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[interview] Regioneo, une start-up qui fleure bon le terroir

Vous avez certainement déjà entendu parler de Regioneo.com, un site lancé début 2009 par Marc Thouvenin, tout frais émoulu de chez Wikio chez qui il officiait…

Vous avez certainement déjà entendu parler de Regioneo.com, un site lancé début 2009 par Marc Thouvenin, tout frais émoulu de chez Wikio chez qui il officiait en qualité de responsable du webmarketing. Pour ceux qui ont raté un épisode, Regioneo est un site de promotion et de vente de produits régionaux, qu’on pourrait également qualifier de place de marché pour les petits producteurs indépendants de bonne bouffe comme on sait la faire dans nos campagnes.

En experts de la communication web et du buzz, Marc Thouvenin et sa petite équipe ont su bien faire connaître leur site, qui a bénéficié d’une importante couverture dans les blogs et les médias sociaux dès son ouverture. Mais j’ai trouvé que l’initiative lancée récemment par Regioneo, elle-même largement relayée, qui a consisté à lancer une levée de fonds collaborative pour continuer à financer son développement, appelait quelques questions, que j’ai posées à Marc Thouvenin.

Marc, comment est venue l’idée de Regioneo ?

D’un besoin personnel en fait, comme souvent. J’ai toujours beaucoup voyagé dans les régions et j’apprécie « Contrairement à une coopérative la marque Regioneo s’efface derrière celle du producteur, qui garde son identité intacte.Je tiens beaucoup à cette notion d’identité forte du producteur, qui fait partie intégrante du produit. »d’acheter des produits du terroir chez des petits producteurs. Mais une fois chez moi, quand le stock était épuisé, difficile voire impossible de me réapprovisionner ! D’où cette idée, même si c’est un cas d’usage rare qui ne justifie pas à lui seul la création d’un business. Mais je suis aussi assez sensible à ce qui se dit sur les intérêts divergents entre petits producteurs indépendants et grande distribution, et ce manque d’adéquation de plus en plus important entre l’offre standardisée des grandes surfaces et la demande des consommateurs de produits plus authentiques, régionaux et naturels. Une demande que la grande distribution ne peut satisfaire, ce que peut faire un site web.

D’où la création d’une sorte de coopérative web ?

Oui c’est un peu cela, à la grande différence près quand même que contrairement à une coopérative la marque Regioneo s’efface derrière celle du producteur, qui garde son identité intacte. Le consommateur n’achète pas “Regioneo” mais fait son marché chez les producteurs. Je tiens beaucoup à cette notion d’identité forte du producteur, qui fait partie intégrante du produit. En fait nous ne sommes là que pour offrir un support marketing mutualisé afin d’aider les petits producteurs qui ont de grosses difficultés d’accès au marché et surtout à obtenir une visibilité sur internet. Nous apportons notre savoir-faire en webmarketing et en référencement.

On peut commander les produits directement sur le site Regioneo.com ?

Oui, chaque producteur a son espace de vente. En fait nous fournissons l’infrastructure e-commerce en créant un compte boutique pour chaque producteur et ensuite nous lui donnons la main pour qu’il ajoute ses produits, ses prix, etc… via une page d’administration de sa boutique. Nous sommes donc juste opérateurs mais c’est le producteur qui gère son espace.

Quelle est la technologie ou le script qui tourne derrière Regioneo ?

Nous avons sous-traité la partie graphique et la partie e-commerce est développée avec X-Cart qui permet de proposer un panier unique multi-producteurs, ce qui permettait au client de faire ses courses en zappant d’un producteur à l’autre dans le même panier. Mais nous avons dû désactiver cette fonctionnalité car elle supposait une addition des frais de port (un par producteur) et c’était compliqué à gérer et à comprendre pour les clients.

Vous avez levé des fonds au lancement de la société ?

Oui, des fonds d’amorçage après d’actionnaires privés comme Pierre Chappaz (Wikio) ou encore Rafik Smati (Dromadaire), qui ont cru au projet et qui ont investi. Le premier tour de table nous a permis de récolter 125.000 euros.

Je constate avec plaisir que vous êtes installés dans la plus belle ville du monde, Lyon 🙂 Pourquoi ce choix ?

Tout simplement parce-que c’est très bien situé géographiquement, et aussi parce-que accessoirement c’est la capitale mondiale de la gastronomie, ce qui a du sens par rapport à notre activité.

Parlons chiffres : combien de producteurs référencés sur Regioneo ? Combien de produits ? Chiffre d’affaire ?

Nous avons à ce jour 1400 producteurs référencés et environ 1500 produits. Le chiffre d’affaire a été de 60.000 euros en 2009, et nous avons déjà réalisé 50.000 euros sur le premier trimestre 2010. Côté staff nous sommes 12 collaborateurs à plein temps.

Comment fonctionne le service, quel est votre modèle d’affaire ?

Nous prélevions auparavant des commissions sur les ventes mais nous avons modifié le système en supprimant les commissions et en fonctionnant uniquement sur abonnement. L’abonnement mensuel revient entre 30 et 60 euros au producteur en fonction d’un certain nombre d’options, qui comprennent entre autres l’aide à la gestion de son espace web. Nous développons également la partie BtoB par la vente aux entreprises, dans le cas de lots pour des cadeaux d’affaires par exemple. Là il s’agit de grosses quantités et nous négocions de gré à gré. Dans ce cas il peut y avoir un reversement de commission à Regioneo de la part du producteur sélectionné.

