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Salon de Detroit : Ford, voitures intelligentes et développement durable

Je suis rentré mercredi soir de mon périple de dix jours aux USA ou après le CES à Las Vegas j’ai donc rejoint Detroit à l’invitation…

Je suis rentré mercredi soir de mon périple de dix jours aux USA ou après le CES à Las Vegas j’ai donc rejoint Detroit à l’invitation de Ford pour une série d’opérations autour du NAIAS (Salon de l’auto américain).

Quand l’automobile s’ouvre aux blogs…

Ford avait invité cent blogueurs de quatorze nationalités différentes couvrant quatre thématiques (auto, green, lifestyle et high-tech) pour deux journées destinées à mieux faire connaitre la marque, et notamment ses orientations en matière de véhicules connectés et les efforts accomplis dans le domaine des véhicules propres et de la protection de l’environnement d’un point de vue plus général.

Signe de l’évolution des mentalités et du positionnement des constructeurs, une opération de cette envergure à destination exclusive des blogueurs est à ma connaissance une première dans le monde de l’automobile. Nous avons généralement davantage l’habitude de ce genre d’évènement avec des entreprises dont le cœur d’activité se situe dans le secteur de l’informatique ou de l’économie et des loisirs numériques, comme par exemple HP, LG, Sony et autres. Cette évolution n’est pas anodine et démontre que le secteur automobile, longtemps frileux et quelque peu à la traîne en matière d’intégration des technologies numériques, rentre maintenant de plain pied dans la danse et entend bien devenir un acteur à part entière dans les nouvelles technologies, et ne réserve plus seulement ses meilleures adresses et infos aux journalistes de la vieille presse écrite spécialisée.

L’opération comprenait une journée sur le NAIAS (North American International Auto Show) avec bien sûr une keynote d’ouverture et sa mise en scène impressionnante dans le plus pur style des grands shows à l’américaine destinés à vous en mettre plein la vue (et ce fut le cas). S’ensuivit une visite sur le stand Ford ponctuée de rencontres avec différents responsables, ainsi qu’une conférence sur le développement durable dans lequel le constructeur s’implique résolument, puis enfin une grosse demi-journée consacrée à la visite des usines Ford à Dearborn, achevée par une session de conduite des derniers modèles de la marque sur une piste d’essai (séance interrompue prématurément par une tempête de neige), avec encore ici un pitch sur les dernières évolutions en matière d’intégration de technologies communicantes et tactiles à bord des modèles Ford.

Technologies numériques embarquées : Ford en pionnier

J’ai à plusieurs reprises ici pointé du doigt une certaine inertie quelque peu agaçante des constructeurs automobiles en matière d’intégration des technologies numériques à bord de leurs véhicules. Il a par exemple fallu attendre de nombreuses années avant de voir discrètement arriver les premières malheureuses prises permettant de connecter un lecteur mp3 ou pré-équipements iPod dans une voiture. Quant au web, aux tableaux de bord interactifs et personnalisables et aux écrans tactiles, n’en parlons pas : alors que ces technologies existent depuis plus d’une dizaine d’années dans notre environnement, et notamment via les téléphones mobiles, elles commencent juste à pointer le bout de leur nez dans certains véhicules. Je parle des voitures de classe moyenne bien sûr, celles de monsieur Tout le monde.

A cette occasion, nous avons justement pu constater que Ford – qui n’est pourtant pas une marque positionnée sur le créneau haut de gamme – était plutôt en pointe dans ce domaine. Son système Sync (mis au point en collaboration avec Microsoft) existe depuis 2007, à une époque où même des marques de luxe commençaient à peine à proposer le GPS intégré dans leurs véhicules. Autres fonctionnalités, que l’on a plutôt l’habitude de rencontrer sur des voitures de luxe ici en Europe, celles fournies par MyFordTouch, une interface regroupant sur un grand écran tactile situé en haut de la console centrale toutes les commandes de confort de la voiture, à savoir la climatisation, la navigation GPS, la musique (mp3, périphériques externes, iPod…), la radio (y compris numérique et Satellite aux USA), la gestion du téléphone (acquisition du répertoire de votre mobile via Bluetooth….), et de nombreuses autres fonctions. Soit un système intégré d’origine dans la plupart des modèles Ford vendus aux USA. Malheureusement, MyFordTouch n’est pour le moment pas disponible en Europe, et il faudra attendre 2012 et l’arrivée de la nouvelle Focus par ici pour bénéficier enfin de ces fonctionnalités sur un modèle vendu en France. Pour en savoir plus sur MyFordTouch, voir mes précédents articles sur le sujet :

