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Le cimetière des startups : les crises se suivent, mais se ressemblent-elles ?

Ah le web et ses budgets faramineux, ses startups flamboyantes, la folie des grandeurs, les levées de fonds opérées sur la foi d’un simple concept foireux…

Ah le web et ses budgets faramineux, ses startups flamboyantes, la folie des grandeurs, les levées de fonds opérées sur la foi d’un simple concept foireux assorti d’un vague business plan “pour rassurer les financiers”…

Et les retournements de situation, quand la crise pointe le bout de son nez crochu, que le retour à la raison siffle la fin de la récré : plus dure sera la chute.

Cnet a récemment publié une enquête sur le plus gros bides du web, de la bulle des années 2000 à nos jours, en comparant le concept d’origine des sites ayant failli avec leurs héritiers actuels, n’omettant pas au passage d’évaluer quand c’est possible le montant du cash brûlé dans la mésaventure. Coeurs sensibles et adeptes du bas de laine ne lisez pas ce qui suit, vous démarreriez très mal votre semaine.

JenniCam (1996-2004; precurseur de Justin.tv)

Boo.com (1998-2000; precurseur de Next.co.uk), peut-être la faillite la plus grotesque et la plus démesurée, qui restera un vrai symbole d’une certaine folie financière. Boo.com, une boutique en ligne de… fringues, avait déjà dépensé plus de 100 millions d’euros avant d’avoir encaissé la première livre de chiffres d’affaire. Je me souviens avoir suivi ça en direct, les bureaux fastueux, l’équipe dirigeante constituée de jeunes bobos prétentieux qui passaient sûrement plus de temps chez l’esthéticienne et devant les photographes qu’aux commandes de leur boîte, tout cela sentait tellement l’échec programmé par excès de vanité que ça en était caricatural et finalement assez pitoyable.

Heat.net (1997-2000; precurseur de  Xbox Live, PSN), la première communauté de gamers en ligne, disparue corps et biens après que Sega eut décidé en 2000 de fermer le site.

Nupedia (2000-2003; precurseur de Wikipedia)

Webvan (1999-2001, precurseur de Tesco.com), une épicerie en ligne qui prétendait tout fracasser sur son passage et devenir le WallMart du web. Résultat, faillite retentissante, le site ayant brûlé pas moins de 1,2 milliard de dollars et viré 4500 employés en un temps record de deux années seulement.

Beenz (1998-2001), la première tentative de monnaie virtuelle sur le web. L’idée était peut-être bonne, mais le web étant déjà immatériel, je n’ai jamais compris à quoi pouvait servir Beenz car je ne voyais pas l’intérêt d’ajouter du virtuel au virtuel. Encore un concept fumeux parti en fumée.

Pets.com (1998-2000; precurseur de PetPlanet), la boutique en ligne d’accessoires et nourriture pour animaux, qui elle aussi brûla tellement de cash qu’il ne lui fallut que 2 ans pour se rammasser.

AudioGalaxy (1998-2002; precurseur de BitTorrent et autres sites Torrent)

Stage6 (2006-2008; precurseur de Veoh.com), une faillite “contemporaine” qui prouve que même en 2008, même après le recul et l’expérience acquise avec la première bulle, on peut encore lancer des concepts ne générant aucun chiffre d’affaire alors que sur la ligne des frais fixes on a 1M$ qui partent en fumée chaque mois rien que pour la location de la bande passante dédiée à la diffusion de vidéos en HD…

Alltheweb et autres moteurs de recherche. Qui se souvient encore de Hotbot, Altavista ou encore Allthe web ? Pas grand monde, et pourtant certains avaient du potentiel, à une époque ou Google était encore un bébé. J’utilisais pour ma part Alltheweb qui fournissait à mon sens de loin les meilleures réponses.

Bien sûr il est toujours facile de juger après, et d’expliquer pourquoi tout cela n’a pas fonctionné, mais l’histoire de l’économie vient nous rappeler sans cesse une règle implacable en matière de marketing : on a toujours tort d’avoir raison trop tôt. La plupart de ces startups et de ces sites détenaient en eux les germes de concepts qui plus tard allaient fonctionner.

Ils avaient juste un défaut de trop : la folie des grandeurs.

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Opera One - Navigateur web boosté à l’IA
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Par : Opera
31 commentaires
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  1. Et si certains de ces échecs étaient pour ainsi dire “programmés” ?
    On profite de la bulle spéculative pour monter une boîte bidon, on la démonte dès que la bulle pète, puis on se tire avec la caisse en laissant les employés sur le carreau ?
    Est-ce vraiement de l’incompétence, ou un stratagème pour s’enrichir ?

  2. Bonjour,

    Partir avec la caisse c’est aussi se verser des salaires disproportionnés tant qu’il y a de l’argent.

    J’en profite Eric, même si ce n’est pas le lieu, pour savoir pourquoi sur ton blog tu n’as pas réagit à ce qui s’est passé avec France 5 et les commentaires qui s’en sont suivis? J’aurai aimé connaitre ton point de vue.

