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Mobile World Congress 2014 : ce que j’en ai retenu

Nouveaux smartphones, montres et bracelets connectés, capteurs, phablettes et… hélicoptère. Ce qu’il fallait retenir du Mobile World Congress 2014.

Le Mobile World Congress 2014 de Barcelone a fermé ses portes hier. Après un retour à Lyon qui m’a fait brutalement repasser du printemps à l’hiver, j’ai vidé ma valise et rassemblé mes notes pour un petit bilan forcément subjectif du congrès.

(retrouvez tous nos articles sur le Mobile World Congress 2014)

Un petit mot sur le nouvel emplacement où se tient le MWC depuis l’édition 2013, que j’ai découvert cette année car je n’y étais pas l’an dernier (c’est Camille qui avait couvert l’évènement) : moins central et moins convivial que la Fira de la Plaza Espana, mais beaucoup plus spacieux, fonctionnel et pratique. Paradoxalement c’est plus grand mais on s’y perd moins.

Les tendances

Les bracelets connectés

Si vous avez suivi l’actu du MWC, même de loin, vous n’aurez pas pu échapper au consensus général sur LA grosse tendance de cette édition : les bracelets. Des bracelets dans un congrès high-tech dédié à la téléphonie mobile, what the fuck me direz-vous ? Qui en effet aurait imaginé il y a ne serait-ce qu’une paire d’années que le bracelet serait le nouveau Graal des fabricants de smartphones et de tablettes ? Le mouvement, déjà amorcé lors du dernier CES, n’a fait que s’amplifier un mois plus tard à Barcelone : le smartphone, qui a déjà depuis longtemps dépassé le simple rôle de téléphone-assistant-personnel, devient progressivement le point central et de convergence de différents objets connectés qui récupèrent et tracent chacun des bribes de vie pour agréger le tout dans des applications qui vous disent des choses que vous ne saviez même pas sur vous : combien de pas vous avez fait dans la journée, combien de temps vous avez passé sur Facebook, à quelle heure vous avez shooté une vidéo, et si vous avez suffisamment dormi. Entre autres.

Voue noterez qu’à ce stade je n’ai parlé que de bracelets, et pas de montres “intelligentes” ou connectées. Car bien sûr il y en avait aussi beaucoup au MWC. Et mine de rien la nuance entre les deux est importante, et repose la question que j’avais exprimée récemment dans le test de la montre Android Pearl : c’est quoi une smart watch ? Est-il vraiment utile d’avoir une montre, ou alors est-ce le combo bracelet (ou plus généralement capteur) + smartphone qui va remporter le match ? C’est une question probablement stratégique pour les constructeurs, et chacun propose sa réponse : Sony Mobile par exemple propose un “simple” bracelet, inclus dans une gamme de 150 objets connectables à ses smartphones, alors que Samsung a opté pour la montre, déjà déclinée en trois versions et deux générations.

On attend Apple au tournant, qui sera peut-être le juge de paix de l’histoire en établissant LE standard en la matière, comme il l’a fait avec l’iPhone ou l’iPad. Ou pas : aucune preuve tangible à ce jour que Cupertino fait chauffer ses neurones sur une iWatch, au mieux juste des désirs de fans transformés en rumeurs et supputations.

Les phablettes

Mine de rien, personne n’en n’a vraiment parlé autrement que sous l’angle de la nouveauté produit, mais c’est peut-être la chose qui m’a le plus marqué à Barcelone : tous les fabricants proposent au moins une phablette dans leur gamme, à savoir un smartphone géant doté d’un écran compris entre 5,5 et 6 pouces. En fait c’est même plutôt le 6 pouces (voire plus si affinités) qui semble définitivement être devenu la norme. HTC, Huawei, Sony, Lenovo, ZTE, Asus, Nokia pour ne citer que les plus connus : tous ont une 6 pouces dans leur panoplie. Sur ce point, mention spéciale à Samsung qui avait été précurseur avec le Galaxy Note puis le Galaxy Mega. Le plus frappant dans l’histoire est la très rapide banalisation de ce format, qui faisait encore débat et enflammait les discussions de geeks il n’y a pas si longtemps, et qui est devenu totalement courant dans les allées du MWC (et pas seulement sur les stands). A tel point que le Galaxy Note ferait presque figure de nain aujourd’hui. Et je ne vous parle pas de l’iPhone avec son ridicule écran de 4 pouces.

Ces marques chinoises aux noms improbables que personne ne connait

Vous avez déjà eu ou même vu un téléphone Huawei (répétez après moi : Ouah Ouais !), vous ? Une phablette Lenovo ? Une tablette ZTE ? Des constructeurs énormes dans leur pays et même en Asie et parfois dans le reste du monde, mais totalement inconnus du grand public par ici. Pourquoi ? Deux raisons principales. D’une part ce sont des consortiums très diversifiés qui fournissent du matériel (et parfois des services télécoms) en marque blanche aux opérateurs. Leur nom n’apparait donc pas, mais quand vous achetez un drôle de smartphone Android simplement logoté “Orange”, il y a de grandes chances qu’il soit fabriqué par l’un d’entre eux. Deuxième raison : les chinois sont devenus les spécialistes des annonces bullshit. Très présents sur les grands salons internationaux avec des stands souvent assez blingbling, ils présentent à chaque fois des montagnes de nouveautés qui ne sortiront jamais, en tout cas pas sur nos marchés, ou alors sur des canaux de distribution tellement obscurs qu’il faudra vraiment vous armer de courage pour un dénicher une. Une stratégie qui a peut-être une logique (occuper la place ?), mais qui nous parait parfois quelque peu difficile à décrypter.

