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Un litre d’huile de colza sur deux finit dans nos voitures

Les biocarburants ont longtemps été présenté comme la solution écologique parfaite, mais aujourd’hui ils sont de plus en plus décriés.

La semaine dernière, le journal britannique The Guardian mettait en avant la part plus que conséquente du monde de l’automobile sur la consommation européenne d’huile de colza. Selon l’enquête, près d’un litre d’huile sur deux finirait ainsi en biocarburants, une situation qui inquiète de nombreux experts.

Au total, ce sont 17 000 tonnes d’huile de colza qui finiraient ainsi dans nos réservoirs. Ce qui correspond plus ou moins à 19 millions de bouteilles. Toujours selon l’enquête, entre 2015 et 2019, c’est près de la moitié de l’huile de colza produite qui a fini dans les échappements des voitures et des camions.

Si l’huile de colza a longtemps été présentée comme une solution de remplacement aux traditionnels sans plomb 95 et autre Diesel, une surutilisation de cette dernière n’est pas bénéfique pour la planète. Pour Maik Marahrens, qui a été interrogé par le Guardian, cette utilisation intensive du colza comme carburant ne peut pas durer, surtout dans une période de pénurie d’huile à cause de la guerre en Ukraine.

Les biocarburants vecteurs de la famine dans le monde

Car pour beaucoup d’experts, les bénéfices engendrés par l’utilisation de biocarburants sont assez faibles en réalité, et l’huile, utilisée par millions de litres, pourrait servir à d’autres choses. Selon Dustin Benton, directeur de l’Alliance verte, réduire notre consommation de biocarburants serait le meilleur moyen de lutter contre la faim dans le monde.

Aujourd’hui, les experts estiment que 10 % des céréales produites dans le monde sont transformées en huile, non pas pour l’agroalimentaire mais pour le monde des transports. Si ces céréales étaient utilisées autrement, elles pourraient nourrir des millions de personnes chaque année.

Mais alors à qui la faute ? La réponse semble unanime dans la communauté scientifique. Ce sont les pays développés, seuls utilisateurs de l’huile de colza comme carburants qui sont responsables. Mais cette situation pourrait bientôt évoluer.

Le G7 organisé cette semaine a brièvement évoqué le sujet. Cette réunion des plus grands chefs d’États de la planète a eu lieu à Berlin. Or la ministre de l’écologie allemande, Steffi Lemke, a récemment pris position sur le sujet demandant de limiter l’usage des biocarburants de façon « temporaire » pour répondre « à une crise sans précédent (en Ukraine) ».

Les biocarburants : la fausse bonne idée ?

Si personne ne l’évoque directement, la grande question présente en sous-texte dans ce débat autour de l’huile de colza repose sur l’appropriation des ressources et notamment les terres cultivables. Selon la confédération agricole « ce que l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre ». Spécialisés des terrains agricoles dans la production d’huile dédiée aux carburants serait ainsi un choix dangereux.

« Si la culture des terres oléagineuses passe à destination de l’énergie, on sort du cadre des normes des cultures alimentaires et ça, c’est très dangereux » explique à La Dépêche Jean Suau, un agriculteur ariégeois qui avait fait le choix des biocarburants au début des années 2000. Depuis, il est repassé sur une voiture Diesel classique.

Car pour passer d’une voiture Diesel à du biocarburant, il n’y a nullement besoin d’être un grand chimiste, ou de changer de véhicule. Aujourd’hui, toutes les voitures Diesel peuvent rouler avec du « Diester » un carburant mixte qui mélange l’essence classique avec de l’huile de cuisson.

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2 commentaires
2 commentaires
  1. Du Diester ? Mais pratiquement toutes les stations services n’en proposent pas. Mais il me semble que le prix à la pompe est supérieur à celui du Diesel 🤔🤔🤔
    Attention, quand l’Allemagne parle ce n’est pas pour l’Europe mais pour ses propres intérêts.
    N’oublions pas que c’est le Brésil, dans les années 75-80, a mis en avant le bio-éthanol pour se soustraire de la dominance des pétroliers. Bio-éthanol tiré des résidus de la canne-à-sucre.

    1. tout à fait !
      et savez-vous que l’huile de cuisson usagée utilisée en Europe pour les bio-carburants est importée de… Chine, car nous n’en produisons pas assez chez nous ! Non seulement nous achetons cette huile usagée et aidons ainsi les Chinois à se débarrasser de leurs déchets, mais en plus nous polluons la planète pour ça, puisque tout arrive par supertanker ! Cherchez l’erreur

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