imputable au formatage des artistes qui sortent leur album mais aussi souvent à un vrai manque de visibilité médiatique en amont et lors de la sortie des CDs. Certes tous ne peuvent rencontrer le succès, mais sans promo digne de ce nom l’échec est sérieusement prévisible.

    2- Les internautes de MMC sont des vaches à lait, du moins la majorité à fini par l’admettre, une fois la participation financière acquise, le participatif “humain” souvent s’étiole et force est de constater que contrairement à ce qui est annoncé au départ MMC décide quasiment unilatéralement de tout, avec un minimum d’infos aux internautes, en répondant rarement aux questionnements qui émergent et sans aucune transparence sur la dépense des fonds. Ni même sur les résultats des artistes, les chiffres sont invérifiables et les gains (côté musique), hormis les 3 têtes d’affiches (qui ne rapportent plus autant que le premier opus de Grégoire), plafonnent pour les plus “rentables” en 2011 à 0,20€ pour 10 € misés (cela ne couvre même pas les frais de traitement versés à MMC lors du paiement des parts misées)…

    Il serait temps que les médias cesse de présenter MMC comme LE MODELE de réussite, que l’on voit l’autre face de la médaille.

    Le modèle s’essouffle car on ne peut pas indéfiniment et impunément jouer sur la corde sensible du lien qui se crée entre artistes et internautes, flouer la majorité et jouer la “toute puissance” sans qu’une contre offensive ne finisse par se mettre en place.

    Le crowfunding “mécénat” avec des valeurs OUI !
    Le “participatif” réduit au financier malgré les discours inverses comme chez MMC et consorts NON !

    Bonne continuation à vous,

    HyrieeMu, une “prod” (comme MMC nomme pompeusement l’internaute-contributeur hors CGU) qui ne regrette pas les découvertes musicales faites mais vraiment le dévoiement de cette belle idée qu’est le PARTICIPATIF 🙂

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