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Les 3 bouleversements apportés par Stan Lee au monde des comics

On sait tous que Stan Lee est incontournable dans la définition de la bande-dessiné de super-héros, mais quels sont exactement les apports qu’on lui doit et qui ont contribué au succès phénoménal de ces personnages ?

Comment Stan Lee a-t-il changé le monde des super-héros ? Une question sans doute légitime suite à l’hommage mondial reçu par cette figure emblématique d’une “sous-culture” ayant accédé à une visibilité insoupçonnable il y a encore 20 ans.

Stan Lee nous a donc quittés lundi 12 novembre, au bel âge de 95 ans. J’ai voulu lui rendre hommage en vous parlant des trois évolutions que ce grand monsieur des comics a su apporter au monde des super-héros

Stan Lee fut scénariste, rédacteur en chef et éditeur de Marvel Comics, surtout, il a participé à la création de tous les grands héros de la maison des idées et il a profondément modifié la façon de penser les super-héros et de vendre les comics.

Pour certains, comme moi, Stan Lee c’est avant tout un nom écrit en gros sur quasiment tous les comics Marvel achetés en librairie depuis plusieurs décennies.

Pour d’autres, plus jeunes, Stan Lee c’est surtout ce vieux bonhomme sympathique qui faisait une apparition dans quasiment toutes les adaptations ciné des personnages Marvel.

Stan Lee a travaillé dans les comics dès le début de sa carrière professionnelle, mais c’est surtout au début des années 60 qu’il a pu lancer, notamment avec Jack Kirby et Steve Ditko, une vague de nouveaux personnages et de nouvelles histoires qui ont apporté de profondes évolutions à la recette dominante à l’époque, établie par DC, mais devenue sans doute un peu trop lisse.

Des personnages imparfaits, plus proches de la vie réelle

Le premier grand impact de Stan Lee correspond à la volonté de mettre en scène des personnages imparfaits, autant définis par leurs failles et leurs difficultés que par leurs super-pouvoirs.

L’idée consistait notamment à permettre aux lecteurs de s’identifier plus facilement au quotidien de ces personnages, ce que soit via leur vie privée et amoureuse, leurs défauts ou même leurs soucis de finance ou de santé.

On s’éloigne de l’archétype du héros parfait notamment incarné par Superman pour explorer des individus capables de mauvaise foi, de mauvaise humeur et même de s’engueuler entre eux en plein milieu d’un combat contre les méchants.

Le premier exemple sera celui des 4 Fantastiques lancés en 1961 et qui permettent de tirer partie de toutes les dynamiques spécifiques à une forme de noyau familial étendu. On aura aussi Tony Stark alias Iron Man, qui, même s’il bénéficie des facilités d’un milliardaire, se caractérise aussi par la vanité et, plus tard, par un grave problème d’alcoolisme.

Stan Lee était réputé pour ajouter aussi bien de la comédie qu’une pointe de mélodrame dans les histoires concoctés dans les bureaux de Marvel.

L’idée était de passer presque autant de temps avec l’homme derrière le masque qu’avec son alter-ego en collants, mais aussi de chercher dans leurs vies et leurs dilemmes les racines du sens qu’ils donnent à leur engagement de super-héros.

On retrouve notamment cette tendance dans les cas de conscience de Peter Parker et on peut souligner au passage que Stan Lee serait l’auteur de la célèbre phrase « with great power there must also come great responsibility! »

Bruce Banner qui se retrouve bien malgré lui porteur de la puissance de Hulk est un autre magnifique exemple d’une approche psychologique qui tranche nettement avec ce qui se faisait auparavant, cette fois en piochant dans les grands classiques, en l’occurrence Docteur Jekyll et Mister Hyde.

L’irruption de la Société dans la vie des héros

Ce n’est pas tout, puisque cette recherche de plus de réalisme dans la personnalité des héros va rapidement s’ouvrir vers ce qui sera le deuxième impact majeur de Stan Lee, à savoir l’introduction des enjeux de société dans les histoires de super-héros.

