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Libérons l’enseignement !

(billet rédigé par Deeder) L’enseignement, c’est d’abord le partage des connaissances, la transmission de savoir de pair à pair, soit unilatéral dans le cas de cours…

(billet rédigé par Deeder)

L’enseignement, c’est d’abord le partage des connaissances, la transmission de savoir de pair à pair, soit unilatéral dans le cas de cours magistraux, soit bilatéral dans de nombreux autres cas. Echanger un savoir et échanger des données, c’est, lorsque l’on y réfléchit, un peu la même chose. Essayez d’imposer un copyright sur vos idées, elles ne se répandront pas. Que faire alors ? Pensez libre !

Photo : Tableau de classe – François Jourde (avec son autorisation)

Vous avez dit “libre” ?

Le libre, tout le monde en a plus ou moins déjà entendu parler, notamment grâce au logiciel libre qui se matérialise sous les traits d’un Firefox ou d’un OpenOffice. Mais le quidam de service qui n’utilise pas ce logiciel pour son caractère libre, mais plutôt pour sa gratuité (courante mais pas obligatoire), ne sait pas à quoi réfère ce qualificatif obscure. Définissons le rapidement :

Un logiciel libre est caractérisé par 4 libertés fondamentales :

  • Liberté 0 : la liberté d’exécuter le programme (peu importe ce que l’on désire en faire)
  • Liberté 1 : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme  (en consultant le code source)
  • Liberté 2 : la liberté de redistribuer des copies (gratuitement ou non, selon les licences) ;
  • Liberté 3 : la liberté d’améliorer le programme et de publier ses améliorations (grâce à la modification du code source)

Le déploiement du logiciel libre

Les avantages de ces logiciel sont nombreux et certains l’ont bien compris : faible coûts de mise en place, garantie de pérennité grâce à l’aspect social de ces logiciels qui fédèrent souvent une communauté plus ou moins étendue d’utilisateurs, évolutivité, modularité, etc. D’ailleurs, la fonction publique (notamment la gendarmerie ainsi que les administration) s’y met peu à peu depuis quelques années. On voit également de plus en plus souvent des établissements de l’Education Nationale déployer ce genre de solutions sur leurs postes.

Mais ce n’est pas suffisant et cette action devrait être complétée par le remplacement quasi-systématique des logiciels utilisés dans le secondaire et dans le supérieur par des équivalent libres. Au delà de permettre à l’étudiant d’installer à son tour et d’utiliser chez lui les mêmes logiciels que ceux qu’il utilise dans son lycée ou son université sans avoir à s’affranchir des frais engendrés par l’achat d’une licence généralement très onéreuse, l’usage d’une alternative libre permet à l’étudiant d’acquérir une plus grande dextérité avec l’outil informatique et de développer sa connaissance et sa maîtrise de tels logiciels. Cela permet également de ne pas avoir à se soucier des problèmes d’interopérabilité et de pouvoir terminer chez soi un travail commencé dans l’établissement scolaire.

Cependant le rôle de l’Education Nationale ne se borne pas à la popularisation des outils libres mais doit également s’étendre à l’initiation des élèves à une notion qui leur est inconnue. En plus de mieux connaître le logiciel qu’il utilise, l’élève ainsi sensibilisé aux droits et devoirs de l’utilisateur du logiciel libre peut les exercer en tout état de cause et pourquoi pas prendre part au phénomène communautaire qui sévit autour de son logiciel préféré selon ses compétences, aussi minimes soient elles, du développement à la simple rédaction de documentation.

Au delà du logiciel…

Le libre, ce n’est pas que du logiciel, loin de là ! C’est aussi de l’art avec, par exemple, de la musique libre (http://www.jamendo.com/fr/) ou encore des documents (photographies, images, vidéos, livres, etc) partagés avec une licence laissant certains droits supplémentaires à l’utilisateur, tels des droits de reproduction et de modification. Ainsi l’initiation au libre n’est autre qu’une nouvelle incitation au respect du copyright et des droits d’auteurs. En sensibilisant les élèves à ce mode de publication, ils sauront dépister les contenus libres et les contenus propriétaires et sauront donc mieux utiliser les sources nécessaires à leur exposé, mémoire ou que sais-je encore.

J’irais encore plus loin, en demandant aux professeurs une implication directe dans le domaine du libre en publiant leurs supports de cours sous licence libre, afin de permettre aux élèves de combler une lacune ou compléter un cours incomplet  ou encore de permettre à d’autres professeurs de comparer leur supports à d’autres existants de manière à fournir à leurs élèves un document de meilleure qualité et plus complet.

