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Venom : un massacre justifié ?

Venom n’est pas un film aussi mauvais que certains ont pu le dire. Toutefois, son visuel maîtrisé et l’interprétation de Tom Hardy ne peuvent suffire à rattraper des maladresses trop nombreuses.

Venom… voilà un film bien étrange. Il a été comparé à Ghost Rider ou Catwoman, les plus gros ratages du genre, de façon injuste à mon avis, même si le film reste largement décevant par rapport au potentiel du personnage et donc de l’adaptation.

Une caractérisation très imparfaite

En termes de scénario, le film ne parvient jamais à relever le principal défi qui lui était posé dès le départ, à savoir créer une origine aussi intéressante que celle des comics en retirant Peter Parker et Spiderman de l’équation. C’était un défi particulièrement difficile à relever, tout simplement parce que c’est de là d’où vient une immense partie de l’intérêt du personnage en termes de psychologie, de motivation, de dynamique.

Le film échoue à proposer des personnages solides et fouillés, aussi bien pour les humains que pour le symbiote, Venom, dont la spécificité par rapport à ses congénères est très mal, voire pas du tout, mise en avant.

Cette spécificité est notamment développée dans le comics Planet of The symbiotes, mais elle semble être volontairement laissée en suspens dans le film, peut-être pour en dire plus durant la suite ? Lorsque la confiance s’est installée entre Venom et Eddie, le symbiote lui confie que lui aussi est une sorte de looser, mais ça s’arrête là et c’est particulièrement frustrant pour le spectateur.

Dans les comics, Venom est le seul symbiote à rechercher une véritable collaboration avec son hôte contrairement à ses semblables qui se contentent de dominer totalement.

Tom Hardy est à fond

C’est d’autant plus dommage que Tom Hardy est une source d’énergie pour le film. Sa performance, dans une tonalité de comique de gestuel et d’expression est à mes yeux l’un des deux éléments qui sauvent le film du naufrage.

On a une sorte de buddy movie entre Tom Hardy et lui-même, puisque c’est lui qui assure la voix de Venom. Difficile de savoir si c’était l’intention initiale, mais ce qui fonctionne le mieux, c’est souvent cette dynamique de dialogue intérieur et ces situations de comédie un peu bizarre qui en découlent.
D’après Tom Hardy, 30 à 40 minutes des scènes qu’il préférait ont été coupées au montage, du coup je suis curieux de voir à quoi le film ressemblerait avec, sans doute pas loin d’une pure comédie.

La tonalité du film justement, hésite sans cesse entre action, horreur et comédie loufoque. Ce mélange maladroit est souvent mis en avant par les critiques comme la principale faiblesse du film. C’est sans doute en partie vrai, mais il faut avoir conscience que tous ces éléments font partie de l’identité de Venom dans les Comics.

Venom se situe dans l’horreur surtout en tant que terrible adversaire de Peter Parker, prêt à tout pour terroriser Spider-Man et ses proches. Toutefois, au-delà de son apparence horrible et de sa propension à tuer, cet aspect se mêle rapidement à une étrangeté qui vient justement du dialogue interne entre Eddie et le symbiote. Il y a de la comédie, de l’action et de l’horreur dans la plupart des comics Venom.

Reste maintenant à se faire une opinion sur la façon dont le film a choisi d’adapter ces ingrédients. De mon point de vue, ce n’est pas tant ces différents éléments qui sont à remettre en cause, mais surtout le scénario trop simpliste qui a été choisi.

Un visuel réussi, un casting sous-exploité

Je parlais de deux éléments qui sauvent le film. Le premier c’était Tom, le second, c’est tout simplement le visuel, aussi bien le rendu du personnage, la photographie du film ou encore certaines scènes d’action bien maîtrisées et impressionnantes.

Tout le reste est plus ou moins raté, depuis la longue et plate introduction jusqu’à un final particulièrement prévisible, en passant par un méchant sans intérêt et un rôle féminin dont les rares moments intéressants sont désamorcés par des punchlines sorties du passé.

Eddie Brock n’est pas convenablement construit, on manque de bases solides dans son comportement, trop changeant au cours du film pour qu’il en ressorte un personnage marquant.

