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Télétravail en France, le grand bond en avant en 2013

Concernant la pratique du télétravail, la France ne serait pas autant en retard qu’on le prétend fréquemment. C’est ce que démontre une récente étude. Etat des lieux et perspectives d’une pratique qui doit son essor en grande partie à internet.

Article rédigé par Xavier de Mazenod. Xavier dirige la société Adverbe spécialisée dans la communication d’influence. Il est également l’éditeur de Zevillage.net, site d’information et réseau social des nouvelles formes de travail (télétravail, coworking, temps partagé…).

Contrairement à une idée reçue, la France ne serait pas autant en retard pour la pratique du télétravail qu’on le dit souvent. C’est une observation que nous avons pu faire pendant le Tour de France du télétravail 2012 dont nous venons de rendre les conclusions à Paris, étayée par la plus grande enquête sur le sujet jamais réalisée en France. Non seulement nous ne sommes pas en retard mais, en plus, 2013 devrait voir une propagation rapide de ce mode d’organisation dans les entreprises et, dans une moindre mesure, dans les administrations. Pour 3 raisons au moins.

Tout d’abord, il existe un mouvement de fond, un bouillonnement d’initiatives, pas toujours visible à l’échelle nationale. C’est ce que nous avons observé pendant le Tour de France du télétravail et des tiers lieux (1). En 11 étapes, nous avons rencontré des centaines de responsables d’entreprises, DRH, collectivités locales qui pratiquent déjà avec succès de nouvelles formes de travail comme le télétravail, le coworking ou le travail en mobilité.

La longue marche vers le télétravail

Nous avons également observé le dynamisme du phénomène des tiers lieux, ces lieux de travail entre le domicile et le bureau (télécentres, espaces de coworking, Smart work centers…) : environ 150 sont ouverts en France et autant sont en projet. Très différents les uns des autres, leur personnalité dépend du territoire d’implantation et du projet des créateurs.  Portés par des collectifs d’indépendants voulant travailler ensemble, par des collectivités locales ou par des entreprises, ils ont tous en commun d’innover et de mettre en pratique les formes d’organisation du travail de demain.

Deuxième raison du décollage prévisible : les chiffres du nombre de télétravailleurs souvent avancés (entre 6 et 12%) sont soit anciens soit issus d’enquêtes très sectorielles. Or les vrais chiffres correspondent mieux au dynamisme observé.

LBMG Worklabs, co-organisateur du Tour, a récemment réalisé une méta-étude de toutes les études réalisées entre 2000 et 2010 pour pouvoir comparer des données comparables. Les vrais chiffres du télétravail approcheraient 17% de la population active (16,7% exactement dont 14,2 % de salariés).

Une méta-étude confortée par les résultats sous forme d’infographie dans la grande enquête sur le télétravail réalisée pendant le Tour.

Notons, au passage, que nous n’adoptons pas l’acception juridique habituelle du mot “télétravailleur” qui, en droit, est réservée aux seuls salariés. Le mot “télétravail” ne recouvre déjà plus la réalité des pratiques du travail pour ne pas en rajouter dans la segmentation. Aujourd’hui, dans une même journée, chacun d’entre nous peut pratiquer tour à tour le télétravail, le coworking, le travail collaboratif à distance et le travail nomade, en mobilité. N’opposons plus les mots, ces manières de travailler sont juste les différentes facettes d’une nouvelle organisation du travail en gestation.


Martine Bordonné, DRH Orange-Etape TourTT de Rennes

Le travail fait sa révolution culturelle

Troisième raison qui explique la très probable explosion du phénomène télétravail en 2013 : la loi Warsman de mars 2012 qui a fait entrer le télétravail dans le code du travail. Un texte plus symbolique qu’indispensable puisqu’il existait auparavant l’excellent et très complet Accord national interprofessionnel (ANI) de 2005, la bible pour tout DRH souhaitant mettre en oeuvre le télétravail. Mais une loi qui possède la vertu d’obliger les entreprises à formaliser les pratiques de “télétravail gris” existantes. Ce qui devrait faire sortir dans les statistiques officielles la réalité du télétravail en France.

On peut se réjouir de la vitalité du phénomène car derrière le télétravail se profilent les bénéfices de la transformation de l’entreprise pyramidale organisée en silos vers une entreprise ouverte en réseau.

