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François Hollande et Twitter : branché mais pas encore connecté

François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont livrés une bataille acharnée sur Twitter. Mais malgré des milliers de tweets envoyés par leurs équipes ils n’ont jamais réellement accroché les twittos ni répondu aux tweets des électeurs. Tentative d’analyse des problèmes de connexion…

Article rédigé par Matthias Lüfkens. Directeur Digital EMEA chez Burson-Marsteller et précédemment Social Media Architect au World Economic Forum de Davos, Matthias est un observateur avancé de la diplomatie sur Twitter[1]

François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont livré une bataille acharnée sur Twitter. Mais malgré des milliers de tweets envoyés par leurs équipes ils n’ont jamais réellement accroché les twittos ni répondu aux tweets des électeurs. Tentative d’analyse des problèmes de connexion…

Les premiers chefs d’état et de gouvernement à féliciter personnellement François Hollande le soir de son élection étaient le premier ministre belge Elio di Rupo suivi du gouvernement croate, du premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, du président haïtien @MichelJMartelly, de la Commission Européenne, du président du Conseil Européen Herman van Rompuy et du porte-parole d’Angela Merkel. David Cameron s’est contenté de tweeter un lien vers leur communiqué.

Twitter est devenu un canal de communication de choix pour la centaine de chefs d’état et de gouvernement qui ont un compte, mais peu l’utilisent pour établir des contacts directs entre eux. Au cours de sa campagne, Nicolas Sarkozy avait établi des relations mutuelles sur Twitter avec le premier ministre britannique David Cameron, le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, le président du Conseil Européen Herman van Rompuy ainsi que l’ancien président russe Dmitri Medvedev. Il suivait unilatéralement Barack Obama, la présidente du Brésil et le premier ministre canadien et il était suivi par 6 autres présidents et premier ministres à savoir : @IsraeliPM, @Karimmassimov, @Najib_Mikati @Pouyingluck, @PresidenciaCR, et @SleimanMichel.

Des connexions… unilatérales

Bien qu’ayant accumulé plus de 300.000 followers (abonnés) et suivant plus de 1600 personnes en retour, François Hollande n’est pas encore connecté avec les grands de ce monde sur Twitter. Il ne suit que Barack Obama, mais le président américain ne lui rend pas la pareille. Par ailleurs il n’a pas encore répondu aux avances faites par les premiers ministres norvégien et libanais qui suivent le président français de façon unilatérale.

La campagne présidentielle a de montré l’utilité et l’utilisation des réseaux sociaux pour tous les candidats. @FHollande s’y était mis en premier, le 9 janvier 2009. @NicolasSarkozy a ouvert le sien en fanfare le 15 fevrier 2012, jour de l’annonce de sa candidature à sa réélection. Sur les deux comptes de campagne les internautes pouvaient suivre leurs faits et gestes minute par minute, tweet par tweet, rédigés par leurs équipes respectives. L’équipe de @NicolasSarkozy était la plus prolifique avec 4101 tweets en deux mois. L’équipe de @FHollande s’est concentrée sur les phrases clefs avec ‘seulement’ quelques 2000 tweets.

Les deux comptes ont péché par un manque d’interactivité avec très peu de @mentions. Tout au long de la campagne @FHollande n’a jamais cité le nom de son adversaire sur Twitter ni le compte du ‘candidat-sortant’ et c’est bien dommage car c’est méconnaitre les conversations direct et publics qui se font sur Twitter. @NicolasSarkozy en revanche a cité @FHollande à 75 reprises.

Autre particularité à retenir : François Hollande n’a jamais tweeté personnellement alors que Nicolas Sarkozy a signé une poignée de tweets personnels avec ses initiales NS. Il reste à voir si le compte du candidat Hollande deviendra le compte personnel du président de la république ou si l’activité se met en sourdine jusqu’aux prochaines élections.

Le nouveau président français serait bien inspiré de s’approprier Twitter pour y organiser des interviews avec ses abonnés et de l’utiliser comme un outil de diplomatie en suivant ses homologues à commencer par les membres du G8 et du G20 et pourquoi pas tous les autres leaders mondiaux sur Twitter.

[1] si vous vous intéressez au sujet, je vous conseille vivement de revoir la passionnante intervention de Matthias : “Twitter Diplomacy” sur Youtube et Slideshare. Vous y apprendrez des choses… croustillantes.

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Par : Twitter, Inc.
4.1 / 5
22,5 M avis
14 commentaires
14 commentaires
  1. Ouais, c’est vraiment pas top que François Hollande n’interagisse absolument pas avec les autres membres de Twitter.

    Il aurait ainsi dû choisir le compte @LesMonologuesDuPresident ^^

  2. @Stéphane : assimiler la communication des politiques sur Twitter à de la branlette, ne serait-ce pas une forme de poujadisme 2.0 ?

  3. Je suis d’accord avec un aspect de l’article : les politiques doivent mettre l’accent sur l’échange, et communiquer moins de façon impersonnelle.

    Par contre pour moi, que les politiques se follow et back-follow, ça n’est pas vraiment un “impératif” : il ont bien d’autres moyens de communication plus efficaces (mais certes moins publics) de le faire.

  4. Eric: je ne vois pas ce que viennent faire des présidents sur Twitter. Les gens sont friands de ce genre de choses mais c’est du people bas de gamme, on s’en fiche royalement de qui tweet qui, quand, où et comment. La majorité du temps il s’agit en plus de portes-parole. On veut juste qu’il s’occupe bien de leurs pays, ça serait une bonne chose.

    C’est tellement futile de savoir si le mec qui est payé pour mass-follower avec le compte d’Obama suit le compte du mec qui gère l’image numérique de Sarkozy… dans tous les cas, Obama suit tellement de comptes qu’il est évident que personne ne tient compte ni de sa TL, ni de ses reply.

  5. @Thomas Je pense que c’est quand même intéressant de savoir qui suit qui parmi les grands de ce monde. Le fait que la Maison Blanche (@WhiteHouse) ne suit que @MedvedevRussiae et @Number10Gov et ignore tous les autres gouvernements du G20 – y compris l’@Elysee – en dit long sur les relations internationales…

  6. @Stephane Tu as raison pour ce qui est des comptes alimentés par des équipes anonymes. Mais regardes ce que font des présidents plus à l’écoute de leur twittos tel le président du Rwanda @PaulKagame ou le premier ministre libanais @najib_mikati.

  7. Il est effectivement surprenant de constater que là où (l’équipe de) Nicolas Sarkozy a mentionné le pseudo de son rival 142 fois du 12 mars au 6 mai, (l’équipe de) François Hollande n’a pas mentionné une seul fois @NicolasSarkozy. Quand bien même certaines des mentions de Nicolas Sarkozy étaient des messages qui s’adressaient directement à son rival…
    Cependant, il faut quand même noter que François Hollande a mentionné le nom complet de Nicolas Sarkozy à de nombreuses reprises durant cette période.
    Au final, pour l’un, comme pour l’autre, Twitter n’était qu’un canal de communication à sens unique supplémentaire.
    Constat renforcé par d’autres indicateurs agrégés sur les profils respectifs des deux candidats grâce à Twitonomy.com:
    Total des mentions : 373 pour NS (11% des tweets) / 103 pour FH (3% des tweets)
    Total des réponses : 31 pour NS (1%) / 5 pour FH (0,1%)
    Retweets : 120 pour NS (4%) / 6 pour FH (0,2%)
    Liens : 1231 pour NS (38%) / 387 pour FH (12%)
    Le débat n’a donc clairement pas eu lieu sur Twitter en 2012. Espérons qu’il en sera autrement dans 5 ans …

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