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[rédactrice invitée] Il n’y a que mon ordinateur qui ne change pas

Billet rédigé par Corinne Stoppelli, webdesigner indépendante (daedeva.com) et bloggeuse voyage (vie-nomade.com). À travers son blog, Corinne ‘essaie de motiver les gens qui aiment le voyage…

Billet rédigé par Corinne Stoppelli, webdesigner indépendante (daedeva.com) et bloggeuse voyage (vie-nomade.com). À travers son blog, Corinne ‘essaie de motiver les gens qui aiment le voyage à remodeler leur vie (indirectement) pour la rendre plus riche. Cet article fait partie de la série « Web d’ailleurs [1]».


(image : Afternoon in Bangkok – Flickr Creative Commons)

S’il y a une chose qui peut sévèrement nous miner, lorsque l’on travaille dans un domaine créatif, c’est bien le manque d’inspiration. Occasionnel ou non, on n’est jamais à l’abri d’un coup de blues: pluies continuelles, froid glacial, échec amoureux ou social, etc. Bien entendu, il y a les acrobates de l’inspiration (chapeau!), qui savent continuellement tirer leur prose de tout et de rien et puis, il y a les autres: ceux qu’il faut un peu les faire sortir de leurs gonds.

Et moi qui croyais être de ces acrobates! J’ai bien déchanté au bout de 4 ans de boulot: l’impression d’avoir fait le tour de la profession, de remâcher l’apprentissage. Me voilà donc webdesigner désabusée, un peu en panne, malgré moi. Dans ma tête, juste une idée: déguerpir de cette routine constante, aller voir autre chose, un peu plus loin.

Alors voilà. Je m’achète un portable, et je commence à travailler dans les parcs, dans les bars, dans les trains avec l’objectif de pouvoir travailler dans n’importe quelle condition. Je ne suis pas une personne du jour, alors je change mes horaires: désormais je ne serai atteignable que durant l’après-midi (ou l’une des plus grandes joies de l’indépendance) et surtout, je me crée un projet: un an plus tard, je veux être à même d’emporter mon portable à l’autre bout de la terre. Je sensibilise mes clients sur ce fait, j’en éduque certains sur les bienfaits de Skype… et quelques mois et joyeuses vidéo-conférences plus tard je prends mon premier vol long-courrier vers le Sri Lanka (parenthèse sri-lankaise: le wi-fi, c’est vraiment pas ça. Comptez pas sur la 3G non plus, à moins de vous sédentariser à Colombo, la capitale).

Je me dirige ensuite aux Philippines, où je dois prouver à mes clients que je sais tenir un délai. Dans la chambre de ma guesthouse, pas de table: je travaille assise, puis affalée, puis couchée – sur le dos, sur le ventre – mais j’exécute, et ça fonctionne, tout ça dans le respect du décalage horaire.

Après un détour en Chine, puis en Malaisie, je pose mon sac à dos en Thaïlande. Et là c’est le luxe: du bon wi-fi pratiquement partout (et des tables, une aubaine)! Et pour revenir à la question de l’inspiration (mais est-ce vraiment nécessaire?) je peux confirmer que les nouveaux paysages, les nouvelles têtes, les nouveaux plats, les nouvelles façons de faire tout et rien… sont autant de mines d’or à idées, sans parler de l’architecture, de l’organisation des lieux, des végétaux et animaux exotiques.

À quoi ressemble ma vie de webdesigner aujourd’hui? C’est la même. Si ce n’est que je vous écris depuis Chiang Mai, la capitale culturelle et artistique de la Thaïlande. Mais ça pourrait tout aussi bien être Shanghai, Vientiane, Ho Chi Minh, Santa Cruz, New York, Naples et j’en passe. D’ailleurs, si je publiais cet article quelques mois plus tard, le lieu serait certainement tout autre.