Venons-en à cette fameuse levée de fonds collaborative. C’est un appel au peuple ? Par définition une levée de fonds est souvent collective, qu’est-ce qui différencie la vôtre ?

« Nous avons eu l’idée d’activer notre réseau et de lancer cette levée de fonds collaborative sur un modèle rendu familier avec le web social. Une levée de fonds avec du sens, qui permettrait de renforcer la notion de communauté autour de Regioneo. »

Après la première levée nous avions besoin de continuer à financer notre développement. Nous avons donc eu l’idée d’activer notre réseau et de lancer cette levée de fonds collaborative sur un modèle rendu familier avec le web social. Une levée de fonds avec du sens, qui permettrait de renforcer la notion de communauté autour de Regioneo en proposant à chacun de devenir actionnaire une souscription à partir d’une somme très modique fixée à 100 euros. C’est du social feeding.

Et le succès a donc été au rendez-vous d’après ce que j’ai compris ?

Oui, nous avons pratiquement atteint notre objectif en deux mois, bien plus vite que nous ne l’aurions pensé. A ce jour nous avons collecté 91 675 euros et nous devrions atteindre assez rapidement le plafond de 100.000 euros visé. Cette limite de 100.000 euros est une limite légale imposée par la législation : au-delà c’est de l’appel à épargne publique et cela suppose d’autres complications et contraintes juridiques et administratives.

Quel est le profil et la segmentation des investissements ?

Environ 50% des investisseurs ont mis 100 euros, et la plus grosse part achetée est de 15.000 euros. Quelques investisseurs ont mis plusieurs milliers d’euros, et certains avec 10.000 euros sont entrés directement dans la holding.

Des projets ?

Oui, nous allons lancer un concept de vente-dégustation à domicile, et nous avons été contactés par des fonds de capital-risque.

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Par : Opera
18 commentaires
18 commentaires
  1. C’est une superbe idée que ce site, et quant à la réalisation, et quant au projet éthique.
    J’adhère totalement.
    Et j’ai faim, je ne te remercie pas.

  2. C’est un chouette projet, aussi bien côté aventure entrepreneuriale que site Web, où l’on trouve vraiment de très bons produits (testé et approuvé) ! Donc pour moi un succès bien mérité ! 🙂

  3. Regioneo : le nom de domaine est à coucher dehors, on sent qu’il reste du boulot à bien comprendre ce qu’implique l’eMarketing. Terroir.com ou Produitsduterroir.com eurent été 100 fois mieux.

    Enfin… bonne chance à eux 🙂

  4. Je confirme ce que dit la dame-oiselle Camille, très bon produits(notamment leur jus de kiwi), un peu plus de green enfin de bio dans leur sélection ne serait pas déplaisant pour le vendeur bio que je suis, j’ai des adresses 😉

  5. heu………..

    60 000 € de CA pour 12 collaborateurs à temps plein ??

    vaut mieux prendre une camionnette et faire les marchés !

    désolé de mon poste “agressif” ….

  6. Alors… comment dire… remplacer la grande distribution par une entreprise financée uniquement par des requins… je me demande ce que les producteurs vont vraiment y gagner au final. Ils demandent combien tous ces investisseurs? J’imagine qu’ils ne font pas çà juste pour rendre le monde meilleur si?

    Ca me rappelle vaguement les sites de grandes chaines qui sont en train de tuer les petits loueurs de ski en station en leur envoyant des clients mais en les transformant au passage en salariés payés au smic…

    C’est la capitalisme ultralibéral avec ses floppées d’actionnaires gourmands qui font qu’aujourd’hui les quelques agriculteurs qu’il reste arrivent a peine a survivre, alors je me demande bien comment le memes gourmands pourraient inverser la tendance.

    Sinon, lever des fonds auprès des particuliers peut etre une bonne idée, ils demanderont peut etre pas 15% des bénéfices.

    Quelle différence avec http://www.bienmanger.com finallement?

  7. Il existent plus de 3000 sites d’e-commerce dédiés exclusivement aux produits du terroir en France et qui font la promotion des produits que l’on ne trouve pas en grandes surfaces. Certains existent depuis plus de 10 ans.Les deux plus importants : http://www.bienmanger.com et http://www.keldelice.com réalisent juste 10 fois plus d’audience que Regioneo. Alors, une initiative de plus c’est bien, mais quoi de neuf sous le soleil ?

  8. Bienmanger et Keldelice sont très différent. En effet, Bienmanger est un site ecommerce qui stocke et vends des produits du terroir. C’est le plus ancien et le plus connu dans le domaine. Keldelice est un portail gastronomique qui référence les produits du terroir et apporte de nouveaux clients aux petits producteurs français. Keldelice ne vends pas et ne stocke pas les produits.

  9. Remplacer la commission par un abonnement entre 30 et 60€ (pas sympa pour les producteurs) ? Une levée de fond collaborative (c’est sûr, quand on ne peut pas trouver des fonds ailleurs…) ? Bref, ça sent le sapin cette histoire 😉 On en reparle dans quelques mois…

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