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Le Bon coin, Spotify, Deezer : vers la généralisation du freemium

Ces derniers jours deux actualités font débat dans le domaine du « tout gratuit ». Voici un petit rappel des faits.

Article rédigé par Stéphane Mialon, consultant web marketing chez un éditeur de logiciels spécialisés

Ces derniers jours deux actualités font débat dans le domaine du « tout gratuit ». Voici un petit rappel des faits.

LeBonCoin.fr payant pour les professionnels

‎Décidément, il n’y a pas que la musique en ligne qui réponde à l’appel des sirènes du payant. Le numéro 1 des petites annonces devient effectivement payant… pour les professionnels, principalement pour ceux de l’automobile et de l’immobilier.

Les premiers étaient habitués à utiliser Lacentrale.fr et les seconds, Seloger.com pour les services payants. Il faudra donc s’affranchir de frais d’insertion alors que jusque là cela était gratuit.

La pilule va être difficile à avaler pour ceux-ci, habitués à diffuser leurs annonces gratuitement, et qui vont donc désormais devoir revoir leur budget marketing. Les frais d’insertion paraissent au premier coup d’œil peu onéreux, mais sur des volumes importants, notamment les véhicules d’occasion ou les biens immobiliers, cela peut vite alourdir un budget.

Pour les professionnels de l’automobile, il existe même une offre « Pack Auto » qui permet de diffuser automatiquement leurs annonces depuis leur logiciel de gestion interne. Pour les professionnels de l’immobilier, même chose, pour chaque annonce, il faudra passer à la caisse.

Au niveau du paiement, l’offre payante fonctionne par un achat de crédits, donc d’un volume d’annonces et non pas par un règlement par annonce, comme c’est le cas pour les particuliers.

Il faut cependant relativiser l’impact de ce changement car aujourd’hui il semble difficile pour ces professionnels de passer outre le dépôt d’annonces sur Leboncoin. C’est sans nul doute, l’un des meilleurs apporteurs d’affaires sur le marché et il semble évident que la rentabilité sera toujours là pour eux sur ce site.

Spotify & Deezer : même combat

Tous les deux en partenariat avec Universal Music concernant un accord de licence sur les offres gratuites de streaming musical, le premier et numéro un européen a décidé d’aller dans le sens de la major du disque, en limitant l’écoute à 10 heures par mois et en limitant le nombre d’écoutes du même morceau à 5 par mois. Le deuxième, acteur français, tarde à accéder aux demandes d’Universal, quitte à être poursuivi en justice. Deezer a en effet limité la durée d’écoute à 5 heures par mois. Cela ne convient pas à Universal qui le fait savoir. Cela ne convient pas aux aficionados de la plateforme de streaming française et ils le font savoir aussi !

Universal souhaiterait que Deezer fonctionne de la même manière que Spotify en limitant le nombre d’écoutes du même morceau, ce que ne semble pas vouloir faire Deezer. La communauté de Deezer n’a pas tardé à réagir sur le blog de la plateforme française. Ceux qui consomment en effet beaucoup de musique se sentent lésés, voire trahis. (note d’Eric : Deezer s’est fendu d’un communiqué de réponse sur son blog, qui semble n’avoir pas vraiment convaincu)

D’un côté, Universal qui ne veut plus du tout de gratuit, de l’autre les Internautes qui ne veulent pas payer pour écouter de la musique en ligne et au milieu des plateformes qui s’efforcent de ménager la chèvre et le choux pour offrir de plus en plus de meilleurs services ! N’oublions pas les artistes pour lesquels il devient difficile de survivre face à tout cela.

Bref, une équation pas simple à gérer. On dirait que le modèle économique 100% gratuit a pris un peu de plomb dans l’aile, non ?

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Par : Opera
28 commentaires
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  1. En effet les faux sites gratuits commencent à se démocratiser sur le net. Même si j’avoue que sur Le Bon Coin ça me choque moins dans la mesure ou c’est les professionnels qui sont concernés, c’est pas comme les particuliers qui postent occasionnellement c’est plus un outil de travail.

  2. Débat difficile! (surtout pour la place des artistes) Mais face à l’évolution des technologies, il serait bon de repenser tout le système de l’industrie culturelle. En lieu et place, les anciens barons (labels) tentent de survivre, en sacrifiant le dialogue avec le consommateur. Difficile de nous en vouloir, à l’heure où le moindre est à deux clics gratuits! Comment concilier tous les intérêts, mais surtout ceux du public et des artistes, la réponse reste à trouver. Certainement pas en bridant des services très populaires, en tout cas…

  3. Même le freemium a du plomb dans l’aile, s’il est mal employé.

    En effet, le freemium ne peut pas être un modèle économique pérenne s’il y a des royautés importantes (c’est relatif bien sûr) à verser à des ayants droit, qu’il s’agisse de la diffusion de musique, de films, de programmes TV, de livres, de jeux vidéo etc.

