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Les Entreprises face au défi de l’Open Innovation

Innover n’est plus une option. Pour cela nos entreprises doivent s’ouvrir sur le monde extérieur et ne plus se contenter de ses ressources internes. Hackathon, Incubateurs, Think Tank. Comment s’ouvrir pour innover ? Réponse…

L’innovation est une composante essentielle de nos entreprises. Pour se lancer, un entrepreneur part systématiquement d’un élément différenciant, souvent une innovation, qui lui permettra de sortir du lot et idéalement de devenir un géant dans son secteur. Avec le temps, cet esprit s’estompe au fil de la croissance de l’entreprise et de l’alourdissement de ses processus. La stature de l’entreprise lui permet toutefois d’avancer en roue libre.

Avec l’émergence du numérique et des changements que cela induit, cette période semble révolue. Développer une marque forte ne suffit pas. La concurrence ne se situe plus toujours où vous voulez bien la voir. Une pluralité de nouveaux acteurs voient le jour et viennent remettre en question l’ensemble des modèles. De nouvelles possibilités techniques entraînent en effet une marche en avant spectaculaire, donnant lieu à des produits et services révolutionnaires, car inattendus. Encouragée par l’expansion du numérique, la bonne idée n’attend que la suivante. Un schéma évident pour ces nouvelles structures agiles et avec peu d’historique, cela demande toutefois une véritable transformation interne pour les grands groupes et une ouverture sûr de nouveaux écosystèmes parfois inconnus ou négligés. Cette nouvelle manière de gérer l’innovation, s’appelle l’Open Innovation et vous n’avez pas fini d’en entendre parler.

De nombreuses études viennent d’ailleurs appuyer le fait que cette transformation digitale est indispensable. Selon une étude Capgemini Consulting et le MIT Center for Digital Business, les entreprises matures sur le digital sont en effet 26% plus profitables que la moyenne de leur industrie, génèrent 9% de revenus supplémentaires par employé et sont mieux valorisées par les marchés financiers. Chaque entreprise pourrait donc devenir une entreprise technologique et chaque budget deviendrait un budget IT. Selon Gartner (étude d’avril 2014) 3 800 milliards de dollars vont être consacrés cette année au numérique dans les entreprises du monde entier. Mais attention, cet investissement ne doit pas se limiter à des expérimentations en interne. Consommateurs, partenaires, écoles, designers, startups… tous ces acteurs doivent être appelés à collaborer pour aider l’entreprise à évoluer dans le bon sens. Tout démarre évidemment par une prise de conscience des décideurs, premiers profils à sensibiliser sur l’importance d’adopter un modèle coopératif. Le marketing et l’innovation sont alors portes drapeaux de ces changements indispensables pour l’entreprise. Les RH jouent quant à elles un rôle pivot puisqu’elles sont en charge de dénicher les talents capables d’adopter ces nouvelles méthodes de travail et de former les collaborateurs existants.

HACKATHON, INCUBATEUR, CENTRE DE RÉFLEXION… POUR SOUTENIR L’INNOVATION DES GRANDES ENTREPRISES

La logique voudrait que l’incubateur ou le lab soient réservés aux entreprises du secteur des technologies, comme Microsoft et son projet Spark, espace de co-working ou Orange et son incubateur basé en France, aux Etats-Unis, en Pologne et au Japon. Or, aujourd’hui ce sont tous les grands groupes qui considèrent la technologie (numérique) comme un avantage compétitif.

Certaines créent leur laboratoire, à l’image de Pernod Ricard qui travaille sur des innovations de rupture, avec une équipe de sept personnes regroupées au sein du BIG: Breaktrough innovation group. Cette entité vient de concevoir un bar connecté, au nom de code : Gutenberg. Plus de bouteille, les alcools maison sont conservés dans des récipients rechargeables de 75 cl de la forme d’un livre, installés sur une plateforme reliée à Internet.

De son côté, Air Liquide a lancé fin 2013 le i-Lab, un laboratoire « des nouvelles idées » pour contribuer à accélérer l’innovation et explorer de nouveaux marchés. Ce laboratoire est à la fois un think-tank et un « corporate garage » pour le groupe. Il applique des méthodologies d’innovation centrées sur les usages du consommateur final tout en s’assurant de la faisabilité technique des idées et d’une première approche de leur viabilité économique. Connecté à l’écosystème mondial de l’innovation, le i-Lab a également pour vocation de nouer des partenariats avec des start-ups.

A l’inverse, certaines entreprises préfèrent externaliser leurs laboratoires. Cela s’opère souvent en association avec des labs existants ou, plus surprenant encore, des agences comme Ogilvy. Depuis 2007, ses bureaux de New York, Tokyo, Londres, Beijing, Singapour, Sao Paolo et Paris disposent de leur Labs, qui développent leurs propres projets, tout en expérimentant avec d’autres bureaux dans le monde. La finalité est évidemment d’allier le métier historique de l’agence la communication avec les technologies et cela dans une optique servicielle. Le laboratoire français a par exemple travaillé sur un peigne connecté pour Dove avec Londres et une raquette connectée pour Babolat avec le startup français Aerys. La différence avec les autres laboratoires réside dans sa structure. En effet, une dizaine de personnes travaillent pour le Lab, mais pas à temps plein. L’idée étant de capitaliser sur des profils hybrides, aux doubles compétences.

