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Glass : critique et analyse

Glass : la force fragile. Avis critique, d’abord sans spoiler puis avec, sur la conclusion très méta d’une trilogie improbable et originale.

Bienvenue pour cette critique de Glass, sorti en salles ce mercredi 16 janvier, un film qui conclue l’improbable trilogie commencée par Incassable et poursuivie avec Split.

Sachez que mon propos sera agrémenté (pour la partie vidéo) des réponses de M. Night Shyamalan à mes questions.

Je vous invite vivement à voir Incassable et Split avant de poursuivre, même si j’essaierai de ne pas trop en gâcher les intrigues.

Glass, film clivant à la rencontre de deux genres

Glass est un film qui va diviser et qui divise déjà, il suffit de voir les premières réactions. Je commencerai par un avis d’ensemble sans gros spoiler avant d’entrer dans le détail ce qui fait polémique.

Glass se situe encore une fois à la rencontre de deux genres, le film de super-héros et le thriller, mais il reste surtout un thriller qui porte un discours analytique sur les super-héros.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Voilà ce que Night Shyamalan avait à dire sur le concept de genre et la façon dont il les mélange dans ses films. (voir vidéo)

Pour le spectateur, Glass est une expérience plutôt intrigante, qui semble être divisée en trois actes, chacun dominé par l’un de ces trois personnages principaux.

Glass, au rythme d’Incassable

Le rythme du film et son propos empruntent davantage à Incassable qu’à Split, dans la mesure où Glass prend son temps et porte un discours méta sur les comics en s’intéressant à ce qu’impliquerait la traduction de l’existence de véritables super-héros dans notre normalité.

Parfois, on retrouve un peu de ce qui fait d’Incassable un grand film. C’est notamment le cas durant tout le premier acte qui nous permet de retrouver David Dunn tel qu’on aurait pu imaginer son devenir presque 20 ans après la découverte et l’acceptation de ses capacités.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Malheureusement, ce qui était, dans Incassable, un rythme posé permettant le développement et la montée en puissance d’un personnage, ressort trop souvent dans Glass comme des longueurs d’exposition et une stagnation des protagonistes.

Les couleurs de M. Night Shyamalan

On sait que les couleurs sont souvent essentielles dans la filmographie de Shyamalan et dans Incassable, la couleur verte était associée au héros David Dunn alors que violet allait de paire avec l’énigmatique Elijah Price. Dans Split, c’est le jaune qui dominait pour le personnage central, Kevin Wendell Crumb.

Très récemment, Shyamalan a pris la peine d’expliquer sur Twitter l’origine de ces choix. Le vert est associé à David car cette couleur est liée à ce qui donne la vie, or David est le protecteur de la vie.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Le violet a été choisir pour Elijah Price car cette couleur royal et majestueuse sied à quelqu’un qui se voit comme un personnage principal de comics.

Enfin, le jaune moutarde a été attribué à la Bête car cette couleur prend une connotation religieuse et mystique dans les cérémonies hindous et bouddhistes notamment. Or, Shyamalan voit la bête comme une sorte d’apôtre de ceux que la vie a brisés.

Lors de mon entretien avec lui, je lui ai demandé ce qui pouvait le lancer sur une nouvelle idée de film, était-ce un personnage, une histoire, voir une image ou une couleur ? (Voir vidéo)

Glass avis critique avec et sans spoilers

Discours méta vs personnages ?

On le sait depuis longtemps, Shyamalan aime tenir un discours méta et Glass continue à disséquer le genre super-héroïque. C’est parfois intéressant, mais cette fois, le discours se fait parfois au détriment de l’action et d’une pleine réalisation de l’histoire et des personnages.

Certains atteignent sans doute une forme d’apogée, mais d’autres sont laissés de côté d’une façon qui peut carrément déplaire ou décevoir.