Je suis de ceux qui pensent que l’automobile a tout à gagner à intégrer un maximum de technologies tactiles et numériques, à condition bien sûr que cela soit fait intelligemment et non pas pour la simple beauté du geste. C’est ce que semble avoir compris Ford, en ne laissant pas échapper cette opportunité. Après tout les USA sont le pays du web et des startups, et il n’est finalement pas étonnant que ce soit un constructeur américain qui soit en pointe dans ce domaine, dans un pays ou pourtant le parc automobile est parfois synonyme d’une certaine rusticité en regard de l’image de haute technologie de l’industrie automobile européenne.

Mais je pense que nous n’en sommes qu’au début, et que l’automobile pourrait aller plus loin dans l’intégration du numérique, en faisant preuve d’un peu plus d’audace. Pour nous qui sommes habitués à passer nos vies sur des écrans, pourquoi ne pas imaginer un tableau de bord qui soit non plus constitué de compteurs mécaniques mais d’un seul écran sur lequel s’afficheraient les données. Bien sûr, ceci existe déjà mais à ma connaissance, aucun constructeur ne propose de voiture avec un écran intégralement personnalisable. Imaginons par exemple les possibilités qu’offrirait une sorte d’iPad embarqué à la place du tableau de bord habituel, sur lequel vous sélectionnez vos widgets à afficher, leur taille, leur emplacement, leur couleur, comme sur votre PC ou votre Mac, avec bien sûr la possibilité de télécharger les widgets de son choix sur un App Store dédié. Ainsi celui ou celle qui n’a cure de connaître le régime moteur de sa voiture supprimerait le widget compte-tours pour le remplacer par le widget météo ou le widget Spotify… Le tout bien sûr encadré par les impératifs de sécurité (verrouillage des widgets au démarrage du moteur par exemple). Nous y viendrons probablement, mais bon, il serait temps de s’y mettre, non ?

En attendant, voici quelques explications de Stéphane Césaréo, directeur de la communication et des affaires publiques de Ford France, sur MyFordTouch, MyFordMobile et Ford Sync.

Voiture et écologie, un mariage de raison ?

Côté greentech, Ford souhaite clairement montrer son engagement dans ce domaine. Après avoir annoncé au CES le lancement prochain de la Ford Focus électrique, le constructeur indique qu’il lancera cinq véhicules “propres”, à savoir électriques ou hybrides, d’ici 2013, dont trois étaient présents sur le stand (Focus électrique, C-Max hybride et C-Max Energi). Nous avons eu l’occasion de conduire quelques voitures de la gamme, et notamment des hybrides, ce que je n’avais encore jamais fait. La douceur et le silence de fonctionnement sont tout simplement bluffants, procurant un plaisir de conduite et un confort inédits, à tel point qu’à part quelques irréductibles du talon-pointe et des pneus qui fument, je pense que tous ceux qui essaieront une hybride voudront en faire leur prochaine voiture. C’est mon cas (vivement les modèles hybrides Audi !).

Mais, pour une entreprise de la taille de Ford, la sauvegarde de l’environnement ce n’est pas seulement produire des voitures propres, c’est aussi les produire proprement. Ainsi l’usine de Dearborn a-t-elle été complètement repensée en fonction de ces critères au cours de dernières années, afin de réduire son empreinte, avec des systèmes d’isolation, de climatisation et de recyclage des eaux de pluie destinés à museler la pollution générée par ce type d’installation industrielle.

