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Avec The Upshot, Yahoo! expérimente l’information guidée par la recherche

Avec le web et l’émergence des nouveaux supports de lecture numérique, les médias d’informations sont en train de subir une mutation dont nous ne mesurons peut-être…

Avec le web et l’émergence des nouveaux supports de lecture numérique, les médias d’informations sont en train de subir une mutation dont nous ne mesurons peut-être pas encore toutes les conséquences.

Il y a d’abord eu les sites d’information collaborative qui ont tenté d’inverser le processus de sélection des news en donnant aux internautes la possibilité de composer leur Une en votant pour les informations qu’ils jugeaient les plus intéressantes. C’est le modèle Digg ou Reddit, transposé aux nouveaux médias sociaux avec TweetMeme par exemple.

Puis sont arrivées les usines à contenu, dont les plus connues sont Demand Media et Associated Content. Deux mastodontes de la production de contenu quasiment inconnus par ici. Mastodontes ? Oui, ou en passe de le devenir : avec 355 millions de dollars depuis sa création en 2006, DemandMedia détient le record de la plus grosse levée de fond jamais réalisée depuis que le web existe. Son chiffre d’affaires annuel est évalué à 300 millions de dollars et la société est déjà valorisée à près d’1,5 milliards de dollars. Quant à Associated Content, son récent rachat par Yahoo! pour la modique somme de 100 millions de dollars prouve que le modèle a probablement un certain avenir.

Les usines à contenu, qu’est-ce que c’est ?

Demand Media et Associated Content fonctionnent sensiblement sur le même modèle, mais Demand Media est certainement le plus innovant. Le principe est fondé sur l’industrialisation de la production de contenu pour le web (ou plutôt pour les moteurs de recherche) et sa monétisation par la publicité. Demand Media a développé un algorithme maison ultra-sophistiqué prenant en compte plusieurs critères, comme les mots-clés les plus utilisés par les internautes dans leurs recherches, mais également les sujets les plus rentables en termes de revenu au clic, le tout étant mis en balance avec la densité déjà existante d’articles déjà publiés sur les mêmes sujets. Une fois ces critères passés dans la moulinette Demand Media, une liste de sujets à traiter est publiée automatiquement chaque jour et une armée de 10.000 rédacteurs freelance écrivent des articles “de commande” sur ces sujets. Chaque article est payé 10 dollars, et Demand Media en publie (ou plutôt : produit) 4000 par jour sur les dizaines de sites et blogs de son réseau. Sa base compte déjà plusieurs millions d’articles constitués principalement de “how to’s”, à savoir des guides pratiques pour toutes les choses de la vie courante (comment poser une moquette…), au format texte et vidéo. Du journalisme industriel façonné par et pour Google, qui de fait montre peut-être ses limites : les bulldozers du contenu arrivent souvent à se placer en tête des résultats de recherche non pas grâce à la qualité de ceux-ci mais de par leur quantité, habilement saupoudrée de pratiques bien maîtrisées de SEO.

Le contenu généré par algorithme

Avec le rachat d’Associated Media, Yahoo! a donné un signal sur ses futures orientations : devenir sinon une usine, du moins une machine à contenus – déjà amorcée avec Yahoo Ansers –  en utilisant la puissance de ses outils de recherche avec probablement de faire encore mieux que Demand Media (qu’il avait d’ailleurs souhaité racheter en 2008).

On peut donc considérer sa nouvelle expérimentation comme une suite logique dans cette stratégie : Yahoo! vient de lancer The Upshot, un blog d’information ayant pour particularité de produire des articles “dictés” par son algorithme de recherche. Celui-ci crache en permanence les tendances du moment, et une équipe de deux éditeurs et six blogueurs écrivent des articles d’actualité (principalement de politique intérieure américaine et d’économie pour le moment) au kilomètre, à raison d’une vingtaine par jour depuis le lancement du site le 2 juillet dernier.

Des nouvelles pratiques qui feront probablement et légitimement hurler les journalistes de métier. Mais sont-elles aussi nouvelles que cela d’ailleurs ? Tous les sites et blogs qui publient de l’actualité people maîtrisent déjà parfaitement la méthode du contenu généré à partir des mots-clés les plus recherchés du moment. Et ça marche plutôt bien ! Du côté de l’internaute, ou du consommateur d’information, pas sûr en revanche qu’il soit très urgent de s’en émouvoir. Le web est comme le reste : il y a les grandes surfaces et les fast-foods pour la consommation rapide et de masse, et les épiceries fines ou les bonnes tables gastronomiques pour la qualité.

Aujourd’hui en tout cas, pour vendre des mots et vivre de ce commerce, il semblerait qu’il vaille mieux faire dans le gros que dans le détail. En tout cas sur le web. Et ce n’est qu’un début : voici maintenant le robot qui publie de l’info

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Par : Opera
11 commentaires
11 commentaires
  1. Wé, people donc, comme mentionné plus haut.
    Mais il y a sûrement des projets qui se préparent chez les grands groupes de média si le concept marche aux US.

  2. Comme dit Alex si c’est pour se fader du people, non merci. Lepost est tout de même une sacrée purge. Va encore falloir faire du tri ou au moins que le modèle s’affine.

  3. L’industrialisation des contenus, et des cervelles, a donc de l’avenir. Je ne sais pas quoi en penser. Ça réponds certainement à un besoin… et surtout à un marché publicitaire.
    On confie à des robots la possibilité de s’adresser à des humains, et de produire pour eux, du sens, des analyses, des idées, et donc – quelques part – on charge les robots d’informer les hommes et donc aussi de les éduquer……
    J’y vois une forme de déclin.

  4. @Laurent : craintes légitimes mais je ne crois que ce soit pour demain. Que ce soit Demand Media ou Upshot, l’algorithme n’est qu’un outil d’aide à la sélection des infos, ce sont toujours les hommes qui tranchent et qui rédigent. Ce qui est plus gênant à mon sens est le fait que les contenus publiés soient conditionnés par les recherches des internautes. Ce côté “je sers au peuple ce qu’il veut recevoir” est une marque d’appauvrissement de la pensée.

  5. En effet, “appauvrissement de la pensée” est le mot exact.
    On a déjà connu ça avec les sites qui ouvraient en fonction du prix des annonces GG. L’exemple ancien du cancer du pancréas par exemple, où chaque clic était payé une fortune.

    C’est fou cette manie de l’époque de vouloir tout rationaliser et automatiser.

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