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Confinement : ces photographes montrent comment manipuler l’opinion avec des photos prises selon différents angles

Deux photographes font une démonstration par l’exemple de la façon dont on peut travestir la réalité en prenant des photos de personnes dehors pendant le confinement sous des angles différents.

C’est l’un des sujets qui agitent régulièrement les réseaux sociaux depuis le début du confinement. Régulièrement, des personnes certainement très bien intentionnées et forcément irréprochables photographient des groupes d’autres personnes pour dénoncer et juger de façon parfois un peu péremptoire leur “inconscience” et leur “égoïsme” à sortir et se rassembler ainsi pendant le confinement. Si certains comportements sont parfois effectivement discutables, les débats s’enflamment entre les “pro-confinement” intraitables et les “pro-liberté” qui estiment profiter légitimement, et dans la légalité, le respect des gestes barrière et de la distance physique de leur autorisation dérogatoire de sortie.

Quand on connait un peu la façon dont fonctionne la photo – même sans être expert – on sait que l’angle de prise de vue joue un rôle fondamental dans ce que montre et raconte un cliché. L’angle n’est d’ailleurs pas le seul élément de différenciation, car l’application d’un niveau de zoom peut également totalement modifier une perspective.

Pour manipuler l’opinion il suffit de changer d’objectif photo

Or, de la modification à la manipulation, il n’y a qu’une étroite frontière, que certains ne se privent pas de franchir sans beaucoup de scrupules. Ainsi avons-nous tous vu passer ces fameuses photos de groupes de personnes qui soi-disant ne respectaient pas la distanciation sociale. Il était facile de crier avec la meute et de les dénoncer, sauf si l’on prenait un peu de recul et juste quelques secondes pour regarder ces photos avec un peu plus d’attention. On comprenait alors que les personnes en question étaient bien distantes, mais que l’angle ou le zoom déformait totalement la perspective, laissant penser qu’elles se frôlaient.

C’est ce biais que deux photographes installés à Copenhague, au Danemark, démontrent par l’exemple. Philip Daval et Ólafur Steinar Rye Gestsson ont arpenté certains lieux de la capitale danoise afin de mener une expérience à la demande de l’agence photographique Ritzau Scanpix. Ils ont photographié les mêmes personnes dehors le même jour. Leur astuce consistait à utiliser deux perspectives différentes : un grand angle et un téléobjectif. Les photos prouvent de façon étonnante à quel point le seul changement d’objectif au même moment et au même endroit peut montrer une différence stupéfiante dans la distance entre ces personnes. Pour une même scène, selon l’angle, on voit des personnes qui se touchent presque, ou des personnes suffisamment éloignées l’une de l’autre, comme on peut le voir ci-dessous.

Avec téléobjectif

téléobjectif

Avec grand angle

teleobjectif

Avec téléobjectif

téléobjectif

Avec grand angle

grand angle

Avec téléobjectif

téléobjectif

Avec grand angle

grand angle

Avec téléobjectif

téléobjectif

Avec grand angle

grand angle

Dans une interview à Bored Panda, les auteurs de ce photo-reportage expliquent leur démarche : “La proximité des gens a été largement débattue au Danemark ces dernières semaines. Les politiciens et les autorités danoises ont souvent fait référence à des images qui, selon eux, montraient des membres du public se comportant en désaccord avec les lignes directrices générales […] En tant que producteurs de photographies, nous avons la responsabilité d’attirer l’attention sur le fait que, dans certains cas, les images ne montrent pas la proximité des objets comme les gens semblent le croire”.

Sur le même thème, un autre exemple nous vient à l’esprit : il y a quelques semaines, un site publiait un article sur le manque de respect du confinement par les parisiens faisant leur footing, avec en illustration une drôle de photo montrant des hordes de joggers. Cette photo ne manquant pas de nous intriguer, nous faisions alors une recherche inversée sur Google, et la réponse ne nous étonna pas vraiment : la photo était en fait un cliché pris lors du Marathon vert de Rennes en 2018. Par charité nous tairons le nom du site – pourtant “sérieux” – se livrant à une telle mascarade…

Un décryptage qui pourrait relancer l’éternel débat sur les fake news en incluant l’impact des images et leur capacité à manipuler l’opinion publique.

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5 commentaires
5 commentaires
  1. Bonjour, votre très bon article est daté et signé. Il suffirait d’imposer la même chose pour les photos pour en finir avec ces fakes.

    1. C’est pas les mêmes photos, sur une le gars avec la chemise à carreaux a les bras croisés et sur l’autre il a les mains dans les poches!!!!! Arrêtez de nous prendre pour des imbéciles pour être polie.

      1. Soit c’est un troll soit t’es un peu simplet d’esprit pour être poli. Le photographe est obligé de prendre 2 photos différentes pour montrer 2 angles différents ! Donc c’est fort possible qu’entre les deux photos, il y a un petit temps de préparation et donc il est tout à fait naturel pour les gens de la photo de changer de postures, en l’occurrence l’homme est dans une looongue file d’attente, faut être sacrément fort pour pas bouger d’un poil dans cette situation. Donc c’est clairement pas un argument pour dire si c’est fake ou non. Faut réfléchir un peu.

  2. Très bon article !
    Presse citron n’ose pas le dévoiler le site “sérieux” mais je serais intéressé de voir l’exemple concret. Qui prend en flagrant délit de tromperie ?

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