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Halloween : critique d’un hommage maladroit

Avis critique sur Halloween qui se veut un hommage au film de John Carpenter de 1978 autant que sa seule suite véritable.

Je suis allé voir Halloween en espérant le trouver aussi bon que ce qu’en disaient de nombreuses critiques depuis plusieurs semaines, notamment depuis sa projection au Festival International du Film de Toronto.

J’en suis le premier désolé, mais je suis obligé de reconnaître que j’ai été très déçu par ce film qui est loin de parvenir à saisir ce qui faisait l’intérêt du film original et, surtout, qui souffre d’un scénario non seulement simpliste, mais qui commet en plus l’erreur de promettre des choses qu’il s’avère incapable d’offrir.

Ce qui est certain, c’est qu’il y a bien une volonté de rendre hommage au film de 1978 tout en essayant de renverser certains rôles et de se saisir du thème des violences faites aux femmes et de leur capacité à prendre les choses en mains pour y résister.

Hommage à Halloween 1978 dès le générique

Dès le générique, la démarche ne fait aucun doute, puisqu’on retrouve les crédits dans la même police de caractère orange et la citrouille typique d’Halloween. Seule différence, on nous montre le pourrissement de la cucurbitacée à l’envers, la citrouille reprenant vie sous nos yeux. Le message c’est qu’on a laissé pourrir la citrouille (le premier film) pendant 40 ans, mais le temps est enfin venu de lui rendre sa fraîcheur avec un film à la hauteur de l’original.

Des intentions louables, mais qui sont loin d’être atteintes.

On peut toujours trouver quelques points positifs dans une œuvre et celle-ci ne fait pas exception. L’idée de reprendre 40 ans après et de commencer par une enquête journalistique sur Mike Myers et Laurie est en soit plutôt intéressante, notamment la scène de la première rencontre dans la cour.

Au niveau de l’interprétation, ce n’est pas mauvais, on a toujours plaisir à retrouver Jamie Lee Curtis notamment, sachant qu’on ne peut pas non plus demander aux acteurs de faire des miracles avec des rôles très peu développés.

On retrouve également le thème musical si marquant du premier Halloween, sachant que John Carpenter lui-même a accepté de jouer des variations de cette musique qu’il a composée, comme c’est le cas dans tous ses films ou une majorité en tous cas, je ne suis pas allé chercher s’il y avait des exceptions.

L’essence du premier Halloween est perdue

Halloween est généralement classé parmi les slasher movies, c’est d’ailleurs l’un des plus anciens du genre, mais sa grande force résidait dans deux éléments essentiels.

Le premier c’était cette façon de prendre le point de vue du tueur, littéralement à la première personne dans son excellente scène d’introduction qui s’achève sur le choc de la révélation de l’âge de Michael lors de son premier crime.

Le second, c’était la mise en scène de la forme de Mike, qui est appelé “The Shape” d’ailleurs dans les crédits du premier film, une forme qui hante le film et surtout qui permet de comprendre que le personnage est presque davantage un stalker qu’un tueur. Certes il tue, évidemment, mais il semble fasciné par l’observation de ses victimes, dans une forme ultime de voyeurisme malsain.

Cet aspect est selon moi le plus effrayant du premier film, sachant que son budget très modeste ne permettait pas de toute façon de mettre en scène des morts particulièrement spectaculaire, même si l’une d’entre elle l’était déjà suffisamment pour être reprise en clin d’œil dans celui de 2018.

Malheureusement, ce nouvel opus me semble avoir mal compris ou mis de côté ces deux aspects qui définissaient le premier film. La vision à la première personne est laissée de côté et le côté stalker et voyeur du tueur quasiment oubliée au profit des meurtres en eux-mêmes.

Halloween fait-il peur ?

40 ans de cinéma sont passés et le niveau de violence à l’écran est nettement supérieur dans ce film, pourtant, en termes de tension et de puissance de l’imagerie, on fait plutôt marche arrière.