Et ma vie tout court? Passionnante. Plus d’ennui, parce qu’il faut vraiment le chercher, l’ennui, dans ces contrées où tout nous est à découvrir. Et puis, le coût dérisoire de la vie y fait que je peux travailler moins, et profiter plus… et donc me ressourcer plus, et donc travailler mieux. Plus efficace que jamais, notre webdesigner qui déchantait!

J’ai aussi tout un tas d’histoires à raconter, alors je blogge telle une aventurière: qu’il s’agisse de détourner les pare-feux chinois, ou d’utiliser une connexion portable Edge plutôt chancelante en territoire inondé, ou encore d’affronter avec mon ordinateur ventilant une chaleur pesante et torride… C’est toujours récompensé: ça en inspire d’autres, et surtout, ça en motive d’autres à effectuer ce genre de démarche. Non pas qu’il faille à tout prix voyager pour retrouver l’inspiration perdue, mais du moins apprendre à se recentrer sur l’essentiel (soit une vie qui nous correspond au mieux): le plaisir avant tout, le regain de confiance en soi, et hop: on est reparti pour un tour… et à chaque tour, on devient plus efficace, plus riche à l’intérieur, et plus à même de fournir le meilleur de nous-mêmes.

Alors, pourquoi pas? Si vous avez la chance de pouvoir travailler à distance (en résumé, tout travail impliquant un ordinateur, entre autres), vous avez l’opportunité de remodeler vos horaires, vos interactions avec vos clients ou employeurs… et laisser ainsi une place plus grande à vos activités personnelles – tout en permettant à votre travail de s’enrichir, pour le plus grand bonheur de tous les sus-cités.

[1] si vous vivez et bloguez ou travaillez dans le web à l’étranger, de préférence dans un pays ou territoire lointain ou « exotique » dont on ne connait pas grand chose de la culture et de l’économie web, envoyez-moi votre article témoignage et il sera publié sur Presse-citron.

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Opera One - Navigateur web boosté à l’IA
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Par : Opera
25 commentaires
25 commentaires
  1. L’impression de me reconnaître dans cet article 🙂
    Les voyages et le décalage horaire sont vraiment la meilleur façon de concilier une vie perso et vie pro. Les deux sont intimement liés et la Thaïlande est le paradis du wifi et du décalage horaire (+5/6). David depuis Bangkok

  2. @David, ouais, le décalage horaire en Asie du sud-est, c’est vraiment de la balle. À 12:00 d’ici, mes clients s’éveillent là-bas. Toute fraîche pour accueillir leurs mails, la demoiselle!

  3. Très sympa ton témoignage Corinne, et le plus important: très inspirant 🙂

    Et pour avoir eu le plaisir de rencontrer Corinne, je confirme, elle a une vie passionnante !!!

  4. @Lili, merci :’) toute émue! Et ça c’est un autre avantage de la vie en mode ‘technomade’, on peut rencontrer des gens incroyables n’importe où. “Hé salut, j’ai vu que tu rendais à Shanghaï, on se prend un café?” “Mais oui, allez!”

  5. Beau témoignage Corinne. Tu es le premier blogue que j’ai découvert sur le thème “digital nomade”. J’aime beaucoup le ton humble de tes récits et tes réflexions! Seul reproche, tu publies pas assez à mon goût;-)

  6. Merci Fabrice – Ouaiiiiiis, je sais! Mais en même temps, avec les tartines que je ponds… ça prend du temps :p Plus sérieusement, je fais des efforts ces temps!

  7. Assurément la rédactrice invitée que j’ai préféré de cette série Eric, merci a toi pour la découverte.
    @Corinne bravo pour cette vie trépidante et ce superbe parcours ! un plaisir de suivre votre aventure faite et a venir 🙂

  8. Les échecs amoureux sont surement ce qui nous fait le plus souvent reprendre en main notre vie… Henry de Monterlant avait raison ! Remercions celles et ceux qui nous quittent !