    Soit le montant des royautés diminue pour devenir compatible avec le fait que seulement 2 à 5% en moyenne des utilisateurs d’un service freemium deviennent des clients payants, soit le service doit trouver un autre modèle économique pour rémunérer les contenus qu’ils distribue. C’est exactement ce que l’on constate avec Spotify et Deezer.

    Le freemium marche quand il s’agit d’un service sans contenu externe, c’est à dire que soit le contenu vient de l’utilisateur – Facebook, Twitter… – ou quand le service est purement technique – DropBox, Google Docs… – avec juste des coûts d’infrastructure qui croissent moins vite que le trafic généré etc.

  4. Pour moi le pire reste quand même Viadeo qui te braque une fois que tu as un profil professionnel à peu près à jour et un réseau pas trop ridicule…

  5. La problématique entre le bon coin et les autres est différente. Le bon coin a gagné le droit en france de faire ce qu’il souhaite (le temps que les internautes continuerons à suivre…), spotify et deezer sont encore sur une économie à construire.

  6. Le freemium est une technique de marketing qui marche très fort..
    Il n’y a qu’à voir dans le marché des sites pour adulte l’argent que rapportent les tubes US.
    Encore un point où la France est terriblement en retard je trouve..

  7. Spotify et Deezer n’étaient pas tout à fait gratuit.

    En effet, sur Spotify, j’avais une publicité tous les 4 ou 5 morceaux. A la radio, ce doit être équivalent.

    J’aurais une question. Spotify ne payait-il pas les droits demandés par les majors ?? Si c’est le cas, pourquoi Universal vient foutre son nez dans ses affaires ? Souhaitent-t-ils augmenter les droits demandés ? S’attendent-ils à des retombées suite à ses restrictions (i.e. plus d’achat de MP3 ou CD) ?

  8. Moi ce qui me choque dans la démarche de ses sociétés, ce n’est pas qu’ils soient payant, mais c’est qu’ils habituent et obligent, en quelque sorte, l’internaute a une situation facile, et ensuite des que l’habitude est née, on passe au tout payant (oui parceque 5h pour deezer, c’est sans doute une blague).

    Que le site soit payant des le debut, aucun probleme c’est un modele economique qui reussi dans pleins de domaines sur internet, contrairement a ce que l’on dit. Non le problemes, c’est X années d’un modele gratuit et du jour au lendemain, basta et on passe tout payant.

    “On dirait que le modèle économique 100% gratuit a pris un peu de plomb dans l’aile, non ?” => je pense pas, ce sont ces sociétés qui prennent du plomb dans l’aile, pas le modele 100% gratuit; lui reste très bon pour beaucoup de sociétés pérennes, tout comme le modele 100% payant, ou le 50%payant + 50% pubs(gratuit).

    Apres tout cela est bien, cela va redynamiser l’expansion de nouvelles sociétés dans ces domaines. Deezer va peu a peu disparaitre et une autre société fera son apparition, ils en profiteront pour recruter les gens de Deezer et hop pas de perte d’emploi, juste des choix stratégiques vicieux sanctionnés.

  9. En effet, ces sites cherchent encore un business plan viable et ne sont pas encore rentables. C’est le problème de nombreuses startup. Commencer par une offre gratuite c’est bien mais après il faut trouver un moyen de faire rentrer des sous sans faire partir les clients.

  10. En d’autres termes : le modèle économique financé à 100% par la pub est-il viable ?
    Difficile à dire !
    Dans de nombreux cas, le modèle sur base sur une grande communauté d’utilisateurs, sensée attirer les annonceurs. Certes, l’intérêt des annonceurs est une fonction croissante du nombre d’utilisateurs… mais en général, les coûts le sont aussi ! (capacité de stockage, bande passante…).

    A supposer que les revenus dépassent les coûts, il faut pour que le modèle soit viable, que les revenus augmentent au moins autant que les coûts… belle équation à résoudre ! 🙂

    Je me pose une question : YouTube a-t-il gagné de l’argent en 2010 ? A priori, ce n’était toujours pas le cas en 2009…

    Leboncoin n’a, à mon avis, pas grand chose à voir avec Spotify et Deezer, tant en termes de contenu, d’audience, que d’utilisation de bande passante.

  11. Il est normal que les sites évoluent vers ce type de modèle. La publicité en ligne n’est pas assez rentable sur le long temps pour couvrir les licenses d’exploitation dans le cas de Deezer et Spotify.

    Concernant Le Bon Coin, c’est effectivement devenu un site incontournable, il est donc logique qu’ils cherchent à améliorer leur rentabilité.

  12. Je comprend pas cette manie du tout gratuit ?! Vous pensez que c’est gratuit de créer, que c’est gratuit pour deezer&co de mettre en ligne cette musique ? Pensez vous que c’est gratuit pour Universal de proposer sa musique gratuitement même si Deezer&co payent ils doivent perdre !
    Donc c’est à l’utilisateur de faire un effort budgétaire !
    Et puis 5 heures par mois c’est pas mal gratuitement…
    Et Youtube propose aussi les musique gratuitement via leurs clips

  13. pour savoir si le modèle du gratuit financé par la pub n’est pas pérenne dans la musique, attendons que Google vienne y faire un tour ^^

    pour ma part, compte supprimé sur Deezer.