On peut facilement imaginer des services d’une “Education 2.0”, avec un annuaire regroupant tous les supports de cours mis à la disposition, ou encore avec la mise à disposition de livres éducatifs libres : des manuels scolaires à faible coût disponibles en téléchargement au format PDF à tout moment pour permettre à l’étourdi ayant oublié son manuel de faire ces exercices de maths pour le lendemain.

Conclusion

Bref, si l’Education Nationale a encore un grand bout de chemin à faire pour intégrer en son sein les progrès apportés par les nouvelles technologies, le libre pourrait permettre de faire un premier pas en avant. De l’installation de logiciels libres à la subvention de projets libres tout en passant par l’initiation à la culture tout aussi libre, les possibilités d’action sont tout aussi nombreuses que les avantages qui en découleraient. Avantages notamment économiques, mais également pratiques et bien entendu, culturels.

Monsieur Chatel, amis de l’Education Nationale, à bon entendeur, salut ! 😉

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Par : Opera
45 commentaires
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  1. Le libre devrait s’imposer ‘naturellement’ dans l’Education Nationale pour les raisons que vous avez cité… mais il y des résistances et des lobbies. Prenons le point d’orgue de l’utilisation d’une suite bureautique… et bien aujourd’hui encore l’administration paye à tout va quantité astronomiques de licence estampillées Microsoft (avec nos impôts), c’est toujours le produit officiel… imaginez pour communiquer avec les enseignants… qui eux se mettraient bien volontiers à OpenOffice, ils le font déjà avec leurs élèves… bref même si les compatibilités s’améliorent les envois se font encore bien souvent en triple exemplaire finit bien souvent en Pdf (format non éditable). Pour créer une dynamique forte, il suffirait, je crois, que l’administration de l’E.N. montre l’exemple (comme l’a déjà fait le ministère de l’agriculture ou la gendarmerie) : lobby ou résistance ?

  2. Je suis actuellement en école de commerce, ou nous pouvons retrouver l’intégralité des cours donnes sur une base de données accessible pour tous les élèves. Et de l’avis de tous, cette méthode ne nous pousse absolument pas à travailler, bien au contraire. Beaucoup de professeurs affirment que l’assiduité en classe représente déjà 80% du travail. Malheureusement lorsque nous savons que quoi que nous fassions en classe, un cours complet sous format PDF ou Powerpoint nous attend tout beau tout propre, il est très difficile de trouver la motivation nécessaire. Si dans les formations post-prépa cette méthode crée déjà tant de dégâts, je ne préfère pas imaginer l’impact qu’elle pourrait avoir dans le cycle secondaire.

  3. lepetch> ce que tu exposes est un tout autre débat, si les élèves ne saisissent pas la richesse de l’interaction (enseignement basé sur l’échange entre le professeur et les questions des élèves) et la lecture d’un cours (enseignement unilatéral). Tant pis pour eux !

    L’enseignement, le partage des connaissances ne doit pas être basé sur le chantage (si tu ne viens pas en salle, tu n’auras pas les cours) ou la dissimulation.

    Pour ma part, je suis aussi pour l’ouverture des connaissances, accessibles par tous, l’humanité dans son ensemble n’évoluera que plus vite et j’espère pour le mieux.

  4. > lepetch: Attention, quand je dis “supports de cours”, je ne veux pas dire “cours”. J’ai eu des professeurs qui travaillaient beaucoup avec des supports de cours incomplets. Sous la forme de textes à trous, d’énoncés avec seulement une piste de réflexion et non pas la solution entière ou alors uniquement des formulaires condensant l’essentiel du cours sans être totalement exhaustifs, etc. Je parle également de feuilles d’exercices, de DM ou de TD, etc : il faut rester pédagogue et trouver le bon compromis pour impliquer les élèves et leur permettre de rester actif tout en gagnant du temps. Ca c’est le boulot des profs que d’inventer ce genre de modèles d’enseignement et certains y arrivent très bien.

    > Steph09 : Effectivement, mais l’utilisation de suites bureautiques libres tend à se démocratiser dans de nombreux établissements qui réalisent les économies que l’adoption de telles solutions alternatives leur permet de faire. Je pense que la temps va permettre la généralisation progressive de cette démarche.

  5. Ravi de trouver ce genre d’article sur presse-citron! C’est par une mauvaise connaissance du libre que le propriétaire reste ancré dans les habitudes (avec tout son lot de défauts liés à sa conception/philosophie).

    A consulter pour trouver son bonheur dans les logiciels libres: http://www.framasoft.net/

  6. Thibault > C’est parce que je suis étudiant que l’éducation est un domaine qui m’importe. J’ai toujours tenté d’étudier ses failles et de trouver d’éventuelles solutions.