En 1963 arrivent les X-Men et même si, initialement, l’idée était surtout d’arrêter de se casser la tête avec l’origine des super-pouvoirs, assez rapidement des thématiques de lutte contre le racisme, et de manière générale contre le rejet des minorités sous toutes leurs formes, viennent clairement s’inscrire dans les histoires de ces mutants souvent craints et persécutés.

Dans le même ordre d’idée, ce sont les questions de la guerre du Vietnam et de l’activisme étudiant qui ont été abordées dans les cases colorées de l’époque et on doit aussi à Marvel l’apparition de Black Panther, le premier super-héros Noir, dès 1967.

Certains comics ont même exploré des notions métaphysiques, et même s’il faut surtout y voir la patte de Jack Kirby notamment au travers du personnage du Surfer d’Argent, on sent clairement là une capacité à saisir l’air du temps avec tout le psychédélisme et le questionnement mystique des années 70.

Sur cette irruption du réalisme social dans les comics, on peut aussi créditer en partie Stan Lee pour le questionnement du super-héros face à la loi et la justice.

C’est notamment un point revenant fréquemment avec un personnage tel que Daredevil qu’on retrouve constamment en équilibre précaire sur une frontière souvent invisible entre ce qui sépare le super-héros du vigilante, celui qui fait justice lui-même. (Oui, je traiterai au plus vite la saison 3 de Daredevil, vraiment très réussie.)

Evidemment, Batman de DC s’inscrit exactement dans la même lignée et tout n’a pas été inventé par Stan Lee, loin s’en faut. D’ailleurs, l’héritage de ces pionniers du comics s’est depuis largement diffusé à tous les titres, sans distinction à faire entre Marvel, DC ou encore Image et ces remarques sur les apports de Stan Lee et ses collègues de l’époque n’enlèvent rien à l’importance énorme de personnages comme Batman, Wonder Woman ou encore Spawn.

Réinvention du rapport au public

Le troisième et dernier grand impact de Stan Lee sur la façon d’imaginer les comics s’est fait ressentir quand il a su réinventer le rapport entre créateurs et lecteurs.

Auparavant, les noms des scénaristes et dessinateurs n’étaient qu’à peine visibles, mais Stan Lee a décidé d’incarner la maison Marvel en mettant en avant des noms et notamment le sien, puisqu’on peut dire sans chercher à ternir son nom que sa principale qualité n’était sans doute pas la modestie et la discrétion.

Stan Lee a su faire sortir de l’ombre l’équipe créative et, comme bien d’autres de ses décisions, cela s’est avéré très payant pour le développement des comics vers un statut de média de masse.

Au travers d’éditos et autres photographies des équipes, les lecteurs pouvaient enfin mettre des noms, des visages et des intentions sur les histoires qu’ils avaient entre les mains. Stan Lee est devenu une véritable figure de proue, une figure rassurante même, un gage de qualité.

En remettant cela en perspective, il est tout naturel que l’industrie du cinéma ait souhaité bénéficier de cette présence paternelle et tutélaire pour venir poser sur ses nombreuses adaptations le sceau du respect du matériau d’origine au travers des multiples caméos de Stan Lee.

Ce qu’on peut surtout retenir de Stan Lee, c’est son enthousiasme débordant toujours affiché en public, son attitude positive, son rejet de toute forme de discrimination, et son énergie sans cesse mise au service de tout ce qui pouvait donner de la visibilité aux comics.

On sait que Stan Lee a bel et bien pu tourner un caméo pour Avengers 4 (sans doute aussi pour Captain marvel et Spiderman Far From Hom) et le moins qu’on puisse dire c’est que cela donnera encore plus d’importance à ce film extrêmement attendu qui marquera doublement la fin d’une ère, mais surtout l’ouverture sur tout ce qui peut s’imaginer pour la suite.

Vive Stan Lee, vive les comics, excelsior !

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