Greenwashing ? Je pense que la question, inévitable, n’est plus vraiment pertinente. Les constructeurs automobiles, comme les autres industriels, savent qu’ils n’ont plus le choix, et qu’ils doivent s’inscrire dans le développement durable. Il en va aussi de leur survie, et pas seulement pour des préoccupations d’image. On ne pourra pas leur reprocher de faire des efforts en la matière, mais ceux qui communiquent de façon pernicieuse sur le sujet en laissant croire qu’ils sont des parangons de verte vertu se feront immanquablement taper sur les doigts. Et on sait ce que signifie se faire taper sur les doigts pour une marque à l’ère d’internet et des réseaux sociaux… Ford a donc plutôt une approche modeste et pragmatique de la question, en évitant d’en faire trop, ce qui n’aurait de toute façon pas dupé certains blogueurs écolo invités, dont certains sont d’après ce que l’on m’a dit réputés pour leur intransigeance.

Le salon de Detroit en bref

J’ai été surpris par la taille relativement modeste du NAIAS, en comparaison avec le Mondial de l’auto de Paris ou même le salon de Genève. Le secteur de l’automobile aux USA est encore convalescent après deux faillites retentissantes (Chrysler et GM) et cette édition semble cependant être celle d’une reprise discrète, avec le retour des constructeurs américains, les voitures électriques et connectées. Les deux nouveautés marquantes de cette édition, outre les annonces Ford, proviennent d’Europe, et plus précisément d’Allemagne, avec la Porsche 918 RSR, une supersportive hybride motorisée par un V8 de 563 CV assisté par deux moteurs électriques de 75 kW chacun, et la nouvelle Audi A6, dont une version hybride hybride est dotée d’un moteur 2L TFSI de 211 CV couplé à un un moteur électrique de 32 kW.

Detroit, l’automobile, la crise… et la musique

Enfin, côté impressions, notre court séjour à Detroit a permis de vérifier et de confirmer ce que j’avais déjà à maintes reprises lu et entendu sur cette ville, durement frappée par les crises successives (chocs pétroliers, crises de l’automobile, subprimes…), et dont des quartiers entiers ressemblent un peu à des cités fantômes, avec leurs cortèges de bâtiments abandonnés, de commerces vides et de maisons éventrées.

Un paysage parfois presque surréaliste, que le froid et la neige ne contribuent pas à rendre plus riant. N’oublions pas cependant que Detroit fut une ville riche et dynamique au temps de la splendeur de l’industrie automobile américaine et de ses Big Three (General Motors, Ford et Chrysler) qui étaient ses poumons, son cœur et sa fierté, et qu’elle reste aussi à jamais la ville qui a vu naître la Motown, le fabuleux label discographique ayant donné le meilleur de la musique noire et soul, des Temptations à un certain Michael Jackson

Et puisque nous sommes dans la musique, Detroit (ou sa banlieue) a produit aussi quelques déjantés célèbres côté rock, avec les mythiques MC5, Ted Nugent ou encore… Iggy and the Stooges (sans oublier Madonna). Avec un palmarès aussi prestigieux, une ville ne meurt jamais vraiment, n’est-ce pas ?

Note au lecteur : toutes les photos (hors photos du dossier de presse) ont été faites avec mon iPhone 4, car mon Canon 450D est tombé en panne à Las Vegas pour la deuxième fois en 18 mois avec une panne identique (slot carte mémoire mort).

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21 commentaires
21 commentaires
  1. Intéressant de constater en effet que les constructeurs américains reprennent la main grâce aux véhicules hybrides et aux équipements hightech. On peut citer aussi la Chevy Volt

  2. Detroit est assez lugubre, je confirme, même le centre-ville, c’est certainement une des dernières villes US à ne pas avoir encore su reconquérir son “downtown” pour en refaire un espace convivial

  3. Joli retour de Ford, dommage que leur gamme américaine ne soit pas disponible en France, pour deux fois moins cher qu’une Audi A6 tu as une Taurus super équipée, luxueuse et confortable

  4. Je ne partage pas cet engouement pour les voitures électriques / hybrides, faussement écologique. L’électricité ne se “trouve” pas dans la nature et étant donné le rendement faiblard des énergies renouvelables, il est évident que cette électricité provient essentiellement du pétrole et du charbon. De plus, le coût énergétique de production d’une voiture hybride est 3 fois supérieur à celle d’une voiture classique.

    L’oxymore “développement durable” n’a rien d’écologique : il s’agit simplement de poursuivre le pillage de la planète tout se persuadant que l’on agit en “bonne conscience”.

