Dans les pays pauvres, notamment en Afrique, la cécité cornéenne est un problème de taille. Une simple coupe, avec une feuille de maïs, peut mener à une lésion sur la cornée qui, non traitée, finira par anéantir la vue d’un oeil. Dans le monde, 12,7 millions de personnes sont actuellement concernées. Les traitements sont encore plus un fléau, avec des greffes de cornée toujours plus difficiles à se procurer et d’une difficulté de manipulation des implants.
Dans la revue scientifique Nature Biotechnology, des chercheurs ont mené une étude sur 20 patients, avec une cornée synthétique novatrice qui pourrait grandement changer les choses. Bien sûr, les laboratoires sont nombreux à chercher une alternative à la greffe de cornée traditionnelle, qui est à la fois en pénurie et qui ne peut pas être conservée plus de deux semaines. Mais la solution trouvée ici offre des résultats particulièrement intéressants, et des bénéfices indéniables.
La solution des chercheurs serait en mesure de permettre de retrouver la vue seulement deux semaines après la greffe. L’implant, quant à lui, pourrait être conservé jusqu’à deux ans, de quoi grandement simplifier sa distribution dans le monde entier. “Nous pensons qu’il pourrait atteindre les personnes qui ont un accès limité aux soins oculaires, car les [nouveaux implants] peuvent être expédiés littéralement n’importe où et stockés dans un réfrigérateur avant utilisation”, écrivait l’un des responsables de l’étude, l’ophtalmologiste de l’Université suédoise de Linköping Neil Lagali.
Selon les données publiées dans la revue, l’implant expérimental n’aurait conduit à “aucun événement indésirable observé” au cours d’une période de 2 ans de test.
La composition de cette cornée synthétique
Pour tenter de trouver une solution à celle qui se présente comme la quatrième catégorie de cécité la plus répandue dans le monde, les scientifiques sont partis de la peau de porc. Plus précisément, pour réparer la cornée humaine endommagée, qui ne permet plus la transparence nécessaire pour que la rétine puisse capter la lumière, l’implant synthétique a fait appel à l’atélocollagène dermique porcin purifié et lyophilisé, qui possède d’excellentes propriétés.
“En bref, le collagène purifié est réhydraté et réticulé avec un agent de réticulation chimique non toxique qui est soluble dans l’eau et s’élimine de l’implant. Son seul effet est de lier les fibres de collagène pour rendre l’implant plus solide. Ensuite, dans une deuxième étape, l’implant est exposé à la lumière UVA qui lie davantage photochimiquement les fibres de collagène, pour donner un implant très robuste qui est un hydrogel contenant presque 90% d’eau”, expliquait le scientifique dans une interview à Technology Networks.
Les greffes à partir de cornée humaine resteraient la solution la plus efficace mais comme signalaient les chercheurs, les quantités actuelles de greffes ne permettent de prendre en charge 1 cas sur 70 seulement. “Nous pensons que le BPCDX pourrait réduire considérablement la demande de tissu cornéen de donneur à l’avenir”, ajoutait Neil Lagali.
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