  9. C’est le plus gros problème quand on blogue à l’étranger je trouve, travailler sur l’ordinateur dans une chambre d’hôtel c’est pas toujours très confortable !

  10. Je suis 100% d’accord avec cet article, travailler de n’importe où sur la planète est une des chances que nous donne Internet et cela offre tellement d’opportunités !
    En tout cas je n’ai jamais mis les pieds en Asie, mais cela donne envie d’y faire un tour …

  11. c’est la revanche des hippies sur les sédentaires ? On peut être hippie philosophe et blogueur, et même ne plus vivre dans la pauvreté ! Vive le web !

  12. Le gaulois commencerait-il sérieusement à penser plus loin que sa Gaule ? Enfin une vision positive de la mondialisation. Faudrait peut-être revoir en même temps la définition du mot réussite.

  13. Merci beaucoup pour vos commentaires les gens 🙂
    @Aurélien : Yep, mais si on a le temps de chercher le bon endroit, on finit pratiquement toujours par trouver son café wi-fi tranquille et frais du coin. Parce que les chambres d’hôtel, ouais, en général ça craint – et les chambres communes des guesthouses généralement c’est pas mieux (super bruyant!). En ce moment j’ai loué une maisonnette au mois à Chiang Mai, donc j’ai un petit atelier à l’étage 2, au coeur de la ville, mais dans une rue tranquille, le tout pour 170€ par mois, charges comprises (et ça, c’est proche du luxe, on trouve pour bien moins cher).

  14. Cette série d’article va vraiment finir de me convaincre de faire mes valises. Merci beaucoup pour ce retour d’expérience vraiment très interessant.

  15. Comme le dit Sylvain plus haut, voilà qui relève le niveau de cette rubrique ! (surtout après celui de la semaine dernière…).
    Un témoignage “frais” (et même vivifiant), sans prétention excessive, et surtout, bien écrit.
    Et qui donne envie de suivre les liens.
    @Corinne : juste une petite remarque concernant le site ‘pro’ (Daedeva), que je trouve par ailleurs très bien (sobre). Il est dommage que le lien “cliquez pour faire défiler” (dans l’entête) ne soit pas disponible sans javascript. En particulier accolé à une mention “sites accessibles”… 😉
    Certes, il s’agit d’un détail (et avec javascript, le concept est excellent, et marche bien) et qui ne concerne que l’entête, mais “en cherchant la petite bête”, tu avoueras que cette partie n’est précisemment pas ‘accessible’…

  16. Salut Mpok,
    Mille mercis pour ton commentaire 🙂 et ta remarque sur l’accessibilité à laquelle j’adhère.
    Cependant, le header n’apporte techniquement rien de plus que le contenu actuel du site – c’est de l’ordre du décoratif et c’est pour ça que je l’ai laissé de côté. Il ne pointe vers aucun lien, et au moins, les attributs ‘alt’ en contiennent l’équivalent en texte. Je penche généralement pour l’amélioration progressive là où je le peux, histoire de ne pas priver les yeux de jolies choses 🙂

  17. @Corinne : oui, c’est décoratif, et c’est pour cela que je disais que c’est un détail.
    Néanmoins, c’est AUSSI une part de “l’argumentaire” que tu développes (et c’est dommage de le priver des ‘non-javascript’). N’y aurait-il pas une manière de “mixer” les deux ? A savoir, action javascript avec l’animation qui va bien pour les uns, et lien ‘en dur’ pour les autres (avec un changement d’entête grâce à une variable GET, par exemple).

  18. Article que je découvre sur le tard sur une demoiselle vraiment intéressante. Je suis son blog depuis… phiou, longtemps.
    Très beau travail sur l’image, le design, mais aussi et surtout un ton atypique, des réflexions décalées, qui démystifient un peu les a priori sur le mode de vie d’un “digital nomad” tout en faisant rêver.

    Excellente continuation à ce blog de belle qualité,

    NowMadNow

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