    Quant au libre, je suis fasciné depuis de nombreuses années par ce phénomène socio-politique et technologique qui est toujours en pleine croissance et dont l’avenir est prometteur.

    L’analogie entre les deux domaines était ensuite facile : les deux partis ont à y gagner et le principal bénéficiaire d’un tel rapprochement ne serait autre que le citoyen. 🙂

  7. La liberté est celle du choix. Il faut pouvoir faire un choix en connaissance de cause. On doit apprendre les alternatives du choix. Tant au niveau des OS qu’au niveau des logiciels. Imposer Linux dans les écoles, je n’en vois pas l’intérêt non plus. Où est la liberté ?

    Pour chaque cas, l’utilisateur doit être capable de choisir ses logiciels et découlant de là son OS. En effet, le choix d’un OS (excepté pour des développeurs) dépend des applications dont on a besoin.

    Prenons la photo. Il existe Photoshop et GIMP. GIMP n’est pas encore suffisament étoffé et ergonomique pour remplacer photoshop. Donc pour des étudiants en photos, leur choix se limite à MacOS et Windows (exit UNIX, Linux, BSD, …).

    Ce qu’il faut dans l’EN, c’est apprendre à choisir et à ne pas utiliser les solutions toute faite. Apprendre à penser par soi-même.

    Mais dire il faut absolument passer au libre juste pour passer au libre n’a aucun intérêt.

    Autre exemple, choisir entre Open Office et MS Office, l’avantage est au produit de Microsoft. Par contre, poser le débat entre TeX et MS Office est plus intéressant. Exit l’usine à Gaz de Redmond pour faire place à un soft plus léger et capable de tenir la charge pour de gros documents (par contre pour juste faire quelques courriers, Wordpad est suffisant).

    Just my $.02

    Sauron

  8. J’ai tout de même dû relire plusieurs fois ma barre d’adresse pour m’assurer qu’il s’agissait bien de Presse-Citron. J’ai d’abord cru à une tentative de fishing 🙂 Pas trop l’habitude de lire ce genre de billet ici, il faut l’avouer.

  9. Certes le libre présente certains avantages, mais il ne faut pas non plus nier la nécessité des logiciels propriétaires (qui pour certains n’ont pas d’équivalents/de concurrents sérieux libres).

    La part du libre augmentera probablement avec les années, mais je ne crois pas du tout à un “tout libre” (je ne parle que de l’aspect logiciel du billet).

  10. @Emmanuel : si le fait d’avoir plusieurs rédacteurs te fait croire que Presse-citron est devenu un site de phishing, c’est gênant quand même 🙂

  11. Je comprends que l’on veuille améliorer la qualité de l’enseignement, en favorisant notamment la distribution des cours sur des supports plus adapter aux nouveaux usages.

    Je comprends également que l’on dénonce le fait que l’administration ne parvienne que trop rarement à s’affranchir de systèmes couteux tels que Windows (même si personnellement les postes informatiques de ma fac étaient équipés de Open Office et non de Microsoft Office).

    Toutefois je trouve très populiste de défendre le tout gratuit, le tout libre, sans proposer un modèle économique viable permettant la rémunération de l’ensemble des opérateurs, particulièrement celle des auteurs. Encore un billet qui se moque royalement des auteurs, des éditeurs, et qui oublie les centaines de milliers de personnes vivant grâce à l’industrie culturelle.

    Il arrive fréquemment que le maitre de ces lieux s’offusque de la reprise de ses billets sur d’autres sites (et ce sans son autorisation). Je le comprends tout à fait. Mais à la lecture de ce billet je me demande finalement si dans une logique “d’échange de savoir et de données”, Presse-Citron ne pourrait pas faire l’objet d’une distribution sous licence libre, afin de partager son contenu avec l’ensemble des sites intéressés (je ne le souhaite pas pour ma part).. Histoire de voir si Eric pourrait encore vivre de son blog…

  12. Complètement d’accord sur le principe de passer au libre dans l’enseignement. Étant instit’ je fais du “lobbying actif” passer à une solution linux dans mon école.
    D’autre part, concernant les logiciels et le partage de savoir-faire entre enseignants, j’ai, pour le primaire, dans mes cartons un projet de site collaboratif proposant des tutoriels orientés vers des applications concrètes pour la classe ou la réalisation d’outils pour le maître. Si des amateurs passent par ici…

  13. Sauron > Attention, que l’on ne me prête pas des mots que je n’ai jamais eu. J’ai énoncé ici les avantages du libre dans l’enseignement, mais je n’ai jamais ouvert le débat entre le propriétaire et le libre. J’utilise au quotidien les deux et je suis bien conscient que tout logiciel propriétaire n’a pas son équivalent en libre. Ceci dit, je suis tout à fait d’accord quand à dire que la liberté est d’abord celle du choix. Et pour ceci, il faut donner à l’utilisateur les moyens de choisir, principalement en leur montrant l’existence de l’alternative. 🙂

    Nero > Je découvre Moodle et en effet, cela semble intéressant et bien conçu.