Les smartphones low-cost qui font (presque) tout comme les grands

Ne parlez pas de low-cost ! Ce terme un peu connoté “bas de gamme pourri” est tabou chez les constructeurs, qui préfèrent  parler d’entrée de gamme ou “d’offre à budget adapté aux marchés émergents”. Et vous savez quoi ? Ils ont raison. Car les smartphones à bas prix que nous avons pu voir et prendre en main sur le MWC n’ont plus grand chose à envier aux modèles premium coûtant généralement 3 à 4 fois leur prix. J’ai ainsi été séduit par la nouvelle gamme Android X de Nokia, mais la nouvelle gamme Alcatel n’est pas mal du tout, sans parler évidemment du petit dernier de Mozilla, qui va proposer un “FirePhone” à 25 dollars… produit par Alcatel. On peut également citer le français Wiko (non, pas le roi de la pomme de terre, l’autre). Caractéristique de ces nouveaux arrivants à bas coût (mis à part le mobile Mozilla qui est vraiment très limité pour le coup) : ils sont suffisamment puissants et équipés pour rivaliser sans complexe avec les gros leaders de chez Apple, Sony ou Samsung, pour peu que l’on ne soit pas trop regardant sur différents aspects comme la mémoire vive ou la résolution de l’écran. Bref, pour le quart du prix ils font aussi bien qu’un smartphone à 600 euros d’il y a quelques années. Le smartphone n’est décidément pas un placement sûr, préférez encore un compte Caisse d’Epargne.

La sécurité et la confidentialité sur mobile

C’est un peu moins sexy mais l’actualité brûlante des dernières semaines a braqué les projecteurs sur différents acteurs de la sécurité mobile, un autre sujet chaud du MWC.

Dans ce domaine la palme du buzz est sans aucun doute allée au fameux BlackPhone, le smartphone ultra-sécurisé qui est souvent présenté comme le smartphone “anti-NSA”. Mais il n’y a pas que ça. J’ai également rencontré deux autres entreprises spécialisées dans la sécurité sur mobile qui proposent des prestations complémentaires parfaitement dignes d’intérêt.

C’est par exemple le cas de Vivaction, une société française qui propose Square, un module externe de la taille d’un demi-smartphone permettant de sécuriser les échanges data-voix de son smartphone. Il s’agit en fait d’un hotspot WiFi qui fait en substance ce que fait le BlackPhone, mais sans nécessiter d’acheter un BlackPhone et donc sans avoir à changer de mobile, puisque le système est compatible avec iPhone et Android (pour le moment) via une application dédiée. La solution de Vivaction assure une confidentialité totale entre les différentes personnes qui échangent des informations sensibles. La solution  cryptée Square by Vivaction permet une totale sécurisation de bout en bout (Voix + Data), jusqu’à trois appareils connectés simultanément.

Pour activer le module, il suffit de s’y connecter en WiFi, celui-ci cryptant alors les données qui transitent en 3G via un VPN, et ce dans 136 pays, où des accords ont été signés avec les principaux opérateurs présents. L’idée ici est non pas d’éviter les grandes oreilles de la NSA mais de garantir réellement la confidentialité des données dans un contexte ultra-sensible de compétition économique. Pour cette solution, Vivaction fonctionne comme un MVNO, et va proposer des forfaits mensuels incluant entre 500 Mo et 3 Go de données sécurisées par mois. Un tableau de bord permet de suivre sa consommation en temps réel sur internet et mobile.

Voir la vidéo de présentation de la Square Box :

Autre acteur en très forte croissance : Lookout. Fondée il y a 6 ans par deux étudiants californiens, cette startup au slogan rassurant – “tout va bien” – connait un développement impressionnant puisqu’elle compte aujourd’hui 45 millions d’utilisateurs dans le monde, un chiffre qui pourrait rapidement doubler grâce à des accords en cours de signature avec d’importants opérateurs mobiles qui vont inclure l’offre dans leurs forfaits (ce sera prochainement le cas d’Orange en France). Le point fort de Lookout : sa culture 100% pure player mobile, là où les concurrents viennent du monde du PC (Symantec, Kaspersky…).

