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Volvo 360c : retour sur un surprenant concept automobile “organique”

Avec le concept 360c, Volvo livre sa vision de l’automobile de demain, de voiture connectée à voiture communicante. Nous avons pu prendre place à bord et tester les différents services proposés. Retour en images sur une expérience étonnante.

J’ai toujours été un peu méfiant vis-à-vis des concepts automobiles qui sont censés préfigurer le futur d’une marque, et dont on ne retrouve finalement aucune trace dans les gammes des constructeurs concernés, même plusieurs années plus tard. Au mieux exercice de style, au pire bullshit marketing destiné à attirer l’attention des médias sur un salon (et généralement ça marche).

Avec le 360c Concept de Volvo, c’est un peu différent. D’une part parce-que la marque a récemment montré une capacité d’innovation inattendue avec le renouvellement de ses dernières gammes, entamé avec le lancement de la nouvelle version des XC90 et XC60, dont l’écran vertical Sensus et les fonctions connectées et de conduite semi-autonome avaient me semble-t-il fait une sorte d’unanimité chez les observateurs et les essayeurs. Ensuite parce-que quand Volvo parle sécurité et environnement, généralement on écoute.

Nous vous avons déjà présenté le 360c Concept la semaine dernière à l’occasion de sa révélation aux médias, et je ne reviendrai pas sur la philosophie générale de l’engin fondée sur les quatre usages, couchette, bureau mobile, salon ou espace de divertissement.

« Et si prendre la route devenait plus pratique que prendre l’avion ? »

Cependant, l’un des arguments avancés avait retenu plus particulièrement mon attention : l’idée – totalement décalée, voire légèrement provocatrice en ces temps où l’ambiance générale n’est pas à la promotion du transport individuel – selon laquelle il pourrait être plus pertinent et plus pratique de se déplacer en voiture plutôt qu’en avion, selon le contexte.

J’avoue que c’est une réflexion que je me fais souvent lorsque je suis amené à prendre un vol d’une heure pour me rendre quelque-part en France ou en Europe, tant le transport aérien court-courrier est devenu une espèce de grande foire incertaine, stressante, improductive et chronophage, sans même parler des imprévus d’ordre technique, météorologiques et sociaux (grèves).

Un exemple ? Un vol direct Lyon-Marseille dure environ cinquante minutes, alors que le même trajet en voiture prend trois heures trente. Avantage avion ? Pas si sûr si l’on cumule l’ensemble des contraintes liées au transport aérien. Le calcul est vite fait : si l’on additionne la durée du trajet domicile- aéroport (en moyenne 45 mn), le fait de devoir être à l’aéroport au moins une heure avant le décollage, trente minutes supplémentaires de sécurité en cas d’imprévu sur la route de l’aéroport, le temps de débarquement à l’aéroport de destination (au moins 20 minutes) puis de nouveau une trentaine de minutes de taxi pour aller de l’aéroport au centre de Marseille, on est à 4h05 de temps de transport. Et encore je tiens compte d’un voyage avec bagage cabine (donc contrainte d’espace et de poids). Avec un bagage soute, vous ajoutez au moins 15 à 20 minutes de récupération de votre valise (si elle arrive). Dans ce cas de figure, l’avantage en temps est clairement à la voiture. Ce cas n’est pas unique, il est même presque la règle pour tous les vols court-courriers en Europe. Pire quand l’on sait que de nombreuses destinations intra-européennes ne sont pas desservies par des vols directs. Un exemple : Lyon et Turin, distantes de 315 km par autoroute de centre à centre, n’ont pas de liaison aérienne directe, et les vols les plus courts prennent au moins trois heures avec une escale au minimum. Autant dire que dans ces conditions vous avez presque le temps de faire un aller-retour en voiture (d’autant que les autoroutes italiennes sont peu radarisées si vous voyez ce que je veux dire…).

Alors bien sûr il y a la fatigue, le stress et le danger potentiel que représente un trajet de plusieurs heures en voiture, alors que dans le même temps vous pouvez travailler, lire ou regarder une série sur votre smartphone dans la salle d’embarquement ou pendant le vol.

