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Université 2.0 : se dirige-t-on vers un modèle freemium ?

Nouveaux modèles d’affaire, intelligence artificielle… Quel est l’impact de la généralisation du numérique, d’internet et des nouvelles technologies dans les universités ? État des lieux.

Article rédigé par François Briod, observateur des enjeux de l’éducation sur internet, co-fondateur d’une ONG qui soutient un village au Cameroun et rédacteur sur Post-Wit.

Imbriquée dans le tissu économique local, influençant les courants de pensée, active dans la recherche et la diffusion de savoir, l’université a joué un rôle crucial dans le développement de nos sociétés. Du côté des nouvelles technologies, les universités et leurs gradués sont au centre d’avancées majeures dans la recherche, mais aussi lors de la mise sur le marché et la création d’innovants modèles d’affaires. Il suffit de prendre pour exemple le parc technologique de Stanford en Californie et son impact sur l’univers technologique aujourd’hui.

En retour, les nouvelles technologies ont, elles aussi, influencé l’université et son système d’enseignement. Que ce soit au niveau de la communication étudiants – assistants – professeurs, où les possibilités d’interactions se sont multipliées avec des plates-formes interactives contenant documentation de cours, sondages, matériel complémentaire, tests, ou encore des forums où les étudiants s’entraident et posent leurs questions. L’influence est aussi visible sur le développement du contenu, enrichi par de la vidéo, des images, des graphiques ou par l’utilisation de programmes informatiques. Les nouvelles technologies ont aussi mené à la création d’un certain nombre de nouvelles branches universitaires – l’informatique en tant que discipline universitaire ne date que des années soixante.

Une promesse d’accès à une éducation de qualité démocratisé et gratuit ?

Un phénomène émergeant et prometteur risque de bouleverser l’université telle que l’on la connaît dans les années à venir. Certaines universités, comme les très réputées Stanford et le MIT, ont commencé à proposer des plate-formes de cours entièrement accessibles en ligne gratuitement. Stanford a commencé avec un cours sur l’intelligence artificielle (Introduction to artificial Intelligence https://www.ai-class.com/) et le MIT devrait ouvrir sa plate-forme MITx au printemps 2012 (cela ne devrait donc plus tarder).

Alors que nous connaissons déjà les podcasts universitaires (le programme iTunes U par exemple), le fait de proposer un programme complet, une plate-forme spécifique, et une certification attestant la formation va permettre une utilisation à grande échelle de ces formations numériques.

L’impact qu’une telle avancée peut avoir, est énorme. Ces programmes suppriment d’une part les barrières économiques, mais aussi géographiques que peut poser l’accès à une éducation de qualité. Des milliers d’étudiants seraient potentiellement touchés, qui eux-mêmes une fois formés auraient un impact sur leur environnement économique et social. On peut aussi réfléchir en terme de fuite des cerveaux: franchir une frontière n’étant plus nécessaire pour trouver une bonne source d’éducation, ce phénomène dramatique pourrait être réduit.

C’est bien beau, mais…

On peut se demander ce qu’il adviendra de l’université traditionnelle. Que vont devenir les universités de second plan? Comment financer un tel modèle ? Quid des relations humaines? Peut-on tout enseigner via internet?

Un étudiant à l’Université de Stanford ayant suivi dans les auditoires un des cours également proposé sur internet, met en exergue certains des problèmes de ce système. Selon lui, cette initiative a mené à une standardisation des cours et des exercices (suivant les contraintes d’Internet) ainsi qu’à une baisse générale du niveau (témoignage à lire ici en anglais http://pennyhacks.com/2011/12/28/stanford-free-classes-a-review-from-a-stanford-student/)

L’université 2.0, vers un modèle freemium ?

Qu’en est-il de la viabilité de ce modèle ? L’université telle que nous la connaissons, ne risque pas de disparaître à moyen terme. Ces programmes permettant simplement un accès à l’éducation à des personnes qui n’en aurait pas eu autrement, les étudiants traditionnels continueront à prendre le chemin des auditoires: les avantages à vivre les cours en live restent encore importants. L’université se dirigerait donc vers un modèle freemium – une minorité payant pour un service premium permettant de financer un service gratuit utilisé par la majorité?

Que ce soit avec des outils informels, tels que discutés dans un autre article (https://www.presse-citron.net/education-et-internet-quand-le-self-improvement-remplace-lecole), ou grâce à l’émergence de ces nouvelles plates-formes, il est certain que l’éducation 2.0 va prendre de plus en plus de place dans nos vies. D’autant plus que de nouvelles startups se préparent à la rentrée d’automne 2012, lancées par d’anciens professeurs d’université, à l’instar d’udacity.com.

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Par : Opera
22 commentaires
22 commentaires
  1. Bonjour,

    Merci pour cette article sur un sujet qui n’est pas tant traité que ça dans les médias “techno” alors que ces univers ont de plus en plus de points d’accroches.

