Le Parlement russe établit un nouveau projet de loi visant à permettre l’installation d’un Internet privé en Russie, ce qui pourrait entraîner une coupure nette avec l’extérieur, comme c’est le cas en Chine. Ce fameux projet est soutenu par le président du pays, Vladimir Poutine, ainsi que plusieurs législateurs moscovites.
Le Runet, l’Internet souverain que veut Vladimir Poutine
Si les politiques soutiennent la création d’un potentiel Internet souverain en Russie, c’est en partie en raison de la nouvelle stratégie de cybersécurité évoquée par Donald Trump, président des États-Unis. En effet, les USA pourraient autoriser des mesures offensives à l’égard d’autres pays, dont Moscou, dans le cas où ceux-ci sont soupçonnés d’activités néfastes en ligne.
Pour Vladimir Poutine, la mise en place d’un tel réseau surnommé Runet pourrait permettre à la Russie de maintenir une connexion au web même en cas de cyberattaques des États-Unis.
Comme le souligne Bloomberg à raison, la loi actuellement en projet est co-écrite par Andrei Lugovoi, un ancien agent du KGB lié à plusieurs événements politiques hors de la Russie. Pour l’anecdote, il est recherché par la Grande-Bretagne pour le meurtre d’Alexander Litvinenko, un ancien du KGB qui aurait été retourné par le Royaume-Uni. Lugovoi a rencontré Litvinenko en 2006, le jour où ce dernier a commencé à se sentir malade. Quelques semaines plus tard, l’ex-agent du KGB était déclaré mort par empoisonnement. Actuellement, Andrei Lugovoi, bénéficie de l’immunité parlementaire grâce à sa position politique.
Là où ce n’est pas une bonne nouvelle, c’est que la mise en place d’un Internet souverain tel que celui-ci ne serait pas sans entraîner des dérives autoritaires en Russie. En effet, les régulateurs seraient en droit d’avoir la main mise sur la totalité du trafic dans le pays, si bien qu’ils pourraient prendre les décisions de censurer certains contenus au profit d’autres, plus en accord avec la doctrine du gouvernement.
Pour Andrei Soldatov, auteur de The Red Web : Les guerres du Kremlin sur Internet : « Cette loi ne concerne pas les menaces étrangères ni l’interdiction de Facebook et Google, ce que la Russie peut déjà faire légalement. Il s’agit de pouvoir couper certains types de circulation dans certaines zones en période de troubles civils ».
La Russie, un pays dans lequel les libertés sur le Net sont restreintes chaque année
Si l’on en croit les rapports annuels de Freedom House, la liberté sur le Net se détériore d’année en année en Russie. L’organisation à but non lucratif donne la note de 67 sur 100 au pays en 2018, 0 symbolisant les pays les plus libres et 100 les moins libres. Pour Freedom House, le pays n’est pas libre lorsqu’il s’agit des libertés sur le Net, principalement à cause de la violation des droits des utilisateurs et du blocage de certains sites web. En 2017, ce score était de 66, tandis qu’il atteignait 62 en 2015.
En 2009, c’est-à-dire il y a dix ans, cette note était de 49 sur 100, si bien que l’association considérait le pays comme « partiellement libre ».
Ces rapports tendent à démontrer que les libertés sur le web en Russie se réduisent très largement au fil des années, passant du score de 49 sur 100 à 67 en à peine dix ans. Difficile de ne pas mettre cette évolution, et ce projet de loi, en parallèle avec les initiatives en ligne menées par le gouvernement chinois depuis des années. Reste à savoir si la Russie de Poutine terminera, elle aussi, avec sa grande muraille numérique.
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