Et même si ce n’est pas forcément la question centrale, si vous voulez savoir si le film fait peur, je dirais non, pas vraiment, sauf si votre définition de la peur à l’écran se résume à quelques jump scares un peu faciles.

L’angoisse et le malaise générés par les bons films d’horreur ne sont pas au rendez-vous. Pour tout dire, on s’ennuie pas mal et certains spectateurs mal élevés consultaient même leurs portables pendant la séance.

Evidemment, il y a des tas d’incohérences dans le film et certains personnages font n’importe quoi, mais bon, c’est un peu devenu un classique des slashers movies.

Enfin, le film tente parfois de faire de l’humour et parvient même à faire sourire, mais là encore, ça me paraît encore une fois souligner une bien mauvaise compréhension du premier film, surtout quand l’humour est lié à la présence même du tueur.

Halloween : critique avec spoilers

Je vous propose de souligner quelques clins d’œil au film original, sachant qu’ils sont nombreux et que je ne cherche évidemment pas à tous les citer.

On retrouve le coup du drap pour se déguiser en fantôme, Michael le portait sur lui dans le premier film, cette fois il est placé sur un cadavre.

Le petit ami épinglé au mur par un long couteau, comme un papillon sur le tableau d’un collectionneur, vient bien souligner la supériorité de l’original puisqu’ici on ne voit pas la mort et surtout, Michael n’admire pas son œuvre.

Lorsqu’on aperçoit son visage découvert de profil, on peut deviner la blessure de Michael à la paupière, celle infligée par le coup de cintre de Laurie qui se défend dans le placard.

Le film a au moins compris qu’il ne fallait jamais montrer totalement le visage de Michael Myers, c’est déjà ça.

On voit la danse du lycée qui n’est qu’évoquée dans le premier film. La scène n’a d’ailleurs aucune utilité dans le nouveau.
Surtout, on a plusieurs similitudes entre Laurie et sa petite fille Allyson.

On a notamment Allyson qui hurle à l’aide dans la rue et se retrouve confrontée à des portes fermées et à l’indifférence.
Enfin, lorsque Allyson est en classe, elle occupe la même place que Laurie, pose aussi son crayon sur ses lèvres, mais la grande différence, c’est qu’elle voit sa grand-mère à l’extérieur là où Laurie voyait justement la silhouette.

Le film joue sur l’inversion des rôles

Voilà qui nous amène à la principale invention de ce nouveau film, celui de l’inversion des rôles. Entre Laurie et Michael Myers, on ne sait plus vraiment qui est la proie et qui est le chasseur.

Cette inversion n’est jamais aussi clairement présentée que lorsque Michael balance Laurie par la fenêtre et qu’elle s’écrase dans le jardin, mais justement pour que son corps disparaisse un instant après, comme celui de Michael qui échappe au Docteur Loomis à la fin de l’original.

Laurie est devenue une Ellen Ripley ou une Sarah Connor, elle a vécu dans l’obsession du retour de Michael et à façonné toute sa vie autour de cette idée, au point d’en perdre la garde de sa fille Karen.

Elle a transformé sa maison en un grand piège à tueur, ce que vient évoquer la métaphore des pièges à souris manipulés par le père d’Allyson au début du film.

En résumé, même si Mike n’a pas tué Laurie, on peut dire qu’il a indirectement détruit sa vie. La seule satisfaction qu’on peut en tirer en comprenant bien que le film s’inscrit dans l’après “me too”, c’est que Laurie a néanmoins réussit à prendre en main son destin. Elle en est devenue le sujet plutôt que l’objet.

Ceci étant dit, malgré ces quelques tentatives, le scénario reste le grand point faible du film. Le tueur se trouve toujours au bon endroit et au bon moment sans aucun souci de cohérence.

Un scénario trop faible

Surtout, on sent que certains personnages n’existent que pour servir à faire avancer un point précis de l’intrigue, sans avoir le moindre intérêt intrinsèque.

Pour commencer on a le cas spectaculaire des journalistes qui mènent l’enquête. On espère qu’ils auront une forme d’importance dans l’histoire, qu’ils permettront peut-être de faire avancer un peu la compréhension de l’insondable Michael Myers, mais au final, ils n’existent que pour lui permettre de récupérer son fameux masque.

Le film consacre du temps également au petit ami d’Allyson, mais au final, tout cela ne sert qu’à une seule chose, bon allez deux, admettons : mettre hors de service le portable de la petite fille de Laurie et la balancer seule dans les rues.

Je ne parlerai même pas du chef du shérif et du père d’Allyson, des personnages ridicules en tous points. Même Karen, la fille de Laurie et Allysson, sa petite fille, ne présentent au final aucun point d’accroche qui ferait qu’on ait spécialement envie qu’elles survivent.

Enfin, on la le Psychiatre. Le Dr Loomis était très important dans les films précédents et on le remplace par son antithèse avec une nouvelle inversion donc. Là où Loomis faisait tout pour empêcher Michael Myers de nuire, le Dr Sartain veut absolument comprendre le tueur, le voir agir en liberté et le confronté à Laurie.

Le Docteur, twist d’Halloween 2018

Le problème, c’est que ce twist est amené de façon très maladroite et surtout se termine très vite en tournant à l’eau de boudin. Il s’agissait sans doute de reprendre une idée intéressante (même si je pense pas qu’elle était dans l’intention des scénariste originaux) déjà émise sur le premier film Halloween et selon laquelle le Dr Loomis serait largement responsable de la transformation du jeune garçon de 6 ans en ce monstre froid et sanguinaire qu’il est 15 ans plus tard.

Pour la petite histoire, les fans de John Carpenter remarqueront que le Dr Loomis a le même nom de famille que le Père Loomis du film Le Prince des Ténèbres, un excellent et plutôt méconnu film de Carpenter, sachant que Donald Pleasence incarne les deux personnages.

Pour en savoir plus sur le Prince des Ténèbres, Le Fossoyeur de Films y a consacré une excellente vidéo.

Concernant le dernier acte du film, on retrouve un peu de tension, et on a bien sûr une grosse référence aux placards dans le jeu de cache-cache mortel entre Mike et Laurie, sauf encore une fois que les rôles sont plus ou moins inversés.

Ceci dit, quand on regarde bien le premier film, Laurie blesse beaucoup plus Mike que celui-ci ne la touche. Elle avait déjà en elle cet instant de survivante, voire de guerrière.

On pourrait en dire bien plus sur les faiblesses du film et les décisions stupides des personnages, comme le fait de brûler Michael sans même vérifier sa mort plutôt que de lui plomber la gueule une bonne dizaine de fois. La seule explication étant de vouloir rappeler la fin d’Halloween 2 je suppose.

Halloween : y a-t-il une scène post-crédit ?

Je vais aussi vous faire gagner quelques minutes. Pas la peine de rester jusqu’à la fin des crédits, puis la malheureuse scène évoquée par certains sites pour faire du clic se résume au bruit de la respiration de Michael, pour, évidemment, nous signaler qu’il a survécu et qu’on devra se farcir encore une mauvaise suite de plus.

Si vous avez envie de voir un bon film, achetez plutôt un ticket pour A Star is Born. Pas comparable ? Peut-être, en tous cas j’ai passé un bien meilleur moment de cinéma en le regardant, c’est certain.

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1 commentaire
1 commentaire
  1. Halloween 2018 à quand une et suite car se film et génial un peu gnangnan mais génial Michael Myers et inégalable toujours flippant à souhait seule Laurie et Michael hael sauve le film je pense qu’au fond de nous on a tous un Michael Myers qui sommeil en nous et qui attend son heure comme ‘lui a attendu son masque

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