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Comment l’état de New York veut s’appuyer sur la Tech pour préparer le monde d’après

Le gouverneur Andrew Cuomo demande à Eric Schmidt et Bill Gates de plancher sur un futur résolument tourné vers les nouvelles technologies. Cette méthode de travail, considérée comme peu démocratique, est très critiquée.

L’état de New York est l’un des plus frappés par la pandémie de coronavirus aux États-Unis. Chaque jour qui passe apporte son lot de mauvaises nouvelles et l’on compte déjà plus de 20 000 morts du covid-19 dans le poumon financier et économique de l’Amérique. Le 6 mai dernier cependant, le gouverneur Andew Cuomo a adopté un ton beaucoup plus optimiste.

Le démocrate a profité de la conférence de presse pour annoncer la constitution d’une commission de 15 membres pour repenser l’usage des nouvelles technologies dans l’économie de demain. Pour prendre en charge cette tâche herculéenne, l’élu a choisi Eric Schmidt, l’ancien président de Google.

L’idée est de tirer les leçons de la crise en cours et de ce qu’elle a changé d’un point de vue technologique afin de préparer ce que certains appellent déjà le monde d’après. Ce changement passera avant tout par la digitalisation des services à en croire Eric Schmidt qui s’est justement exprimé par le biais de la visioconférence :

Nous allons principalement nous concentrer sur la télémédecine, l’éducation à distance et l’accès Internet à haut débit. Nous pouvons nous servir de cette terrible épidémie pour aller de l’avant sur ces sujets et accomplir de très belles choses.

Un futur entièrement digitalisé sous le feu des critiques

La veille, Andrew Cuomo avait également confié une mission à une autre grande figure de la Tech en la personne de Bill Gates qu’il qualifie de « visionnaire ». Il demande à sa fondation de « révolutionner » l’apprentissage à distance et d’élaborer un plan directeur pour y parvenir. « Il parle de la manière d’utiliser la technologie pour l’éducation depuis des années. Nous sommes à un moment moment de notre histoire où nous pouvons réellement intégrer ces idées et les mettre en pratique », plaide le gouverneur sans plus de précisions.

Ces deux annonces, quasi simultanées, ont valu à Andrew Cuomo de nombreuses critiques. Pour la journaliste Naomi Klein, ce plan viserait même à nous faire rentrer dans une sorte de dystopie très peu enviable qu’elle qualifie de « Screen New Deal ». Dans ce futur, tout tournerait autour des écrans et les contacts physiques réels seraient à tout prix évités. Pour certains, cela se déroulerait sans problèmes à commencer par les géants de la Tech bien positionnés sur les secteurs de santé et d’éducation en ligne. Mais la majorité des gens pourraient en payer le prix avec de nombreuses suppressions d’emplois à la clé. On aurait par exemple beaucoup moins besoin de professeurs, si un seul enseignant peut donner un cour magistral à des milliers d’élèves simultanément.

D’autres dénoncent la méthode choisie par Andrew Cuomo. Ce dernier confie en effet la destinée de millions de citoyens à deux milliardaires sans qu’on lui en ait donné le mandat. Des syndicats de professeurs se sont notamment insurgés de voir Bill Gates chargé de décider du sort des élèves sans qu’ils aient été consultés.

Dans The Guardian, Zephyr Teachout, un professeur de droit new-yorkais et Pat Garofalo, directeur local du think tank American Economic Liberties Project, s’insurgent de ce mode de gouvernance :

Au cas où vous auriez le moindre doute qu’il s’agit d’une nouvelle forme de gouvernement qui se fraye un chemin en dehors des voies démocratiques, Cuomo a nommé ces « tsars » au même moment où il a retiré de vastes pouvoirs à la législature de l’État, qui ne se réunit plus régulièrement (…) Se détourner des élus locaux et se tourner vers des milliardaires qui ne répondent devant personne représente une terrible érosion de la prise de décision démocratique: Cuomo remplace littéralement les élus par des monopoles privés. Et trop de législateurs aux États-Unis font la même chose.

Il sera intéressant de voir ce qui ressort de ces groupes de travail et quelle sera leur réelle influence dans le choix des politiques publiques qui seront finalement menées. Les dirigeants des géants de la Tech sont en tout cas très prisés des leaders politiques en ces temps de crise. Le président d’Apple, Tim Cook, participe par exemple à un groupe qui conseille le président Donald Trump sur les politiques économiques à mener. Il collabore également dans une commission initiée par le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom.

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