    La crise énergétique, l’explosion démographique et la pollution devraient nous convaincre de remettre en cause notre dépendance énergétique. Mais cela n’est pas près d’arriver…

  5. @Batou : je partage un peu ton avis sur la question, je me demande l’impact réel de l’énergie électrique dans les voitures, maisnmors que proposes-tu ? Décroissance ?

  6. Je suis tout à fait d’accord : des voitures propres et “connectées”, c’est l’avenir de l’automobile. Les cycles de croissance de l’économie sont tirées par des “grappes d’innovations” (Schumpeter) qui se diffusent un peu partout. Le numérique et le vert, c’est le moteur de la croissance des prochaines décennies. Enfin, c’est mon humble avis 🙂
    Sinon, Détroit, c’est aussi là qu’a grandi Eminem et qu’a été tourné 8 Mile !

  7. Je partage totalement l’opinion de Batou.
    Conjuguer développement durable et automobile personnel m’a fait se hérisser les cheveux.
    Sous couvert d'”ecologie” on nous vend la voiture électrique, qui n’a d’écologique que le nom. L’électricité est très polluante à produire (en France nous prenons même le risque nucléaire pour produire la majorité de notre électricité), et la production d’une voiture électrique est au moins aussi polluante que celle d’une voiture thermique (pour rappel la production d’une voiture neuve thermique ou électrique aura déjà émis l’équivalent carbone de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres parcourus en voiture).
    Maintenant que nous avons officiellement passé en 2006 le pic de pétrole, nous entamons le pillage des ressources en lithium, très limitées sur Terre.

    C’est une politique de l’autruche. On se donne bonne conscience et sous couvert d’ecologie on continue a foncer droit dans le mur.

    Et pour répondre à Eric, une solution passe par l’abandon de l’automobile particulière dans la plupart des cas, surtout en milieu urbain. Inutile de sortir son 4×4 pour chercher son pain au bout de la rue ou déposer ses enfants à l’école. C’est une démesure totale de consommer l’énergie nécessaire au déplacement d’1.5 tonnes juste pour transporter 70kg.
    Qui plus est la voiture électrique ne règlera jamais le problème de l’encombrement (bouchons), de la dangerosité (face aux piétons et véhicules légers), de la santé publique (pourquoi croyez vous que l nombre d’obèses augmente?) ou de son recyclage.

  8. Qu’est-ce qui sauvera Ford ? La notion d’écologie est forcément une piste mais l’industrie automobile a un tel passé lié à la pollution…

  9. Et la volt était-elle là bas aussi ? c’est clairment la voiture que j’attend une vraie de vraie électrique avec un groupe electrogène qui consomme 1,4 litre au 100 quand nous sommes loin de chez nous. Du coup c’est electricité toute la semaine et un peu d’essence le week-end pour aller au ski dans les Pyrénées bref un concept bien meilleur que ce que nous prévoient nos industriels bien de chez nous et qui veulent qu’on transfert le budget essence dans les batteries bien à eux…

  10. @Eric : je n’ai pas de solutions miracles “clé-en-main” et je ne m’inscris pas dans une idéologie économique. C’est plus notre rapport au monde qui m’importe, le fait de retrouver du respect pour cette planète à qui on doit la vie. Retrouver un rapport simple avec les hommes et la planète ne signifie pas que nous devons finir dans une yourte isolé de tous.

    Pour revenir au sujet, le problème est la question de notre dépendance. Notre dépendance à l’énergie nous éviterait de recourir aux catastrophes sanitaires que nous réserve l’extraction de gaz de schiste. Notre dépendance à la voiture : redéployer la popolation parisienne sur le territoire, favoriser et améliorer les transports en commun au détriment des voitures, faire en sorte que le transport en commun soit beaucoup moins cher et beaucoup plus pratique que le véhicule individuel.

    Je rejoins donc Romain sur la nécessité de se passer de plus en plus des voitures en milieu urbain.

  11. C’est quand même sympa d’être un blogueur important, les invitations sont plutôt cool 🙂
    Sinon je suis assez fidèle à la marque Ford depuis quelques années maintenant et j’ai hâte de voir l’arrivée de leurs hybrides en France.

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