Passer au contenu

Le Bureau des Légendes : parmi les meilleures séries au monde

Découverte sur le tard d’une série exceptionnelle : Le Bureau des Légendes. Grosse envie de partager ce coup de cœur.

Il était plus que temps que je consacre un long article (sans spoiler !) à une série française et pas n’importe laquelle : Le Bureau des Légendes. Si je l’ai choisie, c’est tout simplement parce qu’elle le mérite.

Je n’ai jamais été un grand fan de séries françaises, mais il y a quand même des exceptions notables comme Kaamelott évidemment, mais aussi Irresponsable et dans une moindre mesure Hero Corp. En gros, des séries humoristiques très réussies.

Enfin une série dramatique au niveau de la concurrence américaine

Mais, pour la première fois avec le Bureau des Légendes, j’ai pu me plonger avec autant voire plus de plaisir dans une série dramatique française que dans certaines des toutes meilleures séries américaines.

Si vous découvrez la série, le Bureau des Légendes traite de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure, la DGSE et plus particulièrement du service des officiers du renseignement qui infiltrent sous couverture des pays étrangers.

Niveau casting, on retrouve Mathieu Kassovitz en tête d’affiche, mais aussi Sara Giraudeau, Zineb Triki ou encore Jean-Pierre Darroussin, ils sont tous excellents, mais je reviendrai sur ces personnages tous plus humains les uns que les autres.

Vous l’aurez compris, le Bureau des légendes est une série d’espionnage, mais sa particularité réside notamment dans un traitement bien plus réaliste que la moyenne des fictions du genre.

J’en entends parler en bien depuis des années et je me suis dit qu’il était grand temps de rattraper mon retard. Après avoir avalé 30 épisodes, le résultat c’est que j’ai été emporté grâce à un scénario, une réalisation et une interprétation de très haut niveau.

Du coup, j’ai hâte de me lancer dans la saison 4 qui vient de débuter ce 22 octobre, et qui est déjà disponible en intégralité sur myCANAL.

Le Bureau des Légendes, c’est pas un peu chiant ?

Vous vous demandez sans doute ce qui m’a autant convaincu dans le Bureau des légendes, et peut-être si ce ne serait pas typiquement le genre de série un peu “chiante” à regarder. Pour répondre à ces questions, je dois d’abord souligner que je ne suis pas spécialement fan du genre espionnage et que j’ai pourtant accroché très rapidement.

Comme vous devez commencer à le savoir, j’accorde énormément d’importance à deux éléments qui sont essentiels à mes yeux dans une fiction, à savoir le scénario d’une part et l’investissement émotionnel de l’autre.

Mon besoin et mon envie de qualité ont été comblés dans les deux cas et l’image qui définit le mieux cette série à mes yeux est celle d’une pépite d’or camouflée sous une légère couche grise d’austérité.

Le Bureau des Légendes, c’est de l’anti bling-bling, c’est la richesse des intrigues dans des situations faussement quotidiennes, et des passions intenses sous le masque de calme des visages. Les scénarios de la série sont vraiment en béton armé, enfin je devrais plutôt parler de travail d’orfèvre étant donné la complexité des fils d’or qui s’entrecroisent.

Rassurez-vous, si j’ai décidé de ne rien dévoiler de l’intrigue, c’est tout simplement parce que ceux qui regardent la série savent déjà tout ça et surtout parce que j’ai vraiment envie de convaincre tous les autres de la regarder !

Un scénario riche, précis, redoutable

Dès la première saison, on découvre une mécanique qui va proposer deux trames narratives en parallèle. J’ai de suite eu une préférence pour celle tournant autour de Malotru, le pseudonyme du personnage de Mathieu Kassovitz, mais au fur et à mesure, je me suis investi dans celui de Sara Giraudeau et c’est avec une véritable jubilation qu’on découvre comment les deux trames se rejoignent pour former un ensemble encore plus excitant.

Évidemment, pour qu’il y ait une histoire intéressante, il faut des problèmes et là vous pouvez y aller les yeux fermés, Malotru va en avoir jusqu’au coup des problèmes et plus si affinités. C’est un délice de voir se refermer sur ce personnage des pièges qu’il a parfois lui-même amorcés, d’autant que cet officier est un peu une légende parmi les légendes.

Pourquoi je parle de légende au fait ? Justement, c’est l’occasion pour expliquer ce titre plutôt accrocheur et mystérieux, qui résume parfaitement la dynamique de la série, qui s’inscrit dans la gestion ordinaire et presque bureaucratique de situations totalement extraordinaires.

La légende, c’est la couverture d’un officier infiltré. C’est toute la fausse identité qu’il doit tenir coûte que coûte pour ne jamais compromettre non seulement lui-même et sa mission, mais surtout la boîte, c’est-à-dire le service de renseignement, dans lequel la loyauté est la première des valeurs mises en avant.

