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The Joker : une piste intelligente pour DC au cinéma ?

The Joker proposera une approche sobre et psychologique d’un homme prêt à sombrer dans la folie et à emporter toute une ville avec lui. Bon plan pour DC et Warner ?

Le film The Joker fait beaucoup parler de lui depuis quelques temps grâce à une campagne de communication plutôt astucieuse qui a toujours un métro d’avance sur les inévitables fuites qui frappent régulièrement les films de pop culture les plus attendus. Je vous propose de revenir sur les informations disponibles sur ce projet ainsi qu’une réflexion sur son intérêt potentiel pour DC.

Première chose à savoir, cette version du Joker ne s’inscrit pas dans le DC Extended Universe, elle n’a donc rien à voir avec les films programmés tels qu’Aquaman, Shazam ou encore Wonder Woman 1984.

The Joker date de sortie

Étonnamment, la date de sortie annoncée actuellement est fixé au 4 octobre, soit un mois à peine avant Wonder Woman attendu pour fin octobre ou début novembre. Pour marquer d’autant plus ce statut isolé, cette étude de personnage sur les origines du Joker est située dans les années 1980. Comme on le verra plus tard, cette période a peut-être été choisie pour servir le propos du film autour de l’univers des comédiens de stand up.

De mon point de vue, il s’agit là potentiellement d’une bonne idée, qui permet d’exprimer de la créativité et de l’originalité autour de ce personnage emblématique de DC sans se lier les mains avec le statut actuel très incertain de l’univers cinématique DC sachant que Superman et Batman semblent avoir perdus leurs interprètes respectifs, Henry Cavill et Ben Affleck, même si rien n’est encore certain.

Autre point crucial, l’équipe qui travaille sur le film. L’aspect le plus intéressant à mes yeux, c’est de voir ce que donnera Joaquin Phoenix dans le rôle du Joker. Phoenix est largement reconnu comme un excellent acteur et il fallait bien ça pour oser reprendre un personnage qui reste autant marqué par les performances de ses précédents interprètes.

À la réalisation, on retrouve Todd Phillips et là je dois bien avouer que je suis plus circonspect, même si je suis prêt à lui laisser le bénéfice du doute. Pour le moment, la carrière de Phillips est marquée par des comédies déjantées et potaches, notamment la trilogie The Hangover connue sous le nom Very Bad Trip en France.

Une approche psychologique du Joker

Clairement, les intentions de ces précédentes réalisations n’ont rien à voir avec celles de The Joker, puisqu’il s’agira d’une approche apparemment sobre, sérieuse et psychologique du personnage. Ne serait-ce que du fait de son budget aux alentours de 55 millions de dollars, on sait que l’ambition n’est pas ici de rivaliser avec les films de super-héros habituels en termes d’action spectaculaire.

Je vous préviens, en fouillant un peu plus loin sur le casting, on va doucement dériver sur certaines pistes concernant le scénario, mais rien sans doute qui ne sera pas révélé dans une prochaine bande-annonce.

Pour commencer, on a la confirmation de la participation de Robert de Niro en personne. Même si la carrière de ce monstre sacré n’est pas toujours flatteuse sur les 20 dernières années, il reste un acteur très attendu et on le retrouvera cette fois dans le rôle de l’animateur star d’un talk-show de Gotham.

Pendant un temps, Martin Scorsese était attaché au projet en tant que producteur et nombreux sont les cinéphiles qui soulignent une possible filiation d’esprit entre The Joker et un film de Scorsese de 1982, The King of Comedy.

En effet, ce film dénonçait déjà les écueils de la célébrité et la route tortueuse jusqu’aux lumières des plateaux de télévision en racontant le cas d’un comédien qui prenait en otage un producteur pour enfin avoir sa chance de percer auprès du public en se produisant devant les caméras.