Il existe encore beaucoup de réticences, de craintes, de méconnaissance du sujet. Mais l’exemplarité et le taux de satisfaction des salariés et des managers qui ont déjà adopté ces nouvelles organisations du travail plaident tout seul. Il semble bien qu’en 2013 le point de bascule soit atteint.

(1) : le Tour de France du télétravail a été organisé par Zevillage, LBMG Worklabs et OpenScop d’octobre à fin décembre 2012 – www.tourdefranceduteletravail.fr

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24 commentaires
24 commentaires
  1. J’ai toujours prôné le télétravail, mais pas à 100%.
    2j de télétravail sur 5 me semble un bon compromis.
    Il est nécessaire d’avoir de vrais contacts avec ses collègues, et ne serait-ce que pour pouvoir faire des réunions tous autour d’une table.

  2. Le télétravail n’est pas fait pour tout le monde. Pour ma part, je crois que je n’aurai pas la rigueur nécessaire pour travailler autant de chez moi que ce que je fournis au bureau. Et puis le contact avec les collèges est quand même plus motivant qu’un écran de PC !

  3. En photo, l’espace de coworking d’Angers, où les travailleurs indépendants/télétravailleurs se retrouvent pour pouvoir travailler, échanger, faire émerger de nouveaux projets, etc …

    Très bonne initiative !

  4. D’accord avec le premier commentaire, pour moi il est indispensable d’avoir quelques jours ou une semaines sur 2 pour garder le contact non seulement avec ses collègues mais surtout avec la vie d’entreprise.

  5. Il est clair que le télétravail a de plus en plus d’avenir. Réductions des déplacements, des coûts et meilleure qualité de vie pour les employés. Il faut le faire avec parcimonie pour éviter les problèmes mais en 2013 plus besoin de démontrer que ça fonctionne.

  6. Je ne pense pas que les Français soient prèt pour le télétravail. Ca marche bien dans les pays anglophone parce que les travailleurs sont disciplinés et n’ont pas besoin d’être physiquement présent pour faire leur boulot.

  7. @Immobilier Genève : je suis tout a fait d’accord. Malgré les possibilités offertes par le numérique, les ‘contacts physiques’ sont indispensables notamment pour conserver l’appartenance à l’entreprise, faciliter le management, le lien avec les collègues… Ceci est biensur également lié à l’activité, au métier, à la personnalité du télétravailleur et la typologie du lieu où s’exerce le télétravail.

  8. Quand on a un salarié en télétravail ou un stagiaire en télétravail, il faut prendre une assurance comme n’importe quel salarié classique ?

  9. @popstickers : un télétravailleur est un salarié comme un autre. L’entreprise a donc les mêmes obligations envers lui. Cela dit, de quelle assurance parlez-vous ?

  10. Bonjour,
    je vous remercie pour cet article.
    Sincèrement je pense que ca peut pas être un job à long terme! le contact physique et primordiale mais ca m’a permis de financer mes études 😉
    je peux travailler de n’importe ou 🙂

  11. Il y a sans doute une autre raison favorable au télétravail : les Français sont sans doute plus travailleurs que d’autres nations (je pense aux Allemands, ou aux Britanniques, particulièrement doués pour faire travailler les autres à leur place) ; or travailler sous les ordres d’un patron implique un rendement nécessairement “moyen”, dans la mesure où le plaisir qu’il peut y avoir à travailler n’est guère pris en compte dans le management, ou seulement sous la forme d’une carotte ou d’une récompense.

  12. Les espaces de coworking sont une très bonne alternative au télé-travail à domicile. Ils permettent au télé-travailleur isolé de se re-sociabiliser et de bénéficier de toutes les commodités d’un bureau, tout en conservant la flexibilité qu’ils pouvaient avoir en travaillant de chez eux.

  13. Nous avons dans nos espaces de coworking de plus en plus de télétravailleurs. Aujourd’hui, ils représentent à peu près 10% de nos membres.
    Mais généralement, c’est de leur propre chef qu’ils ont décidé de télétravailler, et de venir le faire de chez nous. Cela passe ensuite par une négociation avec l’entreprise concernée (service RH ou direction).
    Pour l’instant, nos télétravailleurs sont uniquement des salariés de PME. Pas de grand groupe…

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