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Crypto : le projet controversé de Binance à Paris

La plateforme d’échange de cryptomonnaies présente un fonds de 100 millions d’euros pour investir dans l’écosystème français. Son PDG Changpeng Zhao a rencontré le secrétaire d’État à la Transition numérique, Cédric O, sur scène à Bercy.

C’est l’un des principaux acteurs de l’industrie des cryptomonnaies, connu du grand public, qui s’est présenté hier soir sur scène à Bercy. Le temps d’une heure, le Directeur Général de Binance Changpeng Zhao, plus connu avec ses initiales « CZ » a répondu à de multiples questions à l’occasion d’une soirée organisée par France FinTech et l’association Adan. Face à lui, le secrétaire d’État à la Transition numérique et aux Communications électroniques, Cédric O.

Une discussion courte mais importante, entre les deux, s’en est suivie. La première du genre en France, dans un contexte très pertinent. Les régulations ont fait fuir Binance et les cryptomonnaie de Chine, les États-Unis privilégient ses acteurs nationaux et l’Europe est définie comme ouverte et opportune, mais très prudente sur le sujet. Quand “CZ” parlait de “cryptomonnaie”, Cédric O parlait de “Blockchain”. Quand Binance parlait de “révolution”, le gouvernement parlait d’un “marché de niche”.

Régulations

Au cœur des discussions, les régulations. Dans une éloquence parfaite, Changpeng Zhao arrivait à commenter les décisions politiques françaises et mondiales dans le sens des intérêts de sa plateforme. « Nous avons besoin de régulation », déclarait-il, « nous devons travailler avec les banques », ajoutait-il. Un moyen pour lui de mettre Binance en position de dominance face à de plus petits acteurs.

« Aujourd’hui, même avec 5 % de personnes qui ont des cryptos, un pourcentage très faible de leur épargne se trouve en crypto. 99,99 % de la richesse est probablement toujours en monnaie fiat. Pour faire croître l’industrie de la cryptomonnaie, nous avons besoin de créer des ponts pour lier les deux industries » déclarait le PDG de Binance hier soir.

« Personnellement, j’ai toujours pensé que la plupart de la création de valeur se trouve dans l’interaction des industries. Être capable de créer un pont entre ces industries est vraiment important. Pour créer ces ponts, nous avons besoin de travailler avec les banques, nous avons besoin de travailler avec les institutions financières traditionnelles et Binance veut devenir ce pont. Pour cela, nous avons besoin d’être régulés », ajoutait-il.

En face, Cédric O rappelait un aperçu de la ligne de conduite des régulateurs français. « Par définition, l’innovation bouleverse les régulations. Vous ne pouvez pas innover en suivant les règles. Mais si vous voulez grandir, dans une certaine mesure, vous avez besoin de réguler. Grandir est une question de confiance, et être capable de le faire est une question de massification des cas d’usages. Si vous voulez démocratiser les cas d’usage, alors vous avez besoin de créer des règles du jeu ».

Le secrétaire d’État profitait de l’occasion pour comparer l’évolution des régulations en France face aux marchés internationaux. « Il y a trois ans, de nombreuses personnes nous faisaient part de leurs doutes en nous expliquant que la Chine et les États-Unis ne régulaient pas. Quelle est la situation aujourd’hui ? Fin de l’histoire en Chine, littéralement fin de l’histoire. Aux États-Unis, si vous regardez ce qu’ils viennent de dire sur les stablecoins et l’attitude des régulateurs dans le cadre international, ils pourraient devenir le marché le plus strict ».

Au début de l’été, Binance faisait pourtant face à un vent de restrictions venu d’Europe, qui avait mis dans un état critique les perspectives de la plateforme. En Angleterre, elle était obligée d’arrêter toute activité réglementée sur le territoire par souci d’autorisation et de publicité illégale. En France, de nombreuses banques mettaient fin à l’accès au virement SEPA pour alimenter le compte des clients de Binance.

« Le 25 août, le régulateur anglais a mis à jour son avertissement du 25 juin en déclarant que l’entreprise s’était conformée avec l’ensemble des exigences. La première information fut couverte par l’ensemble des médias, la seconde fut couverte par personne, parce que la seconde information est ennuyante. Dire que nous nous sommes conformés en seulement 2 mois à toutes ces exigences veut dire que nous avons fait beaucoup de travail au cours de ces 2 mois », déclarait Changpeng Zhao.

Fonds d’investissement de 100M € en France

Avant tout, la tenue de cette discussion fut l’occasion pour Binance de faire une annonce. Un fonds de 100 millions d’euros destiné à l’investissement dans l’écosystème crypto français et européen.

Organisé sous un nouveau plan appelé « Objectif Lune », il comprendra notamment la création d’un centre de recherche et développement basé à Paris, d’un Dispositif Électronique d’Enregistrement Partagé (DEEP) ainsi que d’un programme de formation sur l’écosystème crypto pour aller dénicher de nouveaux talents que Binance n’hésitera pas à embaucher par la suite.

« L’argent n’est pas le facteur limitant de la croissance de Binance – le talent l’est », profitait de dire « CZ ». Sur Twitter, quelques heures après la conférence, il écrivait : « Je ne me vante pas, mais la crypto a parcouru un long chemin, passant de 20 personnes rencontrées dans des cafés en 2014 à des événements diffusés en direct directement par le ministère de l’Économie et des Finances. Continuez à construire. »

Entre applaudissements et blâme

Forcément, la venue d’un acteur chinois sur scène, aussi gros que Binance, s’est suivie d’un vent de critiques. Certains journalistes, comme Grégory Raymond de la newsletter dédiée à la blockchain et aux cryptomonnaies 21 Millions, rappelaient que Binance pourrait toucher le Crédit d’Impôts Recherche (CIR), une réduction accordée aux entreprises investissant en R&D et déductible des impôts sur le revenu de Binance en France grâce à son nouveau fonds.

Député de Paris (LREM), Pierre Person regrettait quant à lui le manque d’aide des autorités pour les acteurs français. « Cette bonne nouvelle ne doit pas masquer la solitude des acteurs français. Une parole politique plus forte est nécessaire pour aider l’écosystème à se développer et à surmonter des difficultés bancaires et réglementaires », déclarait-il avant d’ajouter, pour corriger les propos de Cédric O : « la Blockchain n’est pas une niche, c’est une révolution. Elle ne peut pas rester l’angle mort de notre stratégie numérique ».

« Ce moment où Bercy accueille une conférence, tout en anglais, diffusée sur une plateforme américaine, pour célébrer la présence d’un chinois, en retard, qui annonce qu’il vient en France pour toucher le CIR. Il y a trop de symboles dans une seule pièce, c’est trop là », s’exclamait sur Twitter le cofondateur de l’association Adan (l’Association pour le Développement des Actifs Numériques), Alexandre Stachtchenko.

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