    Cerium > Voir ma réponse à Sauron ci-dessus.

  14. Il est évident que s’il y a un cours sous forme écrite, voir même vidéo, il n’y a plus de raisons de maintenir un cours magistral. Donc, il faut clairement supprimer le cours magistral et le remplacer par un cours beaucoup moins long, allégé, ou ce seront surtout des questions qui seront posées au prof, et ou le prof traitera éventuellement des points qui posent problème d’habitude.

    Du coup, on a deux choses :

    1) Maintenir un cours magistral alors qu’il y a un cours écrit, ça pompe sur le temps que les étudiants pourraient passer par ailleurs à étudier le cours écrit (on n’a pas le temps de tout faire). Et puis, ça ne sert alors plus à rien d’aller en cours magistral, vu qu’il y a exactement la même chose dans le cours dactylographié. Certain diront qu’ils retiennent mieux un cours oral. Ben qu’on fasse des vidéos alors.

    2) Et en plus, le fait qu’il y a un cours écrit fait que les étudiants sont moins attentifs en cours magistral.

    Donc, vu que le cours magistral est clairement moins productif que le cours écrit (obligé de prendre des notes en même temps qu’on écoute le cours. Donc mauvaise attention), c’est clairement le cours magistral qui doit passer à l’as. D’ailleurs, c’est à ça que sert le fait d’écrire le cours magistral sur cahier (quand il n’y a pas de cours écrit par ailleurs). Ca sert à pouvoir réviser le cours. Si le cours magistral suffisait, personne n’éprouverait le besoin de l’écrire.

    D’ailleurs, les gens qui défendent le cours magistral pour des raisons de meilleure mémorisation orale, je ne les aient jamais vu enregistrer le cours avec un micro. Donc, c’est un argument assez bidon.

  15. Excellente nouvelle que de voir une telle problématique abordée dans Presse-Citron !

    Mais, comme on dit chez Wikipédia, cela manque un peu de sources 😉

    Permettez-moi alors de prêcher pour ma paroisse et d’évoquer “quelques” articles récents du Framablog dont c’est justement l’un des sujets de prédilection (le fait que je sois simultanément enseignant et à l’initiative du réseau Framasoft doit y être pour quelque chose).

    – Si rien ne bouge en France dans les cinq ans je demande ma mutation à Genève
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/07/27/education-et-logiciel-libre-suisse-1-france-0
    C’est le billet du jour. Quand le canton de Genève montre le chemin avec l’objectif ambitieux de migrer tous les postes élèves sur GNU/Linux avant 2013.

    On pourra également voir ce reportage vidéo sur le déploiement de la suite bureautique libre OpenOffice.org à l’école suisse.
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/06/11/microsoft-office-education-stop-ou-encore

    En Angleterre, ils ne sont pas en reste non plus :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/02/03/angleterre-logiciel-libre-education-bbc
    Avec ce site de profs spécialement dédié à l’open source :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/01/21/quand-le-site-opensourceschools-montre-la-voie-a-suivre

    L’année dernière nous avions fait l’effort de traduire ce rapport officiel britannique qui exprimait publiquement ces doutes quant à la pertinence d’utiliser Windows Vista et MS Office dans un environnement scolaire, mais nous n’avons pas réussi à créer le débat :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/06/26/vista-ms-office-2007-rapport-becta-extraits

    A ne surtout pas comparer avec la situation française sous peine de profonde déprime.
    Et pourquoi la situation française est quelque peu déprimante ?