  14. Moi ce que je ne comprends pas, c’est cette idée qu’on les gens que tout peut être gratuit.
    Des grosses sociétés (Google) nous le font croire, alors on estime que cela devrait être la même chose pour tout le monde.
    Si vous aimez conduire, vous payez de l’essence
    Si vous aimez voyager, vous payez le train ou l’avion
    Si vous aimez vous distraire au cinéma, alors vous payez votre entrée
    Donc pourquoi si vous aimez écouter de la musique sur internet, vous ne payerez pas ce droit ?

  15. @ Clément : C’est du 100% payant qu’on peut tester gratuitement pendant 5h, mais pour un usage quotidien cette durée est ridicule.
    Pour le reste, je suis (et bien d’autres comme moi) trop habitué à la gratuité pour m’en passer, surtout que quelques alternatives légales existent encore.

    Et puis la quasi-oxymore “industrie culturelle” me hérisse le poil.

  16. Je viens de retrouver un veille article de 2005 sur PN le pdg du uni.

    “On apprend beaucoup de choses dans l’excellent article d’Emmanuel Berretta paru dans Le Point sous le titre : “Pascal Nègre à plein tubes”. Notamment que malgré la crise du disque et l’augmentation constante des échanges de musique peer-to-peer, Universal Music France n’a jamais perdu d’argent. Et pour cause, 50 % de ses revenus ne proviennent plus des ventes de CD. On apprend également que les cadres de l’industrie du disque française continuent à percevoir des salaires royaux, alors que des plans sociaux massifs ont touché le secteur et que nombre d’artistes ont été remerciés.

    “Le moindre patron de label, du style Mercury, Barclay, Polydor… émarge à 30 000 euros par mois alors que, honnêtement, ce sont de petits business”, indique un ancien cadre de l’industrie musicale cité par Le Point. Il confie : “Il y a quelques années, EMI France cherchait son dirigeant. Un chasseur de têtes m’a proposé le job pour 61 000 euros par mois, 183 000 euros de bonus annuel, plus un tiers du pack en stock-options tous les trois ans. Vous imaginez combien de disques il faut vendre pour payer le salaire du patron ?”

    Un salaire mensuel de 83 330 €

    Aujourd’hui, le poste de P-dg d’EMI France est encore à pourvoir. Les chasseurs de tête le proposent à un million d’euros de salaire annuel, hors stock-options bien sûr. Si vous avez un bon CV… A 40 € près, c’est le salaire perçu par le patron d’Universal Music France (83 330 euros par mois), qui n’a d’ailleurs pas démérité en tant que P-dg, en parvenant à maintenir sa boutique à flot malgré les intempéries. L’article du Point détaille comment.

    Seul hic, son bonus annuel s’est effondré avec les ventes de disques. Lorsqu’on sait que ce bonus peut représenter jusqu’au trois-quart des revenus des dirigeants de l’industrie (voir mon post du 25 février dernier, qui évoque la rémunération perçue par les dirigeants de Warner Music Group), on comprend que Pascal Nègre – qui possède deux maîtrises (de mathématiques et de philosophie) et a commencé sa carrière comme DJ sur Ouest FM – ait une dent contre les “pirates”.

    la suite http://www.afrolatino.net/p-2051-Pascal-Negre-Universal-Music-France-La-Face-Cachee–83-330-e-De-Salaire-Mensuel—Bonus.htm

  17. Pour spotify et deezer, le scénario était écrit d’avance ! On appâte un maximum d’internautes en proposant des services gratuits, on les laisse s’habituer au service puis on annonce que cela devient payant ! Pour le bon coin, cela semble justifié que les professionnels paient la visibilité du site.

  18. Ce débat n’est pas facile, par contre lorsque l’on connaît le prix d’une publicité afficher sa marque ou son produit (avec une bannière) dans la rubrique de leur choix, on peut se poser la question s’il est vraiment légitime de faire payer pour déposer des annonces. De plus, pour ce type de site “gratuit”, plus il y a d’annonces, plus il y a de visiteurs et donc automatiquement un plus grand nombre d’affichages des publicités… A méditer.

  19. La formule du freemium est un mal obligatoire aujourd’hui. Il s’agit de la seule méthode efficace pour arriver à un modèle économique viable. La publicité c’est bien beau, mais ce n’est pas une base solide sur le long terme. Je ne suis donc pas choqué par la décision de Le Bon Coin, Spotify ou encore Deezer.

  20. Sujet très intéressant. Ca me rappelle la manière dont la société Free a trouvé la formule gagnante : commencer par une formule gratuite qui fidélise les clients, pour passer progressivement à une formule payante. Le Bon Coin, Spotify et Deezer ont adopté la même démarche. C’est d’ailleurs la seule qui peut fonctionner pour arriver à un modèle économique juste, permettant à terme d’améliorer le service proposé aux visiteurs.

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