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Téléphonie mobile, ou quand le marketing s’emballe les projets font pschitt…

Les voies du marketing sont parfois impénétrables, même quand il s’agit de projets développés par les plus grandes compagnies du monde, ou en tout cas celles qui sont parmi les leaders sur leur marché.
Il en va ainsi notamment sur le secteur fort encombré et concurrentiel de la téléphonie mobile, où les fabricants se livrent une guerre sans merci, rythmée par une course à l’innovation qui donne parfois des résultats pour le moins hasardeux.

Les voies du marketing sont parfois impénétrables, même quand il s’agit de projets développés par les plus grandes compagnies du monde, ou en tout cas celles qui sont parmi les leaders sur leur marché.
Il en va ainsi notamment sur le secteur fort encombré et concurrentiel de la téléphonie mobile, où les fabricants se livrent une guerre sans merci, rythmée par une course à l’innovation qui donne parfois des résultats pour le moins hasardeux.

Comme tous ceux qui suivent ce marché de près depuis de nombreuses années, j’ai été à plusieurs reprises témoin de flops retentissants, voire de projets de nouveaux smartphones ayant généré autant de buzz que l’iPhone, à la différence près… qu’ils n’ont jamais vu le jour.
Et que les seuls modèles disponibles sont des prototypes bugués probablement tombés du camion et vendus à prix d’or sur eBay, comme des collectors qu’ils sont devenus.
Voici une sorte de Top 5 des projets à la con ou des flops que j’ai pu recenser au long de ces dernières années :

Motorola MPx 300
Motorola MPxCe smartphone sous Windows Mobile qui devait sortir courant 2004 préfigurait les smartphones à clavier AZERTY dépliable comme le Nokia 9500 ou le HTC Advantage X7501 mais il allait plus loin en offrant un système de rotation écran-clavier inédit le transformant au choix en UMPC ou en téléphone à clapet.
Le buzz autour de ce modèle – qui a fait rêver des milliers de geeks sur toute la planète – fut énorme pendant de nombreux mois. Il apparut même pendant quelques semaines sur le site de Motorola, puis fut présenté en grandes pompes sur différents salons, jusqu’à ce que Motorola n’annonce finalement de façon assez vaseuse et laconique que le projet était abandonné. On ne saura jamais pourquoi, car le succès semblait garanti qu vu des caractéristiques de l’appareil.
Motorola doit méditer sur cette devise qui dit qu’en marketing on a toujours tort d’avoir raison trop tôt

Neonode N2
Ce mini-smartphone à écran tactile sans bouton (tiens tiens…) utilisant un système d’exploitation unique et bâtard basé sur Windows CE estNeonode l’Arlésienne de la téléphonie mobile depuis 2003. Issu de l’imagination d’une firme suédoise, personne n’a jamais réussi à savoir si cet appareil existait vraiment ou si c’était le plus gros vaporware mobile de ces dernières années. Une dernière trace de vie aurait été aperçue au dernier congrès 3GSM2007 de Barcelone. Depuis, plus rien à nouveau. M’est avis que ce mobile ne verra jamais le jour, même si quelques prototypes doivent bien exister ici ou là, et que le site Neonode semble toujours actif. Mais qu’est-ce qu’il aura fait couler comme encre virtuelle…
Edit : alexis nous précise que le Neonode existe bien puisqu’il en possède lui-même un exemplaire.

Motorola Rokr
Motorola RokrUn an et demie avant la présentation officielle de l’iPhone, on parlait déjà… d’iPhone, ou d’iTunes Phone avec le Motorola Rokr, cet espèce de produit hybride entre baladeur mp3 et mobile de base (ne parlons surtout pas de smartphone), qui était le seul téléphone agréé par Apple, compatible avec iTunes, et qui embarquait une version mobile d’iTunes. La belle affaire, typique d’une époque, pourtant pas si ancienne, où l’on pensait encore qu’il suffisait d’un habillage marketing à base d’iTunes et la bénédiction de Steve Jobs pour vendre n’importe-quelle merde, incapable  de stocker plus de 100 chansons sur une carte mémoire au format déjà oublié, et qui coûtait un oeil. Le Rokr fut un vrai flop, et sans nous vanter, nous étions quelques-uns à l’avoir prévu dès sa sortie. C’est normal, y a une justice quand même. C’est d’ailleurs suite à ce fiasco que Jobs a décidé qu’Apple devrait produire son propre iPhone.