Les entreprises qui souhaitent disrupter leur produit en s’ouvrant sur des acteurs externes, sont également de plus en plus nombreux à lancer leur Hackathon. Ce terme ne vous parle peut-être pas ou alors vous inspire une pratique illégale. Rassurez-vous, il ne s’agit pas ici de pirater en un temps-record un concurrent, mais bien de plancher pendant 36 à 48h avec des communautés externes sur l’évolution de l’un de vos services ou produits. Après un pitch durant lequel la marque dévoile sa problématique au public de développeurs, designers et autres marketeux, différentes équipes se forment pour apporter des solutions concrètes souvent basées autour d’une API. Tout comme les labs, les hackathons ont d’abord été l’affaire d’entreprises technologiques. Google, Microsoft ou encore Facebook y recrutent depuis des années de jeunes prodiges capables de résoudre l’un de leur problème en un temps-record. Timidement, les marques ont commencé à se greffer à ces manifestations, d’abord comme partenaires et dans une optique de communication.

Aujourd’hui, Pernod Ricard, Somfy ou encore le Crédit Agricole font parti des premières marques à avoir confié à une communauté certaines de leurs problématiques “connectées”. Le 27 mars dernier, ce sont les équipes digitales internationales de trois marques de L’Oréal qui ont lancé leur “Hack Day”, pour penser et créer des applications mobiles pendant 1 journée. L’occasion idéale pour révolutionner un secteur qui manque cruellement de nouvelles idées et d’applications innovantes, mais aussi pour dénicher des talents susceptibles d’accéder à l’incubateur Connected Beauty, rattaché à la direction Recherche & Innovation de L’Oréal. Vous l’aurez compris, les marques sont de plus en plus nombreuses à collaborer avec des startups pour améliorer certains processus ou lancer de nouveaux produits. L’étape suivante consiste effectivement à les héberger au sein de son propre incubateur ou accélérateur. C’est ce que fait L’Oreal, qui vient de sortir un premier projet, l’application Makeup Genius qui permet aux consommatrices de tester des produits de maquillage en se servant de leur mobile ou de leur tablette comme d’un miroir virtuel.

C’est également le cas de l’équipementier Nike et son accélérateur de startups « Nike+ Accelerator »  créé en collaboration avec TechStars. Le rôle de Nike est ici de soutenir, par cycle, 10 jeunes entreprises technologies, ceci dans le but de développer des produits destinés aux athlètes basés sur l’API Nike+. Un support financier de 20.000 dollars est attribué à chaque entreprise, en plus de moyens matériels nécessaires et d’un kit de développement de softwares. Les startups sont par ailleurs suivis par des mentors internes à Nike, ou externe comme des investisseurs ou startupers chevronnés. Certaines jeunes pousses y ont déjà fleuri à l’image de Fitdeck, Gofitcause et Chroma.io. Pour l’accompagner dans sa démarche, Nike a pu compter sur R / GA,  à l’origine de la plateforme sociale favorite des runners, j’ai nommé Nike +. Cette collaboration entre la marque et son agence est à mon sens l’une des plus prolifique puisque cette démarche ne peut plus être considérée comme du simple marketing, c’est devenu la façon dont la société conduit son business et sert ses consommateurs. L’agence est par ailleurs à l’origine  du premier accélérateur au monde dédié aux périphériques connectés. Elle y exploite le réseau de mentorat de TechStars et cela dans le but d’expérimenter avec ses principaux clients, dont Nike.

En France, nous pourrions aussi citer les incubateurs de la SNCF, L’Express, Crédit Agricole ou encore EDF…

PARTIR À LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX ESPACES POUR STIMULER SON SENS DE L’INNOVATION

Dans les cas de figure présentés, ce sont systématiquement les grandes entreprises qui immergent les acteurs extérieurs (startups, universitaires, etc.) dans leur univers. Pourtant l’ouverture c’est aussi et avant tout se rendre dans de nouveaux espaces pour s’imprégner de leur atmosphère. C’est ce qu’expérimente NUMA, espace de co-working parisien avec son programme « Start » adopté par la SNCF, RCI Banque ou encore Airbus. Depuis le mois de mars, une centaine de jeunes managers d’Airbus participent à ce programme de développement commun, animé par les équipes RH d’Airbus Group et Numa.

Répartis en 20 groupes, ces managers prometteurs doivent bâtir collectivement un projet, en mode “open innovation”. L’objectif, pour Airbus Group, est évidemment de faire germer des idées porteuses, mais aussi et surtout de changer les mentalités en faisant entrer l’esprit de startupeur au sein de ses équipes.

CONCLUSION

Du Crowdfunding au FabLab, d’autres manières de profiter de l’ « intelligence collective », que nous aurions pu aborder dans cet article, existent. L’essentiel est de retenir que pour rester performant dans cette course toujours plus rapide à l’innovation, l’ouverture est la meilleure des solutions. Cette Open Innovation n’a toutefois de sens que si l’entreprise concernée parvient à constituer un dialogue avec les acteurs qu’elle souhaite impliquer, et d’y adapter les outils. C’est en collaborant ensemble, en échangeant savoirs et compétences, que la transformation digitale s’opérera.

L’ensemble de ces sujets doivent devenir une préoccupation pour les décideurs de votre entreprise. Pour vous accompagner dans cette transition, nous avons décidé d’organiser le 13 juin à Paris, un événement centré sur ces sujets. Ce « HUBDAY Future of Products » réunira entrepreneurs, marques, designers, chercheurs et autres experts. Si vous avez lu cet article jusqu’au bout c’est évidemment parce que le sujet vous intéresse. Donc n’hésitez pas, découvrez le programme et inscrivez-vous : ici.

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