Dans le deuxième acte du film, trop étiré en longueur, la foi des trois personnages centraux en leur capacités est remise en question par le Docteur Staple qui se spécialise dans une forme bien spécifique de mégalomanie.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Cette tentative est illustrée dans le film par une pièce rose, qui correspond selon Night Shyamalan au rouge qui se dilue dans le blanc et donc à la disparition progressive des couleurs plus vives spécifiques aux comics.

La performance de James Mc Avoy au centre, trop au centre ?

Au centre de cet acte, on trouve surtout la Horde, ce Kevin Wendell Crumb qui souffre de Trouble dissociatif de l’identité.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que James McAvoy excelle encore une fois dans sa façon de retranscrire ces personnalités qui cohabitent en passant de l’une à l’autre avec une maîtrise presque hypnotique, ce qui donne au film quelques beaux moments d’émotion et de comédie.

Ce qui est plus gênant en revanche, c’est de constater que Shyamalan lui-même semble être tombé sous le charme de la performance de l’acteur, au point de trop délaisser les autres, que ce soit Samuel L Jackson ou les excellents rôles secondaires, mais surtout, pour moi, David Dunn auquel le film dans l’ensemble ne rend pas assez justice.

Glass avis critique avec et sans spoilers

David Dunn et Bruce Willis laissés de côté

C’est tout le paradoxe, le film reprend le propos d’Incassable, mais tout en nous frustrant énormément sur un personnage que Bruce Willis fait pourtant l’effort de ramener à la vie avec une performance sobre, mais réelle.

Si le rôle avait été plus étoffé, on aurait, je pense, retrouvé un Bruce Willis comme on ne l’a pas vu depuis une éternité, d’autant plus qu’on redécouvre son fils avec le même acteur, ce dernier démontrant un véritable talent.

Certes, le film pioche dans des scènes coupées d’Incassable pour faire renaître la magie, mais ça reste insuffisant pour un personnage si important.

Glass avis critique avec et sans spoilers

La Foi dans Glass

Pour en revenir à la remise en cause de la foi en leur pouvoir, on sent que le plus impacté est justement la Horde puisque toute sa puissance se situe dans la foi que portent les autres personnalités en la capacité de la Bête à les sauver et à reconnaître les brisés.

Cette question de la foi est très présente dans l’œuvre de Shyamalan et je lui ai demandé si c’est justement cette foi que Mister Glass cherchait à réveiller chez les gens pour qu’ils croient, comme lui, à l’existence des super-héros. (voir vidéo)

Une réalisation maîtrisée dans le dépouillement

Ce que tout le monde reconnaît à Glass, c’est qu’il bénéficie d’une belle réalisation dans l’ensemble. Les plans sont travaillés, les mouvements de caméra jamais gratuits.

C’est vrai, certaines parties du final pourront décevoir en termes d’ampleur visuelle, mais c’est là une question non seulement de budget, mais aussi une volonté du réalisateur d’ancrer son histoire dans une forme de réalisme.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Toutefois, du côté du scénario, on manque parfois de cohérence, surtout quand l’idée consiste justement à vouloir inscrire dans le réel le monde pop des super-héros.

Puisque toute cette trilogie tourne autour de la question des ressources cachées au sein de chaque individu et de croire en l’incroyable j’ai demandé à M Night Shyamalan s’il croyait lui-même aux super-héros. (voir vidéo)

Il croit donc aux super-héros et son amour se retranscrit bien dans certains moments de bravoure du film. Il est d’autant plus étonnant qu’il décide ensuite de briser certains de ses jouets, mais pour en dire plus, passons maintenant à la partie spoilers.

Ici commencent les spoilers, attention !

Je comparais Glass à Incassable, et ce qui est surtout intéressant, c’est la courbe presque opposée que suivent ces deux films dans l’évolution de l’excitation du spectateur.

Tout va crescendo dans Incassable, alors que Glass commence très fort pour se terminer d’une façon que je ne qualifierai pas de ratée, mais de potentiellement agaçante ou décevante.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Je l’ai déjà dit, David Dunn est sous-exploité, ce qui est d’autant plus cruel qu’on en arrive au final à sa mort tragique et misérable, dans une flaque.