Fujitsu Siemens Loox T800/830
Il n’était pas besoin d’être grand expert pour comprendre que le T800 serait un smartphone (ou plutôt PDAPhone comme on disait encore à l’époque, soit début 2006…) dépassé avant même sa mise sur le marché : poids éléphantesque (près de 200g), écran liliputien avec une résolution d’un autre temps (240×240) perdu au milieu d’une façade au look tout soviétique, clavier AZERTY conçu par un bureau d’étude qui ne doit pas connaître l’existence du mot ergonomie, j’en passe et des meilleures. Et n’oubliez pas que je vous parle là d’un truc qui a à peine deux ans d’existence, et qui a déjà disparu dans les tréfonds de l’histoire du geek.
Le produit figure toujours sur le site officiel, mais un clic sur sa fiche commerciale conduit vers une belle page d’erreur. Il est peut-être toujours disponible à la vente, mais je doute fort de son succès commercial et même de sa réelle disponibilité. Je ne connais absolument personne qui en ait un, et je n’ai même jamais eu l’occasion de le voir en vrai, que ce soit à la Fnac ou chez un opérateur.

Palm Foleo
Quelle mouche a donc piqué Jeff Hawkins, pourtant génial créateur du Tréo, racheté par Palm ? Le projet Foleo, datant d’à peine quelques mois faisait gentiment sourire le petit monde des mobinautes dès sa présentation tant il était un non-sens absolu. Mais à quoi pouvait servir ce machin, même pas compact comme un UMPC, encombrant comme un portable standard, sans mémoire, sans autre connectivité que le Bluetooth ? A lire sur un plus grand écran et avec un plus grand clavier les applications présentes sur votre Tréo ! N’importe-quoi… Si on s’équipe d’un smartphone c’est précisément pour s’affranchir de toutes ces contraintes. Si on a besoin de plus d’aisance et de puissance alors on achète un PC portable, pas un machin hybride qui n’apporte rien d’autre qu’un écran un peu plus grand. Cela paraît peut-être facile à dire après coup, mais il n’était pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le Foleo serait un échec. C’est aussi ce qu’a finalement compris Palm, qui a annulé le projet alors même qu’il s’apprêtait à le commercialiser.

On le voit, être à la tête d’une grosse firme, même réputée innovante, ne protège pas de lancer des projets foireux, coûteux et sans avenir. Motorola et Palm l’ont démontré avec les exempls cités ci-dessus, qui pourraient être des cas d’école pour étudiant en marketing, tant les raisons de ces échecs (ou de ces reculades) peuvent être intéressantes à analyser.
Des échecs qui ne sont pas forcément dûs à la mauvaise qualité d’un produit – le Motorola MPx en est un exemple significatif – mais à leur inadéquation à un marché particulièrement mouvant et en perpétuelle mutation.
Des échecs qui en tout cas ont tous une caractéristique commune : ils concernent des projets ayant vu le jour très récemment, tout au plus durant les 3 ou 4 années écoulées. Qui effectivement paraissent des siècles à l’échelle du temps des technologies mobiles.

Vous connaissez d’autres cas similaires récents ? Vous possédez ou avez possédé l’un des appareils cités dans cet article ?

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10 commentaires
10 commentaires
  1. Heu pour le neonode N2 ça n’a rien de virtuel j’en ai un moi même, c’est juste qu’en france personne ne le distribue. J’en suis très content.

  2. Le prochain c’est l’eeepc non ? vu comme c’est parti (difficulté de commercialisation en France) il sera rattrapé par la concurrence non ? Imaginons le même chez asus avec un écran tactile du bluetooth et hop mort né en France en tous les cas. C’est drôle de voir 2 Motorola quand même.

  3. De mémoire on trouvait le MPx300 dans les rayons de certaines grandes enseignes… Ca n’a pas duré longtemps puisque motorola avait rompu sont contrat avec un constructeur asiatique. La raison évoquée à l’époque était la qualité médiocre de matériaux employés par cette usine qui provoquait trop de retour sur le MPx200 et 220. C’est de mémoire et donc à vérifier si vous avez un peu de temps 🙂

  4. Il était génial et même en 2008 il ne serait pas démodé, il avait déjà tout si ma mémoire est bonne : 3G, Wifi, clavier complet, grand écran tactile qui s’affichait en paysage ou portrait selon l’inclinaison de l’appareil, clavier QWERTY complet, visio, etc…

  5. Je citerais le Newton d’Apple et le Portfolio d’Atari. Le premier est l’ancêtre du Palm et a foiré car le système de reconnaissance d’écriture était inefficace. Le second, plus ancien, disposait d’un clavier. Atari avait une image trop ludique pour imposer un tel outil destiné aux professionnels. Quoiqu’il en soit, ces produits furent précurseurs, mais pas adaptés au marché tel qu’il était à leur sortie.

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