    Concernant un modèle universitaire “freemium”, je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. les droits d’entrée dans beaucoup de facs US (et bientôt dans les françaises aussi, suite à la mise en pratique de la loi sur “l’autonomie” des universités) sont (très) élevés pour des cours dispensés localement.
    Si ces frais restent les mêmes (ou augmentent légèrement) mais que cet argent mieux (?) utilisé permet de dispensés des cours (même plus basiques) à des personnes qui n’avaient jusqu’à présent accès à rien, c’est une bonne nouvelle pour le niveau moyen de connaissance mondiale.

    Certes ce genre de modèle à 2 vitesses est optimisable mais quand la “petite vitesse” passe de quasi 0 à quelque chose, c’est tout de même une bonne chose !

  2. Salut,

    J’avoue que je suis assez mitigée suite à la lecture de cet article. C’est vrai qu’une telle évolution serait d’une part, une énorme avancée, et surtout beaucoup plus pratique et ce à plusieurs niveaux.
    Mais en même temps, je trouve que cela serait dommage car les bancs de l’université, les cours entre amis etc tout l’aspect “vie sociale” et “rapports humains” disparaîtrait et je n’aime vraiment pas cet aspect un peu trop 2.0.

    Je préférerai garder nos bonnes vieilles universités traditionnelles mais améliorées pour que les étudiants puissent avoir accès à toutes les nouvelles technologies mais pas que tout cela disparaisse, ce serait tout de même bien triste…

  3. En France, depuis des années, il est très intéressant de suivre des cours du collège de France sur le net, gratuitement… Il est évident qu’il s’agit d’un accès au savoir précédemment réservé à une minorité pouvant alors se prétendre élite du pays…

  4. Oui, bon, en même temps il a toujours été illusoire de croire à la gratuité de l’éducation. Certe ce n’est pas les USA mais en pratique, si tu n’as pas beaucoup d’argent l’accés aux hautes études n’est pas possible.

    – Impossibilité de se loger si on habite pas la ou se trouve l’université.
    – Ecole privées hors de prix (HEC par exemple)
    – Environnement socio-éducatif pénalisant (Avez vous essayé d’etudier dans le piece bruyante d’un HLM avec votre petit frère au lieu de le faire dans votre belle et grande chambre silencieuse avec un bel ordinateur et un bon accés à internet).

    Et j’en passe.

    Alors oui, je sais qu’une personne super motivé pourra, contre vents et marées, étudier et gravir les echelons, mais trés trés honnêtement, une personne sur combien (d’un milieu défavorisé) y arrive …

    L’université 2.0 sera EXACTEMENT la même que la 1.0.

    Personne aisées auront toujours plus de facilité (et de loin) que ceux qui le ne sont pas.

  5. Tout peut s’apprendre sur internet et je dirais même plus, tout peut s’apprendre sans professeurs, sans cours, sans rien. Quelqu’un de très motivé peut apprendre tout ce qu’il veut en faisant des recherches par lui même et en étudiant un sujet fond en comble. Il peut se procurer le programme éducatif, acheter les livres, etc.

    J’ai pour ma part appris mes connaissances sans l’aide de personne et j’en connais beaucoup qui sont dans le même cas que moi, l’accès à l’information est tellement simple et rapide que tout est devenu possible.

  6. Un site qui a bcp de succès aux états unis est Khanacademy.org. Je trouves celà génial et j’ai même revue mes bases en mathématiques. L’avantage avec ce système c’est que tu apprends à ton rythme et il n’y a pas de distractions. Tu es seul face à un concept à apprendre.

    Un autre site à regarder est Codeacademy, c’est très bien fait, interactif et gratuit. Très sympa pour les vieux trentenaires comme moi qui ont appris le javascript il y a 10 ans.

  7. Quand j’etais en ecole d’ingenieur j’utilisais beaucoup les videos mise en ligne dans les université americaines comme le MIT (OCW) et l’universite de berkley , des cours de tres bon niveau donnée par des profs tres bon, c’etait il y a 4/5 ans
    Maintenant je pense que l’on peut avancer avec de l’interactivité et des classe virtuelles on line

  8. Je me suis inscrite à la classe AI du cours en ligne de Stanford, mais malheureusement j’ai pas pu bien suivre la formation .. faute de temps surtout. L’initiative était intéressante et j’aimerai bien participer à d’autres classes du genre (mais en français) et plus robustes en matière de contenu. Malheureusement, les formations à distance ne sont pas au top, et à chaque fois, j’abandonne trop vite, les niveaux baissent aussi.
    En ce qui concerne la certif, elle n’est donné que si l’étudiant répond aux quizz (genre d’exercices à la fin de chaque cours)

  9. je trouve cet article très intéressant pour les étudiants qui décident de suivre les cours a distance il y’a des avantages et des inconveniants

  10. Honnêtement, je pense que le concept d’université 2.0 est une véritable alternative pour beaucoup, mais pas pour tous. Cela va ouvrir l’accès à des contenus et diplôme à des gens pour qui cela aurait été difficile autrement. Cela peut aussi aider certaines personnes très intelligentes à cumuler les diplômes facilement… mais pour beaucoup, les cours restent indispensable.. le taux d’échec étant déjà très élevé !

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