Résultat : une application remarquablement bien réalisée et exécutée, conçue exclusivement pour le mobile par des équipes dont c’est l’ADN. Une avance qui a permis à la jeune startup de lever… 135 millions de dollars en trois tour, vite fait bien fait. Côté fonctionnalités, on retrouve tous les basiques de la sécurité mobile avec en premier la protection contre les programmes malveillants, mais également la possibilité de scanner les applications embarquées sur son mobile, ou encore le blocage des sites dangereux. Côté protection de la vie privée, il est possible de savoir quelles applications accèdent à vos données personnelles ou encore de supprimer à distance ses données pour éviter une consultation illicite. Une fonctionnalité originale : quand l’app détecte que votre mobile va bientôt tomber en panne de batterie, elle vous envoie un email avec la dernière géolocalisation de ce dernier. De cette façon, si vous égarez l’appareil alors que le batterie est à plat et que donc vous ne pouvez plus le localiser ou le faire sonner, cela vous donne une petite chance supplémentaire de remettre la main dessus. Comme l’indique un des porte-parole de Lookout, “nous ne sommes pas là pour affoler les mobinautes mais pour les rassurer”.

Mes coups de cœur personnels

Allez, vite fait en conclusion, je vous livre les trucs que j’ai vraiment retenus ou aimés sur ce MWC 2014. A commencer par l’app Lifelog de Sony Mobile, qui sera donc couplée avec le bracelet Smartband, vous déroule votre journée sous la forme d’une timeline interactive. Pas évident à décrire en quelques mots mais croyez-moi c’est la meilleure app que j’aie pu voir jusqu’à présent sur ce créneau quantified self.

Ensuite, en vrac, j’ai bien aimé l’Intuitive Rear Key du LG G Flex (et autres smartphones LG). L’idée est toute simple mais tellement pratique : plutôt que mettre les boutons hardware en façade ou sur la tranche du smartphone, LG les a fait passer derrière l’appareil, au dos de celui-ci à proximité du capteur photo. C’est simple et intuitif à utiliser et s’y fait très vite naturellement. Leur forme fait qu’ils sont très facilement exploitables sans les voir, au simple toucher. Chez LG toujours, le Magic Focus qui permet de réaliser des photos avec effet profondeur de champ hyper réaliste et paramétrable. A noter cependant que ce n’est pas une exclu LG puisque tous les grands fabricants proposent leur version, que ce soit Sony sur le Xperia Z2 ou Samsung sur le Galaxy S5. Apple a intérêt à se magner car c’est le genre de fonctionnalité qui risque bien d’être fortement plébiscitée par le public.

Côté montres, j’ai évidemment regardé avec curiosité la Samsung Gear Fit, qui répond en fait un peu à la question posée en début de cet article sur le choix entre montre et bracelet puisqu’il s’agit d’un produit que l’on pourrait qualifier d’hybride. L’engin est beau et très séduisant, et n’a pas remporté pour rien le trophée de “meilleur appareil mobile du MWC 2014”. Cependant nous étions quelques-un à tiquer sur un point : le sens d’affichage par rapport au poignet ne nous parait pas très logique. Ces geeks, jamais contents, hein 🙂

Enfin, côté montres toujours, la montre connectée Toq de Qualcomm avec technologie d’écran Mirasol était une des bonnes surprises du salon. Déjà présentée lors du dernier IFA, et compatible en BlueTooth avec n’importe-quel terminal Android, elle affiche diverses notifications, peut faire baladeur et afficher également des widgets. Bien sûr l’écran qui utilise l’encre électronique couleur, est moins lumineux, moins contrasté et moins réactif que celui d’une smartwatch traditionnelle, mais on gagne énormément en autonomie de batterie puisque le constructeur annonce au moins 5 jours de tenue de batterie. A l’occasion du MWC Qualcomm a annoncé une baisse drastique de son prix, qui passe de 350 à 250 dollars. Un produit malheureusement disponible uniquement aux USA.

En conclusion, cette édition 2014 m’a semblé être un bon cru, avec des annonces concrètes et moins de bullshit que sur certaines éditions. Maintenant, ne rêvons plus : il n’y aura plus de révolution dans les smartphones, tout au plus des petites améliorations et évolutions, et c’est du côté des périphériques connectés qu’il faut désormais regarder pour éventuellement être surpris.

Allez, pour finir, quelques photos non pas du salon, mais de Barcelone vue d’hélicoptère, un petit tour de 40 minutes à la verticale de la cité catalane, de la mer et de ses montagneux environs. Une récréation sympathique qui nous fait dire que décidément on ne fait pas des métiers faciles.

Et pour finir, le site du MWC vu d’en haut…

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Par : Opera
6 commentaires
6 commentaires
  1. Tout est là, rédigé en bon français, agréable à lire, tu vieillis bien Eric 🙂

    Merci à toi et à toute l’équipe pour la couverture du MWC14.

  2. Ce truc pour telephoner confidentielement me fait penser aux anti-virus d’il y a quelques annees…
    Mon pere avait toujours le dernier anti-virus sorti mais il se recoltait tous les virus qui trainaient, son ordi plantait sans arret et etait terriblement lent. Franchement, est-ce que la NSA s’interesse aux 59.870.000 pekins sur 60 millions qui se servent de leur telephone pour dire:”ca va ? t’es ou ?” Quant aux 130.000 restant, ils ont pare au probleme depuis longtemps…

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