La filiation que j’évoquais se trouverait dans la situation de celui qui va devenir le Joker et que le film a décidé de nommer Arthur Fleck, puisqu’il serait un comédien de stand-up confronté à l’échec.

Cet aspect de clown triste et désabusé, qui finit par se retourner contre une société et un système qu’il juge responsables de sa propre descente aux enfers, se retrouve déjà dans les quelques images disponibles du Joker.

Une action dans les années 80

La décision de situer l’action dans les années 80 pourraient justement être en lien avec cette inspiration et le fait qu’au présent, l’essor de la création de contenu sur Internet, notamment via YouTube, aurait peut-être permis au futur Joker de rencontrer le succès qu’il estime mériter.

Vous imaginez, à la place de devenir le plus grand psychopathe de Gotham, il reçoit le bouton de diamant pour les 10 millions d’abonnés. Je me demande quelle version est la plus flippante au final…

Je reviens sur ce nom,”Arthur Fleck” que beaucoup se sont empressés de comparer au nom de famille de Ben Affleck. La similitude semble un peu trop grosse pour relever de la coïncidence, même si cela n’est pas totalement impossible.

De là à savoir quelle interprétation donner à cet éventuel clin d’œil, cela reste très nébuleux, mais si c’est volontaire, ça me semble un peu artificiel et déplacé.

Ce qui ressort de façon évidente, c’est l’approche extrêmement différente de celle retenue avec le Joker campé par Jared Leto dans Suicide Squad.

Toujours dans ce souci d’inscrire le personnage dans une réalité sociale difficile, on retrouvera au casting Zazie Beetz, rendue célèbre aux yeux des fans de super-héros par son rôle de Domino dans Deadpool 2.

Elle jouerait une mère célibataire en difficultés et serait potentiellement une relation amoureuse pour Arthur Fleck.

On sait également que la mère d’Arthur Fleck sera représentée à l’écran et on sait combien une figure maternelle potentiellement déséquilibrée peut impacter la psychologie déjà fragile d’un enfant.

Un Thomas Wayne bling bling ?

Pour finir sur le casting, c’est Brett Cullen qui interprétera Thomas Wayne, le père de Bruce évidemment, sachant que certaines rumeurs courent déjà sur une approche peu conventionnelle qui serait réservée à ce personnage par rapport à la mythologie classique de Batman.

En effet, il se dit qu’on chercherait à présenter une version du père de Bruce bien moins porté sur la charité que sur le Bling bling, en mode vieux beau avec abonnement à volonté chez Point Soleil.

Quand on examine les images dévoilées par la production sur les scènes en cours de tournage, on peut assez facilement faire un lien entre Arthur Fleck et ce Thomas Wayne, sachant que parmi les pancartes brandies par les gens déguisés en clowns, on peut notamment en lire deux qui semblent assez révélatrice du scénario. La première incite directement à tuer les plus riches avec “Kill the rich”.

D’ailleurs, si on prête attention à ce qui se passer derrière le Joker lorsqu’il sort de la voiture de métro, outre le mouvement de panique, on se rend compte qu’une partie de la foule se lance dans le lynchage d’un homme au sol.

De là, il n’y a qu’un pas pour supposer qu’il sera, directement ou indirectement, à l’origine de la mort de Thomas et Martha Wayne dans cette version, du moins si le film évoque cet événement.
On distingue une autre pancarte qui dit “Wayne is to blame” qu’on peut traduire par : “c’est la faute de Wayne”, ce qui n’augure rien de bon pour la richissime famille de Gotham.

On peut en déduire que la Joker deviendra une sorte de figure de proue des plus démunis au point que certains appellent à son élection au poste de maire de Gotham City avec l’affiche “Clown4Mayor”.

Ses partisans l’appellent alors le Clown, ce qui implique que sa double identité criminelle sous le nom de Joker n’est pas encore établie.

