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Astérix et Obélix l’Empire du Milieu : les critiques vaincues par l’irréductible public

Le public est venu nombreux dans les salles de cinémas pour prêter main forte au village gaulois d’Astérix et Obélix, attaqué de toutes parts par l’Empire des critiques. Bilan de la bataille : victoire pour le peuple !

    • Astérix et Obélix fait face à des critiques catastrophiques
    • Le public est au rendez-vous : il fait un démarrage record depuis 15 ans
    • Les raisons de ce décalage

466 703 entrées pour le premier jour (chiffres Pathé incluant la tournée d’avant-premières). Meilleur démarrage pour un film français au cinéma depuis 15 ans. Le nouveau film Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, création originale de la franchise d’Uderzo et Goscinny réalisée par Guillaume Canet, fait un carton. Pourtant, les critiques n’ont pas été tendres. Sur allocine.com la note presse atteint tout juste la moyenne de 2,5 étoiles sur 5.

Parmi les critiques les plus acerbes, les médias spécialisés dans le 7e art. Des Inrocks aux Fiches du Cinéma en passant par Ecran Large ou Critikat, tous les coups sont permis : « presque intégralement raté » pour les Inrocks, « pas drôle, voire triste » pour les Fiches du cinéma, « un bien beau gâchis d’argent » pour Ecran Large ou encore un « film pénible (…) un désert de nullité » pour Critikat. Mea culpa : la critique de Presse-citron n’est pas non plus très élogieuse.

Cette différence notable entre l’accueil réservé par les critiques et le public n’est pas nouvelle. En 2008, Bienvenue chez les Ch’tis enregistrait 558 359 entrées le premier jour en salles. À l’époque, les critiques des médias spécialisés n’étaient pas beaucoup plus élogieuses. « Une comédie faiblarde » écrivait par exemple Les Inrocks.

Plus récemment, la saga Les Tuche a essuyé les pires critiques. Pourtant, le quatrième volet enregistrait 852 000 entrées après une semaine seulement d’exploitation. Alors pourquoi un tel décalage ?

La puissance marketing

Le cinéma est un art, mais c’est aussi une industrie. Et quelle industrie ! Cet Astérix & Obélix : L’Empire du Milieu a coûte 65 millions d’euros, rien de moins. Un budget colossal pour une production française incluant forcément tous les ingrédients d’un blockbuster : casting 5 étoiles, effets spéciaux, décors, costumes mais aussi (et surtout ?) promotion et matraquage marketing. Produit par Pathé et poussé par Jérôme Seydoux, son Président, le film promet de ramener les Français dans les salles obscures. Jérôme Seydoux veut aussi montrer que les films à gros budget sont ceux qui ramènent le public dans les salles et que le cinéma français ce n’est pas seulement des films d’auteur. Oui, c’est aussi un peu politique le cinéma.

Les acteurs stars du film se sont donc prêtés à l’exercice de la promotion avec plaisir. Marion Cotillard, actrice Oscarisée (et épouse de Guillaume Canet, le réalisateur) a participé au JT de France 2 par exemple. Guillaume Canet et Gilles Lellouche ont surfé sur leur bromance. Même des seconds rôles comme José Garcia, Jérôme Commandeur ou Philippe Catherine sont venus défendre le film avant son lancement. Et c’est sans parler de la tournée d’avant-premières phénoménale organisée plusieurs semaines avant la sortie.

Forcément, ce matraquage fait son effet. Mais il serait bien réducteur voire condescendant de penser que le public se laisse berner par les méthodes marketing, aussi efficaces soient-elles, encore plus en période de crise où chaque euro compte et que la place de cinéma est loin d’être abordable.

Syndrome du sauveur

Les amateurs de football le savent : on se prend toujours d’affection pour le petit Poucet de la Coupe de France, pour l’équipe qui, sur le papier, a perdu d’avance. Quel rapport avec Astérix et Obélix ? Le film de Guillaume Canet, voire Guillaume Canet lui-même, sont devenus grâce aux critiques acerbes, des petits Poucet.

Puisque tout le monde tape sur le film, puisque tous les médias spécialisés étrillent le film, son réalisateur et ses acteurs, le film arrive numéro 1 sur la liste de ceux à voir. Ce syndrome du sauveur est renforcé par la défiance grandissante envers les journalistes ciné qui, selon la caricature que le public s’en fait « donnent des Césars à tous les films d’auteurs chiants à mourir et ne récompensent pas ce qui plait au public ». D’ailleurs, un prix du public a été créé récemment pour apaiser les esprits, visiblement en vain.

Au matraquage marketing s’ajoute donc le désir de se faire son avis soi-même. C’est d’ailleurs ce que l’on retrouve le plus sur les réseaux sociaux. Les commentaires du type « je ne lis plus les critiques et préfère me faire mon avis moi-même » pleuvent sous les tweets des… critiques. Cela ne s’invente pas.

