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Développeurs : et l’éthique dans tout ça ?

Qu’est-ce qui pousse les développeurs à créer tel ou tel type d’application ? Quels principes éthiques les guident dans leurs actions de manière délibérée ou car il s’agit de la volonté du commanditaire ? Explications et illustrations.

Après le passage du typhon Haiyan aux Philippines, la start up Five by Five spécialisée dans l’utilisations de données ouvertes a lancé un appel à la mobilisation des «codeurs civiques» pour venir en aide aux victimes. Des lignes de code pour rendre l’intervention sur le terrain plus efficace lors de ce qui a été surnommé un “hackaton”, en ligne avec une série d’événements nommés “Hack4Good”.

Ces nouvelles formes d’engagement posent la question de l’éthique qu’est celle du développeur, ou comment le numérique peut-il aider à défendre une cause ? Et quelle est l’éthique d’applications telles que Trip Advisor, Bruxelles Transports, Zéro-Gâchis et BetterStreet ? Pour comprendre l’éthique qui a guidé la création de ces applications, 4 points cardinaux seront utilisés : l’éthique utilitariste, l’éthique libérale, l’éthique marxienne et l’éthique égalitariste libérale.

Le développeur utilitariste inspiré par Peter Singer : Une société juste est une société heureuse !

L’utilitarisme est une doctrine humaniste et altruiste. Pour les utilitaristes, aucune autorité suprême ne peut décréter ce qui est bon ou pas pour les internautes : seuls comptent les états de souffrance ou de plaisir qu’ont vécu les individus. L’application Trip Advisor en est un exemple. Avec Trip Advisor, les utilisateurs ont la possibilité de noter et de commenter les lieux qu’ils ont visités, afin de conseiller les futurs voyageurs. L’objectif d’une application utilitariste comme celle-ci est de poursuivre le bonheur du plus grand nombre – les utilisateurs – quitte à faire quelques malheureux – par exemple les hôteliers mal côtés.

Le développeur libertarien inspiré par Robert Nozick : La liberté de chacun avant tout !

Le point de départ de la pensée libertarienne est la dignité de chaque utilisateur qui ne peut être bafouée. L’approche d’un développeur libertarien est simple : il prône la liberté de chacun et il est contre le paternalisme. Il postule que la société est libre, que le peuple est souverain et il refuse toute coercition. Un parfait exemple de cette démarche est celle du créateur de l’application Bruxelles Transports. Ce développeur a été utilisateur de l’application officielle qui permet de consulter les horaires de bus en Belgique. Cependant, il aurait aimé que cette application ait des fonctionnalités supplémentaires. Il a donc décidé comme un challenge de créer sa propre application. En analysant l’application officielle, il a pu faire du reverse engineering, à savoir étudier l’application pour en déterminer le fonctionnement interne et sa méthode de fabrication. Une fois l’application créée, il profite désormais d’une solution qui répond à ses besoins de nouvelles fonctionnalités et lui apporte la satisfaction escomptée. Bruxelles Transports est maintenant disponible gratuitement en téléchargement et est utilisée par de nombreux Bruxellois.

Le développeur marxien inspiré par Alain Badiou : L’égalité comme exigence éthique centrale !

L’éthique marxienne, inspirée du marxisme, est moins soucieuse de lutte des classes et de dictature du prolétariat que de la formulation logique d’une théorie égalitaire de la justice. Le projet éthique marxien prône l’égalité : cette exigence éthique est dès lors centrale et elle nous éclaire sur les nouvelles formes de disparités des ressources. Pour atteindre cet idéal d’égalité, la société Zéro-Gâchis propose un service gratuit qui référence autour des utilisateurs les produits à consommer rapidement et qui bénéficient par conséquent d’une forte réduction. Une démarche visant à rétablir l’égalité dans un contexte où l’on jette beaucoup alors que certains sont dans le besoin.

Le développeur égalitariste libéral inspiré par John Rawls : Egale liberté des uns et des autres !

L’égalitarisme libéral pose le pari de pouvoir articuler d’une manière cohérente l’adhésion simultanée aux idéaux de liberté et d’égalité. L’égalitarisme libéral a le souci impartial d’assurer à chaque citoyen ce qui lui est nécessaire pour poursuivre la réalisation de sa conception de la vie bonne. Cette éthique prône l’égalité des chances. Dans une logique d’égalitarisme libéral, les citoyens sont responsables et à la fois l’état doit les aider à avoir le même niveau de bien-être et de sécurité. Un exemple de cette logique est l’application BetterStreet. Grâce à cette application, les utilisateurs peuvent – que leur lieu de résidence soit chic ou plus modeste – signaler un problème dans une commune comme par exemple un dépôt clandestin d’ordures. Il peuvent également faire des suggestions ou encore féliciter la commune. A chaque étape, le demandeur est notifié par e-mail du traitement de son dossier. L’application BetterStreet facilite ainsi la participation citoyenne, la bonne gouvernance et la transparence.

Au début d’un projet informatique, il peut être très utile de s’intéresser à la question de l’éthique. Cela permettra de travailler en conformité avec celle ci en ayant des convictions cohérentes. Christian Arnsperger et Philippe Van Parijs, auteurs du livre “Ethique économique et sociale” expliquent que se poser la question de l’éthique aide à donner une formulation cohérente à ses objectifs et à ses actions. S’interroger sur le moteur de ses choix est également une façon de mieux se connaître et de prendre plus facilement des décisions.

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Il y a confusion systématique ici entre l’éthique d’une part et la morale et la déontologie d’autre part. Que les professionnels nus parlent d’abord de leur déontologie, après l’avoir définie, quelles sont leurs règles morales, ensuite ils verront bien qui “adhère”. Il est fatiguant de lire ce mot éthique mis à toutes les sauces. Quand on parle d’éthique on adhère, quand on parle de morale, de déontologie, on obéit aux règles.

  2. Et comme le souligne Max Weber :
    « Toute activité orientée selon l’éthique peut être subordonnée à deux maximes totalement différentes et irréductiblement opposées : l’éthique de responsabilité ou l’éthique de conviction. »

  3. “Quels principes éthiques les guident dans leurs actions de manière délibérée ou car il s’agit de la volonté du commanditaire ?”
    Heu, c’est un peu lourd comme formulation non ? limite incorrect…
    “Quels principes éthiques les guident dans leurs actions ? Agissent-ils de manière délibérée ou parce que cela répond à la volonté du commanditaire ?” c’est cadeau
    Ou alors c’est du belge ?… dans ce cas, je me tais 🙂

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