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[détox] Yoann Moreau, rédacteur d’histoires courtes sur Short Edition

Yoann Moreau a remporté récemment le prix Lucky Luke 2017 sur la plateforme Short Edition, spécialisée dans la diffusion d’histoires courtes.

Nous avons abordé dans notre précédent article [détox] un format d’histoires particulier et porteur de nouveautés dans le monde de la littérature : les histoires courtes et leur mode de publication, notamment à travers la maison d’édition Short Edition.

Nous passons aujourd’hui de l’autre côté du miroir et nous intéressons à ceux qui publient leurs contenus sur Short Edition. Yoann Moreau fait partie des nombreux auteurs présents sur la plateforme et a remporté il y a quelques semaines le prix Lucky Luke 2017 avec son histoire “Le dernier coup de feu”. Il détaille pour Presse-Citron ce qui lui plaît dans le format court, ses sources d’inspiration ou encore sa méthode de travail.

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Un format moins compliqué à rythmer

Presse-Citron – Peux-tu te présenter ?

Je suis né et j’ai grandi en Provence. J’aime voyager depuis toujours et il y a deux ans j’ai voulu voir du pays. J’ai eu l’opportunité de venir vivre à Bruxelles et c’est très enrichissant, on y rencontre de nombreuses nationalités. Je travaille dans le développement logiciel, ça a été un atout pour trouver facilement du travail à l’étranger.

À côté de ça, je m’intéresse de plus en plus à la photographie, principalement quand je voyage. J’ai aussi été batteur dans deux groupes de musique quand j’habitais encore en France. On peut dire que j’ai tendance à m’éparpiller ! Mais la lecture, la musique et l’évasion de manière générale ont toujours eu une place très importante dans ma vie.

P-C : Depuis quand écris-tu des histoires courtes ?

Enfant, j’écrivais des paroles de chanson de temps en temps. Mais en dehors des rédactions scolaires, je n’ai pas vraiment écrit de texte avant mes 25 ans. Il s’agissait alors surtout d’idées ou de ressentis plutôt que d’histoires, et le format court s’est imposé naturellement pour les transcrire.

P-C : Qu’est-ce qui te plaît dans ce format ?

Avec ce format on se concentre sur autre chose qu’un scénario complexe. J’ai souvent envie de poser sur papier certains sentiments, quelque chose de très ponctuel, ou encore une idée précise qui prend plus de force dans une scène unique que dans un long récit.

Bien sûr, j’ai aussi des idées de romans qui trottent dans ma tête, mais cela demande énormément de temps pour être mené à bien et je ne l’ai pas encore pris.

Le format court ne pardonne pas, le texte doit être saisissant dans sa forme et être immersif très rapidement

P-C : Y a-t-il un processus d’écriture différent entre la rédaction d’histoires courtes et la conception d’un roman ?

Le format court est moins compliqué à rythmer qu’un texte long je pense, et à la fois il ne pardonne pas. Il faut que le texte soit saisissant dans sa forme ou son contexte et immersif très rapidement. On ne peut pas compter sur un univers très détaillé ou un développement des personnages sur la durée, si le lecteur n’est pas pris ou touché par le texte en quelques pages, il l’oubliera aussitôt terminé.

Je n’ai pas d’expérience personnelle dans la conception d’un roman, mais de ce que je vois chez les autres auteurs (et dans mes lectures), c’est un autre défi. Il faut rythmer le texte sur la longueur et garder le lecteur intrigué, il faut multiplier les rebondissements là où une nouvelle n’a généralement besoin que d’une chute unique. Et enfin, en tant qu’auteur, c’est aussi un défi moral car le travail est très long et la motivation peut s’essouffler.

P-C : Quand écris-tu ? As-tu un « rituel d’écriture », des horaires ?

Pas vraiment, comme je le disais, je me disperse sur plein de centres d’intérêt, sans compter une vie personnelle et professionnelle bien remplie. Rien de régulier dans l’écriture donc, il y a plutôt des moments je dirais. Des moments où l’humeur et l’inspiration me poussent à écrire, et c’est généralement de cette façon que j’écris assez rapidement un texte fluide. D’autres fois j’ai une idée assez claire de point d’arrivée, mais le cheminement a plus de mal à se dessiner dans ma tête et donc plus de mal à s’écrire.

