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CNES : le New Space français ne fait pas que des heureux

Alors que le nouveau contrat d’objectif et de performances (COP) du CNES est très favorable au privé, des dents grincent à Toulouse.

C’est une institution dont on oublie presque l’existence. Face à la célèbre NASA, la JAXA (l’agence spatiale japonaise), les agences nationales du vieux continent font triste mine, elles qui sont de plus en plus mises en second plan. La faute avant tout à l’ESA qui joue le rôle de formations des astronautes, rendant un travail purement scientifique aux CNES, DLR et autres agences européennes étatiques.

À l’image de son voisin allemand, le CNES a été fondé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le Centre national d’études spatiales est, selon son ordre de mission officiel, chargé d’élaborer et de proposer au gouvernement français le programme spatial français et de le mettre en œuvre. Afin d’arriver à cela, il dispose d’un budget d’un peu moins de 3 milliards de dollars, bien loin des 14 de la NASA, mais c’est malgré tout le plus important d’Europe.

Un secteur privé qui prend (trop) de place

Mais voilà, malgré les ambitions spatiales toujours plus grandes dans l’hexagone, notamment de la part de nos politiques, le CNES fait grise mine, lui qui craint l’arrivée du secteur privé, qui menace les missions de l’agence spatiale gouvernementale. En avril dernier, ce sont 600 employés du CNES qui se sont mis en grève sur le site de Toulouse pour protester contre cette détérioration.

En cause un projet et les termes derrière le dernier « contrat d’objectif et de performances » couramment appelé COP, qui fixe les objectifs quinquennats du CNES. Si les missions scientifiques n’ont pas beaucoup évolué, le débat est bien plus politique. Comme l’explique Julien Anxionnat, délégué CFDT sur le site de Toulouse, le CNES est ainsi passé du ministère de la Recherche, dont il dépend depuis sa création en 1961 à celui de la Finance.

Selon un collectif de salarié, qui a protesté dans une tribune dans Le Monde cette décision a « rompu avec une vision multidécennale impulsée par le général de Gaulle ». Pour les cadres et ingénieurs du CNES, ce revirement de situation de la part de l’État serait dû à l’arrivée sur le devant de la scène de SpaceX et du New Space en général.

La recherche scientifique, la grande oubliée du dernier COP

En effet, la France pourrait avoir envie de rattraper son retard purement industriel, laissant tomber les missions scientifiques qui font toute l’essence d’une agence spatiale. C’est d’ailleurs ce qu’annonçait, à demi-mot, Bruno le Maire lors de son discours sur l’état du spatial français en 2021.

Ce dernier voulait voir toujours plus de startup prendre la place qu’occupait jusqu’alors le CNES, ce qui inquiète, évidemment, le centre national. Dans un communiqué, le collectif de salarié déclare que « le gouvernement souhaite distribuer de l’argent public à des industriels — de préférence des startup — pour soutenir des initiatives plus ou moins sérieuses techniquement, sans vision à long terme, et sans s’appuyer sur le savoir-faire du CNES ».

Un simple « fonds de financement pour startup »

Aujourd’hui dans les travées du site toulousain, les salariés déplorent le manque d’ambition du gouvernement face au CNES. Nombreux sont ceux qui vantent pourtant le bilan de l’agence qui pourrait devenir un simple « fonds de financement pour startup » disent les plus pessimistes.

Alors que le CNES est à l’origine des fusées Ariane, mais aussi de la caméra SuperCam qui a récemment fait ses preuves sur Persévérance sur la planète rouge, les grands projets manquent cruellement. Récemment, c’est C3IEL, un projet de microsatellite construit entre le CNES et Israël qui a été avorté, mort dans l’œuf.

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