    Parce qu’on peut tranquillement dire aux jeunes enseignants que si “Apple et Microsoft s’immiscent dans l’éducation c’est en tout point positif !”
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/06/27/apple-microsoft-education-saine-concurrence-ou-propagande

    Parce que Microsoft y exerce une influence disproportionnée :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/12/10/microsoft-education-influence

    D’ailleurs ils ont même obtenu un prix marketing pour cela !
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/02/17/microsoft-education-marketing

    Notez bien que Google aussi sait faire sa petite propagande quand il le faut :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/03/26/google-education-kit-pedagogique

    Sans oublier également les éditeurs de logiciels éducatifs, toujours prompts à discréditer le libre si il le faut :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/05/20/debat-autour-des-arguments-du-logiciel-proprietaire

    Et puis force est d’admettre qu’on ignore totalement en haut lieu les “ressources éducatives libres” et que le ministère se trompe de modernité en étant tout content d’annoncer son petit compte Twitter ou son groupe Facebook :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/06/29/academie-en-ligne-cours-ete-education-nationale

    Et pour rester dans les ressources, regardez un peu la situation orwellienne dans laquelle sont placée les enseignants lorsqu’ils souhaitent utiliser en classe des “œuvres protégées”. En gros soit on ne les utilise pas, soit on se met dans l’illégalité.
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/12/05/oeuvres-protegees-copyright-et-education-nationale

    Il faut dire que ces quelques conseils à la neutralité plus que douteuse sur un site officiel d’éducation expliquent un peu mieux la mentalité ambiante :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/01/05/educnet-ou-les-droles-de-conseils-de-l-education-nationale
    Exemple (à propos des ressources libres) : “Il est déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.”

    Pourtant on tente bien d’informer de temps en temps : “Les licences Creative Commons expliquées aux élèves”
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/03/11/education-b2i-creative-commons

    Des élèves, dont certains sont aux avant-postes :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/04/02/entretien-avec-un-lyceen

    Heureusement que sur le terrain, les profs d’en bas ne s’en laissent pas toujours compter :
    – Le lycée Sud Médoc de Bordeaux
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/04/18/atelier-logiciels-libres-au-lycee-sud-medoc-de-bordeaux
    – L’école Jean-Macé d’Hazebrouck
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/04/19/salle-informatique-linux-ecole-jean-mace-hazebrouck
    – Quand un collège décide de favoriser le logiciel libre à l’unanimité
    http://www.framablog.org/index.php/post/2008/12/17/logiciels-libres-priorite-college

    Je vous invite également à lire cet article qui fait la synthèse de la situation :
    – Numérique, droit d’auteur et pédagogie
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/04/09/numerique-droit-d-auteur-et-pedagogie-archambault

    Et pourquoi pas aussi tant qu’on y est (et pour finir, ouf !) une interrogation sur le fait d’enseigner ou non l’informatique en tant que telle à l’école (pour le moment elle n’est qu’un simple outil) :
    http://www.framablog.org/index.php/post/2009/01/17/informatique-education-outil-discipline

    Oups, vraiment désolé d’avoir fait si long. Ce commentaire fait un peu “link bombing” mais vous comprendrez que cela me tient vraiment à cœur. Et puis les occasions ne sont pas si fréquentes de sortir du cercles des lecteurs fidèles et initiés pour éventuellement toucher un nouveau public (celui docte et vaste de Presse-Citron) sur un sujet qui nous concerne tous.

  16. Ce sujet m’intéresse car je suis responsable informatique dans un établissement scolaire allant de la maternelle au lycée.

    Le libre a vraiment du mal à percer dans l’éducation nationale surtout pour la simple raison que les professeurs (ou maitres des écoles, instituteurs comme vous voulez…) ne savent pas que cela existent. Un certains nombre sont proches de la retraite et refusent d’entendre parler d’informatique, d’autres ont été formatés à l’aide des PC vendus en grande surface et n’échangeraient contre rien au monde le couple Windows/MSOffice. Les choses s’améliorent avec l’arrivée des jeunes profs qui ont la culture informatique mais même si l’utilisation de l’outil est plus simple la connaissance de choses comme le libre est loin d’être évidente.

    De plus même si l’on a un adepte de Linux dans l’enceinte de l’école, il n’est pas concevable de passer les postes sous Unix sous peine de perdre la majorité et de se retrouver avec une rébellion sur les bras 😉 je me contente pour ma part de passer certains serveurs sous Linux mais là encore la plupart des logiciels métiers (notes, cantine, compta…) ne tournent que sur du Windows. Une solution pour serveur libre est proposée par l’éducation nationale pour ce qui est serveur de données, firewall… sous le nom “Eole” mais malheuresement je n’ai pas pu le tester.

    Il ne faut pas oublier que le tout libre n’est qu’une utopie car certains logiciels libres ne sont pas au niveau (comme photoshop/Gimp cités précedemment mais aussi Excel/Calc).

