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La puce cérébrale Neuralink a des problèmes : les tests humains annulés

Neuralink est bien mal en point. Les régulateurs américains coupent la firme dans son élan pour des raisons de sécurité, la puce pouvant migrer dans d’autres zones du cerveau.

Avec Neuralink, Elon Musk a la prétention de contrôler les beaux et complexes cerveaux. Promettant de guérir tétraplégiques, aveugles et autres personnes en situation de handicap, la licorne travaille sur des implants cérébraux d’interfaces neuronales directes depuis plusieurs années. Après des tests (relativement) concluants sur des animaux, il ne manque qu’une chose : essayer ces charmantes puces sur des cerveaux humains.

Problème ? Ces essais sur l’Homme continuent d’accuser du retard. “C’est pour bientôt !” ; “l’année prochaine !”, “plus que quelques mois !” lançait Elon Musk à qui veut bien l’entendre (et l’écouter) depuis plusieurs mois. Mais toujours rien. De quoi donner de l’avance à son concurrent Synchron et faire perdre confiance en Neuralink.

Pour s’attaquer aux essais d’implants cérébraux sur les humains, il faut obtenir l’approbation de la FDA (ou Food & Drug Administration). C’est cette entité qui autorise la commercialisation des médicaments aux États-Unis. Sans son accord, Neuralink n’ira pas loin. Après des années à l’attendre, le verdict de la FDA est tombé, lourd. Les régulateurs ont freiné l’élan fou de Neuralink en s’opposant à ses essais humains. Parmi bien des problèmes, ce sont des raisons de sécurité qui inquiètent la FDA. Neuralink ne l’a jamais reconnu et c’est à travers une enquête de l’agence Reuters que nous l’apprenons aujourd’hui.

Neuralink se voile la face

Au cours des dernières années, Neuralink a réalisé des essais de ses implants sur divers animaux. Au regard de résultats concluants, Elon Musk n’a pas pu s’empêcher de faire des démonstrations publiques. De quoi en impressionner plus d’un, c’est certain. Oui, sur le papier, les tests réalisés étaient positifs. Mais dans les faits… Sur les multiples animaux testés, les effets secondaires leur ont été fatals.

Il y a quelques mois, un rapport a fait surface, indiquant que plusieurs animaux (singes, chèvres, cochons) seraient morts dans d’atroces souffrances après les tests effectués par Neuralink. Dans ce sens, la firme est même accusée de maltraitance animale. Une enquête a été ouverte.

Malgré tout, Neuralink ne baisse pas les bras. Cette fois, c’est la bonne. Dans une conférence donnée en novembre dernier, les premiers tests sur humains sont planifiés pour le mois de juin 2023. Et peu importe si la FDA a tiré la sonnette d’alarme. Inconscience, déni, les deux ? Difficile à dire.

Elon Musk Neuralink
© Neuralink

Neuralink a 3 gros problèmes sur les bras

Si la Food & Drug Administration s’oppose aux essais humains de Neuralink, ce n’est pas pour faire obstacle à l’innovation, comme l’imagine Elon Musk. Selon l’entité, l’entreprise neurotechnologique est face à trois problèmes majeurs.

Dans un premier temps, les minuscules fils de la puce, qui contiennent des électrodes (bien trop, d’ailleurs), pourraient migrer dans d’autres zones du cerveau. Il va sans dire que cela pourrait altérer le cerveau et causer bien des dommages à l’utilisateur. Inflammation, dysfonctionnement de zones critiques ou rupture de vaisseaux sanguins, pour ne citer que quelques effets plausibles selon Victor Krauthamer, un ancien membre de la FDA. Cette migration de microfils pourrait être désastreuse.

Mais les inquiétudes des régulateurs américains se portent aussi sur le système de recharge qu’envisage Neuralink pour ses implants. L’entreprise a, effectivement, soumis l’idée d’une puce comprenant une batterie au lithium qu’il serait possible de recharger à distance. Avec un composant pareil, la moindre panne endommagerait potentiellement les tissus cérébraux. Là encore, ce n’est jamais une bonne chose. La FDA aurait, ainsi, demandé la preuve de la faible probabilité d’une panne de la batterie. C’est, du moins, ce que rapportent six salariés (anciens et actuels) de Neuralink.

Enfin, énième inquiétude : est-il possible de retirer l’implant sans abîmer le tissu cérébral ? Au total, on dénombre pas moins de douzaines de “carences ” qui doivent être réglées avant d’obtenir le feu vert tant espéré de la FDA. Si Neuralink semble comprendre les doutes des régulateurs, l’entreprise les minimise fortement et affiche une sorte de certitude quant à sa capacité de les balayer d’un revers de mains en quelques mois.

“Ce n’est pas une voiture”

Tout porte à croire qu’Elon Musk voit la FDA comme un “ennemi” à l’esprit trop étroit pour comprendre sa vision du futur. Mais de nombreux témoins affirment que l’homme d’affaires ne réalise pas l’ampleur de son projet. Noyée dans des promesses mirobolantes (mais impossibles), des ambitions grandiloquentes et des délais irréalisables, Neuralink piétine.

Les implants de Neuralink promettent de guérir l’inguérissable mais, alors que le projet pourrait effectivement faciliter la vie de nombreuses personnes handicapées, il est question de (très) long-terme. Les miracles, hélas, n’existent pas. Malgré les prouesses de la technologie et de la science. D’après un salarié de Neuralink, Elon Musk “ne peut pas comprendre qu’il ne s’agit pas d’une voiture. Il est question du cerveau d’une personne. Ce n’est pas un jouet”. Beaucoup de salariés sont partis de l’entreprise, frustrés. Certains, comme son cofondateur, ont rejoint le projet Synchron, qui concurrence aujourd’hui Neuralink.

Au regard des risques de telles puces sur le cerveau humain, la patience est de rigueur. Mais l’homme d’affaires est fougueux et veut aller vite. Trop vite. Plus vite que la musique. Il n’y a aucun doute : Musk veut être le premier à obtenir l’approbation de la FDA pour commercialiser un implant cérébral. Mais le cerveau humain ne devrait pas être l’objet d’une telle course.

L’acharnement d’Elon Musk à vouloir passer aux essais humains le plus vite possible a même fini par lasser la plupart des cofondateurs de l’entreprise. À l’heure actuelle, ils ont presque tous quitté le navire, laissant le gouvernail au PDG de Tesla. Pour Kip Ludwig, ancien directeur d’ingénierie neuronale à l’Institut National de la Santé des États-Unis, “Neuralink ne semble pas avoir la mentalité et l’expérience nécessaires pour se lancer sur le marché de sitôt”. Un avis partagé par bien des personnes qui gravitent autour de la licorne neurotechnologique.

Malgré un énorme feu rouge de la part de la FDA, Neuralink ne perd pas espoir. Mais les problèmes s’accumulent pour l’entreprise et la promesse des premiers tests sur les cerveaux de l’Homme ressemble à un véritable mirage. Outre ces inquiétudes à propos de la sécurité desdits implants, Neuralink est pointé du doigt pour la supposée maltraitance animale, tandis que le Département des Transports enquête à propos d’un transport illégal d’agents pathogènes dangereux, qui pourraient véhiculer des maladies ou infections, sur les puces qui se trouvaient au préalable dans les cerveaux de certains singes décédés.

Reste à voir l’évolution de Neuralink dans les mois à venir. Il y a fort à parier qu’Elon Musk finira par en parler, sur les réseaux sociaux ou lors d’une conférence. Probablement pour annoncer (encore) le report des essais sur le cerveau humain.

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