C’est justement là qu’intervient la réflexion de Volvo : avec le 360c Concept, vous pouvez aussi travailler, lire, regarder une série ou même dormir pendant le trajet, qui plus est sans être interrompu toutes les cinq minutes par une annonce, le tout dans l’inimité cosy d’un cockpit privé. Oui mais alors la pollution ? Pas plus puisque la voiture est évidemment à propulsion électrique. D’accord, l’électrique pollue aussi beaucoup, d’une autre façon, mais cela ne rejette aucune particule dans l’atmosphère, ce qui me semble-t-il est quand même l’urgence du moment. Quand au transport aérien, n’en parlons même pas. Selon Selon Marten Levenstam, Directeur de la Stratégie, “Volvo ne sera pas une compagnie aérienne sur roues, mais pourrait être le Boeing ou l’Airbus des routes.” Comprenez : vendre un produit comme le 360c à des sociétés de transport.

Certes, comme avec tous les autres constructeurs, nous en sommes encore au stade très précoce du concept, alors que la conduite autonome de niveau 3 n’est encore que partiellement homologuée sur les routes européennes (on peut quand même mentionner justement “l’assistant embouteillage” du Volvo XC90), et que nous parlons ici d’une voiture autonome de niveau 5, c’est à dire un véhicule capable de se déplacer intégralement de façon autonome dans toutes les situations, sans aucune intervention humaine. D’ailleurs on notera que le Volvo 360c ne possède même pas de volant et que son aménagement intérieur ne reprend pratiquement aucun code connu du design intérieur automobile. A dessein évidemment.

Mais, bien qu’elle préfigure un avenir assurément lointain, l’idée fera certainement son chemin : oui, dans certaines conditions, avec une voiture en mode pilotage automatique, privilégier les déplacements par la route sera bien plus pertinent à tous points de vue que prendre l’avion. A fortiori en cabine Première Classe comme celle que propose Volvo, qui fait très vite oublier la classe Eco Easyjet…

J’étais justement au siège mondial de Volvo à Göteborg (Suède) la semaine dernière pour découvrir de visu la 360c à l’occasion d’une soirée expérientielle au cours de laquelle nous avons été mis en situation dans les quatre cas d’usage du concept. Si je n’ai pas passé la nuit dans le cockpit de la voiture, j’ai pu en appréhender les fonctionnalités… et le design très particulier.

Il faut comprendre que – comme c’est souvent le cas avec ce type de démonstration – la Volvo 360c est avant tout un manifeste qui représente la vision du constructeur suédois à long terme. J’ai cependant l’idée que certaines des fonctions développées sur ce concept arriveront progressivement sur les modèles de série au fil du temps. C’est certainement le cas du “Kinematic Body Language” conceptualisé par Volvo, qui est pour moi l’idée à retenir de ce concept, car elle pourrait faire partie des caractéristiques qui pourraient être implantées à un horizon assez proche sur les voitures de série.

Les prochaines générations de voitures autonomes auront leur propre “langage corporel”

Kinematic Body Language, qu’est-ce que c’est ? L’idée est que la voiture, évidemment autonome et connectée, doit également communiquer naturellement – ou de façon organique – avec son environnement, et pas seulement recevoir et émettre des data au format binaire et numérique. A cette fin, elle doit utiliser un langage corporel le plus naturel possible afin qu’il soit compréhensible par les humains (et pourquoi pas les animaux) qui ainsi sont capable d’anticiper son comportement. De fait, la voiture doit être capable d’évoluer dans son environnement, essentiellement urbain, comme des piétons sur un trottoir, qui sevent s’éviter par instinct, et seulement s’effleurer sans graves dégâts lorsque – rarement – ils se touchent par accident. Volvo a donc développé une série de “gestes” et attitudes matérialisés par des sons et des signaux lumineux de différentes couleurs qui permettent au 360c de “parler” et signaler ses intentions. Un exemple : lorsque la voiture s’approche d’un cycliste ou le dépasse, elle émet un halo jaune sur le côté où se trouve celui-ci afin de lui indiquer qu’elle l’a vu et qu’il est donc en sécurité. Sécurité qui est, rappelons-le, gravée dans l’ADN de la marque suédoise.

Comme vous pouvez le voir sur les photos et la vidéo, le design de la Volvo 360c est quelque peu particulier. C’est normal : ce n’est plus vraiment une voiture, même si celle-ci reprend grosso modo les dimensions extérieures du vaisseau-amiral de la marque, à savoir le SUV XC90. L’architecture est cependant totalement différente, puisque le peu d’encombrement pris par la propulsion électrique permet de pousser les roues aux quatre extrémités de la voiture, dégageant ainsi un grand espace intérieur. Sur cette auto, le design répond à différentes nécessités, sans fioritures inutiles. Ainsi les deux gros ailerons verticaux à l’arrière sont en fait un deux panneaux d’information, utilisés pour indiquer un numéro de réservation lorsque le 360c est utilisé dans un scénario d’appel de véhicule.

