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[rédacteur invité] Géolocalisation : nos Followers vont-ils devenir des stalkers ?

Article proposé par Nicolas Le Drézen [8] Doit-on se méfier de la géolocalisation ? Elle est au cœur de multiple débats actuellement, surtout depuis que Facebook…

Article proposé par Nicolas Le Drézen [8]

Doit-on se méfier de la géolocalisation ? Elle est au cœur de multiple débats actuellement, surtout depuis que Facebook a lancé la fonction Places. Elle fait partie de (plus en plus) nombreux services. Cette fonction est-elle toujours justifiée pour toutes les applications ? Facebook vient remettre de l’huile sur le feu de craintes persistantes concernant le partage de données privées, comme à son habitude.

La géolocalisation devient omniprésente sur les applications des smartphones pour cause de GPS embarqué. A vrai dire sur n’importe quelle application on peut être sollicité (ou non) pour l’activer sans que cela ne soit parfois justifié. Ce genre de service est de plus en plus commun. Et nous sommes de plus en plus nombreux à partager automatiquement ainsi notre position au gré de nos déplacements.

S’il peut s’avérer pratique et intéressant de savoir où sont ses amis, est-il nécessaire de révéler en permanence et automatiquement son emplacement ?  Est-il toujours utile de lire un message nous informant en temps réel que Bidule est au café avec Truc?

Sans devenir parano, il est important de prendre conscience de ce qu’on révèle sur nous-mêmes, de ce que signifie cette info et de ses conséquences : dire qu’on est à un endroit c’est implicitement faire savoir qu’on n’est pas à un autre. Si j’informe tout mes followers en temps réel que je suis au café Machin, mes amis pourront certes m’y rejoindre, mais pour d’autres cela révèle surtout où je ne suis pas. En l’occurrence au domicile. C’est bien toute l’utilité que certains retirent de ces nouveaux services.

On ne compte plus le nombre de sites relatant des cas de cambriolages exécutés par des visiteurs peu scrupuleux qui ont eu recours aux informations diffusées volontairement par des utilisateurs de Foursquare (surtout aux Etats-Unis). [1]

Foursquare ajoute à la localisation une dimension ludique qui se mêle à la réalité.  Il attribue des récompenses sous forme de badges aux personnes se rendant plusieurs fois dans un même lieu jusqu’à en devenir le maire (sic !).

Et l’intérêt dans tout ça ? On pourrait arguer d’une certaine futilité, mais pour comprendre il faut sûrement être membre de la communauté… Le jeu en vaut-il la chandelle ? Est-il véritablement important de révéler que l’on est au café Machin?

On peut au moins se poser la question. La mise en place de Facebook Places et son succès a paradoxalement aussi  grandement profité à Foursquare qui a gonflé son nombre d’adhérents dès le lendemain le portant à  près de 3 millions.

De tels services s’adaptent déjà à de multiples usages au quotidien et en trouveront de nombreux autres. Certains très utiles facilitent grandement la vie : navigation sur une carte, par réalité augmentée, emplacement des photos, …

Les applications sont d’ailleurs amenées à évoluer très vite puisque la géolocalisation est déjà implantée directement dans les navigateurs sur nos ordinateurs personnels depuis Firefox 3.5,  et arrive massivement par l’intermédiaire des navigateurs compatibles HTML5, comme récemment Google Chrome.[2] Nos coordonnées géographiques seront automatiquement détectées par les pages que l’on consulte. A croire que l’on en finit plus de briser (nous-mêmes ?) les dernières barrières de nos vies privées.

C’est sur le partage des informations personnelles liées à ces services qu’il faut rester vigilant. A ce qu’on divulgue et transmet volontairement et automatiquement au vu et au su de tous.

Dès lors il ne faudra donc plus s’étonner de rencontrer “fortuitement” un de nos followers au coin de la rue. Et quid des célébrités adeptes des géo-twitts ou géo-facebookées ? Qu’il sera aisé pour les fans connectés trop zélés de les approcher (harceler ?).