    D’autres sont tellement implantés en France que c’est quasiment du monopole. Je pense en particulier au logiciel pour les CDI “BCDI” développé par le CNDP (ou CRDP je ne sais jamais) de Poitiers. Il est devenu au fil des ans largement majoritaire dans toute la France et en même temps le prix me semble augmenter au fur et à mesure sans avoir derrière une qualité ou un service en conséquence. Les professeurs-documentalistes se sentent rassurés de savoir que les établissements autours ont le même logiciel alors qu’il existe de très bonnes alternatives libres.

    Le point le plus important resterait la formation des enseignants lors du CAFEP/CAPES sur le logiciel libre pour qu’ils puissent réenseigner ces connaissance à leurs étudiants. Enfin je pense que de véritables cours d’informatique ne seraient pas un luxe car même si la mise en place du B2I est une bonne chose des profs non spécialisés dans cette discipline ne seront jamais assez pointu.

    Pour tout ceux que cela pourrait intéresser j’ai créer un site pour les responsables informatiques (mais d’autre peuvent être intéressés) http://informatique-education.free-h.net

    @Mika : Si tu ne connais pas je te conseille le site Framasoft pour trouver les logiciels. Pour les contenus il existe pas mal de sites qui en proposent par contre il faudra attendre que je retourne au boulot car là je suis en Vacances ^^

  17. Il en faut pas oublier que le libre existe parce qu’il a un modèle économique viable. Donc, vouloir que l’enseignement passe au libre, c’est vouloir que l’enseignement investissement soit en argent soit en temps (donc en argent) dans le libre.

  18. Truffo > Bien évidemment, c’est d’ailleurs ce que j’explique (brièvement, j’en suis conscient) dans l’article : l’Etat fait des économies, mais en échange doit financer le libre ou la création de nouveaux outils tels un annuaire des ressources pédagogiques, ou même investir dans la création de manuels scolaires libres de droits.

  19. Billet intéressant, toutefois parler de l’enseignement est une chose relativement complexe. De quel côté te places-tu ?

    Pour moi, libérer l’enseignement, c’est d’abord désemprisonner les enseignants 😉

    Je m’explique : la valeur du logiciel dit “libre” est très bien décrite dans ton papier, mais le fait de reconnaître cela implique d’avoir des instituteurs, professeur de collèges et de lycées déjà dotés d’une culture du “libre”, donc l’ayant eux-même vécus en l’expérimentant (chez eux, par ex)

    Un petit exemple personnel : je fais parti depuis 5 ans de la commission informatique dans l’école de 2 de mes enfants. J’ai voulu imposer Firefox et Open Office (ancienne version, hein) sur les vieux PC des classes… ça tournait super bien.

    2 ans après, les maîtres et maîtresses avaient réinstallé IE et Office 2003 dessus !
    Les raisons de ce choix ?
    1) IE et Office : “on a les mêmes à la maison, c’est plus connu”, réponse qui entraîne le point suivant,
    2) Une des institutrices a fait un gentil courrier à Microsoft France leur demandant de bien vouloir faire un geste pour leur établissement scolaire et HOP, bingo ! on vous envoie un master avec des licences en nombre pour le prix d’envoi d’un CD…

    Une note d’optimisme : il faut savoir que l’Education Nationale, via le rectorat et d’autres organismes et instances régionales publics et privés, vont dans ton sens. J’en sais quelque chose au travers des efforts qu’Apple concède pour essayer de vendre sa Classe Mobile dans les écoles de France… et, même pour Apple, le terrain est miné. Les appels d’offres et cahiers des charges des administrations commencent à s’ouvrir très largement et très clairement à ce genre de demande.
    Oui, la révolution sociale du libre arrive, j’espère juste que nos chères têtes blondes auront des maîtres et maîtresses à la hauteur de nos espérances informatiques !

  20. Aka > Merci pour les liens, même si ça fait un peu beaucoup d’un coup. 😉

    Jowy & Pag > En effet, l’initiation du libre aux élèves pré-suppose une formation initiale des enseignants à ces outils. On ne peut prêcher pour des outils que l’on n’utilise/ne maîtrise pas soi-même. Et là il y a beaucoup de chemin à parcourir. S’il est facile d’apprendre à utiliser un logiciel lorsque l’on n’en connait aucun, il est beaucoup plus difficile de faire switcher un utilisateur vers un autre logiciel s’il est déjà habitué à utiliser un équivalent de ce dernier. C’est pour ça qu’il faut agir dès aujourd’hui en intégrant une telle formation dans la formation initiale de la nouvelle génération de professeurs. 🙂

  21. @Deeder : tu prêches un converti, ma femme a fini (et réussi !) cette année sa formation de Professeur des Ecoles et je te confirme donc que le monde du libre n’est pas encore arrivé jusqu’à eux… 🙁

  22. [IE et Office : « on a les mêmes à la maison, c’est plus connu »]
    C’est le point clef du problème ! Utiliser un ordinateur avec les produits familiers dessus remplace n’importe quel choix pour un admin… Moins de dépannage…

    Les efforts de MS pour proposer Office ou d’Adobe pour la CS sont très importants.
    Il y a 3 ans, la CS d’Adobe coutait à mon ancien employeur moins de 150 €…

    Quant aux étudiants qui s’orientent vers la PAO, demandez leur de passer à du libre alors que leurs futures boites sont accrochées à Xpress (ou Indesign) ,Illustrator et Photoshop… Ils en rient encore !