Le début du film nous confronte au comportement d’Eddie Brock en tant que journaliste chasseur de scoop et de scandale. La question qui vient immédiatement, c’est comment peut-il se comporter de façon aussi stupide en connaissant la puissance de Carlton Drake ? Il l’attaque frontalement sans avoir effectué la moindre enquête préalable, en s’appuyant uniquement sur des dossiers confidentiels qui impliqueront forcément sa fiancée.

Admettons que ce soit une façon de montrer que son succès a nourri un ego surdimensionné, mais plus de subtilité dans la démarche de Brock et la réaction de Drake aurait permis d’élever le niveau. Du côté de Drake, justement, on a une caricature de patron de GAFA avec un complexe divin, rien de bien affolant.

Il faut bien reconnaître que mis à part Tom Hardy, le casting est totalement sous exploité à cause de personnages simpliste ou inconsistants.
Riz Ahmed a déjà prouvé qu’il était un acteur capable, mais son Carton Drake fait plus pitié que peur et du côté de Michelle Williams, faute de la moindre alchimie avec Hardy, elle se retrouve davantage caractérisée par une perruque que par la personnalité d’Anne.

En résumé, j’ai aimé le traitement visuel de Venom et l’interprétation d’Hardy, mais je suis largement resté sur ma faim sur tout ce qui aurait permis d’apporter plus de tension, de surprise et d’intensité au personnage. Il y a là un gros potentiel resté inexploité.

Les inspirations du film

On retrouve surtout des éléments de Lethal Protector avec la Fondation pour la vie, Carlton Drake, plusieurs symbiotes, un petit clin d’œil avec Maria la sans-abri qu’Eddie cherche à sauver alors que dans Lethal Protector c’est une trame bien plus développée et assez bizarre d’ailleurs, mais qui souligne que Venom cherche à trouver une place parmi d’autres exclus de la société. Puis évidemment, son positionnement comme anti-héros.

Justement, un Venom anti-héros pose problème car c’est un statut bien délicat à atteindre sans passer d’abord par la case méchant pur et dur, ce qu’était Venom à l’origine comme antithèse de Spiderman.

Le plaisir d’analyser un film, c’est aussi d’aller chercher des détails et de se poser des questions qui ne viennent pas forcément à l’esprit au premier visionnage quand on se laisse porter par l’histoire.

Incohérences et frustrations

Dès le début, si on ne met pas son cerveau en pause, on a de quoi être sceptique. Comment une navette spatiale envoyée par la Life Foundation pour explorer l’espace proche a pu avoir les moyens techniques de récupérer des symbiotes sur une comète en plein vol ?

Sérieusement, c’est le genre d’opération qu’on n’improvise pas avec une pince, un scaphandre et deux rouleaux de scotch.

Ensuite, si l’atmosphère terrestre est aussi toxique pour les symbiote, pourquoi Riot, leur chef, voudrait revenir avec des millions d’autres ? Comment expliquer que les scientifique en laisse tout simplement un mourir sans surveillance ?

Au sujet des expériences sur les autres symbiotes, on nous tease la présence de plusieurs créatures pour, au final, se contenter de Venom contre Riot. Pas de Lasher, Scream, Phage ou Agony. Juste Riot. Evidemment, on peut y voir les graines plantées pour la suite, mais ça peut rester un peu décevant pour les fans qui attendait une confrontation contre plusieurs adversaires.

Autre aspect du personnage qui est traité de façon peu convaincante : le soudain revirement du symbiote qui décide de rester sur Terre et de protéger ce monde. Pour l’histoire, c’est un pivot fondamental qui va changer toute la suite et définir l’essence même du personnage, pourtant, dans ce film origine, on passe dessus en 30 secondes sans vraiment comprendre ce qui a décidé Venom.

Qu’est-ce qui l’aurait poussé, chez Eddie ou dans ce qu’il a vu de la Terre, à vouloir en faire sa maison ?
Dans la même veine, le spectateur n’est jamais véritablement fixé sur la relation entre Eddie et Venom et sur son effet sur sa santé. En gros, est-ce que Venom mangeait Eddie de l’intérieur ou pas ?