De même que certains utilisateurs de Facebook n’ayant jamais modifié leurs paramètres de sécurité étaient surpris des répercutions auprès de leurs patrons, il ne faudra pas s’étonner si tout votre bureau connait la liste des boutiques dans lesquelles vous étiez durant votre congé maladie (Véridique ! C’est un exemple parmi tant d’autres aventures de Facebook users).[3]

Il est nécessaire lorsqu’on souscrit à de tels services d’en régler les paramètres. Au moins pour prendre conscience de ce qu’on choisit ou permet de divulguer.

De la complexité à protéger sa vie privée.

Ainsi sur mobile, lors de la mise à jour de l’app Facebook apportant la fonction Places, même lorsqu’on refuse la localisation, le paramètre reste actif par défaut. Il est nécessaire de rentrer dans les réglages du téléphone afin de vérifier et décocher l’activité du service.

De même sur son site, Facebook, maintes fois critiqué à ce sujet, ne facilite pas vraiment les réglages des paramètres personnels. Trouver où se cachent les réglages de Places sur son compte Facebook n’est pas aussi évident qu’il le devrait.

Il serait nécessaire que les applications ou sites recourant à la localisation informent mieux l’utilisateur sur ce que cela implique et ce qu’il révèle précisément. Il est important que ces réglages de sécurité se fassent en toute transparence et simplicité.

Le CEO de Google, qui propose un service équivalent à Facebook Places et Foursquare sur PC et mobiles avec Google Latitude, a fait à ce sujet des déclarations retentissantes en avril dernier[4], complétées par d’autres récemment à l’IFA de Berlin. Eric Schmidt a suggéré qu’à l’âge adulte nous serions amenés à changer d’identité pour échapper aux informations divulguées durant notre jeunesse maintenant enregistrées dans les moindres détails sur les sites sociaux.[5]

Alerte, prise de conscience ou délire selon certains, toujours est-il que début Septembre il étayait ses propos : « Je ne crois pas que la société comprenne ce qui arrive quand tout est disponible, connaissable et enregistrable par tout le monde en permanence ».

Toujours est-il qu’il ne semble pas ici dénoncer une potentielle dérive de ce phénomène puisqu’il ajoute : « Actuellement nous savons à peu près qui vous êtes, à peu près ce à quoi vous vous intéressez, à peu près qui sont vos amis. » [6]

« Nous pouvons proposer ce que vous devez faire par la suite, ce qui vous tient à cœur. Imaginez : Nous savons où vous êtes, nous savons ce que vous aimez. »[7]

Tout en ajoutant, non sans un certain cynisme, que Google serait probablement amené à stocker plus d’informations personnelles sur ses utilisateurs à l’avenir.

Si Orwell nous a prévenu il y a bien longtemps de nous méfier de Big Brother, n’en serions nous pas venus finalement à lui fournir nous-mêmes gracieusement toutes nos informations personnelles ?

[1] http://techcrunch.com/2010/02/17/please-rob-me-makes-foursquare-super-useful-for-burglars/

[2] http://www.mozilla.com/fr/firefox/geolocation/

[3] http://news.cnet.com/8301-1023_3-10228434-93.html

[4] http://www.bbc.co.uk/news/technology-11009700

[5] http://techcrunch.com/2010/08/16/eric-schmidt-change-name/

[6] http://www.telegraph.co.uk/technology/google/7951269/Young-will-have-to-change-names-to-escape-cyber-past-warns-Googles-Eric-Schmidt.html

[7] http://techcrunch.com/2010/09/07/eric-schmidt-ifa/


[8] Nicolas Le Drézen est créateur multimédia. Vous pouvez voir son portfolio ici http://www.halokin.fr/ et son blog là : http://www.halokin.fr/blog.

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16 commentaires
16 commentaires
  1. Je trouve votre raisonnement très pertinent et moi même, je me méfie un peu de la géocalisation sur les mobiles.
    Mais, est ce qu’on peut vraiment y échapper dans l’avenir ? C’est ça tout l’enjeu.
    C’est au gouvernement d’établir un protocole stricte sur ce type de service.
    Par exemple : inciter les géants du web à déliver de notice d’utilisation pratique pour maitriser ce genre d’outil

  2. Un article dans l’air du temps, même si je parie sur l’intelligence des gens qui au final vont utiliser ces services pour se distinguer socialement (j’étais dans tel lieu sympa, je suis allé dans tel cinéma voir tel film), et donc choisir les endroits, plus que checkin n’importe où en permanence.