Tous ces clandestins, au nombre de 9 dans la série, portent des noms de code choisis parmi les insultes du Capitaine Haddock. Quand j’ai compris que le patron du service s’appelait  “Moule à Gaufres”, rien que pour ça, j’ai déjà eu envie de crier au génie. Personnellement, je me verrais bien en bachi-bouzouk…

Donc scénario aux petits oignons, pas d’incohérence qui vient tout gâcher, je vous dis, c’est de l’horlogerie suisse.

Des émotions justes pour emporter le spectateur

J’en viens à mon second ingrédient essentiel, celui de l’implication émotionnelle, sans laquelle la plus jolie des mécaniques ne trouverait jamais ce petit supplément d’âme qui fait les grands films et les grandes séries.

Vu le bien que je vous en dis depuis le début de cet article, oui, évidemment, j’ai trouvé cette âme dans la série et c’est sans doute ce qui m’a le plus agréablement surpris. Non seulement les personnages sont attachants dans leur humanité avec sa noblesse comme ses bassesses, mais surtout il y a l’histoire poignante entre Guillaume, Malotru si vous préférez et Nadia El Mansour, interprétée par la super classe Zineb Triki.

D’ailleurs, quand on fait une recherche internet sur le casting de la série, je trouve hallucinant que cette actrice ne soit pas davantage mise en avant. Elle est excellente dans un rôle délicat.

Évidemment, leur histoire n’est pas la seule source d’émotion, elles sont multiples et je pense que vous vous retrouverez comme moi à enchaîner les épisodes dans l’urgence de découvrir ce qui va arriver à tel ou tel personnage.
Au passage, je dois quand même dire un mot de la BO de la série, discrète, subtile, entêtante, vraiment très réussie.

Dans les deux cas, scénario comme émotion, le tout repose aussi énormément sur les seconds rôles de la série, tous plus excellents les uns que les autres. Je pourrais m’arrêter sur tous, mais, pour ne rien spoiler, j’ai envie de parler d’Henri Duflot incarné par un Jean-Pierre Darroussin au top de sa forme.

Des acteurs excellents (pour de vrai !)

Apparemment, les cravates flashy et de mauvais goût portées par le personnage ont été inspirées par ces petits détails qu’Éric Rochant, le showrunner et son équipe ont pu retenir de leurs rencontres avec les gens de la véritable DGSE.
Ces cravates ne sont qu’un détail dans le foisonnement d’humanité qui ressort de ce sous-directeur sous pression qui fait office de figure paternelle pour l’ensemble du service.

Un sens du détail qui participe à la richesse cachée du Bureau des Légendes, comme lorsque Henri Duflot va manger un hamburger à la cantine le lendemain d’avoir souligné qu’on pouvait voir dans cet aliment un indice éventuel de proximité avec les services américains.

Bon j’avoue, hors contexte, c’est un exemple un peu con, mais on retrouve cette précision au cœur des intrigues qui comptent.

Dans un autre registre, on a Artus par exemple qui rejoint le casting en saison 3 avec un personnage qui apporte une forme de légèreté qui fonctionne d’autant mieux dans un contexte ultra tendu et sérieux.

Ce scénario de haut vol et ces émotions bien présentes sont d’autant plus appréciables que la série parvient à s’inscrire dans une forme de réalisme qui ne concède jamais rien à la puissance dramatique. D’ailleurs, si vous souhaitez aller plus loin sur la question du réalisme de la série, il existe déjà une vidéo intéressante que lui a consacrée la chaîne Talks with a Spy.

La tension prime sur le spectaculaire

Au niveau des éventuelles faiblesses de la série, certains pourraient éventuellement lui reprocher un certain manque au niveau des fameuses scènes d’action.

De ce point de vue, on peut dire que la saison 2 propose déjà une nette ouverture avec davantage de scènes d’extérieur à l’étranger et plus seulement à Paris. D’ailleurs, ces passages, notamment situés au Moyen-Orient, sont mis en valeur par une excellente photographie.

Pour ce qui est du manque d’action, je pense qu’au contraire, la rareté de ces scènes s’inscrit dans la cohérence du scénario et en conséquence, lorsque la violence survient, son impact s’en trouve décuplé.

Vous l’avez compris, je vous recommande sincèrement le Bureau des Légendes. Elle fait partie de mes gros coups de cœur dans les découvertes séries de ces derniers mois, au même niveau par exemple qu’un Peaky Blinders dans un genre différent.

Une série à voir et même à soutenir

Comme j’ai eu l’occasion de le dire dans une récente interview, il ne faut pas sous-estimer la création française et heureusement qu’il existe de trop rares séries comme le Bureau des Légendes pour venir en compétition directe avec ce qui se fait de mieux chez les anglo-saxons.