Là encore, c’est peut-être une façon de poser des pistes pour la suite, sachant que, dans les comics, Eddie Brock est atteint d’un cancer auquel seul Venom lui permet de survivre.

Pour continuer sur le rapport biologique entre symbiote et humains, se pose aussi la question de la fameuse compatibilité qui est montrée comme très complexe lors des tests in vivo dans les laboratoires de la Fondation pour la vie.

Pourtant, vers la fin du film, et c’était d’ailleurs pour moi la seule surprise dans un scénario prévisible, on découvre She-Venom, lorsque le symbiote utilise le corps d’Anne pour sauver Eddie.

Comment expliquer le hasard qui fait qu’elle est aussi compatible qu’Eddie avec le symbiote ? Pourtant, lors du premier test, on voit bien qu’en cas d’incompatibilité, l’humain meurt quasiment instantanément.

On veut du sang !

Face à un tel constat et quand les meilleures séquences du film sont celle des apparitions et combats de Venom, ce qui est déjà pas si mal, forcément on en vient à regretter un peu l’absence de sang et d’une violence un peu plus percutante.

Si le scénario avait été bon, je pense qu’on aurait pu s’en passer, mais en l’état, ça aurait ajouté un aspect horrifique qui était là dès la genèse du personnage sous le crayon de Todd McFarlane

Parmi les exemples flagrants, on a tous les combats contre des humains et notamment les fameux arrachages de tête. Une bonne d’ose d’hémoglobine et autres fluides corporels aurait donné un peu de consistance à cette mayonnaise.

Du coup, dans les moments particulièrement ridicules qui m’ont sorti du film, on a par exemple la disparition du corps du racketteur alors qu’Eddie sort du magasin en bas de chez lui. Il est supposé lui avoir bouffé la tête, pas le corps entrer et le sol derrière lui ne compte pas une seule goutte de sang.

Je ne parle même pas du fait qu’il montre à la propriétaire sa véritable identité alors qu’il en faisait un secret pour son ex dans la scène juste avant.

On se demande d’ailleurs pourquoi Sony a décidé de montrer la dernière scène du film dans la bande annonce, c’est le genre de chose qui me pousse à m’interroger sur le sens profond de la vie, de l’univers et des trailers.

Carnage

L’interview de Cletus Kasady dans la prison est typiquement la scène faite pour jouer sur le sentiment de connivence avec le public des connaisseurs et les très nombreux fans qui attendent désespérément de voir Carnage (9) porté à l’écran. Bon, c’est vrai qu’avec sa choucroute, il avait un air de Syndrome, le méchant du premier film Indestructibles…

Jouer sur cette connivence avec une partie du public, ça implique automatiquement de laisser tous les autres, une majorité, dans l’ignorance en n’expliquant pas du tout les implications portées par cet énigmatique et inquiétant rouquin.

C’est typiquement ce qu’avait fait le premier Avengers en teasant sur Thanos.

Concernant Carnage deux remarques, la première Woody Harrelson est un acteur qui serait capable de rendre intéressant un pneu donc très bon choix. En revanche, si on reste dans le même niveau de violence qu’avec ce premier opus, une suite avec Carnage n’aura tout simplement aucun sens.

Puisque si Venom se caractérise par l’horreur, Carnage se caractérise carrément par le gore sanguinolent. Encore une fois, rien n’est impossible avec un bon scénario et un réalisateur au niveau, mais bon, ça devient quand même compliqué alors même que le défi pour Venom n’a été que partiellement relevé.

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3 commentaires
3 commentaires
  1. Ah !! Enfin quelqu’un qui ne descend pas complétement le film.
    Pour le coup, je suis totalement d’accord avec votre critique : ce film n’est pas parfait, mais pas himonde non plus
    En faite, je pense que les critiques de Venom sont tellement négatives, que ceux qui les ont écrites oublient les points positifs de ce film, même si certe, il y a beaucoup de maladresses.
    Enfin bon, je suis content qu’enfin quelqu’un l’estime à sa juste valeur

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