    Sinon je me demande pourquoi dans cet article de blog les liens sont au format “note de bas de page”, c’est étonnant

  3. Nicolas, Eric,

    Où êtes-vous en ce moment très exactement ?

    Je suis blonde, 1m70, bien faite d’après ce qu’on me dit. Je porte une jupe noire et un petit cinglet bleu clair.* Si vous postez vos coordonnées géographiques en temps réel, je m’arrangerai pour vous croiser… totalement par hasard 😉

    * Tout cela est faux, malheureusement pour vous. Merci pour votre article qui expose et anticipe des craintes légitimes.

  4. Pour l’exemple de la star, ça sera encore plus simple, un fan voit une star : hop il fourni sa propre geoloc. La star sera géolocalisée sans le vouloir.
    Il suffit ensuite de mettre en place un site pour faire une base de donnée en temps réelle des stars alimentée par tout le monde. Et hop tu tape “Britney Spears” et tu as tous les endroits où elle a été vue avec l’heure…

    A quand l’employé licencié qui géo-localise son ex-patron pour lui refaire une beauté à coup de batte ?

    L’ex petit(e) ami(e) qui nous traque comme un(e) taré(e) ?

    Le violeur en série qui repère ses proies sur facebook puis les géolocalise en attendant un isolement ?

    Les téléphones de fonction avec géoloc forcée pour tracer les employés et surveiller l’éloignement des astreints ?

    Effectivement, il faut savoir où on met les pieds mais ce n’est ni plus ni moins que les mêmes règles qu’avec les réseaux sociaux : Il faut maitriser son cercle d'”amis” et savoir à qui on parle.
    Pour moi c’est radical, je n’utilise pas de services avec données personnelles visible hors pseudo et si possible sans mail.

  5. Ce que nous avons un peu de mal à comprendre est que ces technologies ne sont pas destinées à être utilisées tout le temps et avec tout le monde. Le soucis vient du fait de généraliser et banaliser la géolocalisation. C’est une grave erreur selon moi.

    Que, de temps à autres, deux ou trois amis et moi décidions de nous géolocaliser peut être sympa et utile, mais pas tout le temps et ni avec tout le monde, car sinon c’est l’enfer et le fascisme numérique.

    La profusion d’informations et leur très grande facilité d’accès nous poussent à la boulimie. Il faut apprendre à faire le tri et à se concentrer sur ce qui nous est vraiment utile et nécessaire.

  6. Merci pour vos commentaires intéressants !

    @Nicolas à propos des stars, ce principe existe déjà aux US: avec Gawker et son bien nommé service Stalker les stars sont tracées, signalées et affichées sur un plan Google Map dès qu’elles sont vues.
    En France déjà de nombreux comptes Twitter en tout genre sont dédiées à dévoiler les rumeurs et emplacements de célébrités dès qu’elles sont croisées par l’auteur ou un de ces abonnés.

  7. Le problème est que ces nouveaux outils et ces nouvelles technologies sont imposées. Pour ou contre, le résultat sera le même et nous serons tous amenés à utiliser ces outils si on évolue. Je me rappelle m’être un jour dis “jamais d’écran TFT”… Même si je m’en tenais à mon idée d’avant, je ne sais pas où je trouverais encore un bon vieux CRT…

  8. Je pense qu’il y a surtout un problème de paramètres de confidentialité.
    Il y a un réseau social, concurrent de Foursquare, Whrll, qui est un véritable exemple de ce qu’il faut faire.
    Il y a 4 niveaux de confidentialité que ça soit pour les checkins et les lieux créés :
    – Public
    – “Amis” ou “Contacts”
    – Amis de confiance
    – Sois-même.
    Si Foursquare et Facebook Places faisaient ça, il y aurait déjà plus de flexibilité et de protection.

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