Je comprends le propos qui consiste à pointer du doigt une normalité dominante qui chercherait à casser toute originalité pour faire rentrer tout le monde dans le moule d’une société aux rouages bien huilés.

Potentiels inexploités

Justement, j’ai trouvé que Night Shyamalan donnait trop d’importance à ce message et à son explication de texte et pas assez au potentiel de ses personnages, ce qui est un comble vu que la notion de potentiel est au cœur même du sujet.

Concrètement, outre David Dunn, Casey Cooke elle aussi et totalement sous-exploitée, son personnage n’a au final aucun impact sur l’histoire ou presque.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Pourtant, le potentiel était énorme, cette trilogie manquait d’une super-héroïne et j’avais espéré en voir une en elle, mais quand j’ai demandé à Night Shyamalan si cette origin story était la sienne et si elle avait un pouvoir surhumain d’empathie, le réalisateur m’a ramené sur terre. (voir vidéo)

Pour continuer sur cette idée, la bande-dessinée que trouve Casey Cooke et qui semble correspondre à la Bête n’aura au final pas la moindre importance, ce qui va selon moi à l’encontre du credo du film.

Et pourtant, quand j’ai demandé si Kevin Wendell Crumb aurait pu devenir un héros, voilà la réponse du réalisateur. (voir vidéo)

Une conclusion qui choque

La conclusion du film continue de me laisser des sentiments mêlés. D’un côté je reconnais la beauté de certaines scènes et la logique de la mort de ces personnages dans un contexte qui se veut réaliste. De l’autre, j’ai un peu l’impression qu’on a aussi sous les yeux un enfant terrible qui décide de casser ses jouets avant de les abandonner pour de bon, pour être sûr que personne n’y retouche jamais.

Glass avis critique avec et sans spoilers

On sait en effet que Shyamalan n’a aucune intention de revenir à cet univers.

Alors oui, des personnages atteignent en quelque sorte leurs objectifs. Mr Glass parvient à montrer au monde les super-pouvoirs, et David meure auréolé de l’amour de Casey.

En un sens, David est reconnu comme le héros et sort de l’ombre à titre posthume, ce qu’on peut éventuellement voir comme un aboutissement.

Mr Coïncidence

Toutefois, pour en arriver là, on passe par la coïncidence qui vaut faire de Mr Glass le créateur de la Horde autant que de l’Overseer. C’est un twist sans en être un, tout ça est un peu artificiel, même s’il était presque inévitable que Mr Glass meure des mains de la Bête, évidemment.

Puis surtout, on nous sert cette société secrète complètement foireuse avec le tatouage bien visible et tout le bazar. Sur le fond, c’est une idée, solide, mais sur la forme, c’est un peu n’importe quoi.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Evidemment, la psychiatre devait avoir un plan, il devait y avoir une révélation autour d’elle, mais amener cette société secrète sur 5 minutes en fin de trilogie me semble maladroit et encore une fois une bonne idée mal exploitée.

Shyamalan assume totalement sa fin ouverte, car il préfère toujours que le spectateur puisse imaginer une suite dans cet univers plutôt que de lui imposer un point final et définitif.

Glass mérite d’être vu

Au final, mon avis sur Glass est tiraillé. Il mérite d’être vu pour se faire sa propre opinion, c’est certain. Ce n’est absolument pas un mauvais film. Il a un propos construit, bien que trop appuyé et une forme intéressante, mais il m’amène à me poser une question.

Glass avis critique avec et sans spoilers

Est-ce que, tout comme Elijah Price, Shyamalan serait prêt à multiplier les expérimentations, au risque de catastrophes pour le public, dans l’espoir de révéler au monde un film improbable et supérieur ?

Si c’est le cas, je crains que Glass n’entre pas réellement dans la dernière catégorie.

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1 commentaire
1 commentaire
  1. Bonjour
    merci pour votre analyse certainement très juste mais à quand la relecture pour éviter les fautes d’orthographe et autres erreurs de syntaxe ?
    Bien à vous et cordialement.
    PB

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