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(Edito) Vous n’avez pas besoin d’un smartphone à 1 000 euros

iPhone 14 Pro, Galaxy S22 Ultra, Pixel 7 Pro… Les smartphones dépassant le seuil des 1 000 euros sont presque devenus une normalité. Pourtant, vous n’avez pas besoin d’un téléphone à ce prix, à quelques exceptions près.

En 2017, Samsung lançait le Galaxy Note 8, le premier téléphone de l’histoire vendu plus de 1 000 euros (1 009 euros exactement). À l’époque, ce prix paraissait fou. Cinq ans plus tard, d’autres constructeurs s’y sont mis : Apple, Google et même Xiaomi, pourtant réputé pour ses smartphones à l’excellent qualité-prix.

Cette évolution dans le positionnement tarifaire a même fait naître un nouveau segment sur le marché : les smartphones premium (ou ultra haut de gamme). Plus haut de gamme que le haut de gamme, ils promettent monts et merveilles : de la puissance à revendre, des écrans à vous décoller la rétine ou encore des appareils photo dignes de boîtiers professionnels.

Derrière cette montée en gamme se cache en réalité une manoeuvre stratégique de l’industrie visant à contrer des phénomènes macro-économiques qui leurs sont défavorables.

Contrer la baisse des ventes

Personne utilisant un smartphone Android
Jonas Leupe © Unsplash

En 2022, après plusieurs années de ralentissement (hors Covid), le marché des smartphones connaît pour la première fois une baisse des volumes de ventes. Une situation prévisible pour plusieurs raisons.

D’abord, le taux d’équipement dans les pays développés arrive presque à saturation. Dans le langage courant, on dirait qu’en dehors de quelques irréductibles, tout le monde possède un smartphone. Le volume de ventes baisse donc logiquement.

Dans le même temps, le taux de renouvellement s’allonge. En quelques années, les consommateurs français sont passés d’un cycle de renouvellement de 2 ans à un cycle de 3 ans.

Pour garder le même niveau de marges, les constructeurs doivent augmenter les prix.

Pour contrer la baisse de volumes les constructeurs ont donc dû trouver des méthodes pour augmenter la valeur. Pour garder le même niveau de marges (condition sine qua non pour satisfaire les actionnaires), la plus évidente est donc d’augmenter le prix. Apple nous l’a récemment montré avec ses iPhone 14 dont les tarifs se sont envolés. Mais pour pousser les consommateurs jusqu’à l’acte d’achat, il faut justifier cette hausse de tarif.

Premier volet de l’argumentaire : intégrer des technologies toujours plus performantes. C’est la base du commerce : les clients sont prêts à payer plus s’ils ont plus. Logique imparable. Ainsi, Apple, Samsung et consorts ont amélioré plusieurs composants et ajouté des fonctionnalités pour justifier la hausse des tarifs.

Second volet : le discours marketing. C’est l’ingrédient magique de l’industrie. Derrière des discours marketing léchés, les constructeurs vous mettent l’eau à la bouche. « Regardez ce téléphone, il prend les mêmes photos qu’un boîtier à 5000 euros. Amazing ! ». Oui, amazing ! Enfin, surtout pour le portefeuille de ces géants de la tech qui ne cesse de gonfler. Une quête de croissance qui montre ses limites en 2022 alors que la planète s’embrase et que nos modes de consommation sont remis en cause.

Une question de besoins

vie avant smartphone
© Unsplash / Isaac Smith

Loin de moi l’idée de remettre en question le concept de progrès. Si l’industrie de la tech cessait d’améliorer ses produits, le progrès technique s’arrêterait. D’ailleurs, pour avoir des smartphones au bon rapport qualité-prix, il est nécessaire d’avoir d’abord des produits innovants, donc logiquement plus chers.

Les constructeurs nous font croire que le progrès est à portée de tous, pire, que tout le monde en a besoin.

Le problème réside plutôt dans le fait que les constructeurs nous font croire que ce progrès est à portée de tous. Pire, que tout le monde en a besoin. Or, ce n’est absolument pas le cas.

Selon les chiffres de Statista, les usages d’un smartphone restent plutôt basiques. La première utilisation est la navigation web (56%), suivi de la consultation de réseaux sociaux (45%). Viennent ensuite la consultation de vidéos (36%), la recherche d’information sur un produit (28%), le gaming (15%) et les achats en ligne (6%).

Achèterait-on des produits sans bien identifier nos besoins ?

Le tournage de vidéo ou la photographie n’apparaissent même pas dans les principaux usages hebdomadaires des utilisateurs. Pourtant l’appareil photo figure parmi les principaux critères d’achat des consommateurs. Achèterait-on des produits sans bien identifier nos besoins ? Le marketing des constructeurs fonctionnerait-il à merveille ? Il semblerait bien.

Si l’on se réfère aux études, en 2022, un smartphone à 500 euros (grand maximum) répond donc largement aux besoins de 99,9% des utilisateurs. CQFD.

Des produits d’exception

test galaxy z fold4 main ouverte
© Presse-citron

Mais alors, pourquoi tant de consommateurs achètent encore des smartphones à plus de 1 000 euros ? Parce que ce sont des produits d’exception. Dès lors, la notion de « besoins » passe au second plan. Voici comment est défini le mot « exception » dans le Larousse :

Ce qui est hors de la loi commune, qui paraît unique.