Grâce à un son “langage corporel”, le Volvo 360c communique dans différents scénarios : lorsqu’il est allumé et que son mode autonome est actif, lorsqu’il a l’intention de quitter un stationnement, pour indiquer et sa direction, lorsqu’il détecte un cycliste ou un piéton à proximité, et en émettant une alerte ciblée sur quiconque se trouve sur la trajectoire de la voiture. Les rétroviseurs extérieurs de la 360c sont remplacés par des caméras 3D orientées vers l’avant et vers l’arrière, mais ils s’étendent encore un peu plus loin, juste pour donner plus de visibilité et de relief aux signaux visuels de la voiture.

Un salon roulant dont vous pourriez changer le papier peint sur une simple commande vocale

Nous avons donc testé ou suivi des démonstrations des quatre configurations possibles du 360c, avec notamment un point d’orgue sous la forme d’une promenade à bord en réalité virtuelle, équipés de lunettes VR HTC Vive et de leurs manettes. Une expérience évidemment totalement futuriste mais qui donne une idée assez précise de ce qu’on l’on peut attendre de ce type de voiture, pardon, de service de déplacement. Nous étions quatre passagers se faisant face par paire de deux, avec un environnement “salon” offrant une palette de services allant de la vidéo sur grand écran (rétractable) au café ou champagne servis évidemment à température par une machine-robot à commande vocale. Comme nous ne sommes plus dans une voiture à proprement parler, il n’y a plus de tableau de bord, par conséquent les informations (playlists, température…) sont affichées sur un panneau intégré dans les flancs intérieurs du vaisseau spécial. Dernière subtilité, les vitres latérales sont également des écrans qui peuvent diffuser différentes images a l’attention des occupants, comme par exemple la représentation de la traversée d’un champ de lavande. Gageons que dans la version définitive nous aurons aussi l’odeur…

Bien sûr, vous aurez compris que dans ce concept, et notamment en ce qui concerne l’expérience VR, les ingénieurs et designers se sont bien lâchés, et que tout ne sera pas aussi idyllique dans la réalité, ne serait-ce que sur le plan des détails pratiques : essayez par exemple de laisser une tasse de café sur une tablette dans une voiture sans que celle-ci se renverse sur vos pompes à la première aspérité de la chaussée.

Tout sarcasme mis de côté, la vision des constructeurs, prise globalement, participe à dessiner un avenir de la mobilité qui commence a devenir quelque-chose de palpable, et dont pourraient sortir un certain nombre de standards dans la prochaine (ou les prochaines) décennies. Espérons juste que tout ceci ne reste pas purement conceptuel, et que nous ne retomberons pas dans l’effet “An 2000” que j’ai connu enfant, quand certains “visionnaires” promettaient que nous nous déplacerions tous en voiture volante dès le changement de millénaire.

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15 commentaires
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  1. Très intéressant, mais aussi très conceptuel, pas sûr que l’on voit ce genre de voiture avant 10 ou 20 ans sur nos routes, et d’ici-là toutes les technologies auront tellement évolué que celles qui équipent cette voiture risquent d’être obsolètes. Mais un peu de prospective ne fait jamais de mal 🙂

  2. La problématique du transport aérien court-courrier est une vraie question, pour voyager fréquemment en Europe ça me saoule de plus en plus de prendre l’avion. Volvo a le mérite d’aborder la question et espérons que ça lance un débat sur ce point.

  3. Concept sympa mais désolé de casser l’ambiance, je n’y crois pas une seconde. A part quelques cas d’usage précis (en ville dans une zone bien délimitée) je pense qu’on ne verra jamais de voitures 100% autonomes sir nos route, surtout des voitures sans volant où on peut dormir, lol

  4. L’idée su “langage corporel” est intéressante, mais quelque-part on peut dire que ça existe déjà avec le klaxon, les feus stop de freinage et les appels de phare. Certaines voitures électriques émettent déjà un son pour qu’on les entende. Mais là c’est tout automatisé, curieux de voir si ça sera adpoté rapidement sur les voitures de série

  5. Ce qui est bizarre c’est que ça ne ressemble pas du tout à une Volvo. Généralement les projets concepts futuristes sont quand même facilement identifiables, on reconnait la signature design d’une marque, là pas du tout

  6. A propos des vitres écrans, je n’ai jamais comprit pourquoi les constructeurs ne proposent pas de série des vitres qui se teintent automatiquement avec la lumière ? Ca existe depuis longtemps, même sur les lunettes, pourquoi pas sur les voitures ?

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