On m’a déjà parlé de Versailles par exemple, une autre création originale sur Canal+ et j’espère que ce type de contenu de très haute qualité va pouvoir se multiplier, mais pour ça il faut aussi que le public soutienne ces créations en sachant être au rendez-vous et leur faire de l’audience. Vous savez ce qu’il vous reste à faire.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech

10 commentaires
10 commentaires
  1. Super article ; cette série est vraiment intéressante à suivre.
    La saison 4 est excellente (peut-être même la meilleure) et nous fait nous poser des questions sur les dilemmes humains : sacrifier une personne pour protéger sa couverture, mentir constamment pour aller plus loin dans l’infiltration, mettre en danger une autre légende au service de la mission, jusqu’à penser abandonner une légende devenue peut-être trop encombrante…
    Un vrai bijou !

  2. Je confirme ! Excellente série. C’est un voyant le premier épisode de la saison 4 que j’ai eu envie d’en savoir plus et je viens de voir en 1 semaine toute la saison 1 et la moitie de la S2
    Un des points forts que vous avez juste effleuré est le montage. Le fait de ne pas avoir un récit linéaire, mais plutôt des histoires qui s’entrecroisent, des flash back qui viennent nous éclairer sur quelques détails importants donne un rythme soutenu. On ne s’ennuie pas une seconde.

  3. Très bon article qui encense une série d’exception, j’adore, rien à voir avec ces séries américaines comme “24h” qui vous tenais en haleine, mais bourrée d’invraissemblances. Une série française de très haut niveau.

  4. c’est un peu mou quand meme !! j’aime pas l’action pour l’action ou les effets speciaux quand ils ne sont pas au servide du film mais les 50 min d’un episode sont longues .. un comble pour une serie.

  5. En effet bon article qui je l’espère donnera envie a ceux qui ne l’on pas encore vu.
    Pour ceux qui apprécient, je recommande de voir le film les patriotes d’Éric Rochand avec Yvan Attal. Une réalisation franco israelienne si je me souviens bien. Surement le meilleur film d’espionnage tourné à ce jour pour moi. Loin des films bling bling.

  6. Moi aussi je me suis précipité sur les 3 saisons que j’avais manquées en apprenant qu’une saison 4 d’une série Française, très attendue, allait sortir.
    Je n’ai pas été déçu du “voyage”, et moi aussi j’ai été subjugué par la qualité et la précision chirurgicale du scénario. Tout fini par s’expliquer même le plus petit détail intrigant. Tous les personnages finissent par devenir attachants.
    Chapeau aussi à l’article qui contribuera sûrement à faire découvrir cette série exceptionnelle.

    PS: juste un petit détail qui m’a fait sourire : Malotru ouvre à deux reprises, à des jours d’intervalles son frigo et la disposition de son contenu est identique (position des crèmes liégeoises…), mais ce détail doit s’expliquer par le fait que les 2 scènes ont été tournées dans la foulée

  7. Je suis en train de découvrir le BDL !
    Terriblement, effroyablement addictif !
    J’ai avalé la Saison 1 ce we et je compte les heures pour attaquer la saison 2 dès ven. Pb: à ce rythme dans deux semaines je serai en manque d’une saison 5 !
    On est très loin de l’univers hypertechno d’Hollywood. C’est vraiment de la très belle ouvrage, une série parfaitement réalisée, avec un casting sans aucune fausse note !
    Mon personnage préféré: Marie-Jeanne.
    Un regret: que Daroussin ne soit plus des saisons 3 & 4.

  8. “…pas d’incohérence qui vient tout gâcher…”, heu…si. Plein d’incohérences.
    1) pour 1 personne sur le terrain c’est toute une équipe en back.
    2) on ne s’improvise pas agent de terrain comme ça, sur un coup de tête. On ne peut pas la veille faire du renseignement documentaire à Mortier et le lendemain prendre un billet d’avion pour faire des filatures en Turquie ou tenter d’infiltrer Daech.
    3) le petit génie de l’informatique qui traficote les téléphones des années 2015 un jour, qui le lendemain est chargé d’un interrogatoire musclé pour tester les capacités de résistance psychologique d’un agent qui s’apprête à partir sur le terrain, et une autre fois teste des explosifs dans son petit bocal informatique en prenant bien soin de protéger son matos avec des bâches en plastique…là c’est le pompon. ça m’a rappelé Q dans James Bond qui présente ses nouveaux gadgets en costume 3 pièces alors qu’un gars en blouse blanche derrière son dos est en train de tester un mortier !
    4) le bureau des légendes semble vivre en autarcie. La DGSE ne dispose certainement de moyens suffisants pour que ses services disposent d’un dispositif de gros bars pour les filatures, d’une équipe d’expert IT, d’un spy, etc. Tout cela est très certainement mutualisé et transverse.

    Néanmoins j’ai passé de bons moments.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *