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The Crew : le meilleur des jeux répétitifs et pas très beaux

Passage au crible de The Crew, jeu Ubisoft développé par le studio lyonnais Ivory Tower. Un très bon jeu, malgré ses nombreux défauts.

Vous savez quoi ? J’avais un peu de temps à tuer ce matin et j’ai donc pris le volant et la route pour rallier New York City à Miami. Pied au plancher, j’ai traversé Daytona et Cap Canaveral avant d’arriver enfin auprès des plages de Floride. A ce moment précis, vous vous demandez si je suis juste mytho ou bien complètement fou. La vérité : je suis un gamer et j’ai passé un peu de temps à jouer à The Crew.

La promesse de la liberté

Dévoilé par Ubisoft il y a deux E3 de cela (en Juin 2013), je me souviens encore du sentiment qui m’a submergé alors que j’étais le cul enfoncé dans les sièges du Los Angeles Theater à découvrir les premières images de The Crew.

Introduit par Yves Guillemot lui-même, le PDG d’Ubisoft n’avait d’ailleurs pas été de main morte en présentant The Crew comme le jeu qui allait révolutionner le genre. Et pour cause, la promesse était énorme : l’intégralité des Etats-Unis d’Amérique comme terrain de jeu, avec aussi bien une modélisation des grandes villes, comme de la campagne ou des canyons de l’Arizona.

Tous les USA ? Pas à l’échelle bien sûr, mais la taille parfaite pour permettre de longs road trip exaltants, tout en permettant d’être suffisamment repensée pour ne pas vous ennuyer 4 heures sur la route pour rejoindre Los Angeles à Las Vegas. Présentée comme une liberté rendue possible grâce à la nouvelle génération de consoles, celle-ci ne vient pas sans une contrepartie.

En effet, la liberté n’est pas très belle. Dit comme cela, vous pensez à une considération philosophique, mais pas du tout. Plus vous modélisez une surface étendue, et moins celle-ci sera détaillée et travaillée. Imaginez le travail réalisé par Ubisoft sur Watch Dogs pour vous offrir une magnifique ville de Chicago, difficile d’espérer The Crew proposer une aussi belle représentation de Chicago, New York, Los Angeles, San Francisco, Washington, Las Vegas, Saint Louis, et tous les patelins qui se trouvent entre deux. The Crew n’est ainsi pas magnifique. Si on parle uniquement graphisme à un instant T (en faisant abstraction de la vaste carte proposée), il n’aurait pas été surprenant de le voir tourner sur PS3 ou Xbox 360. Vous aurez ainsi tous les inconvénients de voir trop grand : un manque de profondeur dans certaines villes modélisées, plus d’aliasing que vous souhaiteriez en voir en 2015, ou encore des textures apparaissant au dernier moment, etc.

Après, va-t-il s’agir d’un défaut majeur de The Crew ? Absolument pas ! Une fois que vous êtes conscient de cette “particularité”, vous arrivez à l’accepter rapidement pour vous concentrer sur le reste. C’est le moment où vous éjectez un Forza Horizon 2 pour insérer un The Crew qui va largement jouer en la défaveur de ce dernier, mais il est loin d’être moche. En réalité, vous allez même le trouver beau après quelques heures de jeux, séduit par la variété des paysages qui se succèdent au fur et à mesure que vous avalez de l’asphalte, passant des montagnes enneigées, à une forêt de séquoias géants, avant de traverser le désert pour entrer dans une ville. Un plaisir qui pourra contrebalancer les problèmes esthétiques.

Une histoire de territoire

The Crew est un jeu de courses qui aurait fricoté avec un GTA. Différence avec GTA : vous enlevez toutes les séquences à pied et de combat pour rester 100% du temps dans un bolide. Similitudes avec GTA : libre sur une grande aire de jeu (même si la taille du terrain de jeu est un point où The Crew bat GTA à plates coutures), et une histoire en mode guerre des gangs.

En effet, The Crew est l’histoire des 5-10, un gang constitué de pilotes, amateurs de courses illégales dans les rues des Etats-Unis. Le héros du jeu, Alex Taylor, est le frère du chef des 5-10. Un chef qui sera vite réduit au silence, assassiné devant les yeux de son frère qui se verra accusé du crime et emprisonné. Contacté cinq années plus tard par un agent du FBI, il se verra proposer un deal : il sortira de prison s’il accepte de travailler pour le FBI à coincer les deux personnes responsables du meurtre de son frère.

Le voilà donc de nouveau sur les routes des USA, découvrant un nouveau paysage pour le gang des 5-10. Désormais dirigé par l’assassin de son frère, le gang trempe dans le business de la drogue et de la vente d’armes. S’il veut remonter la piste et décapiter la nouvelle tête des 5-10, il va devoir infiltrer l’organisation en montant les échelons. Il doit donc faire ses preuves pour acquérir son premier tatouage (preuve de l’appartenance au gang) avant de gagner le droit d’arborer un rang plus important chez les 5-10 (le chef étant désigné comme le V8, celui en dessous le V6, etc.)

L’histoire semble donc être un vrai bon point de The Crew, sur fond de vengeance et d’infiltration jusqu’au plus haut de l’organisation. Il ne vous faudra pas longtemps pour apercevoir le fait que l’histoire est en réalité un prétexte à une série de courses.

Répétitif ?

Il faut entrer dans l’organisation : fait la course. Il faut aller rencontrer une personne qui peut t’aider : fait la course. On t’attend à Seattle : fait la course. Bref, la variété des missions n’est clairement pas le point fort de ce The Crew. S’il faut les lister de manière plus fine, vous allez avoir :

  • Courses contre 5 autres voitures
  • Courses contre la montre
  • Suivre une voiture
  • Echapper à la police
  • Dégommer une voiture en la suivant

Globalement, et à quelques nuances près, il s’agit d’aller d’un point A à un point B le plus rapidement possible. Le dernier type de missions cité, où il faut percuter un véhicule plusieurs fois pour le sortir de la route, sera souvent assez difficile et vous devrez la refaire plusieurs fois. La “bonne nouvelle” : la voiture va prendre exactement les mêmes routes à chaque fois, suivant un rail invisible où même les “surprises”, les moments de bluff où le véhicule veut vous faire croire qu’il va à gauche avant d’aller à droite, sont scénarisés et répétés à chaque essai. L’intelligence artificielle de The Crew est donc réduite au minimum, ce qui devrait vous simplifier la tâche une fois que vous avez repéré le terrain lors d’un premier essai.

Les missions sont d’ailleurs tellement scénarisées que même les éléments extérieurs vont être prédéfinis à l’avance avec précision. Course dans Cap Canaveral où vous vous retrouvez sur le pas de tir d’une fusée en train de décoller, grue qui soulève un arbre 3 secondes avant votre passage, avion qui rase la piste au moment précis de votre arrivée, etc. Si la volonté des développeurs étaient clairement de donner de la vie et de la profondeur au jeu, j’ai personnellement eu l’impression de me retrouver devant un Ridge Racer Revolution tant la mécanique était visible.

Ridge Racer, jeu dont nous retrouvons également une deuxième caractéristique : The Crew ne pardonne pas l’erreur. Vous devez ainsi rester concentré à chaque instant pour ne pas percuter un mini élément de décor qui vous fera partir en tête à queue et rater la course. Le résultat : vous allez souvent devoir réessayer une mission plusieurs fois avant de la réussir. Je ne vais pourtant pas classer ce point dans les inconvénients : c’est très bien pour les hardcore gamers et le plaisir de réussir une mission est bien plus prégnant que si vous survoliez toutes les courses.

The Crew : un bon jeu

C’est le moment où, après une comparaison avec un jeu de 1995, et la mise en lumière d’une série d’inconvénients, je vous découvre en train de réfléchir à quel jeu vous allez acheter à la place de The Crew. Attendez !

The Crew ne sera pas le plus beau jeu que vous verrez, les missions se ressembleront un peu toutes et l’histoire n’aura finalement été qu’un beau prétexte. Et pourtant, malgré tout cela : je n’ai pas regretté un instant passé sur les routes du dernier Ivory Tower. Le studio a clairement fait du bon travail, même si de nombreux défauts sont bien présents. Comme avec Watch Dogs, on est probablement plus dur avec les jeux que l’on aime vraiment. J’attendais beaucoup de The Crew, et il n’a pas répondu à toutes mes espérances. Par contre -et j’insiste- cela ne veut pas dire que le plaisir de jeu n’était pas au rendez-vous. The Crew fait partie de ces jeux qui vous donnent compulsivement envie de retourner à la console, qui vous empêchent d’arrêter après une mission (allez, juste une de plus, et une autre). Après tout, qui n’aime pas la perspective de se faire un road trip à l’américaine ?

  • Disponible sur Xbox One & PS4

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4 commentaires
4 commentaires
  1. C’est étonnant non ? Les missions sont toutes des courses 😮
    Ah, ben oui, mais c’est un jeu de courses en même temps .. du coup, heureusement ! 🙂

    Sinon, il est aussi disponible sur PC 😉

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