  23. Bon article de fond.

    L’éducation a muée à partir du moment où l’Internet a été adopté par les jeunes. Aujourd’hui, un jeune / étudiant utilise comme source principale le Web pour travailler.

    C’est d’ailleurs la recherche d’informations qui est le plus utilisé par les jeunes / étudiants sur le Web, devant le chat et les vidéos.

    Malheureusement, en France nous sommes très en retard (ministère de l’éducation) pour fournir des étudiants pertinents sur Internet (ca va peut être changer avec le plan numérique de Pecresse).

    Chez Media Etudiant on essaye d’apporter ces outils depuis 4 ans, en les fournissant gratuitement pour que l’accès soit libre à tous.

    L’éducation sur Internet va se développer fortement dans les mois à venir (merci la fibre pour le elearning notamment), néanmoins, il faudra veiller à ce que les nouveaux outils restent accessible à tous (payant / gratuit), et ca ce n’est pas gagner…

  24. Heureuse initiative de Presse-Citron que de délaisser pour un instant les causeries high-tech.
    Le débat “libre versus propriétaire” suscite toujours de la passion comme en témoigne le billet et les commentaires largement argumentés.
    Dans l’enseignement supérieur, le libre occupe une part de plus en plus grande. Un certain nombre d’universités ont un E.N.T. (espace numérique de travail)de type libre. Le serveur pour le e-learning est généralement basé sur Moodle avec une communauté très active.
    Dans mon université, de plus en plus d’enseignants proposent leurs cours et leurs activités sur la plate-forme pédagogique. Le podcast émerge tout doucement.
    Bientôt tous les étudiants de licence auront préparé et peut-être obtenu le C2i. Dans ce certificat (que doivent maintenant posséder les candidats à l’IUFM), la connaissance et la pratique des logiciels libres sont requises. Donc tous nos futurs maîtres d’école et professeurs prêcheront en faveur de l’open source.
    La culture de l’informatique et parallèlement du libre
    progressent dans l’enseignement. Mais attention, ne tombons pas dans l’illusion béate que le numérique résolve à lui-seul l’acte d’enseigner (@ Henri : le cours en présentiel et la prise-de-notes sont plus importants que tu crois).

  25. @uluru : AMHA, l’ENT n’est pas toujours aussi libre qu’on ne le croit, puisqu’on part toujours d’un OS et de quelques solutions soft propriétaire.

    Juste pour préciser mon propos, je connais bien l’exemple de l’université Lyon 2 qui a créé cela sur une plateforme Mac (tribute to Alex Bonucci), le tout enrobé de podcasts et d’autres soft “full Apple” mais avec une ouverture intelligente vers l’Open Source, grâce aux passerelles de Mac OS X Server qui accepte les services Apache, MySQL, PHP…

    Du coup ils ont eu droit à une belle page web sous l’onglet “Success Story” dans le site d’Apple :
    http://www.apple.com/nz/education/profiles/lumierelyon/
    (bizarre, je viens de voir que les sources graphiques de la page ont disparu).

  26. Je me permets de citer encore un exemple concernant Apple, le dernier en date, puisque la ville de Montélimar qui vient de signer avec Apple pour 180 MacBook qui tourneront dans des classes de maternelle et de primaire de la région.