Attardons-nous donc sur la partie « qui paraît unique » puisque c’est l’objet de notre article. En intégrant toutes ces technologies et en les commercialisant à des prix aussi élevés, les constructeurs réussissent à faire croire aux consommateurs que ces produits sont uniques. En tout cas, ils « paraissent » uniques.

Et c’est là que la magie opère. Chaque consommateur, après avoir déboursé l’équivalent d’un SMIC dans un smartphone, aura l’impression de posséder quelque chose d’unique. Et par ricochet, de faire partie d’une catégorie privilégiée de la population, c’est toujours bon pour l’égo.

Un fauteuil dessiné et fabriqué par l’ébéniste de votre quartier est unique, pas votre smartphone.

Or, par définition, un produit de grande consommation n’est pas unique. Il est produit en masse, à la chaîne, dans d’immenses usines. Tous ceux qui l’achètent possèdent l’exact même produit, avec les mêmes fonctionnalités. Et c’est encore plus vrai pour l’iPhone dont le logiciel n’est que très légèrement personnalisable. Un fauteuil dessiné et fabriqué par l’ébéniste de votre quartier est unique, pas votre smartphone.

Dès lors, on peut trouver la notion d’exception dans le profil de l’acheteur. Un vidéaste ou un photographe peuvent voir dans le smartphone premium un outil de travail compact et ultra-performant. À raison. Mais il ne me semble pas que la majorité des emplois pourvus ou des sociétés créées en France (et dans le monde) soient essentiellement des agences de production. Ces profils sont donc des exceptions.

Un consommateur change de smartphone en moyenne tous les trois ans.

Si un seul argument pouvait justifier l’achat d’un smartphone à 1 000 euros et plus, c’est celui de la durabilité. Oui, les modèles les plus chers peuvent tenir 5 à 6 ans pour le cas de l’iPhone (puisque Apple fournit des mises à jour de sécurité jusque-là) et 4 ans pour les modèles Android (pour les mêmes raisons).

Mais, souvenez-vous de ce que les études de consommation nous disent : un consommateur change de smartphone en moyenne tous les trois ans. Vous n’avez donc pas besoin d’un smartphone à 1 000 euros ou plus.

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2 commentaires
2 commentaires
  1. Bonjour,

    Je suis professeur et lors du premier confinement le disque dur SSD de mon ordinateur portable a grillé. Après avoir essayé de travailler avec Linux (demarrage sur clef usb) je me suis rendu compte que je ne trouvais pas les outils de travail auxquels je suis habitué sur cet appareil.

    Mon smartphone A40 samsung m’a dépanné avec une chromecast un écran et un clavier. Puis j’ai acquis un smartphone premium acheté en reconditionné chez “as good as new”.

    Mon fidèle S10+ 500GO étendu à un Téra et bénéficiant du DEX.

    Cela a changé définitivement mes conditions de travail.

    Je peux désormais effectuer tous les travaux (Bureautique essentiellement et également vidéo) avec cet outil fabuleux.

    Je dispose de plusieurs hub USB-C ce qui me permet de disposer de mon bureau à la maison en n’ayant qu’à brancher mon smartphone pour travailler.

    Sur mon S10+ je dispose de la suite Office de microsoft et je peux transmettre mes documents à mes élèves indifféremment via l’ENT du lycée, via Pronote ou par Whatsapp et par SMS en travaillant avec un clavier et une souris.

    En plus android 12 dispose de très nombreux raccourcis clavier et la fonction copier-coller est active sur la souris.

    En outre mon smartphone est connecté à mon imprimante scanner ce qui me permet d’imprimer et de scanner en A4 mes livres de classe.
    En classe je le branche sur la prise murale du vidéo projecteur pour projeter mes cours.

    J’ai une clefs USB sandisk double entrée (USB-C et USB) qui me permet de déplacer mes fichier du smartphone vers les ordinateurs du Lycée et réciproquement.

    Sincèrement pour moi ce smartphone me rend plus de services que mon ordinateur portable (et je l’ai payé moins cher même si à la vente au départ il était très au dessus des 1000€).

    Un point important c’est que l’obsolescence des smartphone premium est plus rapide que celle des PC donc en achat reconditionné c’est plus intéressant.

    https://youtu.be/ToSRFbOXT0g

    La vidéo ci dessus je l’ai faite pour présenter l’outil DEX à mes élèves et collègues et tout le montage de la vidéo a été réalisé sur mon smartphone.

    Enfin, photographe amateur, j’ai rapidement remplacé mon reflex Canon lors de mes treckings (uniquement dans ce cas de figure) par mon smartphone car les photos sont de qualités et l’encombrement est moindre.

    Pour moi mon S10+ est un fidèle compagnon de travail depuis plusieurs années et je ne reviendrai plus en arrière (ordinateur portable).

  2. Bonjour,

    Merci pour ce retour d’expérience très complet. J’ai pris soin de regarder votre vidéo qui démontre tout le potentiel d’un smartphone bien pensé et pas forcément vendu une petite fortune. Même plusieurs années après son lancement, il fait encore très bien le boulot.

    PS : vous avez d’excellentes références en matière de site tech 😀

    Bonne journée !

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