Passer au contenu

Stations de recharge pour voitures électriques : après les balbutiements, une lame de fond ?

Entre le réseau Ionity et les efforts des constructeurs, la densité des points de recharge pour voitures électriques en Europe se développe fortement depuis quelques mois. Reste à mettre un peu d’ordre et de cohérence dans ces nouvelles offres, afin que les consommateurs (et l’environnement) puissent réellement en profiter.

Alors que la question de la transition énergétique est de plus en plus brûlante, et qu’elle parait même centrale dans les mouvements sociaux qui agitent notre pays en ce moment, il semblerait que les choses évoluent très vite du côté des infrastructures. De nombreux signaux encourageants montrent qu’un mouvement semble définitivement engagé en faveur de la voiture électrique, et qu’il accélère fortement depuis quelques mois.

Aux origines de ce qui pourrait bien se transformer en lame de fond dans les prochaines années, ce sont d’abord les constructeurs automobiles qui donnent le tempo avec différentes annonces. Ainsi, Porsche a récemment annoncé le déploiement de chargeurs maison qui seront installés dans son réseaux de concessions, et qui pourraient peut-être accueillir des voitures d’autres marques. Puis c’est Tesla qui a indiqué que sa future Model 3, donc la commercialisation en Europe devrait débuter début 2019, serait équipée d’une prise “universelle” CCS, lui permettant de se recharger sur d’autres bornes que les Superchargeurs Tesla. C’est également Audi, qui développe le service de recharge e-tron, dont l’objectif est de rendre 80 % des bornes de recharge européennes disponibles dans le cadre d’un système unifié d’accès et de paiement.

Le réseau Ionity, l’avenir de l’électrique ?

Mais, alors que toutes ces marques ont récemment fait la une de l’actualité, le déploiement le plus spectaculaire est peut-être celui dont on parle le moins, à savoir réseau européen de charge ultra-rapide Ionity. Comme prévu, celui-ci a récemment accéléré le déploiement de son réseau CCS, passant de 6 sites en exploitation à la mi-septembre (et 14 autres en construction) à 23 sites opérationnels à la mi-novembre (et 40 autres en construction). Ce qui laisse penser que le réseau pourrait atteindre son objectif initial de 50 emplacements ouverts (avec une moyenne de 6 bornes de recharge chacun) d’ici à fin 2018. Le fait qu’ils aient jusqu’à présent réussi à respecter leur calendrier initial suggère que l’équipe Ionity est crédible quand elle annonce son intention d’ouvrir 400 sites d’ici la fin 2020.

Actuellement, beaucoup de ces premiers sites Ionity ne disposent que de 4 bornes de recharge, bien que l’objectif à court terme soit d’avoir une moyenne de 6 bornes par site, avec sans doute la possibilité d’étendre ce nombre aux sites les plus occupés dans le futur. En particulier, chaque borne peut fournir jusqu’à 350 kW de courant continu via l’interface CCS, ce qui signifie que le réseau est à l’épreuve du temps pour les voitures capables de charger à ces niveaux de puissance. Le seul véhicule doté de cette capacité annoncée jusqu’à présent est la Porsche Taycan, dont la mise en vente est prévue pour fin 2019.

Le salut de l’automobilus electricus passe par la standardisation

Malheureusement, si le marché et les infrastructures évoluent rapidement, il n’en n’est pas de même de la transparence des services vendus aux clients roulant à l’électrique. Hormis les chanceux qui se déplacent en Tesla, qui peuvent compter sur la grosse autonomie de leur voiture et surtout sur le réseau chaque jour plus dense de Superchargeurs, les autres sont encore à la peine. La faute à des fournisseurs de services qui, inlassablement répètent les mêmes erreurs et donc le même scénario que l’on connait chaque fois qu’un nouveau marché émerge : créer des réseaux cloisonnés, non compatibles, afin de protéger leur pré carré. Au détriment du consommateur, bien sûr. Comme l’explique Audi chez notre confrère CleanTechnica : “En fait, il y a déjà plus de 80 000 points de recharge en Europe, mais ils proviennent de 1 000 opérateurs différents, tous avec des applications différentes ou des systèmes de paiement différents.” Tous ceux qui ont déjà essayé de parcourir des trajets en VE un peu plus longs que quelques dizaines de kilomètres pour se rendre à leur travail ou faire des courses peuvent généralement en témoigner : même avec 80 000 bornes de recharge en Europe, refaire le plein d’électricité peut vite se transformer en vraie galère, et le moindre voyage au long cours et cauchemar : prises non compatibles, systèmes d’abonnement différents, nécessitant plusieurs cartes différentes, coûteux et d’une ergonomie d’un autre temps, bornes en panne ou non actives, temps de charge décourageant etc.

Alors, lame de fond ? Probablement. Encore faudrait-il que tout ce petit monde s’accorde pour qu’enfin le passage à l’électrique puisse se faire sereinement et dans la plus grande fluidité. Il restera ensuite aux constructeurs à proposer des voitures moins chères et à l’autonomie “acceptable” pour l’automobiliste moyen, et le pétrole pourra peut-être enfin faire son entrée méritée au musée de l’automobile.

📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Newsletter 🍋

Abonnez-vous, et recevez chaque matin un résumé de l’actu tech

4 commentaires
4 commentaires
  1. Le problème qui va se poser, c’est que 350kW ça correspond à la puissance électrique de 60 appartements, ou 25 très grosses maisons. Le réseau électrique pourra-t-il fournit autant d’électricité en 15 minutes, sachant que plusieurs VE se chargeront en même temps ?

    1. Quand je passe devant une station service équipée de 6 pompes je n’en voisuis pas souvent plus d’une en train de servire un client et je passe souvent devant des stations services ou il n’y a aucun vehicule . Quand l’électrique sera en mesure de remplacer les machines à pétrole on sera dans la même configuration
      Serge Rochain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *