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J’ai quitté Instagram pour BeReal, mon avis après 3 mois

L’application française fait le tour du monde et plaît beaucoup aux Américains. Le récit de ma nouvelle vie numérique avec BeReal.

Il y a ceux qui se coupent totalement des réseaux sociaux et ceux qui téléchargent BeReal, l’application française anti-Instagram qui veut améliorer votre santé mentale, ou du moins, lui éviter les effets négatifs des écrans. En avril 2022, ils étaient plus de 7,4 millions à avoir téléchargé l’application. 65% l’ont fait cette année, alors que l’application n’a que deux ans et ne comptait que 10 000 utilisateurs en janvier 2021.

Pour en finir avec le temps perdu sur mon téléphone et les centaines de photos superficielles prônées par l’algorithme d’Instagram, j’ai quitté l’application américaine pour BeReal. Le temps de trois mois. Une expérience intéressante, surtout avec une application française, lancée par Kévin Perreau, passé par l’Ecole 42 (l’école des développeurs de Xavier Niel). En hyper-croissance, j’ai pu suivre l’évolution (timide) de l’application, de mon usage ainsi que son appropriation par les utilisateurs.

Sans me sentir conquis ni dégoûté par l’application, BeReal est clairement en train de s’enfoncer dans une voie propre à elle, qu’aucun concurrent n’est encore allé explorer. Dans mon avis sur BeReal, je vous détaillerai trois points primordiaux dans l’usage de l’application (et des réseaux sociaux en général) : mon temps d’utilisation quotidien, ma santé mentale et mon divertissement. D’autres rédacteurs de Presse-citron m’ont rejoint dans l’aventure pour vous donner leur propre avis.

Pour en finir avec le temps perdu sur mon téléphone et les centaines de photos superficielles prônées par l’algorithme d’Instagram, j’ai quitté l’application américaine pour BeReal

Sans filtre, pour l’instant

L’usage sur BeReal veut que l’on poste une photo chaque jour. Pour ce faire, c’est l’application qui choisit de vous envoyer une notification, à un moment aléatoire dans la journée (cela peut être le soir aussi, assez tôt). Il n’est pas obligatoire de respecter le moment de la notification pour poster, mais il est indispensable de poster pour pouvoir consulter les photos partagées par vos amis. Pour voir le contenu des autres, il faut poster soi-même.

Entre Instagram et Snapchat, l’application française ne propose qu’une seule photo par jour (il est possible de la reprendre) et uniquement sous la forme de story (mais diffusée sous la forme d’un flux de contenus à faire défiler). Il n’est pas possible d’envoyer une photo à un utilisateur en particulier sous la forme de message. Au moment de poster, il est possible cela dit de choisir entre une diffusion à ses amis uniquement ou en public. Le mode “public” ne sert à rien pour le moment, mais il semble ouvrir une voie à la popularité, si un jour des comptes influents venaient à émerger de l’application.

Sans filtre, dans l’instant, la capture d’image de BeReal a la particularité d’utiliser à la fois la caméra frontale et la caméra principale. Difficile donc d’échapper à un selfie, de bon matin. Le but étant vraiment de partager le quotidien sans paillette et sans mise en scène. D’ailleurs, lors de la prise de vue, un décompte de 3 minutes s’enclenche pour prendre la photo. Un moyen de forcer l’authenticité, encore une fois.

L’application a tout de même laissé passer un petit détail pour jouer avec les codes et faire des mises en scène. Un léger délai existe entre la prise de vue de la caméra principale et de la caméra frontale. Ce petit temps permet de jouer avec l’angle pour le selfie. Si vous prenez une photo en contre-plongée avec la caméra principale, vous pourrez revoir l’angle de vue directement après avoir cliqué sur le bouton capture (la photo selfie ne se prendra qu’une voire deux secondes après).

BeReal Photo
© Presse-citron

Dans l’attente de nouveaux amis… ou pas

Au fil des semaines, BeReal nous donne un aperçu de notre vie. Et gare à vous si vous traversez une période de routine, l’application nous renvoie une image assez déprimante en plein dans la figure. À force de prendre toujours le même genre de photo pour qualifier sa journée, notre quotidien n’en ressort que plus ennuyeux encore et on se retrouve vite à se poser la question : “vais-je publier une photo aujourd’hui ou attendre qu’un jour plus intéressant ne se présente ?”. D’ailleurs, il est tout à fait possible de prendre une photo lambda pour pouvoir consulter les photos des autres, puis de supprimer la sienne (même si le bouton n’est pas facile d’accès la première fois).

Se pose très vite la question de notre liste d’amis. BeReal repose sur le modèle de Facebook et non pas d’Instagram, avec un besoin d’abonnement mutuel. À mes débuts sur l’application, peu de mes contacts avaient un compte et je me retrouvais très vite seul, à ne pas pouvoir consulter le contenu des autres. Alors, je m’imaginais avec l’ensemble de mes proches inscrits, et l’intérêt que pouvait avoir BeReal pour se tenir au courant du quotidien de ses proches les plus proches, ceux pour qui le passage d’un aspirateur le dimanche matin peut nous intéresser.

Avec une croissance de 315% d’utilisateurs actifs mensuels depuis le début de l’année, j’ai vu l’application changer alors que de plus en plus de mes contacts rejoignaient l’application. À suivre leur usage, c’était quitte ou double. Certains n’ont jamais arrêté de publier quand d’autres sont rapidement tombés dans l’inactivité. Et moi, mon intérêt à y voir plus de monde pour moins m’ennuyer avait changé.

Dans mes contacts, c’était quitte ou double. Certains n’ont jamais arrêté de publier quand d’autres sont rapidement tombés dans l’inactivité

BeReal test application
© Presse-citron

Le problème de BeReal et mon avis

Avec une liste d’amis plus longue (on parle d’une vingtaine de personnes au lieu de 3 lors de mon inscription), mon utilisation de l’application a changé, au détriment de BeReal. Au lieu de trouver davantage d’intérêt, voilà que mes limites pour poster ma vie du quotidien se resserraient. Trop intime pour être visible par tous, trop ennuyeux pour être partagé… les raisons sont de plus en plus nombreuses pour de ne pas prendre de photo un jour… ou toujours.

Les raisons sont de plus en plus nombreuses pour de ne pas prendre de photo un jour… ou toujours

Je n’aurai pas dit non à un mode vidéo. Peut-être pour pouvoir davantage en montrer lorsque je partage un moment à l’extérieur de chez moi. Ou pour être plus créatif, plus divertissant. Avec sa formule actuelle, l’usage est très restreint et pourrait se résumer à donner des nouvelles et si l’on exagère le trait : dire qu’on est en vie.

BeReal Memories
© Presse-citron

L’usage de BeReal est contraint par son interface et son modèle. Mais à mon sens, il est tout à fait possible de poster le même genre de contenus sur Instagram (ou sur Snapchat, pour son aspect plus off). Le vrai avantage de BeReal, en revanche, concerne le temps d’écran. On ne passera pas plus de dix minutes par jour sur l’application. Impossible de faire plus.

Quant au côté divertissant et amusant, tout dépendra de votre liste de contacts et de leur vie. Entre les photos mal cadrées prises sans d’autre intérêt que de respecter le rythme quotidien demandé par l’application, et les membres qui comme moi se retrouvent embêtés à devoir prendre en photo les temps morts de nos journées, difficile de prêter beaucoup d’intérêt.

La vraie déconnexion ne passe pas par un changement d’application

Et le problème est peut-être là : à trop vouloir de l’authenticité, BeReal a oublié que notre temps passé sur nos écrans se situait généralement dans nos temps morts, dans nos moments de calme et de repos. Le reste des moments forts et intéressants à partager seront accordés en priorité aux stories Instagram. Et si comme moi vous préférez supprimer Instagram, alors ce n’est pas pour une autre application que vous voudrez partager vos moments, mais bien sans smartphone dans sa main. Car la vraie déconnexion ne passe pas par un changement d’application.

L’avis du reste de la rédaction

Romain Vitt, responsable de la section Tech et JV. La promesse de BeReal me semblait intéressante sur le papier : un réseau social limitatif qui nous oblige à ne partager qu’un contenu par jour aux personnes qui comptent. Pour être constamment connecté aux réseaux sociaux, j’y voyais donc là un moyen de décrocher tout en continuant à partager des photos avec mes proches.

Malheureusement, BeReal ne s’est pas vraiment révélé si séduisant. Si la promesse est belle, la réalité est toute autre. D’abord parce que l’application peut vite se révéler envahissante si l’on active les notifications. Chaque jour, on reçoit alors une alerte nous indiquant que nous n’avons pas partagé notre photo du jour. Puis une autre pour nous informer que nos amis viennent de publier la leur.

Aussi, l’application souffre de la même limite que la plupart des réseaux sociaux alternatifs : on y trouve personne. En dehors d’Hadrien (auteur de cet article), aucune personne de mon entourage n’utilisait l’application. Dès lors, le réseau social perd tout son caractère social, et donc son intérêt initial.

Toutes vos questions sur BeReal

Qui a créé BeReal ?

Les cofondateurs de BeReal sont Kevin Perreau et Alexis Barreyat. Ils ont lancé l'application en janvier 2020.

Combien d'utilisateurs a BeReal ?

En avril 2022, 7,4 millions de personnes ont téléchargé l'application à travers le monde, qui figurait dans le top 5 des applications les plus téléchargées sur l'App Store aux États-Unis. Le nombre d'utilisateurs de BeReal est difficile à connaître, tant un nombre important d'utilisateurs reste inactif passé un certain délais de découverte.

Qui a investi dans BeReal ?

BeReal a déjà levé plus de 30 millions de dollars en Série A grâce aux fonds d'investissement Andreessen Horowitz (A16z), Accel, et DST. Pour le moment, il s'agit des seuls capitaux de BeReal (qui ne fait pas payer ses utilisateurs et qui ne diffuse pas de publicité).

Où télécharger BeReal ?

BeReal est disponible sur l'App Store (iPhone) et sur le Play Store (Android). L'application n'est disponible que sur smartphone.

À qui s'adresse BeReal ?

Contrairement à d'autres réseaux sociaux, BeReal a un modèle qui pourrait à la fois attirer les jeunes et les moins jeunes dès ses débuts. L'application est entre Snapchat et Instagram avec un format adapté à ceux qui ne veulent pas passer trop de temps sur leur smartphone et qui souhaitent garantir l'authenticité des publications.

Quelles langues sont disponibles sur BeReal ?

Il est possible d'utiliser BeReal en français, anglais, allemand, espagnol, japonais, coréen, et mandarin.

Quelles sont les différences entre BeReal et Instagram ?

Ne comptez pas sur une messagerie, des stories, des like ni sur un compteur d'abonnés sur BeReal. Contrairement à Instagram, aussi, vous ne pourrez poster qu'une seule photo par jour et il ne sera pas possible d'utiliser des filtres ni d'aller piocher dans sa galerie d'images. Les vidéos ne sont pas supportées non plus sur BeReal.

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7.4

Divertissement

6.5/10

Santé mentale

6.0/10

Temps d'écran

10.0/10

Intérêt social

7.0/10

On aime

  • Réduction drastique du temps passé sur notre smartphone
  • Une autre façon de prendre des nouvelles et en donner
  • Sans filtre, adieu le superficiel

On aime moins

  • Usage très limité
  • Une bonne application pour trouver sa vie dénuée d'intérêt...
  • Pouvoir faire des courtes vidéos ne serait pas de refus
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