Le public en quête de légèreté

Il est vrai que le regard de chaque spectateur lui est propre. Une oeuvre cinématographique se lit avec son propre prisme. Le critique se doit d’avoir un regard plus neutre, compare les films à d’autres références, à une histoire du cinéma, à la société qui l’entoure. Mais, ne serait-ce pas se prendre trop au sérieux ? Tous les films doivent-ils être analysés de cette façon ? Les critiques – dont nous-mêmes- ont-ils perdu ce regard léger face à une oeuvre ?

Dans les critiques d’Astérix et Obélix, il est souvent reproché au film un humour raté, des blagues foireuses, des situations qui ne sont finalement pas drôles. Or, l’humour n’est pas universel. Et peut-être (nous disons bien peut-être) que le Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat n’a pas fait rire tout le monde. Pourtant, les critiques sont unanimes sur la qualité de cet opus.

Peut-être aussi que le budget colossal d’Astérix et Obélix a-t-il fait naître des attentes trop importantes chez les observateurs ? Peut-être que les derniers films (décevants et auto-centrés) de Guillaume Canet l’ont desservi. Peut-être même que celui qui autrefois était le chouchou de toute une génération est devenu (avec ses potes) la tête de turc préférée d’une autre génération en décalage avec leurs préoccupations ? En allant plus loin, on peut même s’interroger sur les a priori de certains observateurs à l’idée de retrouver d’autres célébrités aussi adulées que détestées.

Finalement, peut-être que se poser toutes ces questions, c’est déjà trop. Les spectateurs ne sont-ils pas allés dans les salles obscures pour retrouver tout simplement les héros de leur enfance ? Passer un moment en famille (car oui, cet opus est surtout une comédie familiale), retrouver le plaisir des salles de cinéma, de partager des pop-corn (oui, le cinéma c’est aussi des pop-corn qui font du bruit quand on les mange et un soda qu’on sait trop sucré rien qu’en le regardant), regarder un film peut-être pas parfait, mais suffisamment léger pour essuyer quelques sourires, voire des rires francs. Entendre ses enfants se marrer devant les mêmes héros qui ont bercé notre enfance. Une parenthèse enchantée, une transmission entre générations, dans un Empire du Milieu plus léger que celui auquel certains s’attendaient.

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12 commentaires
12 commentaires
  1. C’est à la fin du bal qu’on paie les musiciens… Ou parfois on bâillonne le barde… Et personnellement j’ai comme l’impression que ça se finira comme dans les BD d’Astérix.

    1. Oui enfin Astérix aux JO avait très bien démarré aussi. D’ailleurs parmi les 10 meilleurs démarrages de films français on trouve 4 Astérix, à la qualité très variable (les critiques et le public sont d’accord là dessus). Et 4 autres sont des suites de franchises (Les Bronzés 3,La Vérité 2,Taxi 2, Les Visiteurs 2). Peut-être qu’il faut penser que la “marque” Astérix attire le chaland, comme James Bond ou Marvel, plutôt que d’y voir un gage d’amour du public pour ce film.
      Du coup attendez peut-être de voir si le film a “des jambes” en 2ème et 3ème semaine, ou regardez la note du public, avant de vous engager dans un mea culpa un peu populiste et qui ne respire pas la sincérité. Et surtout qui risque de paraître ridicule quand vous réaliserez que ce n’est pas parce qu’on paye une place de ciné AVANT de voir le film qu’on l’aime forcément après.

      1. Il n’y a aucun rapport entre la qualité d’un film et son nombre d’entrées.
        Quand le film est plombé par la critique de la presse et la critique des spectateurs, c’est que ce n’est pas terrible, et ce n’est pas le nombre qui en argument contre. À la limité, c’est juste un argument financier pour ceux qui ont produit le film, mais pour celui qui a vu ce film, c’est une perte de temps et d’argent.

  2. Bonjour,

    Merci pour votre commentaire. Le but de l’article n’est pas de prédire un succès mais plutôt de prendre l’exemple de cet Astérix pour illustrer le décalage entre les critiques et le public avec les comédies populaires.

  3. le cinéma ne devrait pas être aussi des pop-corn qui dérangent tous ceux qui sont autour… et payé au prix du caviar!
    j’ai pratiquement raté le début d’avatar tellement c’était dérangeant. Merci à cet idiot qui machait la bouche ouverte… insupportable.

      1. C’est bien vrai ! D’autant que l’on peut aussi ramener discrètement ses douceurs et les apprécier, en sourdine, à moindre frais.
        Et signifier aux perturbateurs la gêne qu’ils causent plutôt que de pester par ailleurs…

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