Possible inspiration de The Killing Joke

Enfin, parmi les possibles inspirations du film, de nombreux articles citent le fameux album The Killing Joke derrière lequel on retrouve l’inégalable Alan Moore au scénario.

Cette histoire souvent considérée comme l’une des meilleures du Joker et accessoirement de Batman, même si elle est aussi critiquée pour sa violence à l’égard de Barbara Gordon et un peu désavoué par son auteur lui-même, Alan Moore, mais bon, il est assez coutumier du fait et ne tient pas grand chose en haute estime même dans son propre travail.

Killing Joke ou pas, on comprend bien que la démarche artistique ne devrait ressembler en rien à celle des récents films DC de la Warner Bros.

C’est justement l’approche presque intimiste du chemin de cet homme qui sombre dans la folie qui a décidé Joaquin Phoenix à accepter le rôle.

Certains diront que ce n’est pas ce que le public réclame, mais il faut être naïf pour croire que les bons films sont ceux issus de projets entièrement basés sur ce que le public est supposé attendre.

C’est peut-être en surprenant et en prenant le genre à contre-pied, avec une approche très différente, que DC pourrait reprendre l’initiative créative et artistique face à la domination actuelle de Marvel.

Outre la question de l’approche scénaristique, qui reste impossible à juger tant qu’on n’a pas vu le film, reste celle du positionnement de The Joker en dehors de toute forme d’univers ou de continuité.

Dit autrement, isoler le film des autres, est-ce une bonne ou une mauvaise idée ?

Projet innovant et risque de frustration

D’un côté, il me semble sage de se concentrer sur l’objectif de produire UN bon film, sans forcément chercher absolument à s’inscrire dans un univers étendu pour tenter de reproduire ce qu’a réussi le MCU.

De l’autre, il y a là aussi le risque d’une importante frustration si ce Joker se révèle être une excellente version du personnage, car tout le monde rêvera alors de le voir confronté à un Batman, mais à quel Batman ?

En effet, on ne sait pas grand-chose de The Batman, un film qui est entre les mains de Matt Reeves à qui on doit notamment les deux derniers opus de la planète des singes. On sait juste que Reeves a récemment remis sa première version du script à Warner et qu’il recherche a priori un Batman plus jeune que celui de Ben Affleck qui ne serait plus lié au rôle.

Supposons que The Joker soit un immense carton, sachant qu’il est annoncé pour une sortie début octobre 2019. Supposons qu’ensuite The Batman, attendu courant 2020, soit lui-aussi très bien reçu, dans ce cas certains voudront certainement une confrontation entre ces personnages, mais la version du Joker ne s’y prêterait que difficilement puisque, de nos jours, le personnage aurait environ 70 ans.

J’ai du mal à imaginer que DC et Warner se lanceraient dans deux versions de Batman en simultané, mais ce n’est toutefois pas impossible, puisqu’il y aurait a priori deux versions du Joker, celui de Jared Leto et celui de Joaquin Phoenix, à supposer que les projets concernant Leto aboutissent.

Même si la notion d’univers étendu au cinéma est très récente, il faut quand même souligner que si c’est le genre des super-héros qui lui a donné naissance, ce n’est pas dû au hasard, mais évidemment au caractère hautement épisodique du format comics en général.

Le problème que risque de rencontrer The Joker est celui de la trop grande appétence des spectateurs pour ces films qui restent, malgré leurs détracteurs de plus en plus prolixes, extrêmement populaires.

Après plus de 10 ans de Marvel, le réflexe sera forcément de se demander ce qui viendra après… à moins, à moins bien sûr de tuer le Joker à la fin de ce film. Enfin, à supposer que ce soit une véritable mort, par une mort de comics.

Personnellement, je serais déjà amplement satisfait si le film est réussi et s’il parvient à proposer une approche qui lui est propre. Peut-être que la sagesse populaire saura retrouver ce goût simple pour un bon film sans se préoccuper de suite de spin-off ou de prequel.

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