  3. Désole. Je n’avais pas lu ton dernier commentaire sur la note concernée. Je ne vais pas épiloguer sur le sujet car tel est ton souhait

  4. On peut aussi parler des star up qui n’ont pas encore coulé mais qu’on a un peu trop vite monté en flamme. L’exemple typique reste Linden avec second life, qui devait révolutionner notre manière d’aborder internet (voire notre vie) et qui au final restera un épisode parmi d’autres.

  5. Pour AudioGalaxy c’était pour moi l’un des tout meilleur site pour la découverte musicale, un mix entre last.fm / torrent / iLike / … Vraiment innovant et simple d’utilisation.

    Pas vraiment un bide pour moi, mais le coté “pas trop légal” de la chose à du pousser à couper le service.

  6. les salaires dans les starts up sont normalement approuvés par les investisseurs

    s’ils valident n’importe quoi, c’est leur faute. Personne ne part avec la caisse puisque les responsables ont approuvé avant…

  7. Ben officiellement, stage6, c’était juste expérimental, pour tester le lecteur DivX à grande échelle… D’où la fermeture, au bout d’un moment qu’une simple expérimentation commençait à coûter cher. Ils n’avaient a priori pas l’intention d’en faire un véritable site de partage de vidéo sur le long terme ! Mais bon, ce n’est que la version officielle, après tout…
    Et boo.com, c’est pas le fameux site lancé entièrement en flash à l’époque ou tout le monde avait que du 56k ? C’était magnifique, ça :p

  8. Quand tu dis précurseur cela veut dire que il y a echec sur la premiere entreprise mais que la suivante à les meme nom ? auquel cas cela ne serait pas un echec ? juste une manip comptable avantageuse

  9. Il y a eu un site à l’époque qui se fichait de ces starts-up et avait mis en ligne un générateur automatique de business plan qui était assez rigolo.
    Tout cela illustre l’adage : “Quos vult perdere, Jupiter dementat”

  10. Eric,
    Je trouve que cette dernière phrase résume parfaitement bien le problème : “La plupart de ces startups et de ces sites détenaient en eux les germes de concepts qui plus tard allaient fonctionner.

    Ils avaient juste un défaut de trop : la folie des grandeurs.”

    Les sites qui ont fonctionné sont ceux qui ont eu la sagesse de monter progressivement, ou d’attendre patiemment que la crise passe en faisant le gros dos avec des effectifs réduits. Mais cela demande une sagesse et une maturité que nombre de jeunes entrepreneurs de la net économie n’avaient pas en 2000 (et n’ont toujours pas en 2008 pour certains…).

  11. Cela dit, mon opinion étant que la sphère parisienne a une sale habitude : copier son voisin. Au lieu d’innover, chacun tente de grappiller un bout du gâteau jusqu’aux dernières miettes.
    Résultats : ben c’est le sujet de ce billet …

  12. Boo, c’est le site sur lequel j’ai acheté une veste North Face a 210F..grâce à un bon d’achat de 200F qui avait été envoyé a tout les abonnés a leur newsletter !

    A noter que les dirigeants adoraient prendre le concorde pour faire des meetings a NYC…on comprend mieux comment le cash a été brûlé aussi vite.

  13. Arg, t’es un peu sévère la je trouve. Bon ok pour Boo.com … Je pense que pour bien comprendre comment cela fut possible, il faut absolument se replacer dans les années 2000. Pour ceux qui ne l’ont pas encore vue, je ne peux que vous obliger de regarder cette extraordinaire vidéo en prolongement de ce billet:

  14. Article très intéressant, et tu analyse très bien tout ça.

    Clairement, il y a des gens qui ont oublié de réfléchir de façon pragmatique avant de se lancer dans l’aventure. Faire des levés de fonds hallucinantes en ayant encore aucune idée de la façon dont on va monétiser son service.

    Il y en a eu beaucoup à cette époque, et malheureusement, je suis pas complètement certain que ce ne soit pas encore le cas, non ?

  15. Une startup se crée au bon moment avec une gestion correcte des fonds alloués par les investisseurs 🙂

    Avec la crise, il va y avoir le ménage dans toutes ces startups non rentables!

  16. c’est à cause de ces débiles que le monde va si mal.
    au lieu de jeter l’argent par la fenêtre… il faut être malade ou avoir si peu les pieds sur terre. le problème c’est que malgré la crise financière, ça continue toujours.

    vivement que Besancenot et les gaulois moustachus Bové et l’autre bobo écolo prennent le pouvoir et fassent la révolution.

    non mais !

  17. Je ne vais pas revenir sur les commentaires ni sur la manière dont les start-up ont pratiqués le cash-burn. Mais il est dommage que certaines se soient planté, que cela soit au niveau des idées mais aussi du nom, ainsi :
    Boo.com pour le nom ;
    Heat.net pour le nom et le créneau ;
    Pets.com : idem.
    En bref, un véritable gachis.

  18. Il reste le moteur Exalead qui selon moi a un gros potentiel.

    Tu as oublié la grosse blague : Megaglobe, qui s’est transformé en Megaflop

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