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Le piratage ne tue pas la musique, au contraire… C’est l’Hebdo Musique & Web

Nous connaissons tous cette fameuse remarque qui nous fait tant culpabiliser : “comment ça tu télécharges ? Mais tu n’as pas honte ? Tu tues la musique. Oui, tu m’as bien entendu, tu tues les artistes”. Et si ce n’était pas totalement vrai ?

Même si de nombreuses personnes, influentes ou non, l’affirment depuis déjà un certain temps, c’est la London School of Economics, prestigieuse école de nos voisins d’Outre-Manche, qui s’est faite entendre cette semaine en publiant une étude à propos de l’influence du piratage sur l’industrie musicale.

Le piratage peut booster les revenus

Voici, le premier point abordé par le rapport. En effet, des entreprises innovantes dans le secteur musical ont su largement profiter de la mutation du marché, augmentant ainsi leurs revenus en créant de nouveau business models qui font leurs preuves aujourd’hui.

C’est notamment grâce au tournant numérique opéré (très) progressivement dès 2004 par les maisons de disque que le marché a pu respirer quelque peu. Rien de très original finalement là-dedans, les labels se sont justes adaptés à une génération qui a grandi avec des services de partage en ligne tels que BitTorrent, Pirate Bay ou encore Napster, le Papa de tous les services de peer-to-peer.

Bien que nous devons reconnaître une certaine stagnation des ventes ces dernières années, l’étude montre tout de même que l’industrie musicale a su se diversifier, voire même tirer encore plus de profits dans d’autres secteurs, grâce notamment à l’innovation. À commencer par l’apparition de méga-plateformes de ventes numériques tels que iTunes ou Google Play. iTunes a dépassé le milliard d’euros de chiffres d’affaires en 2012 en Europe ! Quand Richard Branson affirme qu’Apple a tué la musique, on lui proposera volontiers de garder ses propos archaïques pour ses repas de famille.

Les services de streaming qui atteignent des records de fréquentation : 24 millions d’utilisateurs actifs pour Spotify, 200 millions d’inscrits sur Pandora – et les services de partage musical tels que Soundcloud et ses 200 millions de comptes enregistrés, montrent à quel point le secteur est en pleine ébullition. Qu’on le veuille ou non, cela est bénéfique pour l’artiste. Même si bien sur, en tant que musicien, cela ne me dérangerait pas le moins du monde si les rémunérations, assez faibles pour le moment, augmentaient dans les prochaines années.

Ces différents services, tout comme le piratage d’ailleurs, permettent aux internautes de découvrir de nouveaux artistes qu’ils pourront aller voir en concert dans leur ville. Le secteur de la prestation live se porte d’ailleurs au mieux selon le rapport de la LSE.

Et, quand Bart Cammaerts, l’auteur de l’étude, affirme que l’industrie musicale continue a faire de jolis profits en général, ce ne sont pas les chiffres qu’il avance qui vont nous prouver le contraire.

En 2011, les revenus estimés de l’industrie musicale s’élevaient ainsi à 60 milliards de dollars, et en 2012, les ventes mondiales de musique enregistrée ont augmenté pour la première fois depuis 1999, avec 34% de revenus provenant directement des canaux numériques tels que le téléchargement légal ou encore le streaming.

Une industrie qui stagne certes, mais pas au point de s’alarmer

L’auteur du rapport regrette seulement que les majors et autres labels n’aient pas décidé de s’adapter plus rapidement au marché, croyant dur comme fer que les modèles “vaches à lait” du 20ème siècle allaient survivre à ce tournant numérique. Bonjour Hadopi. Au revoir Hadopi.
L’industrie musicale aurait sûrement retrouvé le chemin de la croissance plus rapidement.

L’exemple de l’industrie cinématographique en est l’exemple parfait d’après la London School of Economics.
Bien que les ventes de DVDs aient baissé de 10% entre 2001 et 2010, les revenus de l’industrie du cinéma en général ont augmenté de 5% dans le même temps, valant aujourd’hui plus de 93 milliards de dollars.
Il en est de même pour l’industrie du livre qui a atteint le chiffre record de 102 milliards de dollars en 2012, soit bien plus que n’importe quel secteur artistique.

L’industrie musicale commencerait donc à admettre que le piratage illégal serait bénéfique, directement ou indirectement. Une bonne chose, bien que cela fait déjà quelques années que maintes études l’affirment.

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Par : Opera
8 commentaires
8 commentaires
  1. Merci pour la démonstration, mais de mon point de vue c’était déjà une évidence. Dans les années 70 la cassette audio (et pourtant ça y allait, la cassette…) n’a pas affecté la vente de vinyle, bien au contraire, ça a diffusé de la musique qui ne passait pas à la radio. De mon point de vue il en est de même pour le mp3. Ce qui tue la musique c’est la concentration des majors et le fait que ce sont les marketeurs qui décident de ce que la populace va écouter dans les années à venir : surtout ne pas prendre de risque, donc ne pas innover, ne pas tenter de sortir des sentiers battus, mais aussi le fait que les budgets des ménages ne sont pas extensibles et que le jeu video est venu impacter ces budgets, ce qui ne laisse plus beaucoup de place à l’achat de musique. Quand aux motivations de ceux qui blâment l’échanger de musique en mp3, elles sont bien réelles mais c’est un débat plus large

  2. 1. Les vocables (“piratage”, “business model”, titres, légendes,…), graphs et représentation du monde sont ici alignés à ceux de nos oligarques.
    Pourquoi ?
    2. La qualité n’a plus du tout droit au chapitre, c’est comme les entrées au box-office.
    Bel article aligné, et donc malheureusement insipide.
    🙁

  3. 3 petits points tout de même, si vous voulez bien m’excuser de tenter de vous faire culpabiliser encore un peu. Un geste sans doute inutile, tant les arguments pour le piratage varient à une vitesse folle, accumulant sans gêne les contradictions…

    — Pouvez-vous mettre cet article en parallèle de celui qui vient de paraître un peu plus haut sur Presse Citron même : “Internet : 40 % de la population mondiale sera connectée en 2014”. Quid des 60% restants et de ce grand argument si noble du piratage : la culture gratuite pour tous ?

    — Pouvez-vous rappeler la part du chiffre d’affaire d’Apple dédiée à la création artistique, la rémunération des auteurs et l’émergence de nouveaux talents puis le comparer à la critique faite aux Majors de “se goinfrer” sur le dos des artistes et des consommateurs ? On progresse dans le bon sens ou pas ?

    — Enfin, pourriez-vous tenter un audit des pertes d’emplois subies dans le secteur de la création artistique et de sa distribution, au profit de “méga-plateformes de ventes numériques” impersonnelles et dans le même temps vous réjouir d’avoir eu raison depuis si longtemps ?

    Bref, l’économie s’adapte, trop tard ou trop tôt, les bénéfices se déplacent d’un gourmand à un autre alors, oui, le piratage fait plier un modèle et le façonne, cela n’a rien de surprenant. Mais j’accepte mal que cet état de fait devienne un argument en faveur du piratage et lui donner raison. C’est confondre la cause et l’effet…

    Perso, si je compare l’état des lieux avant/après je ne vois des bénéfices de cette nouvelle donne que pour la partie la plus riche de la population et les sociétés de haute technologie. Les dégâts sont ailleurs. Pour le reste, on ferme les yeux, on oublie les grand idéaux et bien sûr, qu’on ne vienne pas essayer de nous faire culpabiliser…

  4. @Dldler

    Ce que l’article démontre, ce n’est pas que le piratage c’est bien. Non, en revanche ca démontre bien que CONTRAIREMENT a ce que claironne l’industrie, le piratage ne les tue pas. S’ils ont des problèmes (ce qui reste à démontrer aux vues des courbes) ils sont à chercher ailleurs (il y a de bonnes pistes 2 commentaires au dessus de celui-ci).

    D’autre part, vous avez beau jeu de reprocher à apple de ne pas donner assez à la création artistique. La situation actuelle n’est dû a personne d’autres que les seules majors. Ils n’ont pas su ou pas voulu s’adapter au numérique. Pendant presque 10 ans, ils ont essayé de reproduire leur business model (basée sur la rareté de l’offre) sur internet qui fonctionne uniquement en multipliant tout ce qu’on y met. Ça ne pouvait pas marcher, mais ils ont insisté. Ensuite, est venu Apple. Le messi des maisons de disques en 2005. Je me souviens à quel point apple a sauver l’industrie à l’époque (selon elle même). Je me souviens aussi des mises en garde qui ont été émises et royalement ignorés.

    Et on arrive à aujourd’hui. Où l’on constate que l’industrie n’est pas en crise malgré justement la crise (c’est juste le seul secteur épargné, comme de par hasard), que apple a bouffé presqu’entièrement le marché de la vente en ligne. Et que in fine, l’artiste ne touche pas un kopek sur la vente en ligne.

    Conclusion logique : continuons à diaboliser l’échange non marchand !

    Pour ce qui est de la part de la population connecté à internet, vous nous demandez que faire de l’accès à la culture pour tous pour les 60 % non connectés. je vous poserai la question à l’envers : “doit on empêcher l’accès à un bien à 40% de la population uniquement parce que les 60 autres pour cents ne le peuvent pas ?”

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