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La vitesse de rotation de la Terre accélère : faut-il être inquiet ?

En juin dernier, la Terre a établi un nouveau record de vitesse. Le globe a réalisé un tour complet en 24 heures moins 1,59 milliseconde. Faut-il s’en inquiéter ? Explications sur ce phénomène fascinant.

Le 29 juin 2022, la Terre a enregistré sa journée la plus courte depuis que les scientifiques utilisent l’horloge atomique pour mesurer sa vitesse de rotation. Celle-ci a réalisé un tour complet en 24 heures moins 1,59 milliseconde. Multipliant les records de vitesse depuis l’année 2020, les experts ne s’alarment toutefois pas (encore) de ce phénomène ponctuel.

A très long terme, la tendance observée est pourtant l’opposée : la rotation de la Terre ralentit. Chaque siècle, elle met quelques millisecondes en plus pour faire un tour sur elle-même.

L’astronome Christian Bizouard, relayé par nos confrères de Ouest France, souligne toutefois que “depuis 1830, on observait une baisse de la vitesse de rotation de la Terre et donc une augmentation de la durée du jour. Cette tendance s’est inversée depuis sept ans sans qu’on puisse l’expliquer”.

Depuis 2020, les 28 jours les plus rapides depuis 1930

Le scientifique rappelle que la durée de rotation augmente d’environ 2 millisecondes à chaque siècle. A plus court terme et en raison de son axe, la vitesse de rotation du globe peut varier de quelques millisecondes chaque année par rapport au temps de référence international (86 400 secondes = 24 heures x 60 minutes x 60 secondes).

Pour comprendre l’évolution de la vitesse de la Terre, il faut se tourner du côté des vents et des marées. “C’est un phénomène tout à fait normal et périodique qu’on peut expliquer et modéliser. Sur un ou deux ans, il est notamment établi que la vitesse varie de manière saisonnière et plusieurs phénomènes entrent en jeu […]. 80 % des variations de la vitesse de la Terre sont liées au transport de masse dans l’atmosphère, autrement dit les vents”.

De la même façon, les marées ont un impact fort sur la rotation de la planète : “ce phénomène est suffisamment fort pour produire 10 à 20 % des variations de la durée de rotation”. Quand on sait que l’eau recouvre 72 % des 509 millions de km2 de la surface du globe, on comprend mieux pourquoi les marées peuvent déformer les océans et la surface de la Terre.

Ces deux phénomènes peuvent en cacher un troisième, moins connu des scientifiques. Christian Bizouard explique que des mouvements internes dans la Terre, comme le magma en fusion, pourraient aussi altérer la vitesse de la Terre. Ces derniers justifieraient les quelques millisecondes inexplicables à l’heure actuelle. Le chercheur reconnait toutefois que la communauté ne dispose aujourd’hui “d’aucune observation du noyau dur, comme celles réalisées dans l’atmosphère, qui validerait ces hypothèses”.

Par ailleurs, Christian Bizouard ne cherche pas à tout remettre sur le dos du dérèglement climatique : “Est-ce que la Terre tourne plus vite sous son effet ? On n’en sait rien. Affirmer cela est de la pure spéculation”.

Une seconde intercalaire

Cette accélération de la vitesse de rotation de la Terre à court terme n’est pas inquiétante, et elle ne “changera pas le cours de notre existence”. Pour les chronométreurs internationaux, il y a des ajustements à faire. En effet, ces petites irrégularités font que la durée de rotation se désynchronise du temps atomique”. Il y a doc des ajustements qui sont réalisés de façon très ponctuelle pour resynchroniser les deux.

Comme l’explique le scientifique français, “depuis 1972, le Service international de rotation de la Terre et des systèmes de référence ajoute régulièrement une « seconde intercalaire » à l’année, fin juin ou fin décembre. Il y en a eu 28 jusqu’ici. La dernière remonte au 31 décembre 2016”. Si la Terre continue d’accélérer comme sur les dernières années trois dernières années, il est probable que les chronométreurs soient contraints de retirer une seconde – une première !

Ces ajustements, mieux connus sous le nom de “seconde intercalaire” ne sont pas sans conséquences pour le grand public. En 2012, lorsqu’une seconde intercalaire a été ajoutée, elle a engendré des nombreux bugs de synchronisation sur le web. De nombreux services et sites (LinkedIn, Mozilla…) ont connu des difficultés, ne sachant pas comment interpréter l’ajout d’une seconde dans leurs tâches.

Dans la dernière année, la plupart des GAFA sont montés au créneau face à l’ajout des secondes intercalaires : “nous rencontrons des problèmes chaque fois qu’une seconde intercalaire est introduite. Et parce que c’est un événement rare, il dévaste la communauté à chaque fois qu’il se produit”, explique le groupe Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp). Comme Google, Amazon ou Microsoft, ce dernier souhaite tout simplement “arrêter l’introduction future des secondes intercalaires”.

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3 commentaires
3 commentaires
  1. et si c’était à cause des satellites qui auraient une action sur les pôles magnétiques? je ne vois qu’une intervention externe, déjà, pour prouver qu’il existe un noyau à la terre, je serai curieuse de voir ceux qui ont creusé la planète jusqu’en son centre pour savoir qu’il existe …

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