    Encore un exemple concret qui montre qu’on se tourne lentement vers des solutions “douces” en mixant les soft installés sur les postes (la liste est précisée dans l’article suivant), mais je vous parie un pot de Ben & Jerry’s qu’à court terme, l’attraction sera du côté d’Apple !

    http://www.macgeneration.com/news/voir/135810/180-macbook-pour-les-ecoles-de-montelimar

  27. Pour ma part, je suis un fervent partisan des logiciels libres, surtout depuis les dernières versions qui assurent une compatibilité avec les ténors, ou plutôt le ténor du marché.
    En effet, je crois que l’un des principaux freins à l’expansion des logiciels libre a longtemps été leur compatibilité avec le reste du monde. Lors du lancement d’Open Office, qui ne s’est jamais posé la question de savoir si son correspondant arrivera à lire le document s’il n’est pas dans le format MS Office ? Bien entendu, côté Office, rien n’est fait pour encourager cette compatibilité. Le plugin doit être récupéré chez Sun et installé, rien de natif …
    Avec les évolutions récentes des différents logiciels du monde libre, cette interopérabilité devient enfin réalité et je suis persuadé que cela donnera enfin un essor à ces logiciels qui fonctionnent aussi bien, voir mieux que leurs concurrents.
    Reste à savoir quel peut en être la pérennité. Avec le rachat de Sun par Oracle ou quand on voit certains projet très prometteurs s’éteindre sur sourceforge, le model peut encore faire peur aux entreprises ou collectivités. Devoir installer les produits sur plusieurs centaines de postes et former les utilisateurs à chaque fois qu’un produit meurt et doit être remplacé n’est pas sans conséquences.

  28. Bonjour,

    Il faut garder en tête que l’éducation primaire et secondaire prépare au monde professionnel, et par conséquent c’est ce dernier qui dicte les normes.

    On a du mal à imaginer un commercial sans Excel, un designer sans la suite Adobe… Bref on doit se former aux outils que l’on va utiliser.

    La liberté c’est choisir, imposer des solutions libres ce n’est pas libérer les esprits. Donc il faudrait des machines qui supportent en même temps UNIX, GNU/Linux, BSD et Windows… j’ai du mal à l’imaginer ^^ Donc l’éducation choisie le plus utilisé, càd. Windows et la suite Office. On peut trouver ça dommage, mais il est de sa mission que de former au monde professionnel.

  29. Il me semble que la plupart des applications que l’on utilise maintenant et que nous serons appelés à utiliser à l’avenir seront des applications web : réseaux sociaux, plateformes de blogs, suites bureautique en ligne, etc.
    Or, dans ce domaine, je ne vois pas d’alternative libre pour le moment.
    Par conséquent le débat sur le logiciel libre ne me semble pas d’actualité.

  30. @Gael : “pas de libre pour les plateformes blog” Je précise que le blog sur lequel tu as mis ce commentaire est un logiciel libre.
    Les deux principales plateformes de blog qui sont WordPress et Dotclear sont libres.

    @Matthieu : je travaille dans une entreprise privée et j’utilise Open Office comme suite bureautique, Thunderbird comme client Email, etc.. Les gendarmes aussi sont passés sur des logiciels libres. On ne dit pas qu’il faut enseigner seulement du libre. Les partisans du libre demandent à ce que ce soient pas seulement des logiciels propriétaires qui soient à la base de l’éducation.

    Pour finir, pour la majorité des fois où l’on paie des logiciels propriétaires, cet argent part pour l’étranger car c’est là-bas où se trouvent ces sociétés éditrices.
    Pour ma part, je préfère dépenser cet argent dans une formation de logiciel libre (quand il y a en besoin car ce n’est pas souvent nécessaire) dispensée par une entreprise locale.

  31. @Delfkhyn Merci pour ta réponse.
    Sauf erreur, les principales plateformes de blog (du point de vue de la fréquentation) sont Blogger au niveau mondial et Skyblog au niveau français (http://fr.wikipedia.org/wiki/Blog).
    Si je ne m’abuse, WordPress existe maintenant en mode hébergé mais DotClear demande quand même un investissement, ce qui n’en fait pas une réelle alternative aux plateformes hébergées, pour le commun des mortels.

  32. Addendum :
    J’ai longtemps été un fan des logiciels libres en particulier pour leur gratuité, l’ouverture des formats qu’ils génèrent, et surtout le fait qu’on pouvait la plupart du temps les embarquer sur une clé USB pour les utiliser quasiment n’importe où.
    Mais avec l’avènement des applications en ligne, tout ceci est de l’histoire ancienne.
    J’attends donc que les logiciels libres passent en ligne pour m’y intéresser à nouveau.
    Un seul logiciel libre me semble quand même indispensable, il s’agit de Firefox dont les extensions en font un outil incomparable.

  33. @Delfkhyn : OK ! En fait quand je parle d’application en ligne, il s’agit d’applications web (du type Google Documents, Picnik, Facebook, etc.) qui ne nécessitent aucune installation locale, sont accessibles par le biais d’un navigateur depuis n’importe quel poste connecté à Internet, etc. Il me semble que c’est l’avenir et que le monde du libre n’a pas investi ce secteur (en particulier, je ne vois pas de suite bureautique libre en ligne).

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