P-C : Comment trouves-tu l’inspiration ?

Principalement au travers d’émotions que j’ai vécues ou que je vois chez d’autres personnes. Il y a aussi des lectures ou des sujets d’actualités qui vont m’inspirer des thèmes, et à force d’infuser dans mon cerveau, un scénario en sort parfois.

Enfin, il m’arrive régulièrement d’analyser ou lire des analyses de la société, d’y voir des tendances, et d’imaginer des univers d’anticipation. Mais pour développer un univers il faut un texte plus long, et ça nécessite d’écrire en plus de ça une histoire qui se déroulerait dans cet univers. Je tiens à rester centré sur la fiction et le divertissement dans mes textes, je laisse les essais à des personnes plus spécialisées !

Un texte sélectionné par un jury de professionnels

P-C : Comment as-tu été sélectionné par Short Edition ? Ton histoire s’inscrivait-elle dans le cadre d’un concours ?

Oui, j’ai écrit le texte en question spécialement pour le concours car le thème de Lucky Luke m’a plu. Tout le monde peut participer à ces concours, c’est l’occasion de lire des tas de textes différents en forme et en fond autour d’un même sujet, c’est intéressant. J’ai eu de bons retours de la part de mes proches et de nombreux autres participants, c’était très positif mais je ne pensais pas finir carrément lauréat du jury !

P-C : Que t’a apporté le fait d’être lauréat Lucky Luke 2017 ?

Les retours des lecteurs font évidemment plaisir, c’est toujours difficile d’avoir un vrai recul sur son texte quand on l’a travaillé pendant des jours et relu des dizaines de fois. Mais qu’un jury de professionnels sélectionne mon texte était nouveau pour moi, ça m’a prouvé que le texte valait quelque chose, et surtout qu’il avait plu à Achdé lui-même !

Les concours d’écriture sur Short Edition donnent des contraintes intéressantes et des délais assez courts, c’est stimulant.

P-C : Pourquoi as-tu choisi de publier sur Short Edition ?

J’ai beaucoup aimé le concept des Distributeurs d’Histoires Courtes dans les gares, c’est grâce à ça que j’ai découvert Short Edition. J’ai lu des tas d’histoires différentes sur le site, il y a de tous les genres et de tous les niveaux, en prenant le temps de fouiller un peu on trouve des supers textes.

Jusque-là je publiais uniquement en licence Art Libre sur le site Atramenta, ce qui m’a intéressé aussi chez Short Edition ce sont les concours. Ça donne des contraintes intéressantes et (un calvaire utile pour moi) des délais assez courts, c’est stimulant.

P-C : As-tu d’autres projets d’écriture, d’autres formats ou tout simplement d’autres modes d’expression qui t’attirent ?

J’ai toujours une bonne douzaine d’idées dans un coin de ma tête, pas toutes réalisables mais elles m’inspireront peut-être un jour quelque chose de concret. J’ai souvent plusieurs textes commencés en brouillon, si je sèche je préfère les laisser en suspens plutôt que me forcer à écrire quelque chose qui ne me plaira pas.

Je ne me mets pas de limite de genre, j’aime au contraire m’essayer à plein de styles et voir ce que ça m’inspire. Ce qui est sûr c’est que je n’imagine pas d’autre moyen d’expression que l’écriture pour ces idées-là. Il y a déjà tellement de possibilités différentes avec les mots, c’est infini.

J’aimerais vraiment me lancer dans l’écriture de romans à moyen terme, ce sera un travail bien différent et le seul format envisageable pour certaines histoires que j’ai imaginées.

P-C : Où peut-on te suivre ?

Je publie principalement sur atramenta.net en Art Libre, si je dois un jour publier un livre numérique ou papier je passerai certainement par leurs services. Je participerai sans doute à d’autres concours sur Short Edition. J’ai aussi récemment créé une page Facebook pour diffuser plus facilement un peu d’actualité.


Une interview très intéressante et un entretien que j’ai pris beaucoup de plaisir à avoir avec Yoann, qui nous montre que le plaisir d’écrire peut se manifester de plein de façons différentes et que le numérique contribue à la diffusion de la culture.

Et vous, vous lisez plus vite que votre ombre des formats longs ou vous prenez le temps de lire des formats courts ? Allez, à dans 15 jours !

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Par : Opera
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